One day all this will be yours – Adrian Tchaikovsky

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Rate sa cible / devient une référence

One day all this will be yours (« Un jour tout ceci sera tien ») est une novella de SF (126 pages au compteur) sortie en mars 2021, signée Adrian Tchaikovsky. Ceux parmi vous qui suivent le Culte de longue date savent que pendant un bon moment, j’ai tenté de suivre le rythme effréné de publication de l’auteur, jusqu’à ce que différents facteurs me conduisent à arrêter, le principal étant que si le britannique est capable d’écrire de très grands romans, courts ou longs, le nombre de bouquins passables, voire assez mauvais, devient lui aussi de plus en plus conséquent (ou récurrent). Et vu que ni mon budget (surtout) ni mon temps de lecture ne sont infinis… Sur ce court roman précis, j’ai d’autant moins été enclin à tenter cette lecture que le camarade Feydrautha avait émis un avis plus que tiède sur la chose. J’ai toutefois gardé dans un coin de ma tête que malgré tout, il évoquait aussi des concepts fascinants et un livre qui aurait pu devenir une référence en matière de guerre temporelle, un sujet qui, vous le savez peut-être, me fascine totalement.

Il y a quelques jours, je me suis aperçu, par hasard, que le prix de One day… avait drastiquement diminué en version électronique (au moment où je tape ces lignes, il est à 1.19 euros), et je me suis dit « Pourquoi pas, après tout, c’est court, et à ce prix là, pas de regrets à avoir ». J’ai donc commencé ce livre, sans grande conviction, à onze heures passé du soir, me disant que j’allais en lire quelques dizaines de pages avant de m’endormir… ce que j’ai fini par faire, après l’avoir lu d’une traite (ce qui ne m’arrive jamais, même pas avec les UHL), à deux heures du matin  😀  Donc, vous dites-vous peut-être, les critiques du camarade Harkonnen étaient infondées, hein ? Eh bien en fait, c’est plus compliqué que ça, comme nous allons le voir ! Lire la suite

Connexions – Michael F. Flynn

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Guide des tropes et thématiques de la SF !

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier et Erwann !

Le 16 mars 2023, paraîtra dans la prestigieuse collection Une Heure-lumière du Bélial’ un court roman de Michael F. Flynn appelé Connexions. L’auteur n’avait été jusque là que très peu traduit en France (également par l’excellent Jean-Daniel Brèque, d’ailleurs), puisque à l’exception du prodigieux-mais-pas-destiné-à-tous-les-profils Eifelheim, tout le reste de son œuvre n’a jamais franchi la barrière de la langue. Vu que, pour ma part, les deux ont été, dans des styles ou pour des raisons différentes, deux lectures de très grande qualité, j’espère que la tendance va s’inverser et qu’il ne faudra pas attendre autant de temps pour relire l’auteur !

Vous le savez sans doute, je suis l’auteur du Guide des genres et des sous-genres de l’imaginaire paru chez AMI ; entre autres aspects ou intérêts, on pourrait très bien présenter Connexions, outre comme un hommage aux tropes principaux  / thématiques majeures de la SF, comme un formidable outil pour initier un novice, voire un récalcitrant, à ces derniers. La plate-forme est idéale pour cela : courte et fluide à lire, extrêmement bien construite, écrite et traduite, avec une histoire à la fois astucieuse et savoureuse. Je pense d’ailleurs moi-même recommander, désormais, l’ouvrage en tant que premier contact avec le genre.

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Le jardin quantique – Derek Künsken

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Braquer… le Temps !

Le 2 mars 2022 sortira chez Albin Michel Imaginaire Le jardin quantique de Derek Künsken, suite de l’excellent Le magicien quantique et deuxième tome du cycle The quantum evolution (pour l’anecdote, au tout début, The quantum magician était présenté comme un stand-alone  😀 ). Le tome 3, The quantum war, a été publié (en anglais) le 12 octobre 2021, et l’auteur a indiqué que le quatrième et dernier, The quantum temple, paraîtra en 2024. Sachez par ailleurs qu’il a aussi précisé que la suite du magistral The house of Styx, sans conteste possible le meilleur Planet Opera vénusien jamais écrit, sortira fin 2023, s’appellera The house of saints et conclura le cycle Venus Ascendant, situé dans le même univers que Le magicien quantique. Tant que j’y suis, j’en profite pour rappeler l’existence de la novelette Pollen from a future harvest, qui prend place dans le même lieu où se déroule une bonne partie du Jardin quantique et explique une partie des événements du début du Magicien quantique.

J’ai, pour ma part, lu Le jardin quantique en VO, à sa sortie en octobre 2019, et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une digne suite du Magicien quantique, bien que dans un genre légèrement différent. Si on garde une partie des personnages du premier tome, le scénario n’est pas le même, et le ton est plus grave (même si l’humour reste présent). L’aspect Hard SF et le sense of wonder étaient déjà solides dans The quantum magician, et ils ne font que se renforcer dans son successeur, qui propose quelques très beaux moments dans ce domaine. Mais surtout, le worldbuilding et la psychologie de certains personnages secondaires s’étoffent de façon significative. Celles et ceux d’entre vous qui voudront en savoir plus peuvent se référer à ma critique complète de la VO.

Un dernier mot : Le magicien quantique, sorti en 2020 un peu avant le premier confinement, n’a pas eu, de ce fait, la carrière qu’il aurait dû avoir, comme un certain nombre d’autres livres pourtant fort enthousiasmants (je pense à Olangar – Une cité en flammes de Clément Bouhélier, par exemple). Ce qui fait que si ce tome 2 ne marche pas, la traduction des deux suivants ou de House of Styx devient de plus en plus hypothétique. Bref, si ce cycle vous intéresse, ne temporisez pas, et il sera probablement sauvé comme l’a été celui d’Andrea Cort écrit par Adam-Troy Castro (même si ce dernier peut également remercier les excellents résultats d’un certain monsieur Lucazeau). Après, je ne suis pas un prescripteur d’opinion, vous faites ce que vous voulez de votre argent (et je n’ai pas d’actions chez AMI non plus  😀 ).

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Récursion – Blake Crouch

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Peut-être pas le livre le plus essentiel de la rentrée littéraire, mais…

Le 6 octobre 2021, sortira chez J’ai Lu, dans la collection Nouveaux Millénaires, Récursion (avec un « é ») de Blake Crouch, traduction de… Recursion (avec un « e »), publié en anglais il y a un peu plus de deux ans. Mais si, vous savez, Blake Crouch, l’auteur de Dark Matter, roman (en VF, comme son nom ne l’indique pas forcément) fort efficace mais qui avait le défaut d’être 1/ quasiment impossible à chroniquer sans divulgâcher et 2/ d’être un peu trop inspiré par les livres (plus prestigieux) d’autres auteurs. Eh bien vous savez quoi ? On pourrait faire quasiment les mêmes remarques pour Récursion, qui n’est pas une suite de Dark Matter mais en partage pourtant nombre des caractéristiques, tout en étant, à mon avis, un peu plus intéressant.

Voilà un roman qui plaira au novice en littératures de l’imaginaire autant qu’au vieux briscard, même si ce sera sans doute pour des raisons différentes. Seul celui qui cherchera une approche nouvelle dans des tropes (motifs scénaristiques récurrents) frôlant souvent le cliché restera sur sa faim, car tout a été vu ailleurs (autres auteurs ou recyclage de choses déjà vues chez Crouch lui-même), et s’il y a des twists dans l’intrigue, que le vétéran verra venir, il n’y en a pas dans les thématiques utilisées.

On ne peut certainement pas dire que Récursion est le roman de SFFF le plus attendu de la rentrée littéraire (il y a des chances pour que Vers Mars ou Le retour du Hiérophante puissent revendiquer cet honneur), ni qu’il est le plus réussi (titre qui appartient, à mon humble avis, à La nuit du Faune), et il ne sera vraisemblablement pas la bonne surprise qui était passée inaperçue, noyée au milieu de dizaines de sorties (moi, je miserais plutôt sur La ville dans le ciel dans ce rôle là…) : cela n’en fait ni un mauvais livre, ni une sortie indigne d’intérêt  😉

Celles et ceux d’entre vous qui voudront en savoir plus pourront se référer à ma critique complète de la VO, en sachant que comme pour Dark Matter, il est particulièrement difficile de chroniquer de façon décente ce roman sans divulgâcher (un peu, hein). Même si, dans le cas de la VO de Récursion, j’ai fait le choix de ne dire que le STRICT nécessaire, vous laissant découvrir le reste à la lecture du bouquin.

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Light chaser – Peter Hamilton / Gareth Powell

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Success chaser

Lorsque j’ai vu, il y a quelques mois, que Peter Hamilton allait sortir une novella co-écrite avec Gareth L. Powell (l’auteur de Braises de guerre), ma première pensée a été : « Aïe… ». En effet, si l’histoire de la SF nous enseigne quelque chose, c’est que lorsqu’un auteur qui a atteint au moins la soixantaine (ce qui est le cas d’Hamilton) ET dont les derniers livres sont décevants (ce qui est le cas des Portes de la délivrance) s’associe avec un écrivain plus jeune et moins réputé, le résultat est rarement mémorable. D’ailleurs, de mon point de vue, pour qu’un roman écrit à quatre mains soit bon, il faut que tout un tas de conditions soient réunies, à commencer par avoir deux écrivains qui se valent. Et sans vouloir faire injure à Gareth L. Powell, il n’est pas au niveau qu’à atteint Hamilton au cours de sa carrière (comme vous le prouvera mon guide de lecture consacré à ce dernier). Et pourtant, je n’ai pas l’impression que Powell ait été le maillon faible dans Light chaser, leur œuvre commune, parce que ce qui cloche dedans vient très clairement d’Hamilton, qui ressasse ici des concepts présents dans ses romans quasiment depuis le début en nous en demandant beaucoup, et sans doute beaucoup trop (au moins pour moi) en terme de suspension d’incrédulité. Sans compter que j’ai eu l’impression que ce court roman cherchait à surfer sur le thème à la mode en SFFF ces dernières années de « l’amour par-delà le Temps ».

Bref, de mon point de vue, la baisse de qualité des bouquins d’Hamilton se poursuit (ce qui, franchement, me désole, tant il a proposé, ces trente dernières années, des univers d’un intérêt considérable), et même l’aide de Gareth L. Powell n’a pas suffi à faire remonter le niveau. Sans être non plus complètement mauvais, Light Chaser n’est, en effet, pas digne de ce qu’à pu produire un des maîtres du New Space Opera, et l’auteur a intérêt à remettre son imagination en marche d’urgence pour son prochain cycle ou stand-alone, afin de proposer à la fois quelque chose de plus original et de plus solide. Et la déception est d’autant plus grande dans le cas précis de cette novella du fait que Hamilton, connu pour sa maîtrise de la forme ultra-longue, s’est aussi (et ça beaucoup de gens ne le savent pas) montré fort efficace dans la forme courte, que ce soit avec le magistral court roman En regardant pousser les arbres ou, récemment, avec l’excellente novelette Genesong (dont j’aimerais BEAUCOUP qu’elle soit traduite, voire la traduire). Lire la suite

Man of war – Heidi Ruby Miller

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Une suite peu crédible

Je vous ai récemment parlé de Deux Faucons de l’autre Terre, roman de Philip José Farmer mettant en scène un héros haut en couleur, Two Hawks. Il se trouve qu’après avoir écrit, pour une des nombreuses anthologies rendant hommage à l’écrivain disparu en 2009, une nouvelle mettant en scène ledit personnage, l’autrice Heidi Ruby Miller a reçu l’autorisation des héritiers de Farmer d’écrire une suite en bonne et due forme, à la dimension d’une novella, des rocambolesques aventures de l’américain d’origine iroquoise. Cette suite, Man of war (A Two Hawks adventure), a été publiée en 2017. La nouvelle Dakota’s Gate de Miller s’y intègre, servant de prologue.

Si le roman de Farmer avait ses défauts, notamment certains points demandant un degré conséquent de suspension de l’incrédulité, sa suite rédigée par Miller n’est pas du même niveau de qualité. Elle fait longtemps illusion, faisant un peu grincer des dents, sonnant plus Pulp qu’autre chose, mais restant assez plaisante à lire, jusqu’à des scènes finales bancales sur le plan scientifique et offrant une révélation finale non seulement assez grotesque (quoique pas dénuée de sense of wonder, en un sens), mais venant, en plus, contredire un point capital du livre de Farmer. Bref, si vous êtes anglophone, avez lu avec plaisir le bouquin de Farmer et vous demandez s’il est pertinent de lire sa « suite », à mon humble avis vous pouvez vous dispenser sans regret de son achat et de sa lecture, même si ce court roman n’est pas franchement onéreux et est très vite lu. Lire la suite

Pollen from a future harvest – Derek Künsken

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Sowing the seeds of love *

* Tears for fears, 1989.

Pollen from a future harvest est officiellement une novella appartenant à la toute nouvelle collection, Satellites, consacrée par l’éditeur britannique Solaris à ce format bien précis de romans courts / nouvelles très longues (c’est un peu l’équivalent de ce qu’est Une heure-lumière chez nous). Outre le texte de Derek Künsken dont je vais vous parler aujourd’hui, elle comprend également The difficult loves of Maria Makiling de Wayne Santos et These lifeless things de Premee Mohamed. Je ne peux me prononcer sur ces deux derniers, vu que je ne les ai pas lus (et n’ai pas l’intention de le faire), mais dans le cas de Pollen from a future harvest (un texte par ailleurs déjà publié dans le numéro de juillet 2015 de Asimov’s Science Fiction), l’appellation novella me paraît étrange : d’après Amazon et isfdb, la version papier de l’ouvrage fait 105 pages (ce que je ne peux confirmer, l’ayant lu en version électronique ; notez que l’éditeur, annonce, lui, 176 pages, ce qui me parait douteux), dont un tiers sont en réalité consacrées à six chapitres d’un autre roman de Kûnsken (l’excellent The house of Styx), à la présentation des autres bouquins de l’auteur ainsi qu’à ceux de la collection Solaris Satellites. Je n’ai pas regardé le compte de mots / signes, mais je dirais qu’on doit être plus proche, dans ce cas précis, de la novelette que de la novella.

Pollen from a future harvest prend place dans le même lieu où se déroule une bonne partie du roman Le jardin quantique (que vous pourrez lire en français, si je ne m’abuse, en 2022) et explique une partie des événements du début du Magicien quantique. Précisons que Bélisarius et sa bande n’interviennent pas du tout dans cette novella… euh novelette et, plus important encore, qu’elle se suffit à elle-même et ne nécessite pas la lecture préalable d’autres textes de Künsken. Son avantage étant qu’elle reprend un des plus gros points générateurs de sense of wonder de The quantum garden (en un peu moins développé) en le combinant avec une passionnante enquête, pour donner un texte efficace et à grand spectacle. Lire la suite

Quête sans fin – A.E. van Vogt

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Ambitieux mais confus

Une version modifiée de cette critique est parue dans le numéro 98 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag

Comme nombre d’ouvrages van Vogtiens présentés comme des romans, Quête sans fin est en réalité un fix-up assemblé à partir de trois textes courts publiés longtemps auparavant dans le magazine Astounding Science Fiction : la nouvelle Destination Centaure en 1944, ainsi que les nouvelles longues La quête en 1943 et La cinémathèque en 1946. Et le moins que l’on puisse dire et que plus encore que dans La guerre contre le Rull, par exemple, cet assemblage hétéroclite montre rapidement ses limites, aussi bien en terme de cohérence que de qualité. De fait, Destination Centaure est très au-dessus des deux autres textes, et bénéficie d’ailleurs d’une notoriété supérieure.

À la fin des années 70, des boites de films éducatifs, destinés à des écoles ou des conventions professionnelles, contiennent tout autre chose que ce que leur étiquette indique, à savoir des aperçus aux « effets spéciaux » extraordinaires d’autres mondes du Système solaire ou d’engins futuristes. La cinémathèque qui les fournit est incapable d’expliquer la substitution ou la provenance de ces films (ils viennent en réalité du futur et montrent des scènes authentiques). Lorsqu’un professeur de physique de lycée perd son emploi en partie à cause de ces courts-métrages, mais surtout du fait de sa propre paranoïa et malveillance, il décide de résoudre le mystère. Sitôt sa décision prise, c’est le voile noir (et la fin de la partie correspondant à La cinémathèque). Il se réveille deux semaines plus tard, désormais représentant de commerce, mais ne se souvient plus de ce qui lui est arrivé dans l’intervalle. En menant l’enquête, il va découvrir que des voyageurs se déplaçant dans le Temps et les mondes parallèles opèrent sur Terre. Il va alors pénétrer dans le Palais d’Immortalité, un endroit extraordinaire logé dans un « repli du temps », où l’on rajeunit au lieu de vieillir (ce qui rappelle la très postérieure « Maladie de Merlin » de Dan Simmons). Un repli au bout duquel l’Histoire, où plutôt toutes les Histoires, finissent (comme dans le récent Terminus de Tom Sweterlitsch). Lorsqu’il est renvoyé dans son époque d’origine, Peter Caxton n’aura de cesse de retourner dans le Palais et d’acquérir l’immortalité, mais il va se retrouver pris dans la guerre temporelle que se livrent deux Détenteurs (humains capables de se déplacer librement dans le Temps). Lire la suite

The last watch – J.S. Dewes

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Jon Snow chez les romains de l’espace

The_last_watchJ.S. Dewes est une autrice américaine, dont The last watch est à la fois le premier roman (mais la dame a un background dans l’écriture pour l’audiovisuel, apparemment) et le tome inaugural d’un cycle appelé The Divide. Le tome 2 arrive d’ailleurs très, très vite, puisque alors que The last watch n’est sorti que le 20 avril 2021, sa suite, The exiled fleet, débarquera dès le 17 août !

Alors qu’il est présenté comme un mélange entre The Expanse (ce qui est faux) et Game of thrones (ce qui est vrai, du moins sur un point très précis), ce livre doit en fait beaucoup à d’autres sagas ou sous-genres de la SFFF, et la présentation fait, à mon avis, complètement l’impasse sur deux éléments qui hissent ce récit au-dessus de la concurrence : un grand sens de l’humain et surtout un énorme, monstrueux, gigantesque Sense of wonder dans sa dernière partie (dans les 15 derniers %, en gros). Ce n’est certainement pas un bouquin parfait (c’est une première œuvre, après tout, et ça se sent parfois nettement), mais dans la masse de NSO ou de SF militaire publiée chez les anglo-saxons, ça s’élève au-dessus du niveau de l’eau de la tête et des épaules. Je ne lui décernerais donc pas le titre (envié, si, si) de (roman) Culte d’Apophis, mais en tout cas, ça a été une rudement bonne surprise, tant le début était relativement moyen (bien que poussant à en lire sans cesse un petit peu plus) mais tant le bouquin n’a fait que prendre de l’ampleur au fur et à mesure que j’avançais. Je m’attendais à un roman sympa mais mineur, et finalement, sans en faire un monument, je suis sincèrement motivé pour lire la suite. Lire la suite

La marche du Levant – Léafar Izen

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Je cherche encore la MOINDRE trace d’originalité là-dedans…

La_marche_du_levantCette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse consenti par AMI. Un grand merci à Gilles Dumay !

Léafar Izen, obscur auteur de SFF et de poésie, contacta un beau jour l’ami Gilles Dumay pour lui proposer, à tout hasard, une trilogie de Fantasy qu’il comptait autopublier prochainement (l’anecdote est relatée ici). La trilogie initiale s’est finalement muée en un roman unique, appelé La marche du Levant, d’un peu plus de 640 pages, divisé en trois « chants » (correspondant probablement aux trois bouquins du cycle initial) de longueur approximativement égale, plus un épilogue de quelques pages mais qui est absolument capital, pour des raisons que je vais détailler dans la suite de cet article.

Ce livre, un des deux (avec Quitter les monts d’automne, dont je vous reparlerai très prochainement) qui va constituer à la fois la rentrée littéraire d’Albin Michel Imaginaire et son avant-dernière vague de publications pour 2020, est un sacré pari, dans la mesure où il place beaucoup d’espoirs non seulement dans un écrivain inconnu au bataillon, mais aussi dans une oeuvre qui, parce qu’elle est littéralement parsemée de convergences avec d’autres, plus anciennes et surtout bien plus prestigieuses, risque fort de n’impressionner que les grands débutants en SFF ou éventuellement les nostalgiques d’une littérature de l’imaginaire « à l’ancienne » (en cela, La marche du Levant ressemble à un autre titre d’AMI, Mage de bataille), et surtout parce que comme Le livre de M, autre titre du même département éditorial, il va demander au lecteur potentiel de se lancer dedans (et de dépenser son argent…) sans savoir de quel genre littéraire il relève exactement (de cela aussi, nous allons reparler, et en détails). Et il n’est pas du tout certain que ce qui semble avoir bien fonctionné pour le roman de Peng Shepherd réussisse de même ici. Seul l’attrait pour une écriture et une (des deux) protagoniste(s) éminemment Jaworskiennes pourrait constituer un atout important pour cette oeuvre, qui, à part ça, est si prévisible, blindée de tropes et calquée sur d’autres auteurs qu’elle risque fort de laisser dubitatifs tous les vieux briscards de la SFF (et les premières critiques disponibles vont assez clairement dans ce sens là).

Si j’ai lu ce roman sans déplaisir (et le style y est pour beaucoup), je n’en ferai toutefois certainement pas un bouquin de référence, bien qu’il puisse à la rigueur servir à initier un débutant à certains tropes récurrents en SFF ou à certains de ses sous-genres les plus exotiques (bien que la combinaison des deux paraisse peu logique, elle décrit pourtant précisément ce que l’on trouve dans La marche du Levant). J’apprécie que Gilles Dumay laisse leur chance à des auteurs 1/ peu connus / débutants et 2/ français, j’apprécie aussi qu’il pense aux gens qui ne lisent pas de la SFF depuis des décennies, mais très honnêtement, j’attends de lui que de temps en temps, il donne aussi un os à ronger aux vieux briscards dans mon genre ! Lire la suite