Apophis Box – Mars 2023

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L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Celle-ci est dévoilée au début ou au mitan du mois. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag. Lire la suite

La Ville dans le ciel – Chris Brookmyre (édition poche)

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Un mélange de polar et de SF extrêmement convaincant

Il y a un peu plus d’un an et demi, est sorti dans la prestigieuse collection Lunes d’Encre, chez Denoël, un livre appelé La Ville dans le ciel, écrit par un des maîtres du roman noir écossais, Chris Brookmyre, qui signe ici une incursion dans une SF mâtinée de polar extrêmement convaincante. Ce livre, dont la sortie avait déjà été décalée, d’après ce que m’a expliqué le directeur de collection, à cause du Covid, a été publié en grand format à la rentrée littéraire 2021, et n’a malheureusement pas eu la carrière qu’il méritait, à mon sens du moins. Nombre modeste de critiques dans le fandom, couverture peut-être un peu trop insipide, concurrence trop forte, les raisons de ce retentissement décevant sont sans doute multiples, mais il n’en reste pas moins qu’ici, dans l’Apophisme, quand on pense qu’un bouquin mérite d’être lu, on ne lâche pas l’affaire et on reprend donc son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole (surtout que cette fois, la couverture est de toute beauté  😀 ). Quitte à donner, pour cela, dans l’inédit, puisque c’est la première fois dans l’histoire du Culte que je fais le relais d’une sortie en version poche (qui aura lieu le 6 avril). C’est vous dire si je suis motivé pour réparer ce que je crois être une injustice (et non, je ne perçois pas de sous de la part de Denoël ou Folio SF, hein, même pas de SP-surprise-qui-font-plaisir-en-apparaissant-dans-la-BAL, c’est le jeu ma pauvre lucette).

Bref, si vous voulez en savoir plus sur ce roman, je vous invite à vous reporter à ma critique de la VO, où vous trouverez, qui plus est, des liens vers quelques chroniques de la VF grand format écrites par des blogopotes. Mais vraiment, lisez-le, c’est clairement au-dessus du lot (sans être le livre du siècle non plus) et ce serait dommage de passer à côté  😉

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Cantique pour les étoiles – Simon Jimenez

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Connaître ses classiques

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 104 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

L’Humanité, ou du moins ses représentants les plus riches et privilégiés, ainsi que leurs employés, a fui il y a mille ans une Terre en proie à un effondrement écologique et une montée des océans, s’établissant sur de luxueuses stations spatiales et exploitant de façon rapace des mondes-ressources. Le déplacement entre les étoiles se fait via la Poche, dimension alternative parcourue de courants générant des flux temporels différents. Pour les équipages des vaisseaux, le voyage entre deux systèmes représente quelques semaines, alors que pour l’univers extérieur, des années ou des décennies s’écoulent. Nia, capitaine de cargo, ramène vers la civilisation un enfant mutique dont la capsule s’est écrasée sur un monde primitif. Un personnage important va alors lui demander de le cacher aux confins de l’espace régi par les corporations, car elle pense qu’il possède le don de Saut, la translation instantanée et sans machinerie entre deux points de l’espace, une faculté que les multiplanétaires convoiteraient avidement.

La quatrième de couverture souligne une ressemblance avec les œuvres de David Mitchell et de Gabriel Garcia Márquez, mais omet la comparaison qui à la lecture, crève pourtant les yeux : celle avec le cycle des Cantos de Dan Simmons. Le premier chapitre est ainsi un véritable équivalent de l’histoire de Siri et Merin, en inversant les rôles : ici, c’est Nia qui est une Siri qui ne vieillit pas et voyage dans les étoiles, puis qui devient, pour l’enfant, exact reflet d’Énée (c’est son sang qui donnera à l’Humanité le don de Saut spatial instantané), au genre près, une version féminine de Raul. Et les parallèles sont bien loin de s’arrêter là. À un point tel qu’on frôle la réécriture (progressiste : les thématiques écologiques et anticapitalistes sont omniprésentes).

Si on ajoute à cela une narration qui varie les modes (y compris épistolaire), les points de vue, les personnages et les ambiances, parfois radicalement différentes, d’un chapitre à l’autre, on se retrouve devant un roman qui, sans être mauvais (la dernière partie étant la meilleure, et la plus poignante), notamment sur le plan du style, invariablement agréable et occasionnellement traversé d’impressionnantes fulgurances, pose question quant à l’intérêt à lui accorder. L’admirateur de Simmons n’y trouvera ni la virtuosité, ni l’impact émotionnel, ni la singularité de l’œuvre du Maître ; le débutant sera plus inspiré de lire l’original plutôt que l’ersatz ; seul, peut-être, l’allergique aux positions idéologiques de Simmons trouvera-t-il de la valeur dans cette réécriture sans grande saveur (à part sur la fin, sans avoir l’impact du sort d’Énée), plaisante à lire mais presque aussi vite oubliée, d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la SF.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de L’épaule d’Orion, celle de Yogo le Maki, de Célinedanaë, de Tachan,

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Connexions – Michael F. Flynn

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Guide des tropes et thématiques de la SF !

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier et Erwann !

Le 16 mars 2023, paraîtra dans la prestigieuse collection Une Heure-lumière du Bélial’ un court roman de Michael F. Flynn appelé Connexions. L’auteur n’avait été jusque là que très peu traduit en France (également par l’excellent Jean-Daniel Brèque, d’ailleurs), puisque à l’exception du prodigieux-mais-pas-destiné-à-tous-les-profils Eifelheim, tout le reste de son œuvre n’a jamais franchi la barrière de la langue. Vu que, pour ma part, les deux ont été, dans des styles ou pour des raisons différentes, deux lectures de très grande qualité, j’espère que la tendance va s’inverser et qu’il ne faudra pas attendre autant de temps pour relire l’auteur !

Vous le savez sans doute, je suis l’auteur du Guide des genres et des sous-genres de l’imaginaire paru chez AMI ; entre autres aspects ou intérêts, on pourrait très bien présenter Connexions, outre comme un hommage aux tropes principaux  / thématiques majeures de la SF, comme un formidable outil pour initier un novice, voire un récalcitrant, à ces derniers. La plate-forme est idéale pour cela : courte et fluide à lire, extrêmement bien construite, écrite et traduite, avec une histoire à la fois astucieuse et savoureuse. Je pense d’ailleurs moi-même recommander, désormais, l’ouvrage en tant que premier contact avec le genre.

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Dix sagas de SFF à lire pour… un univers d’exception

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Vous trouverez sur ce blog un grand nombre de guides de lecture, qu’il s’agisse de ceux où les livres sont classés par sous-genre, relèvent d’une thématique commune (il y en a aussi dans l’Apophis Box) ou concernent un auteur bien précis. N’importe quel blogueur / blogueuse SFFF vous le dira, les gens sont friands de ce type de contenu (il est très facile de s’en apercevoir, puisque c’est presque invariablement le contenu le plus lu de ce type de site) : le néophyte y trouve de quoi le guider dans la jungle des milliers de titres de Science-Fiction ou de Fantasy publiés, tandis que le vétéran y cherche la perle rare qui aurait échappé à son radar au fil de décennies, parfois, de lecture de nos genres de prédilection. En y réfléchissant, je me suis toutefois aperçu que l’approche qui a, jusqu’ici, été la mienne présentait un défaut : elle ne tenait pas compte de la façon dont nombre d’entre nous choisissent leur prochaine lecture ou classent les meilleures d’entre elles. En effet, pour certains, c’est l’univers qui est le facteur déterminant de leurs choix / de leur plaisir de lecture, tandis que pour d’autres, ce sera les personnages, l’intrigue, le style, et ainsi de suite. J’ai donc décidé de proposer un nouveau type de guide de lecture, classé non pas par sous-genre, thématique ou auteur commun, mais par caractéristique saillante.

Ces guides inédits auront deux autres singularités qui les démarqueront de ceux que je proposais déjà sur le Culte : premièrement, ces derniers étaient consensuels et objectifs ; quand je propose un guide du genre X ou Y, j’y inclus les romans ou cycles qui font consensus en tant que références, même si, pour ma part, je n’apprécie pas forcément l’auteur concerné. Difficile, à titre d’exemple, de faire l’impasse sur Jack Vance dans une liste des incontournables du Planet Opera, alors que pour ma part, je n’accroche presque pas à l’auteur (et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer : vous aurez d’ailleurs droit à des chroniques de ses ouvrages dans les mois et années à venir). Les nouveaux guides de lecture comprenant des livres classés par caractéristique saillante (une série d’articles que j’ai décidé de nommer « X sagas de SFF à lire pour… la caractéristique Y ») introduiront, eux, une part de subjectivité, de choix personnel, bien plus importante.

Deuxième singularité, les guides qui existaient jusque là sur le Culte comprennent soit jusqu’à plusieurs dizaines d’ouvrages (guides concernant un sous-genre, certains de ceux concernant une thématique), soit sont limités à 3-4 (guides thématiques spécifiques à l’Apophis Box). C’est d’ailleurs dans cette dernière que je comptais, initialement, vous proposer la nouvelle mouture. Et puis je me suis dit que là aussi, il y avait un chainon manquant, des guides de dix romans / cycles ou moins, mais avec en tout cas plus de 3-4 titres. Ce qui donnait un contenu un peu trop long pour une Apophis Box, et nécessitait donc une toute nouvelle série d’articles. Selon l’accueil qui lui sera fait, elle sera mensuelle ou plus occasionnelle, et la caractéristique saillante changera à chaque fois, même si une caractéristique donnée pourra revenir, si besoin, à plusieurs reprises. Aujourd’hui, il s’agit de l’univers, tandis que ce seront les personnages la fois suivante, mais vu qu’il y a BEAUCOUP d’univers intéressants en SFF, il y aura un épisode 2 centré sur les univers tôt ou tard, avant d’enchaîner sur le style, les ambiances, l’intrigue, etc.

Comme tout nouveau type d’article sur le Culte, ce premier numéro est forcément assez expérimental : n’hésitez pas à vous exprimer en commentaires pour donner votre opinion ou vos retours sur ce qui pourrait être fait autrement. Par exemple, j’ai choisi de ne pas forcément vous donner une description détaillée des forces et faiblesses des ouvrages concernés, mais plutôt de me concentrer spécifiquement sur leur univers : à vous de voir, ensuite, via les éventuelles critiques présentes sur le Culte ou ailleurs si, outre son univers, ledit roman a de quoi vous séduire… ou pas. Sachez aussi que je n’ai pas du tout tenté de maintenir un équilibre artificiel auteurs / autrices, francophones / anglo-saxons ou que sais-je, puisque ce qui compte dans ce type de guide est la caractéristique saillante du bouquin, pas celles de la personne qui l’a écrit. Vous le savez peut-être, j’ai fait mienne l’attitude du grand Gromovar (notre Maître à tous) : l’œuvre, rien que l’œuvre, toujours l’œuvre. De même, à part pour le premier, les livres présentés ne le sont pas par ordre de préférence.

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L’Œuf du dragon – Robert Forward

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À vénérer… ou à fuir !

Le 22 mars 2023, sortira chez Mnémos la réédition de L’Œuf du dragon de Robert Forward, célèbre livre de Hard SF dont je vous parlais déjà dans le Guide de lecture consacré à ce sous-genre qui, vous le savez sans doute, est un de mes sujets de prédilection sur ce blog. D’habitude, je ne signale ni les rééditions, ni les sorties au format poche, seulement les traductions de romans qui ont été chroniqués sur le Culte à partir de la VO. Mais là, il s’agit d’un ouvrage si particulier qu’il m’a paru important de bien vous expliquer dans quoi, exactement, vous allez vous engager en cas d’achat. Premier point, c’est vraiment le type de bouquin taillé avant tout pour le pur et dur de la Hard SF… pas tout à fait la plus extrême (il y a « pire »), mais pas si loin que ça tout de même ; et surtout, on rejoint ici les pires clichés sur ce sous-genre, dans le sens où on a nettement plus affaire à un essai à peine déguisé qu’à un roman, tant l’intrigue, les personnages et le style sont basiques, dirons-nous.

La majorité d’entre vous va donc être d’autant plus tentée de fuir L’Œuf du dragon que sa couverture est insipide (j’imagine très bien ce qu’un Manchu aurait pu faire à la place, et je me lamente…), son prix (22 euros) assez élevé pour une réédition d’à peine 372 pages (on saluera toutefois le fait que Mnémos rende ce titre à nouveau disponible en français), sans compter qu’à part ceux qui suivent des blogs spécialisés en Hard SF comme le Culte, Quoi de neuf sur ma pile ? ou L’Épaule d’Orion, le nom de l’auteur risque de ne pas évoquer grand-chose. Et pourtant… Malgré ses défauts, on est ici sur un livre qui, dans son registre très particulier, à tout du chef-d’œuvre absolu, un pur concentré de Sense of Wonder comme on n’en voit plus, de nos jours, que très rarement. Avant de prendre une décision d’achat / lecture, je vous recommande donc vivement de parcourir la critique très détaillée que j’avais écrite en 2018. Elle devrait, si j’ai bien fait mon boulot, vous fournir tous les éléments nécessaires pour pencher d’un côté… ou de l’autre  😉

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