Lire de la SFFF en anglais : difficultés, avantages

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ApophisBon, bon, bon. Normalement, j’avais annoncé qu’il n’y aurait plus de critiques ou d’articles en 2017, et que le bilan annuel serait la prochaine publication, le premier janvier 2018. Mais il se trouve que j’ai un peu de temps aujourd’hui, et qu’une fidèle abonnée de ce blog (elle se reconnaîtra) a émis aujourd’hui un commentaire, sur un autre blog, qui m’a donné envie d’avancer la date d’écriture d’un article consacré à un sujet qui, j’en suis sûr, intéressera pas mal d’entre vous, à savoir la lecture en anglais. Je vais donc essayer de vous démontrer que c’est moins difficile que ce que vous croyez, et que, surtout, ça n’a que des avantages et que, contrairement à ce que l’on croit, ça n’impacte pas forcément négativement un éditeur français que vous voudriez soutenir.  Lire la suite

The Guns of empire – Django Wexler

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Je finis l’année 2017 en beauté !

guns_of_empireThe guns of empire est le quatrième et avant-dernier roman du cycle The shadow campaigns, par Django Wexler. Il suit la tendance constatée chez ses prédécesseurs, à savoir le fait d’être (au moins) un peu meilleur que le tome précédent, qui lui-même était (au minimum) un (très) bon livre. C’est d’ailleurs parfaitement reflété dans la progression des notes sur Goodreads pour les tomes 1-4, respectivement 4.04, 4.12, 4.26 et 4.31 (pour vous donner un point de comparaison, les trois tomes des Poudremages sont à 4.16, 4.35 et 4.35). Autre constante dans l’évolution entre les tomes : celle de suivre méthodiquement les étapes de l’épopée Napoléonienne, le personnage de Janus étant (plus ou moins) un analogue de l’illustre personnage. Le tome 1 est donc un équivalent de la Campagne d’Égypte, le 2 montre la Révolution, le 3 la Terreur, ce qui fait que, logiquement, ce tome 4 aurait dû nous montrer le Consulat et éventuellement la proclamation de l’Empire. Or, l’auteur a, cette fois, choisi de diverger un petit peu par rapport au modèle historique : c’est en fait la Campagne de Russie, très postérieure, qu’il met en scène.

Sachez que la lecture des deux Novellas The penitent damned et The shadow of Elysium est un plus non négligeable pour mieux saisir certains points dans ce roman, même si elle n’est évidemment pas indispensable. En effet, l’auteur fait intervenir leurs deux protagonistes, Abraham et (surtout) Alex, ce qui fait que 1/ vous saurez ce qu’il est advenu d’eux et 2/ vous saisirez mieux les tenants et les aboutissants des événements les concernant.  Lire la suite

An alchemy of masques and mirrors – Curtis Craddock

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Beaucoup de bruit pour rien

alchemy_craddockAn alchemy of masques and mirrors est le premier roman de Curtis Craddock, auteur américain vivant au Colorado et enseignant l’informatique à des prisonniers dans un pénitencier. Après l’avoir achevé et fait quelques recherches pour la rédaction de cette introduction, je me suis également aperçu qu’il s’agissait du premier tome d’un cycle, The Risen kingdoms, alors que franchement, vu que la fin boucle tous les arcs narratifs, je ne m’attendais pas vraiment à une suite. Même si vu la place accordée au worldbuilding, j’aurais dû m’en douter. Pas sûr, cependant, que je lise le tome 2, vu à quel point j’ai eu du mal à finir celui-ci. Même si il y a certains points que j’aimerais bien voir éclaircis sur l’origine de ce monde.

Sur Goodreads, ce roman bénéficie d’une note de 4.1 (sur un peu plus de 300 évaluations, ce qui reste modeste), et ses lecteurs avaient l’air très enthousiastes. De fait, le mélange de genres proposé (Mousquetaires, sorcellerie, vaisseaux des airs) avait l’air assez original et attractif. Au final, on se retrouve avec un monde auquel il est assez difficile d’adhérer, avec une fausse originalité qui cache en fait un grand classicisme, avec un des deux protagonistes auquel il est malaisé de croire, avec une narration verbeuse et une intrigue convolutée qu’on a hâte de voir se terminer (enfin), après le 18e coup de théâtre et la 27e révélation (en trois chapitres). Bref, je m’attendais à me régaler, et c’est avec un grand soupir de soulagement que je l’ai achevé et que je suis passé à (beaucoup) plus intéressant, à savoir le tome 4 de The shadow campaigns (qui sera la dernière critique publiée sur ce blog en 2017 : il est de tradition, sur le Culte, de finir chaque année sur un genre mal-aimé en France et de commencer l’année suivante de la même façon. Cette fois-ci, donc, nous allons finir sur de la Flintlock et commencer 2018 avec de l’Heroic Fantasy -féminine-). Mais revenons à nos moutons !  Lire la suite

Face-à- face avec Méduse et autres nouvelles – Arthur C. Clarke

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Les 0.99 euros les mieux dépensés de mon existence

meeting_with_medusaFace-à-face avec Méduse et autres nouvelles est un recueil de textes courts signés Arthur C. Clarke comprenant, outre la nouvelle éponyme (Nebula 1973 de la meilleure Novella), Marée neutronique et Retrouvailles. Je ne vais pas vous présenter l’auteur, vu qu’il fait partie des happy few dont le nom est connu même du grand public pas vraiment amateur de SF. Je vous dirais en revanche que Clarke a une place spéciale dans mon panthéon personnel, à la fois comme maître de la Hard SF, un de mes sous-genres de prédilection, et comme le tout premier auteur de science-fiction que j’ai lu lorsque j’avais environ dix ans (comme quoi, hein, la Hard SF qui serait systématiquement ardue à lire…).

Vous devez vous demander pourquoi je vous propose cette critique, et pas celle d’un texte plus fondamental de Clarke : la raison en est simple, Bragelonne a la bonne idée de publier, en janvier, Les chroniques de Méduse, roman co-signé par deux autres grands maîtres de la Hard SF, Alastair Reynolds et Stephen Baxter, et qui est une suite de la nouvelle de Clarke. N’ayant pas encore eu l’occasion de lire cette dernière, il m’a donc paru pertinent de combler cette lacune avant d’attaquer le roman, et de vous faire bénéficier d’une recension dans la foulée. Et puis tant qu’à faire, autant proposer celles des deux autres textes, c’est cadeau. Et pourtant, c’est mon anniversaire, je devrais en recevoir, pas en distribuer  😀 Lire la suite

The guns above – Robyn Bennis

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Honor Harrington, capitaine de dirigeable

the_guns_aboveRobyn Bennis est une autrice californienne travaillant dans le domaine des biotechnologies, dont The guns above est à la fois le premier roman et le tome inaugural d’un cycle appelé Signal airship. Le tome 2, By fire above, est attendu en mai 2018. Influencée, de son propre aveu, par (entre autres) Patrick O’Brian, David Weber et Bernard Cornwell, il était logique qu’elle commence par écrire de la SFFF militaire d’influence Napoléonienne. Là où ça devient intéressant, en revanche, c’est qu’elle a choisi de créer un contexte Steampunk / Fantasy (je vais y revenir) dans lequel un équivalent d’Honor Harrington commande… un zeppelin militaire ! Ou comment transposer les combats spatiaux de l’Honorverse dans un contexte à mousquets, Grenadiers, Dragons (les cavaliers, pas les bestioles) et canons ! Le résultat est bluffant, aussi bien au niveau de l’ambiance / immersion que du côté technique (description des dirigeables) ou de dialogues ou personnages principaux très solides, surtout pour une première oeuvre.

La plupart des gens le classifieront en Steampunk (bien que le seul côté rétrofuturiste soit dans la présence de dirigeables évolués dans un contexte Napoléonien, soit un gros siècle avant la période Historique où ce genre de rigide employant de l’Hélium était utilisé à des fins militaires), mais le fait que l’intrigue se déroule dans un monde secondaire (imaginaire) me fait plutôt classer ça, personnellement, dans la Gaslamp / Gaslight Fantasy, même s’il n’y a aucun élément fantastique (encore moins que dans Téméraire, qui, lui, montre des dragons).  Lire la suite

The A(pophis)-Files – épisode 5 : Les aventuriers de l’arche stellaire perdue

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afiles_3Dans ce cinquième épisode de la série des A-Files (des articles de fond consacrés aux grandes thématiques et éléments emblématiques de la SFFF) nous allons parler des « arches stellaires », ces vaisseaux (le plus souvent) moins rapides que la lumière destinés à transporter des colons au travers des gouffres noirs d’espace mais peut-être surtout de temps qui séparent les systèmes solaires. Si la Science-Fiction s’est surtout concentrée sur les vaisseaux à générations et à congélation, nous verrons qu’il existe d’autres moyens de franchir les distances interstellaires du vivant des personnes qui ont embarqué initialement, et ce sans recourir à la cryogénie.

Vous pouvez retrouver les anciens épisodes de cette série d’articles de fond via cette page ou ce tagLire la suite

The wrong stars – Tim Pratt

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Attention, zone de micro-gravitas

the_wrong_starsTim Pratt est un auteur (et poète) américain de SF et de Fantasy vivant à Oakland, Californie. Senior editor pour le magazine Locus, titulaire du Hugo 2007 catégorie « nouvelle » pour son texte Impossible dreams, finaliste du World Fantasy Award 2008, il a publié 18 romans, y compris sous pseudonyme. The wrong stars est son premier Space Opera, et le tome inaugural d’un cycle appelé Axiom. Il déclare, dans la postface, avoir été fortement influencé (entre autres) par Iain Banks et Alastair Reynolds, et le moins qu’on puisse dire est que c’est gros comme une maison à la lecture de son bouquin. Du premier, il a pris ce ton franchement dépourvu de gravitas (concept romain recouvrant les notions de poids de la déclaration, de sérieux, dignité, substance / profondeur du propos, engagement et prise de responsabilité envers la tâche à laquelle on doit faire face) qui a été reproché à l’écossais par une certaine critique (et dont il s’est tellement amusé via ses noms de vaisseaux employant par la suite Gravitas –Very Little Gravitas Indeed, Zero Gravitas, etc– en un comique de répétition). Du second, il a pris un point clef de l’univers.

Le problème est que, outre le fait que ce n’est pas original (c’est un peu trop inspiré par Reynolds à mon goût), tout le sense of wonder (voire un côté thriller, pour ne pas dire SF d’horreur) impulsé par l’inspiration Reynolds est plus ou moins annihilé par le côté léger, dépourvu de gravitas, donc, de l’inspiration Banks. Si on ajoute à cela le fait que je me suis surpris à penser à Becky Chambers plus d’une fois (avec un univers tout de même plus solide), on se retrouve avec un roman qui frôle parfois de très près le Young Adult, alors qu’il commençait plutôt bien et avait tout pour générer frisson et / ou émerveillement. Bref, j’ai un peu de mal à comprendre comment un auteur qui n’en est tout de même pas à son premier livre a pu livrer une copie finale aussi insipide, quelque part.  Lire la suite

Nadejda – Olivier Boile

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Quand Kay rencontre Gemmell, Anderson et Moorcock

nadejdaOlivier Boile est un auteur picard ayant vécu quelques temps près de Montpellier avant de revenir dans sa région d’origine. Nouvelliste de SFFF prolifique (il a une centaine de textes courts à son actif, dont certains réunis dans le recueil Sans donjon ni dragon) et couteau suisse de la littérature de genre (il est capable d’écrire à peu près tout ce que le domaine a à offrir, de l’uchronie à la SF en passant par le fantastique), il a publié deux romans relevant de la Fantasy humoristique, Medieval Superheroes et Les feux de l’armure. De mon côté, je l’ai découvert via Le rêve du pont Milvius, remarquable nouvelle uchronique présente dans l’anthologie antiqu’idées, dont elle constituait un des deux meilleurs textes, l’autre étant signé Lionel Davoust, excusez du peu ! Ça vous situe tout de suite le niveau ! J’avais, à l’époque, exprimé mon envie de découvrir plus de la prose de cet écrivain, et c’est désormais chose faite. Auteur qui, d’ailleurs, est un des plus fidèles abonnés de ce blog et un des commentateurs avec lesquels j’ai le plus de plaisir à échanger, ce qui, si vous connaissez la maison, ne m’aurait pas empêché de souligner les défauts de son roman s’il y en avait eu (sur le Culte, le copinage, on ne connait pas, et l’honnêteté envers le lecteur est une règle absolue). Mais bon, il se trouve que, des défauts, il y en a peu, donc le problème ne se posera pas.

Sans donjon ni dragon mettait déjà en scène des personnages historiques ou légendaires, et Nadejda, qui relève avant tout de la Fantasy Historique (mais pas que, comme nous allons le voir), fait de même. Plus intéressant encore, dans le dernier paragraphe de la postface, un passage que j’aurais quasiment pu écrire moi-même tant il m’enlève les mots de la bouche, Olivier Boile avoue sa lassitude de la Fantasy médiévale-fantastique exploitant les mythologies celtique et nordique, et explique donc avoir voulu proposer autre chose, à savoir un roman mêlant imaginaire et lieux ou personnages réels, se déroulant dans la Russie du début du onzième siècle, un temps où la vieille religion païenne est en train de laisser sa place au Christianisme.  Lire la suite

The autumn republic – Brian McClellan

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Une fin de cycle (et de roman) réussie

the_autumn_republicThe autumn republic est le troisième et dernier roman de la trilogie des Poudremages. Pourtant, il ne constitue pas (loin de là, même) la fin de l’exploration de cet univers par l’auteur : outre une dizaine de nouvelles (voir ici et ), Brian McClellan s’est lancé dans un second cycle, Gods of blood and powder, reprenant le même monde et certains des personnages que nous connaissons déjà (y compris via les textes courts, d’ailleurs, qui prennent donc encore plus d’importance pour celui qui veut pleinement saisir les tenants et aboutissants). Je vous proposerai, au premier trimestre 2018, une critique des deux premiers romans de cette nouvelle saga, ainsi que celle de la nouvelle The mad lancers.

Mais revenons à nos moutons : chaque tome des Poudremages est réputé un peu meilleur que le précédent, et celui-ci est supposé offrir un final en apothéose au cycle. Est-ce le cas ? Globalement, oui, même si j’ai eu personnellement un peu plus de mal à entrer dans celui-ci. Mais une fois que cela a été fait, quelle baffe !  Lire la suite

L’œil d’Apophis – Hors-série numéro 1 – Trois chefs-d’oeuvre pour Noël

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Eye_of_ApophisD’habitude, dans L’œil d’Apophis, je vous présente des romans oubliés, méconnus, méprisés, etc, mais pourtant de qualité (pas forcément des chefs-d’oeuvre, mais en tout cas toujours des lectures valables, au moins pour certaines catégories de lecteurs), sous forme d’avis rapide et pas de critique complète. Cela me permet de vous reparler de lectures qui, pour certaines, ont un quart de siècle, et qui nécessiteraient une relecture complète si je voulais écrire une recension correspondant aux standards de qualité habituels de ce blog. Malheureusement, les nouveautés sont si nombreuses et il me reste tant de livres un peu plus anciens à lire que relire un bouquin déjà lu est devenu très difficile, à mon plus grand regret.

Quoi qu’il en soit, pour ce numéro, qui aurait dû être le huitième, j’ai décidé de procéder de façon différente : il y a trois excellents livres, que j’aimerais faire découvrir au plus grand nombre, et qui, pour le coup, bénéficient de critiques complètes (presque) aux standards actuels du Culte. Cependant, lesdits avis datent des tout débuts du blog, il y a quasiment deux ans, ce qui fait que l’écrasante majorité des abonnés et lecteurs de passage actuels n’en a probablement jamais pris connaissance. J’ai donc décidé, dans ce hors-série spécial Noël, de remettre ces romans en avant, car s’il y a bien trois livres qui feraient de parfaits cadeaux de Noël SFFF, ce sont ceux-là. Je vais donc vous faire un point rapide sur leurs particularités, comme d’habitude dans l’œil d’Apophis, avant de vous donner un lien vers la critique complète, pour ceux qui voudraient en savoir plus. J’ai réussi à faire lire deux de ces trois ouvrages à au moins l’un d’entre vous à chaque fois, et les retours, que ce soit celui d’Olivier sur Kane ou celui de Renaud / FeydRautha sur Inexistence, ont été majoritairement enthousiastes. J’espère donc que cet article incitera un plus grand nombre d’entre vous à découvrir ces histoires, avec les réserves habituelles sur une certaine complexité pour deux d’entre eux et un côté particulièrement noir, amoral, Lovecraftien et science-fantasy pour le troisième.  Lire la suite