Opar – Intégrale – Philip José Farmer

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Do it yourself

oparPhilip José Farmer (1918-2009), grand écrivain de SFFF s’il en est, était également un fervent admirateur de personnages historiques ou de fiction, et il en a réutilisé un certain nombre dans ses romans, dont Tarzan, créé par E.R Burroughs. Il se trouve en effet que l’Opar qui donne son titre à cette intégrale est la première « cité perdue » (mais certainement pas la dernière) redécouverte en Afrique par le seigneur de la jungle. Elle a une grande importance dans ses aventures (elle apparaît dès le second roman du cycle, est mentionnée dans le titre du cinquième, puis fait son retour dans les volumes neuf et quatorze). Cette intégrale proposée par Mnemos remet en scène cette ville, cette fois dans le lointain passé (vers 10 000 avant notre ère), alors qu’elle est une modeste colonie minière de l’empire de Khokarsa. Sachez également que deux personnages sont probablement issus d’Allan Quatermain de Henry Rider Haggard, et qu’un dieu mentionné dans le récit est en fait John Gribardsun, un homme ayant effectué un voyage dans le temps (qui est relaté dans un roman, lié au cycle de Tarzan, écrit par Farmer).

Si je vous raconte ça, ce n’est pas totalement pour le plaisir, mais bel et bien parce que quasiment rien de tout cela n’est expliqué dans l’intégrale (à part une vague mention au roman Allan and the Ice Gods en note, p 235), ni sur la quatrième de couverture, ni dans la préface (vu… qu’il n’y en a pas !). En fait, il faut lire les remerciements de l’auteur (ou avoir lu les romans consacrés à Tarzan) ou jeter un coup d’œil à la postface (une chronologie) pour commencer à comprendre qu’il y a anguille sous roche, et qu’il ne s’agit pas « juste » d’un monde imaginaire, mais bel et bien d’une époque (fictive) du passé de l’Afrique en lien avec les cycles phares de E.R. Burroughs et H. Rider Haggard (entre autres; voir plus loin). Histoire de vous éviter d’en baver comme votre serviteur, je vais vous proposer tout ce qui manque en début de roman, à savoir une mise en perspective avec les cycles connexes de ces deux grands écrivains, une petite explication géopolitique et bien entendu l’indispensable-carte-dont-les-éditeurs-français-se-dispensent-pourtant-régulièrement. Merci qui ? Lire la suite

Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : partie 3 – Sous-genres majeurs de la Fantasy

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ApophisDans ce troisième article, nous allons parler des sous-genres « majeurs » de la Fantasy. D’abord, entendons-nous bien sur le terme : par majeur, il faut comprendre ayant une grande importance dans l’histoire de la Fantasy et / ou renfermant un très grand nombre de romans et / ou comprenant des œuvres majeures. Le cinquième article, lui, parlera des sous-genres mineurs (d’une sélection d’entre eux, du moins), qui sont ceux qui ne remplissent pas ou pas encore ces critères, ce qui n’enlève rien à leur intérêt potentiel. Par exemple, la Flintlock / Gunpowder Fantasy est actuellement un sous-genre (mineur) qui ne saurait être comparé à la High Fantasy (sous-genre majeur), par exemple, mais qui, pourtant, gomme de façon innovante et agréable les défauts du Médiéval-Fantastique, est en plein essor depuis quelques années et est probablement destinée à établir de nouveaux standards et, à terme, à être un genre très prolifique.

Dans cet article, je vais vous parler des sous-genres suivants :

  • Heroic Fantasy et Sword & Sorcery.
  • High Fantasy.
  • Dark fantasy.
  • Urban Fantasy.
  • Portal / Crossworlds Fantasy.
  • Fantasy politique.
  • Fantasy militaire.

Je vous conseille vivement de lire chaque entrée dans l’ordre, tant certains genres ont été créés en réaction à un autre et en constituent de quasi-antithèses.  Lire la suite

Saisons funestes – Glen Cook

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A ce stade du cycle, c’est le roman le plus exigeant mais aussi un des plus intéressants

saisons_funestesSaisons funestes est le septième roman du cycle de la Compagnie noire, ainsi que le premier de son troisième et dernier sous-cycle, les Livres de la Pierre scintillante. Son intrigue est en grande partie parallèle aux événements décrits dans Rêves d’acier, et se concentre sur le siège de Dejagore. Il montre, pour l’essentiel, les luttes entre différentes factions à l’intérieur des murs de la ville, ainsi que leurs conséquences pour l’avenir, voire la survie, de la Compagnie et de sa quête de la mythique Khatovar.

D’entrée, Glen Cook surprend : on s’attend forcément à ce que Toubib et Madame se lancent à la poursuite de qui vous savez pour récupérer ce que vous savez (<– ceci est un habile dispositif anti-spoiler), et en fait, pas du tout. L’intrigue est narrée par Murgen, et fait des allers-retours entre le présent (4-5 ans après le siège de Dejagore) et la période correspondant à celui-ci. Donc, l’intrigue qui tourne autour de Kina avance en fait très, très peu. Est-ce décevant ? Une fois le livre fini, pas du tout. Même si, de prime abord, ça déconcerte (surtout si on a suivi l’ordre de lecture des éditeurs français, avec La pointe d’argent en sixième position…).  Lire la suite

Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : Hors-série – Voyages dans le temps, uchronies, mondes parallèles et Portal Fantasy

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ApophisBon, cet article n’était pas vraiment prévu (en tout cas pas à ce stade de la série), mais en attendant l’article n°3 (d’ici une semaine, à priori), qui fait le point sur les principaux sous-genres de la Fantasy, je vous propose un hors-série devant expliquer les différences entre Voyages dans le temps, Uchronies, Mondes parallèles et Portal Fantasy. Parce qu’il se trouve que je me suis aperçu que certaines distinctions n’étaient pas forcément claires pour tout le monde.

Je vous rappelle que comme chaque article de cette série, celui-ci reflète ma conception personnelle de la taxonomie de la SFFF, et ne correspondra donc pas forcément à celles que vous pouvez trouver par ailleurs sur le net ou dans des ouvrages spécialisés. Lire la suite

Un secret de famille – Charles Stross

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Américains, vikings et victoriens

secret_famille_strossUn secret de famille est le « second » tome du cycle des Princes-marchands, après Une affaire de famille. En réalité, il ne s’agit que de la deuxième moitié d’un roman qui comprenait initialement les tomes 1 et 2. Et pour une fois, les maisons d’édition françaises ne sont pas responsables du découpage, qui a initialement été décidé par l’éditeur anglo-saxon.

Le livre reprend donc là où le précédent s’était (un peu abruptement) arrêté. Mais pas tout à fait, cependant : le premier chapitre nous plonge, là aussi d’un coup, dans un monde d’inspiration Victorienne. « Hein, quoi ? Je croyais que le monde parallèle dans lequel Miriam avait débarqué était d’inspiration (néo)Viking ? », vous insurgez-vous… Et vous avez raison. Sauf que personne n’a jamais prétendu qu’il n’y avait qu’un seul monde parallèle ! (est-ce un spoiler ? Pas vraiment, l’éditeur en parle sur la quatrième de couverture, et de toute façon, si je ne vous révèle pas ce point, ma critique va en gros se résumer à : « C’est bien, achetez-le 😀 ).

Un petit mot sur la présentation : oui, les couvertures des versions poche sont toujours aussi pourries, mais croyez-moi, à côté de celles, signées Jackie Paternoster, des versions Ailleurs & Demain que je possède, ce sont des chefs-d’oeuvre.  Lire la suite

Challenge Printemps-été 2016 : Le bilan

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Eye_of_ApophisVous vous souvenez peut-être qu’en mars, j’avais lancé mon auto-challenge-réservé-à-moi-seul annuel dans cet article. Il est (plus que) temps d’en faire un bilan, même si sur les 11 livres, je n’en ai lu que 10 (la lecture de l’intégrale de Hordes de Laurent Genefort a été repoussée à juillet… 2018). Par rapport au challenge 2015, où il y a avait eu très peu de mauvaises surprises, le constat est ici considérablement plus mitigé, deux des romans s’étant révélés très, très mauvais. Je vais aussi en profiter, en fin d’article, pour vous donner quelques pistes pour le challenge 2017.  Lire la suite

La loi du tyran – Daniel Hanover

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Un troisième tome toujours aussi solide, même si très (trop ?) inspiré par l’histoire réelle, et avec une fin qui donne une puissante envie de connaître la suite

loi_tyran_hanoverLa loi du tyran est le troisième tome du cycle La dague et la fortune, après La voie du dragon et Le sang du roi. C’est aussi le dernier a avoir été traduit, les deux autres volumes de la saga (The widow’s house et The spider’s war) n’étant « pour l’instant » pas prévus en français (traduisez : encore une série abandonnée par un éditeur tricolore). Bref, malgré toutes les qualités que je trouve à ces romans, soyez bien conscients que si vous ne lisez pas l’anglais, vous ne connaîtrez probablement jamais la fin de l’histoire. Il faudra donc vous poser la question de savoir si, dans ce cas, commencer le cycle est pertinent ou pas. Pour ma part, je vous proposerai, dans les mois qui viennent, des critiques de ces deux ultimes tomes, avec bien entendu un mot sur le niveau d’anglais nécessaire à leur lecture.

Contrairement aux deux premiers tomes, où certains personnages étaient beaucoup plus représentés, en terme de chapitres qui adoptaient leur point de vue, que d’autres, cette fois on est quasiment sur une égalité parfaite : 10 chapitres pour Clara et Geder, 11 pour Cithrin, 12 pour Marcus (et l’Apostat). Ce tome 3 est aussi un peu plus court que les autres : environ 400 pages, contre 450 et 430.  Lire la suite

Blogger recognition award

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ApophisJe viens d’être nominé par Aelinel (que je remercie chaleureusement, au passage) à un tag que je trouve doublement intéressant : en lui-même d’abord, et parce qu’il va me permettre d’expliquer à chaque lecteur ce que je n’ai eu l’occasion de raconter qu’à certains d’entre eux en commentaires de certaines critiques.

Le principe de ce tag est le suivant :

  • Remercier la personne qui t’a nominé et mettre un lien vers son blog (fait)
  • Écrire un post contenant une brève histoire de ton blog (bref, je ne sais pas faire, mais l’historique est là  😀 )
  • Donner un ou deux conseils pour de nouveaux blogueurs (ce sera quatre, soyons fous ^^)
  • Sélectionner 15 autres blogs (comme à mon habitude, je ne nomine personne en particulier, si ce tag vous intéresse n’hésitez-pas à le reprendre).

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Armor – John Steakley

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Un curieux roman de SF militaire, qui ne montre pas un seul soldat la moitié du temps et parle finalement plus d’armure psychologique que d’armure de combat l’autre moitié 

armor_steakleyJohn Steakley (1951-2010) était un écrivain texan certes peu prolifique, mais dont les deux seuls romans publiés ont été, dans leur genre, assez marquants : le premier est Vampire$, qui servira de base au film du même nom réalisé par John Carpenter en 1998; le second est le livre dont je vais vous parler aujourd’hui, sorti en 1984 et considéré comme un classique de la SF militaire (volet terrestre, par opposition au volet spatial à la Weber / Campbell). L’auteur travaillait depuis plusieurs années sur une suite à Armor au moment de son décès, suite qui ne verra donc jamais le jour.

On compare souvent ce roman à Starship Troopers de Robert Heinlein, mais la ressemblance n’est que superficielle, comme je vais vous l’expliquer. Ce livre a aussi une particularité : on change à plusieurs reprises à la fois de protagoniste et de mode de narration, passant de la troisième à la première personne, et inversement. Un procédé qui, sans être unique, n’en est pas moins assez peu courant, particulièrement en SF.  Lire la suite

Arachnae – Charlotte Bousquet

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Maladroit, m’as-tu-lu, malsain, mercantile

arachnaeCharlotte Bousquet est philosophe de formation, mais son activité principale est liée aux littératures de l’imaginaire : romans, nouvelles, dossiers thématiques pour des revues, directrice de collection, elle sait tout faire, et exerce aussi bien dans le registre de la jeunesse que dans celui destiné aux adultes, et tout autant en Fantastique qu’en Fantasy ou encore en Dystopie.

Arachnae, sorti en 2009, est le premier tome d’une trilogie de Dark Fantasy, l’Archipel des Numinées (ou plutôt, c’est la première partie d’un cycle plus grand, dont les fans de l’auteur attendent toujours la suite, si j’ai bien tout saisi). La simple association de « dark fantasy » et d' »auteur français » a de quoi intriguer, tant ce sous-genre est beaucoup plus facilement associé aux auteurs anglo-saxons, de Glen Cook à G.R.R Martin en passant par Joe Abercrombie, qu’aux écrivains hexagonaux. Ce livre de Charlotte Bousquet aurait pu prouver le contraire, si elle ne s’était pas systématiquement plantée dans le placement des curseurs : univers en carton-pâte, personnages sans âme et trop nombreux, rythme trop échevelé, niveau de langage souvent mal adapté, et surtout une énorme complaisance à décrire de façon beaucoup trop détaillée les scènes pédophiles les plus insoutenables qui soient. Donc non, la Dark Fantasy (en tout cas la bonne), ce n’est pas ça. Lire la suite