La promesse du sang – Brian McClellan – version Leha

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Enfin !

Le 25 mars 2022, les éditions Leha publieront à nouveau, après un premier faux départ en 2014 chez Panini, le tome inaugural (La promesse du sang) de la saga emblématique de la Fantasy à poudre, les Poudremages, réalisant ainsi le souhait des nombreux membres du fandom qui, tels votre serviteur, l’Ours Inculte ou bien des membres de la communauté Elbakin, ont milité, au cours des années, pour que la traduction de ce cycle soit reprise (et cette fois menée à terme). Espérons que cette sortie contribuera également à (enfin…) mieux faire connaître et surtout apprécier en France ce sous-genre récent (une dizaine d’années) de la Fantasy à monde secondaire, tant ses fondamentaux (époque d’inspiration, technologie) tranchent radicalement avec le médiéval-« fantastique » de la Fantasy à papa et apportent un vent de fraicheur bienvenu à ce genre littéraire dans son ensemble.

Mais l’originalité n’est pas la seule qualité des Poudremages, car cette trilogie en cumule bien d’autres, à commencer par d’excellents personnages, dont, évidemment, celui qui est représenté sur la magnifique couverture (on félicite d’ailleurs Leha d’avoir repris les illustrations de la VO), Tamas, sans oublier un système de magie unique, car basé sur l’utilisation de la… poudre ! Je ne vais pas m’étendre plus sur le sujet, car à ce stade, si vous ne jetez pas vos euros, Francs suisses, dollars canadiens, dinars et autres Francs CFA sur votre moniteur, je ne peux plus rien pour vous  😉 (et oui, au passage, 25 euros est un tarif plutôt onéreux pour un roman de cette taille, mais croyez-moi, il les vaut largement).

Celles et ceux, toutefois, qui voudraient en savoir (beaucoup) plus sur ce livre peuvent se référer à la critique très détaillée que j’ai écrite lorsque j’ai lu l’édition précédente. Je précise également que vous trouverez sur le Culte les chroniques du tome 2 et du tome 3, et aussi celles consacrées à la dizaine de nouvelles (très intéressantes, pour certaines) complétant ces romans ici et , plus celle d’une novella (ici) introduisant un personnage de la seconde trilogie se déroulant dans cet univers et mettant en scène certains protagonistes (survivants…) des Poudremages.

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The bright and breaking sea – Chloe Neill

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De la Flintlock Fantasy sans flintlocks : tout est foutu !

bright_breaking_seaChloe Neill est une autrice américaine de Bit-Lit / Paranormal Romance / Urban Fantasy bien connue (particulièrement pour son énorme cycle Les vampires de Chicago), très prolifique et abondamment traduite (20 romans ou recueils de nouvelles !). Elle s’est cependant lancée dans tout autre chose avec The bright and breaking sea, premier tome d’un cycle appelé Captain Kit Brightling : de la Flintlock Fantasy… navale. Alors il faut savoir que j’ai quelques rêves absolus, en SFFF, et que l’un d’eux est que quelqu’un fasse pour la Fantasy ce que David Weber a fait pour la SF, à savoir adapter les romans d’aventure militaire maritime napoléonienne type Hornblower / Aubrey dans un contexte imaginaire. En clair, j’attends, pour lui vouer un culte éternel, l’autrice ou l’auteur qui me refera Master and commander… mais avec de la magie, des dragons et tout l’attirail. Et vu le résumé du bouquin de Neill, on pouvait penser que ça allait plus ou moins se diriger dans cette direction. Et comme nous le verrons, c’est le « plus ou moins » qui est important  😀

Bref, The bright and breaking sea n’est pas fondamentalement un mauvais bouquin, je lirai sans doute la suite, mais si je veux de la vraie Flintlock Fantasy navale, je crois que je vais devoir l’écrire moi-même ! Lire la suite

Un soupçon de haine – Joe Abercrombie

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Glotka 2.0

un_soupçon_de_haine_abercrombieLe 18 novembre 2020 est prévue la parution de Un soupçon de haine de Joe Abercrombie, premier tome d’un nouveau cycle (L’âge de la folie) s’inscrivant dans l’univers de la Première Loi et reprenant certains de ses personnages emblématiques… et surtout leurs descendants. Le second tome, The trouble with peace, est paru en VO le 15 septembre 2020, et sa critique vous sera proposée prochainement sur ce blog (en décembre si le programme est respecté). Bien entendu, cette date du 18 novembre doit être prise avec des pincettes vu la situation de confinement actuelle, même si rien n’empêche qu’elle soit respectée pour la version électronique. D’ailleurs, vu qu’au moins (à ma connaissance) trois éminents membres de l’encadrement de Bragelonne fréquentent ces lieux, une confirmation serait vivement appréciée  😉

J’ai, pour ma part, lu Un soupçon de haine en VO, et si j’y ai trouvé de bons comme de mauvais points, l’impression globale est restée celle d’une lecture agréable et intéressante, notamment sur le plan des personnages (qu’il s’agisse des anciens, qu’on retrouve avec plaisir, ou des nouveaux) et surtout de l’évolution de leur psychologie. En tout cas, ce tome 1 là entre bien plus vite dans le vif du sujet que Premier sang à son époque. Si vous souhaitez en savoir plus, ma critique complète de A little hatred est à votre disposition. J’ai, quoi qu’il en soit, hâte de commencer prochainement le tome 2 !

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Fantasy non-médiévale / d’inspiration extra-européenne / aux thématiques sociétales

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La Fantasy « du monde d’après » existe en fait depuis avant-hier !

ApophisCes derniers jours, nous sommes un certain nombre de blogueurs et plus généralement de lecteurs réguliers de Fantasy à nous être interrogés sur un billet signé André-François Ruaud, paru sur le blog des Moutons électriques, et que vous pouvez lire ici. De la façon dont ce texte a été rédigé, il est difficile de ne pas se faire la réflexion que son auteur semble non seulement oublier certaines des parutions de sa propre maison (ce que certains intervenants n’ont d’ailleurs pas manqué de faire remarquer aux Moutons sur Twitter, en commentaires de l’article et probablement sur d’autres plates-formes), méconnaître ce que d’autres éditeurs français ont publié ces dernières années en matière de Fantasy post-médiévale et progressiste, et plus généralement n’avoir qu’une idée très floue de ce qui se fait chez les Anglo-Saxons depuis une bonne quinzaine d’années. Monsieur Ruaud n’est cependant que la partie émergée d’une immense partie du lectorat français, persuadée que le genre est resté bloqué au stade médiéval-« fantastique » inspiré par l’Europe et aux préoccupations / aux sociétés féodales, alors que ce n’est plus le cas depuis au moins quinze ans (et souvent plus longtemps).

M’étant moi-même, dans mon essai ou les articles sur lesquels il est basé (dont les plus anciens datent de… 2016), longuement penché sur les pistes de renouvellement de la Fantasy, et proposant depuis des années sur ce blog des critiques de romans de Fantasy d’inspiration extra-européenne, à un stade de développement non-médiéval (le plus souvent post-médiéval) et développant des thématiques sociétales et progressistes avec force, émotion et intelligence, je crois ne pas être trop mal placé pour vous proposer un rapide état des lieux en ces matières.

Étant donné qu’il était, de longue date, dans mes intentions de vous proposer un Guide de lecture complet sur la Fantasy d’inspiration extra-européenne (avec ce niveau de détail) et un autre sur la Fantasy non-médiévale, le présent article se veut succinct et ne donner que quelques exemples ciblés pour démontrer son propos. Les articles détaillés viendront plus tard (en fin d’année pour la Fantasy extra-européenne, par exemple). Lire la suite

A little hatred – Joe Abercrombie

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Des évolutions d’un côté, de la stagnation de l’autre

a_little_hatred_abercrombieA little hatred est le tout nouveau roman de Joe Abercrombie, le premier d’une seconde trilogie (The age of madness) prenant place dans l’univers de la Première Loi et se déroulant 15 ans après la fin de Pays rouge (le plus avancé, dans la chronologie interne de ce contexte, des trois stand-alone faisant suite au cycle initial) et 28 après celle de Dernier Combat, le tome 3 dudit cycle. Les tomes 2 et 3 de cette seconde trilogie s’appelleront The trouble with peace et The beautiful machine, et sortiront respectivement en 2020 et 2021.

Bien que ce tome 1 puisse se lire sans avoir lu aucun des autres romans, ou bien seulement certains d’entre eux (moi-même, je n’ai pour l’instant lu aucun des stand-alone), le lecteur y perdra, car des tas de références à des événements ou des personnages passés vont lui échapper. Ce qui n’est d’ailleurs pas systématiquement un mal : en effet, il y a à un moment une grosse « révélation » concernant deux des personnages, qui ne pourra surprendre que quelqu’un qui n’a pas lu Dernier combat, mais que quelqu’un qui l’a fait connaîtra dès que l’auteur parlera de la relation les liant. Tout compte fait, je pense toutefois important d’avoir lu au moins la première trilogie avant de se lancer dans ce nouveau roman.

Et justement, comment se positionne ce début de cycle par rapport à son prédécesseur ? La réponse est assez dichotomique : d’un côté, il y a des évolutions aussi visibles que spectaculaires (en terme de rythme, de présence rapide de sexe et de violents combats, et de niveau technologique, notamment), mais de l’autre, fondamentalement Abercrombie nous rejoue quasiment la même partition, une génération plus tard dans la chronologie interne de cet univers. Sans compter un humour et de savoureux dialogues assez significativement moins présents. Toutefois, on apprécie de retrouver certains anciens personnages ou leurs descendants. Au final, si le bilan est mitigé, le bouquin reste agréable à lire et de qualité, et j’ai hâte de lire la suite, même si je placerais peut-être mes espoirs un niveau plus bas la prochaine fois.  Lire la suite

Guide de lecture SFFF – Découvrir la (ou progresser en) Gunpowder / Flintlock Fantasy

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ApophisIl s’agit du premier article du Guide de lecture des littératures de l’imaginaire que je vous propose, après la présentation du concept et le point de départ (souvenez-vous que les articles ne seront pas écrits dans l’ordre présenté mais en fonction de ce qui est le plus pratique pour moi). Le suivant ne sera publié qu’à la fin de l’été. Pourquoi un tel écart ? Parce que le présent article doit me servir de plate-forme de test afin d’avoir des retours sur la présentation et le fond et de corriger le tir pour les suivants si besoin. 

Vous avez entendu parler d’une Fantasy mêlant armes à feu, mondes imaginaires, magie et créatures fantastiques, et souhaitez découvrir ce style de romans, ou bien vous perfectionner et aller au-delà des livres de base ? Cet article est fait pour vous !  Lire la suite

Guns of the dawn – Adrian Tchaikovsky

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Jane Austen au Vietnam dans une Flintlock Fantasy… antimilitariste ! 

guns_of_the_dawnC’est la troisième fois (après Dans la toile du temps et Dogs of war) que je vous parle sur ce blog d’Adrian Tchaikovsky, mais la première où j’aborde le volet Fantasy de son oeuvre, alors que ce dernier est pourtant largement majoritaire par rapport à la SF. Bien que l’auteur fonctionne plutôt par cycles (dont un de… dix romans !) dans le premier de ces deux genres, Guns of the dawn est au contraire un stand-alone. Il appartient à la Flintlock Fantasy, mais se révèle être un représentant très atypique de ce sous-genre encore récent, car exaltant notamment moins le côté épique du mélange mousquets & magie par rapport aux romans phares que sont La promesse du sang ou Les mille noms. A la place, il nous immerge dans la boue, le sang et surtout la trouille d’une jeune femme de bonne famille projetée dans les horreurs d’une guerre pour la survie d’un certain mode de vie, une boucherie surréaliste pour le contrôle de marais salants, de fondrières et d’une jungle où on n’y voit pas à deux mètres, un environnement qui rappelle souvent les films sur… la guerre du Vietnam. Sa première originalité est donc de relever essentiellement d’une Flintlock Fantasy… antimilitariste. Mais ce n’est pas la seule : en effet, son (long, très long) prologue nous immerge dans un univers qui a plus de points communs avec Jane Austen qu’avec l’épopée Révolutionnaire ou Napolonienne qui est à la base de la Flintlock. J’entends par là qu’on se préoccupe plus de la condition de la femme que d’événements politiques / changements de paradigme ou de grandes conflagrations militaires. Enfin, le niveau technologique place ce roman aux limites de la Flintlock (plutôt centrée sur un monde secondaire inspiré par les années 1789-1815 dans l’immense majorité des cas) et de la Gaslamp Fantasy, voire de l’Arcanepunk sur un point précis de la pré-fin.

Bref, si je devais résumer, nous avons affaire à une Flintlock Fantasy atypique car plus centrée sur l’intime que sur l’épique, plus anti- que pro-militariste, et à un roman très imprégné de Jane Austen mais avec une ambiance qui frôle parfois le film consacré à la guerre du Vietnam ! Autant dire que je ne vous conseillerais pas de commencer votre exploration de la Fantasy à mousquets par lui, il présente trop de particularités pour cela. Parallèlement, comment se situe, au niveau de la qualité, ce livre par rapport à d’autres signés Tchaikovsky ? On va dire que pris globalement, il est (presque) aussi bon que les deux cités plus haut que j’ai eu l’occasion de lire, même s’il présente beaucoup plus de défauts d’écriture qu’eux. Il n’en reste pas moins qu’une fois arrivé à la fin, il a largement mérité d’être estampillé (roman) Culte d’Apophis !  Lire la suite

The infernal battalion – Django Wexler

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Un peu déçu

infernal_battalion_wexlerThe infernal battalion est le cinquième et ultime tome du cycle The shadow campaigns, une des deux références absolues de la Flintlock Fantasy. Des cinq romans, c’est celui qui s’éloigne le plus de l’Histoire pour aller vers une pure intrigue Fantasy (rappelons que le tome 1 était un équivalent de la Campagne d’Égypte de Napoléon, le 2 de la Révolution, le 3 de la Terreur et le 4 de la Campagne de Russie). C’est peut-être d’ailleurs ce qui m’a manqué : malgré sa note de 4.4 sur Goodreads, malgré le fait que ce soit un bon roman et qu’il offre une conclusion satisfaisante à cette pentalogie, j’en sors un peu déçu et frustré. J’ai été décontenancé par certaines parties, j’ai trouvé que le côté vraiment épique de la chose arrivait très tard, et globalement, j’ai moins été dans l’émotion qui prend aux tripes que pour la fin des Poudremages (l’autre saga de référence dans ce sous-genre), par exemple. Il n’en reste pas moins que, dans son ensemble, The shadow campaigns reste un cycle hautement recommandable, en Flintlock bien sûr, mais plus généralement en Fantasy.

Toute la question est maintenant de savoir ce que l’auteur va proposer ensuite : un nouvel univers, ou un second cycle dans le même, comme l’a fait McClellan par exemple ? Personnellement, j’ai trouvé que la fin de ce tome 5, si elle concluait tous les arcs scénaristiques de la pentalogie, ouvrait deux perspectives très, très intéressantes pour un éventuel spin-off. J’avoue que j’ai hâte de voir ce que Wexler va publier prochainement !  Lire la suite

Sins of Empire – Brian McClellan

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Une (énorme) réputation amplement méritée

sins_of_empireSins of Empire est le premier tome d’un nouveau cycle de Flintlock Fantasy signé Brian McClellan, qui se déroule dans le même univers que sa trilogie des Poudremages (dix ans après la fin du tome 3) et en reprend certains personnages. Sur Goodreads, il bénéficie de la note colossale de 4.46 (sur 4105 notations), ce qui, pour information, est (très) largement supérieur à l’écrasante majorité des… prix Hugo et des World Fantasy awards ! (un seul titre récent fait, à ma connaissance, mieux : Battle mage de Peter Flannery -à paraître chez AMI-, avec 4.51). La lecture du cycle précédent n’est pas strictement indispensable, même si elle permet évidemment de mieux saisir certaines choses ou leur donnent un tout autre relief. La même remarque peut être étendue à la nouvelle The Mad Lancers, qui, elle, permet de mieux se rendre compte de certains changements intervenus chez Ben Styke. Enfin, on conseillera aussi éventuellement de jeter un coup d’œil à Ghosts of the Tristan Basin, sans que, là encore, cela soit un pré-requis absolu.

Cette nouvelle trilogie, donc, déplace l’action vers Fatrasta, dix ans après l’indépendance de cette ancienne colonie Kez. Sous la coupe de l’âme de la Révolution, Lindet, et de sa police secrète, le pays voit les tensions monter entre les colons et les indigènes, les Palo. Nous suivrons trois personnages, Ben Styke et Vlora que ceux qui ont lu les Poudremages (ou les nouvelles associées) connaissent déjà, ainsi qu’un petit nouveau, Michel. Les trois se retrouveront liés à un mystérieux avocat, sur fond de troubles créés par un pamphlet, le fameux Sins of EmpireLire la suite

The Mad Lancers – Brian McClellan

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Les origines de Ben Styke et de son unité de cavalerie rebelle

the_mad_lancersThe Mad Lancers est une nouvelle de 85 pages rattachée au cycle Gods of Blood and Powder (je vous proposerai la critique du tome 1 dans quelques jours : sachez que les événements de ce texte se déroulent douze ans avant), qui lui-même prend place dans le même univers que la trilogie des Poudremages et en reprend quelques personnages. L’un d’entre eux est Ben Styke, un cavalier en armure enchantée qui apparaissait dans la nouvelle Ghosts of the Tristan Basin, donnait un coup de main à Taniel et ressemblait à un mélange entre Arnold Schwarzenegger et le Colonel Kilgore d’Apocalypse Now. C’est la façon dont il a rejoint la Révolution naissante, a formé son unité de cavalerie et peut-être surtout a obtenu leurs fameuses armures magiques qui est racontée dans The Mad Lancers. Si la lecture de ce texte n’est pas, à proprement parler, indispensable, elle éclaire cependant d’un jour nouveau les événements des deux cycles de Flintlock Fantasy de Brian McClellan, et se révèle, comme toujours avec lui, de qualité.  Lire la suite