La dernière trouée du Cumberland – H. Paul Honsinger

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200 premières pages haletantes, suivies par 150 autres laissant plus le lecteur sur sa faim

honsinger3.inddLa dernière trouée du Cumberland est le troisième roman du cycle De haut bord. Pour l’anecdote, la fin du tome 2 annonçait que son successeur s’appellerait « Un dernier haut fait », titre tout de même plus évocateur et sonnant mieux mais qui n’a au bout du compte pas été retenu. Curieuse discordance entre l’annonce imprimée et le choix final ! Quoi qu’il en soit, ce livre met un terme (très) provisoire à la saga, puisque l’auteur avait annoncé vouloir écrire des suites et un prélude, ce dont il a été empêché par des problèmes de santé en chaîne (diabète mal équilibré, narcolepsie, infection touchant une jambe, apnée du sommeil, etc) ces deux dernières années. Il annonce toutefois un nouveau roman pour 2018, To stations my lads, ainsi qu’une novella qui voit un jeune Max transporté par les Vaaachs à 14 000 années-lumière de la Terre, dans le bras Croix-Centaure de la galaxie, The hunters of vermin.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un mot sur la couverture, de nouveau signée Gene Mollica, et encore une fois absolument superbe, avec des visages criants de vérité (et un Max qui a un vague air de Juan-Martin Del Potro !). J’aime beaucoup cet illustrateur, et même si je m’attends à des merveilles à chaque fois, je suis invariablement époustouflé par le résultat. Bravo l’artiste !  Lire la suite

Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : hors-série n°4 – Sous-genre ou simple étiquette marketing ?

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ApophisFantasy politique, de crapules, militaire, Grimdark, Bit-lit, Young adult… Qu’est-ce qui, là-dedans, relève réellement d’un sous-genre établi, ou au contraire d’une simple étiquette marketing, qu’elle soit propre à un seul éditeur ou utilisée par les acteurs majeurs de l’édition, qu’elle soit anglo-saxonne ou française ? Qu’est-ce qui différencie un livre classé dans un sous-genre d’un autre juste affublé d’une étiquette ? C’est à ce genre de questions que je vous propose aujourd’hui de réfléchir, dans ce nouvel article de la série consacrée à la taxonomie des littératures de l’imaginaire.

Je vous rappelle que comme chaque article de cette série, celui-ci reflète ma conception personnelle de la taxonomie de la SFFF, et ne correspondra donc pas forcément à celles que vous pouvez trouver par ailleurs sur le net ou dans des ouvrages spécialisés. Lire la suite

Valiant dust – Richard Baker

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Une SF (romantico-)militaire à la géopolitique développée et au héros officier, gentleman, prince et socialite !

valiant_dustRichard Baker est un ancien officier de l’US Navy qui, outre l’écriture de treize romans, est aussi et surtout un acteur de premier plan dans le monde du jeu de rôle, ayant (entre autres) participé, que ce soit pour TSR ou Wizards of the Coast, à l’élaboration d’un très grand nombre de livres liés à D&D (de la seconde à la quatrième édition), principalement dans les gammes Forgotten Realms, Birthright et Dark Sun.

Valiant dust est le premier tome d’un cycle de SF militaire appelé Breaker of empires. Si, de prime abord, on peut être tenté d’établir des parallèles avec David Weber, nous verrons que les choses sont plus compliquées et subtiles qu’un banal clonage d’une des références du genre. Mais si sa géopolitique élaborée et ses thématiques sont le gros point fort du livre, il est par contre un poil bancal (sans être mauvais) sur un pur plan militaire. Et nul doute que la forte dose de romance, la condition sociale du héros et sa propension à passer beaucoup de temps dans des événements mondains pourront poser problème à certains lecteurs de SF militaire.  Lire la suite

Rédemption – Jamie Sawyer

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Une initiative à saluer

lazarre_vol2b.inddRédemption est une novella de 117 pages s’inscrivant entre les tomes 2 et 3 du cycle Lazare en guerre de Jamie Sawyer. L’Atalante a d’ailleurs choisi de suivre la numérotation adoptée sur Goodreads, ce qui fait que le dos porte le numéro 2.5, et la couverture la mention « intermède ». Si vous suivez ce blog, vous êtes familier de cette tendance récente des auteurs anglo-saxons à publier des textes courts s’insérant avant ou entre les romans de leurs cycles (pour les livres proprement dits -préludes ou nouveaux tomes s’insérant entre deux tomes existants, parfois écrits des décennies auparavant-, cela se fait depuis longtemps), et permettant soit d’explorer d’autres pans de l’univers, soit de revenir plus en détails sur certains personnages ou événements. C’est dans ce dernier cas que nous sommes ici : Rédemption se déroule quelques heures avant la fin du tome 2 du cycle, et explique son coup de théâtre final.

Je tiens à saluer l’initiative de l’Atalante de proposer au lecteur non-anglophone une de ces novellas intermédiaires, car il y en a de plus en plus et car les éditeurs français les ont jusqu’ici consciencieusement ignorées. Certes, ces textes sont, selon les auteurs et les cycles, d’un intérêt variable (en Fantasy, par exemple, si celles de Brian McClellan sont très intéressantes pour mieux comprendre les motivations du protagoniste principal du cycle des Poudremages, on ne peut pas dire que Sandrunners d’Anthony Ryan apporte grand chose au cycle The draconis memoria), mais certains d’entre eux (ceux de McClellan, donc, ou de Bradley P. Beaulieu, par exemple) sont vraiment de très bonne facture et mériteraient une traduction. On espère donc que, étant donné en plus l’intérêt autour du format court (enfin) impulsé par le considérable succès commercial et critique de la collection Une heure-lumière du Belial’, d’autres éditeurs suivront l’intelligente initiative de l’Atalante (je pense à Actes Sud avec The expanse, par exemple).  Lire la suite

Le sang sur le sable – Bradley P. Beaulieu

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Un très bon second tome

le_sang_sur_le_sable_beaulieuLe sang sur le sable est le second tome du cycle Sharakhaï de l’auteur américain Bradley P. Beaulieu, après Les douze rois de Sharakhaï. Et la saga fait preuve d’une belle vitalité, puisque le tome 3 est attendu (en VO) en mars 2018, le 4 en 2019 (6 sont prévus au total), et que deux novellas d’une centaine de pages sont ou vont sortir en octobre / novembre (elles seront critiquées sur ce blog dans les mois qui viennent). Je vous rappelle également que je vous propose des recensions consacrées à la nouvelle In the village where brightwine flows et à la novella Of sand and malice made. D’ailleurs, la lecture de cette dernière est un plus non négligeable pour pleinement saisir certains passages du Sang sur le sable relatifs au Prince en haillons. Un petit mot sur la couverture, un pur chef-d’oeuvre (un de plus !) signé par le génial Marc Simonetti : c’est, clairement, l’illustration de l’année, à mon sens (ça sent le Prix Apophis dans quelques semaines, lors du bilan 2017…).

Ce tome 2, donc, reprend toutes les qualités du 1, en en gommant les petits défauts. Il est long, certes (pas loin de 700 pages), mais envoûtant quasiment de la première à la dernière ligne. Bref, il confirme tout le talent de l’auteur. Et lorsqu’on sait que son autre cycle phare, Lays of Anuskaya, est réputé encore meilleur… Bref, vous allez avoir droit à beaucoup de Bradley P. Beaulieu dans les mois et années qui viennent sur Le culte d’Apophis !  Lire la suite

Places in the darkness – Chris Brookmyre

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Même si le thème central n’est pas original, ce mélange de polar et de SF reste vraiment très solide

pitd_brookmyreChristopher Brookmyre est un écrivain écossais, auteur de polars / thrillers de premier plan (son cycle Jack Parlabane s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires, et ce rien qu’au Royaume-Uni !), membre du mouvement littéraire Tartan noir (mêlant les codes du roman écossais classique et ceux du hardboiled, plus des influences européennes). Depuis quelques années, il écrit aussi de la SF, genre dont relève Places in the darkness. Un grand spécialiste du roman noir qui écrit de la Science-fiction, un résumé intéressant, un précédent essai dans le mélange des genres (Bedlam) qui avait été, en son temps, grandement apprécié par Iain M. Banks en personne, voilà qui ne pouvait qu’attirer ma curiosité ! Ma seule crainte était que l’aspect SF ne soit qu’un décor ou un prétexte, mais elle s’est révélée infondée : il est en fait au cœur de l’intrigue.

Au final, même si la thématique SF centrale n’est pas originale, et a été vue (en -un peu- mieux) ailleurs (notamment chez Gérard Klein et Greg Egan), elle reste solidement traitée, et, ajoutée à un aspect polar qui, sans surprise, se révèle très bon, donne un roman très recommandable pour un lecteur anglophone aimant ce style de mélange des genres et d’atmosphère. Lire la suite

From darkest skies – Sam Peters

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Beaucoup de potentiel, un résultat assez décevant (tout en restant d’un niveau correct)

from_darkest_skies_petersFrom darkest skies est le premier roman de Sam Peters. Les remerciements nous apprennent que l’univers du livre est issu d’une campagne de jeu de rôle (si j’ai bien tout saisi), et que l’auteur n’a lu Carbone modifié de Richard Morgan qu’après avoir écrit son propre livre. Précision heureuse, car il y a en effet certaines (vagues) ressemblances entre les deux œuvres. Mais à vrai dire, j’en verrais plus encore avec celle de Peter Hamilton, lui-même grand utilisateur de policiers du futur (Paula Myo, La grande route du Nord), voire même avec Dan Simmons (l’IA qui enquête sur sa propre mort) et Alastair Reynolds (la dite IA a été construite à partir des aperçus de la personnalité de l’épouse décédée du protagoniste disponibles en ligne, un peu comme la reconstitution d’Eunice Akinya dans la trilogie Les enfants de Poséidon).

Premier roman, donc, et cela se voit : trop ambitieux pour son propre bien, parfois maladroit ou un peu difficile à suivre, From darkest skies n’est pourtant pas dépourvu de qualités, bien au contraire. Sam Peters travaille actuellement sur la suite, Species traitor (il ne s’agit donc pas d’un one-shot, même s’il peut éventuellement se lire comme tel) et aura, on l’espère, corrigé ces défauts de jeunesse.  Lire la suite

The siege of Tilpur – Brian McClellan

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Les aventures du sergent Tamas, 19 ans

siege_of_tilpurThe siege of Tilpur est une nouvelle d’une trentaine de pages s’inscrivant dans le cycle des Poudremages de Brian McClellan. Initialement uniquement disponible dans l’anthologie Unbound parue en décembre 2015, elle est désormais mise à la disposition des lecteurs individuellement. De plus, pendant les deuxième et troisième semaines de Novembre, elle est disponible gratuitement via le site de l’auteur (dans une archive .zip contenant trois formats de fichiers différents, epub, pdf et mobi). Signalons aussi que l’inscription à la newsletter publiée par l’auteur vous donne droit à un exemplaire tout aussi gratuit de la nouvelle Murder at the Kinnen Hotel.

Nous suivons Tamas, 19 ans seulement mais déjà sergent, pendant une des guerres dans le désert de Gurla. Dans la chronologie interne de cet univers, c’est donc le texte le plus ancien, puisqu’il se déroule forcément avant Servant of the crown (où Tamas est Major), qui lui-même se passe 35 ans avant La promesse du sang. Son groupe de combat de 9 hommes et lui font partie des troupes qui doivent monter à l’assaut d’un fort ennemi, Tilpur, si bien défendu, par des soldats, des canons et de la sorcellerie, qu’il s’est révélé imprenable malgré quatre tentatives par trois nations différentes. Et comme souvent dans le cycle, du moins avant la Révolution imposée par Tamas, ce sont les officiers supérieurs, des incompétents qui ne doivent leur position qu’à leurs titres de noblesse, qui posent presque plus de problèmes que l’adversaire du moment !  Lire la suite

Dogs of war – Adrian Tchaikovsky

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Encore un chef-d’oeuvre !

dogs_of_warDogs of war est le nouveau roman d’Adrian Tchaikovsky, très prolifique auteur de SFF britannique, aussi à l’aise en Fantasy qu’en SF, qui m’avait bluffé avec l’excellent Children of time. S’il s’agit toujours de science-fiction, le contexte est cette fois différent, puisqu’il concerne la Terre d’un futur très proche (une grosse génération, à priori) et s’inscrit dans le sous-genre militaire. Nous suivons un groupe de bioformes expérimentales, des animaux (chien, ours, reptile, abeilles -ah, j’ai capté l’attention de Lutin, là-) transformés par l’ingénierie génétique et la cybernétique, et utilisés pour mener une sale guerre corporatiste au sud du Mexique. Endoctrinées et dotées de puces de Feedback devant les contrôler, les bestioles finissent cependant par penser par elles-mêmes et par s’interroger sur la pertinence des ordres… Cependant, cette partie martiale n’est qu’un (long) prologue pour quelque chose de beaucoup plus profond et ambitieux, en lien avec un thème récurrent chez l’auteur : la coexistence et les relations entre formes de vie différentes, les relations entre une créature et son créateur.

Avec ce titre, nous revitalisons un peu le cycle SF biologique lancé l’année dernière et un peu laissé de côté en 2017. J’en profite aussi pour en lancer un autre, le cycle anticipation militaire, qui se propose de réunir des romans se passant dans un futur très proche et tentant de réfléchir, d’une façon un minimum réaliste, à ce que pourrait être la guerre demain.  Lire la suite

Les feux de Cibola – James S.A. Corey

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Inégal

feux_cibolaLes feux de Cibola est le quatrième volume du cycle The Expanse, par James S.A Corey (pseudonyme commun de Ty Franck et Daniel Abraham / Hanover). Le septième, Persepolis rising, paraîtra (en VO) dans très exactement un mois (et au passage, Actes Sud est vraiment à la traîne, puisque trois autres pays européens sont à jour dans les traductions des tomes 1-6). Le tome 3 s’est révélé verbeux et assez mauvais, mais il introduisait un énorme changement d’échelle dans l’univers, ce qui fait que je dois dire que j’attendais ce nouvel opus avec une certaine impatience et une curiosité encore plus grande. Mais aussi avec une certaine crainte : alors que j’avais trouvé le tome 1 bon, le 2 excellent et le 3 nettement plus mauvais, quel allait être le niveau du 4 ? Ne faisons pas durer le suspense, la qualité globale (et j’insiste là-dessus) remonte (un peu), même si Les feux de Cibola se révèle très contrasté, et très loin d’être dépourvu de défauts, qu’ils soient propres à ce roman ou commencent à émerger au niveau du cycle dans son ensemble.

Au passage, Actes Sud, qui a repoussé la sortie du livre du 7 juin à début Novembre, rend une bien mauvaise copie : je ne compte plus les tournures maladroites, les phrases qui ne veulent pas dire grand-chose, les insuffisances de la relecture (parfois énormes, comme ce splendide « une femme aux cheveux noire » p 253 ou « un carré de cette espace » p 279) ou la ponctuation occasionnellement aux abonnés absents. Pour un éditeur de ce calibre et compte tenu de cinq mois de délai supplémentaire, ce n’est pas franchement brillant, surtout à ce prix là.  Lire la suite