Panthéon Apophien – Hors-série – BD

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cropped-apophis-ra_symbolD’habitude, dans la série d’articles « Panthéon Apophien », je vous parle des romans « cultes » d’Apophis lus avant l’ouverture du blog, c’est-à-dire de ceux qui ont participé à la construction de mon identité d’amateur de SFFF. Mais quand on y réfléchit, celle-ci s’est aussi nourrie de tout un tas d’autres éléments, comme (dans l’ordre chronologique) de films / séries, de comics, de livres dont vous êtes le héros / Jeux de rôle et, bien entendu, de BD. Aujourd’hui, je vais donc vous présenter les trois sagas qui ont été les plus importantes dans ce parcours lors de mon enfance et de mon adolescence (si le sujet vous intéresse, je pourrai, à l’avenir, faire un second épisode vous parlant des trois séries de BD les plus emblématiques de mes années d’étudiant ; n’hésitez pas à vous exprimer sur le sujet en commentaires).

Vous pouvez retrouver les articles « normaux » du Panthéon apophien sous ce tag ou sur cette page. Les romans cultes d’Apophis, pré- ou post-2016, sont listés sous cet autre tag. Les critiques de BD sont réunies sous celui-ci. Lire la suite

Les villes nomades – intégrale – James Blish

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Un cycle majeur de la SF ? Hmmm…

Une version modifiée de cette critique est parue dans le numéro 101 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Chez Mnémos comme en SF, on est friand des Histoires du futur. Après celles d’Heinlein, de Smith ou de Niven, l’éditeur publie celle créée par James Blish dans les années 50 et 60 dans les quatre tomes du cycle Les villes nomades. Certains sont des fix-ups, d’autres des romans écrits d’une traite, l’un d’eux a été rédigé des années après les autres et inséré entre les deux premiers tomes de la trilogie initiale, et tous ont subi des révisions en réponse à des points soulevés par les lecteurs. Aux hommes les étoiles décrit un 2018 où la Guerre Froide est toujours d’actualité, et où, pour combattre l’URSS, les USA se sont transformés à leur tour en un état policier et totalitaire ; pour préserver la culture occidentale, une cabale initie un projet scientifique secret, notamment un « pont » dans l’atmosphère de Jupiter devant permettre de valider certaines théories scientifiques alternatives ; dans Villes nomades, l’aboutissement du projet a permis, mille ans plus tard, à des villes entières de s’arracher de la surface de la Terre pour proposer leurs compétences industrielles ailleurs, sur le modèle des Okies, travailleurs migrants de l’Oklahoma des années 20 et 30 ; dans La Terre est une idée, on suit les aventures intergalactiques de New York, une des plus prestigieuses de ces villes nomades, menée de main de maître par le (très Asimovien) maire Amalfi ; enfin, dans Un coup de Cymbales, Blish va au terme de ses 2000 ans d’Histoire future et au bout de celle de l’univers !

La préface se plaît à souligner la solidité scientifique de l’ensemble (Blish était un critique à la dent dure, et en reprochait l’absence à certains de ses collègues auteurs) et le fait qu’il s’agit d’un cycle majeur de la SF, « même s’il fait son âge ». La prétendue solidité de la chose doit être nuancée, car ce qui n’a pas été invalidé depuis les années 50/60 est parfois employé de façon abracadabrante, notamment en cosmologie et dans le premier et le dernier roman, où on a plus du technobabillage que de la vraie science, même de son époque. Pour ce qui est du statut de cycle majeur, on est loin des autres Histoires du futur, d’autant plus que des quatre romans, seul le troisième présente un réel intérêt : le premier est poussif pour le peu qu’il a à raconter (qui plus est résumé en quelques paragraphes dans les autres tomes), le second est un roman d’apprentissage trop classique (même si son protagoniste est attachant), et le dernier est trop bancal sur le plan scientifique pour convaincre. Malgré tout, on mettra au crédit de l’ensemble de cette saga un incroyable Sense of wonder, et un excellent troisième tome.

P.-S. : L’auteur a, par contre, écrit des recueils ou romans bien plus dignes, de mon point de vue, d’intérêt, à commencer par le fondamental, dans le domaine de la Panthropie, voire en SF dans son ensemble, Semailles humaines.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur cet ouvrage, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Xapur,

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Age of ash – Daniel Abraham

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Démêler les fils

Spontanément, le nom de Daniel Abraham peut ne pas vous dire grand-chose, à moins que vous ne fassiez partie des fins connaisseurs de la SFF, qui savent qu’il est un des deux auteurs (avec Ty Franck) se cachant sous le pseudonyme commun de James S.A. Corey, le papa du cycle de romans The Expanse, qui a lui-même engendré une série télévisée qui est une des plus réussies dans le registre science-fictif ces dernières années. Mais Daniel Abraham, sous le pseudonyme d’Hanover, est aussi responsable de la pentalogie La dague et la fortune (dont les trois premiers tomes ont été traduits en France), qui était, cette fois, une Fantasy de fort bonne facture.

C’est justement de ce dernier genre littéraire dont relève le nouveau projet de l’auteur, le cycle Khitamar. On pourrait croire à une trilogie de plus (ce dont la Fantasy est très loin de manquer !) si l’argumentaire de l’éditeur n’attirait pas notre attention sur la singularité (pour ne pas dire l’exotisme) de la chose : « Les trois romans de la trilogie Khitamar se déroulent lors de la même année, mais sont narrés selon le point de vue d’un personnage différent. Leurs histoires vont s’imbriquer et s’entrelacer, et la vérité pleine et entière, si tant est qu’une telle chose existe, sera comprise en suivant chaque fil narratif ». Nous examinerons d’ailleurs l’intérêt (ou pas) de la chose et la différence par rapport à une trilogie plus classique dans la suite de ce propos. Lire la suite

Le jardin quantique – Derek Künsken

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Braquer… le Temps !

Le 2 mars 2022 sortira chez Albin Michel Imaginaire Le jardin quantique de Derek Künsken, suite de l’excellent Le magicien quantique et deuxième tome du cycle The quantum evolution (pour l’anecdote, au tout début, The quantum magician était présenté comme un stand-alone  😀 ). Le tome 3, The quantum war, a été publié (en anglais) le 12 octobre 2021, et l’auteur a indiqué que le quatrième et dernier, The quantum temple, paraîtra en 2024. Sachez par ailleurs qu’il a aussi précisé que la suite du magistral The house of Styx, sans conteste possible le meilleur Planet Opera vénusien jamais écrit, sortira fin 2023, s’appellera The house of saints et conclura le cycle Venus Ascendant, situé dans le même univers que Le magicien quantique. Tant que j’y suis, j’en profite pour rappeler l’existence de la novelette Pollen from a future harvest, qui prend place dans le même lieu où se déroule une bonne partie du Jardin quantique et explique une partie des événements du début du Magicien quantique.

J’ai, pour ma part, lu Le jardin quantique en VO, à sa sortie en octobre 2019, et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une digne suite du Magicien quantique, bien que dans un genre légèrement différent. Si on garde une partie des personnages du premier tome, le scénario n’est pas le même, et le ton est plus grave (même si l’humour reste présent). L’aspect Hard SF et le sense of wonder étaient déjà solides dans The quantum magician, et ils ne font que se renforcer dans son successeur, qui propose quelques très beaux moments dans ce domaine. Mais surtout, le worldbuilding et la psychologie de certains personnages secondaires s’étoffent de façon significative. Celles et ceux d’entre vous qui voudront en savoir plus peuvent se référer à ma critique complète de la VO.

Un dernier mot : Le magicien quantique, sorti en 2020 un peu avant le premier confinement, n’a pas eu, de ce fait, la carrière qu’il aurait dû avoir, comme un certain nombre d’autres livres pourtant fort enthousiasmants (je pense à Olangar – Une cité en flammes de Clément Bouhélier, par exemple). Ce qui fait que si ce tome 2 ne marche pas, la traduction des deux suivants ou de House of Styx devient de plus en plus hypothétique. Bref, si ce cycle vous intéresse, ne temporisez pas, et il sera probablement sauvé comme l’a été celui d’Andrea Cort écrit par Adam-Troy Castro (même si ce dernier peut également remercier les excellents résultats d’un certain monsieur Lucazeau). Après, je ne suis pas un prescripteur d’opinion, vous faites ce que vous voulez de votre argent (et je n’ai pas d’actions chez AMI non plus  😀 ).

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Dead silence – S.A. Barnes

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Atmosphère, atmosphère…

Selon la présentation de son tout nouveau roman, Dead silence, sur Amazon, S.A. Barnes est une américaine, responsable de CDI dans un lycée, qui a publié « de nombreux autres livres dans différents genres ». En cherchant un peu plus, on découvre sur Goodreads que « S.A. Barnes » n’en a pourtant qu’un seul à son actif… qui est justement ledit Dead Silence. L’explication est très simple : en fait, il ne s’agit que d’un pseudonyme, et les autres bouquins de l’autrice sont publiés sous le nom de Stacey Kade. Et les « autres genres » mentionnés sont essentiellement… de la romance et du Young Adult. Alors outre le fait que prendre un (autre ?) pseudonyme pour se donner une crédibilité 1/ en SFFF 2/ adulte me paraît être un procédé assez douteux (même si, d’après ce que je constate, il a tendance à se généraliser chez les auteurs de YA), si j’avais su que ce soi-disant « Shining rencontre le Titanic« , « L’ultime histoire de maison hantée… mais dans l’espace » émanait d’un profil pareil, je n’aurais sans doute jamais lu ce livre (au passage, la couverture est du grand n’importe quoi : il ne s’agit ni d’un salvage crew -c’est précisément ce qui le démarque en bien des tonnes de space op’ récents justement basés sur des équipages de vaisseaux de récupération d’épaves, voire de SAR- et encore moins d’unspeakable horrors, comme nous le verrons). Préjugés, me direz-vous. Sauf que… si ce n’est pas un mauvais livre, en revanche il est trop limité, sur le plan littéraire, pour vraiment convaincre une lectrice ou un lecteur expérimenté(e). Et les comparaisons que fait l’éditeur avec Stephen King, voire Andy Weir pour un point précis de l’histoire, sont clairement folkloriques, tant on est loin de ces références.

Moralité : à part un lectorat venant lui-même du YA, on voit mal quel profil ayant un minimum de bouteille en SF horrifique / Horreur sera impressionné par ce bouquin. Il est plutôt « agréable » (si on peut parler de ce genre de livre avec ce type de vocabulaire), mais presque aussi vite oublié qu’il est lu. Lire la suite

Apophis Box – Février 2022

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apophis_box_1L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Celle-ci est dévoilée au mitan du mois. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag. Lire la suite

Le seigneur des empereurs – Guy Gavriel Kay

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Un extraordinaire second volet

Une version modifiée de cette critique est parue dans le numéro 101 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Second volet du diptyque La mosaïque Sarantine, Le seigneur des empereurs fait suite à Voile vers Sarance. Il introduit un nouveau personnage, Rustem, un médecin Bassanien envoyé espionner Sarance, et qui, comme Crispin, est un autre étranger portant un regard extérieur sur les Sarantins. Un homme ordinaire placé, bien contre son gré, au cœur des intrigues tissées par trois femmes exceptionnelles pour s’emparer du pouvoir ou le conserver. Kay a toujours particulièrement soigné ses personnages, tout spécialement les féminins, mais il a probablement atteint ici le sommet de son art en la matière. S’il nous place au point où le paradigme bascule, où l’Histoire prend un nouveau cours, dans les pas des souverains et autres hauts personnages, il n’en oublie pas pour autant le sort des gens modestes. D’ailleurs, les scènes de plus grande envergure ne sont pas placées à la fin du roman, mais bien avant, et la conclusion met à nouveau en lumière l’art du mosaïste et celui qui lui donne vie. Lire la suite

Engines of empire – R.S. Ford

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Paradoxalement à la fois plutôt novateur ET très (trop ?) classique !

Engines of empire est le premier tome d’un cycle (à priori une trilogie, vu que l’auteur en a déjà sorti plusieurs) appelé The age of uprising, dont on sait déjà que le second se nommera Engines of chaos (et ce pour une bonne raison : son chapitre introductif est présent à la suite du roman -en plus d’un extrait de The justice of kings de Richard Swan). Et d’ailleurs, en parlant de l’auteur, je n’ai pas tout de suite fait le lien entre « R.S. Ford » et le Richard Ford du cycle Havrefer, mais il s’agit pourtant bel et bien de la même personne. On remarquera, au passage, que Engines of empire part d’un postulat de départ très exactement inverse de celui d’Havrefer, puisque cette fois, les événements sont vus par les yeux de personnages issus de la plus haute société de cet univers.

Ce roman s’est révélé très paradoxal : d’un côté, par son aspect technomagique, ses différents systèmes de magie, le fait qu’il s’agit d’une sorte de version condensée ou hybride des deux premiers tomes des trilogies classiques de Fantasy, il est plutôt du côté novateur des œuvres relevant de ce genre ; mais d’un autre côté, on y retrouve des références très Sword & Sorcery qui évoquent beaucoup plus la Fantasy (très) ancienne que les dernières évolutions du genre, sans compter un empilement de clichés côté personnages, voire de certains points de l’univers (on sent que le britannique s’est fait plaisir en recyclant des éléments de ses écrivains ou contextes favoris, y compris cinématographiques, comme nous le verrons). Le truc assez fou, c’est que malgré ces paradoxes, voire ces défauts, ça fonctionne franchement bien : certains personnages font grincer des dents, mais le bouquin a un net de goût de reviens-y, et on (moi, en tout cas) sort de sa lecture en étant satisfait. Même si, clairement, ce ne sera pas la sortie Fantasy de l’année (il faut dire qu’il y a du très, très lourd à venir), juste un fort honnête roman. Et c’est déjà pas mal ! Lire la suite

Les Hurleuses – Adrien Tomas

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Une nouvelle pépite de la Fantasy Industrielle à la française

Une version modifiée de cette critique est parue dans le numéro 101 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Les Hurleuses est la première partie du diptyque Vaisseau d’Arcane, qui se déroule dans le même univers qu’Engrenages et sortilèges, Young Adult paru chez Rageot, mais se destine cette fois aux adultes et se place dans un autre coin du monde. Il s’agit d’Arcanepunk / Fantasy industrielle mélangeant technologie et magie, la première étant alimentée par la seconde (l’arcanicité remplace l’électricité). En effet, la magie peut se présenter sous forme solide ou liquide, pouvant notamment frapper quelqu’un pris sous un « orage de mana » et le transformer en « Touché », dont la personnalité et l’intelligence sont quasiment annihilées mais qui, contrairement à un mage classique, a accès à des réserves d’énergie surnaturelle illimitées, utilisées pour alimenter trains, canons à rayons et autres ascenseurs à lévitation. La magie a de plus des effets mutagènes, transformant des essaims d’insectes en intelligences de groupe ou les poissons des abysses en une civilisation hautement évoluée, qui explore la surface via des aéroscaphes mécaniques. On comprendra donc que les villes humaines soient sous dômes ! Lire la suite