Dans la boucle temporelle – itérations 14-15 : Février – Mars 2017

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Lorsqu’un blog dépasse un certain nombre d’années d’existence et / ou d’articles, et à la condition que de nouveaux abonnés rejoignent sans cesse les rangs de sa communauté, il devient de moins en moins probable que les critiques et articles les plus anciens soient lus. Tout le monde n’a malheureusement pas le temps, ou l’envie, de se replonger dans les archives, sans compter qu’il peut être décourageant de débarquer sur un site qui compte des centaines de posts et de ne pas savoir par quelle voie attaquer cette montagne. Dans la boucle temporelle est une série d’articles conçue pour guider les nouveaux venus dans la masse de chroniques et autres articles de fond du blog, leur indiquant ce qu’ils devraient lire en priorité, remettant en lumière des posts oubliés mais potentiellement intéressants. Charge aux aponautes, ensuite, d’explorer les différents menus du blog pour lire le reste. Mais pour faire court, c’est bel et bien d’une sorte de résumé, en forme de best of, de ce qui s’est déroulé de plus marquant dans les précédentes « saisons » (comme on dirait si le blog était une série télévisée) de l’histoire du Culte.

Le concept étant lancé dans le sillage du quatrième anniversaire du blog, en janvier 2020, chacun des « épisodes », appelés itérations, de cette série d’articles remonte de quatre ans en arrière, mettant en lumière en moyenne trois articles du mois concerné (si un mois a été exceptionnellement prolifique et qu’un autre n’est pas spécialement riche en chroniques à remettre absolument en avant, la règle « 4 ans en arrière, mois à mois » peut éventuellement être outrepassée, ce qui est d’ailleurs le cas aujourd’hui). Ainsi, en cette fin mars 2021, nous allons nous repencher sur ceux de février ET de mars 2017. La présentation des articles s’accompagnera aussi d’un petit commentaire replaçant, parfois, ces posts dans le cadre plus général de l’histoire du blog.

Vous pouvez retrouver toutes les itérations sur cette page ou via ce tag. Lire la suite

Les tambours du dieu noir – P. Djèli Clark

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P. Djèli Clark débarque ENFIN en France !

tambours_dieu_noirLe 15 avril 2021, sortira chez l’Atalante un ouvrage de 144 pages signé P. Djèli Clark, un auteur dont la camarade Lutin et moi vous parlons depuis un peu plus de deux ans, tant ses univers uchroniques nous ont enchantés. Si, officiellement, ce livre porte, sur sa couverture, le titre Les tambours du dieu noir, il s’agit en fait d’un recueil comprenant le court roman éponyme, ainsi que la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire, qui est également un texte uchronique mais situé dans un univers différent. La précision est d’importance, car on peut facilement passer à côté de l’information, surtout si on ne lit pas la quatrième de couverture ou si on ne se renseigne pas avant. Et elle est d’autant plus importante quand on sait que si la novella est de qualité, le contexte de ce que j’aime à appeler « Le Caire des merveilles » (par analogie au Paris des merveilles de Pierre Pevel) développé dans la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire (ainsi que dans d’autres nouvelles / novellae, dont une, Le mystère du tramway hanté, sera aussi publiée par l’éditeur nantais en juin – nous en reparlerons en temps et en heure-, et dans un roman pleine taille qui sortira en VO en mai, A master of Djinn) est encore plus intéressant.

J’ai, pour ma part, lu ce court roman et cette nouvelle en VO en 2019, et celles et ceux d’entre vous qui souhaitent en savoir plus à leur sujet peuvent se référer à mes critiques (Les tambours du dieu noir, L’étrange affaire du djinn du Caire). Pour résumer, je vous dirais que si vous êtes amatrice ou amateur d’uchronies (premier point) de qualité (second point) au parfum d’exotisme (troisième point), à l’esthétique Steampunk (quatrième point), où le surnaturel est présent (cinquième point) et faisant la part belle aux personnages de couleur / féminins / de culture africaine (y compris égyptienne), voilà une sortie que vous ne devez laisser passer sous aucun prétexte (ce sera également le cas pour les amoureux de La Nouvelle-Orléans et ceux des uchronies américaines post-Guerre de sécession pour le cas spécifique du court roman Les tambours du dieu noir). Et ce sera encore bien plus le cas quand Le mystère du tramway hanté sortira ! Les univers de P. Djèli Clark ont un charme fou, et l’essayer, c’est non seulement l’adopter, mais plus encore, être véritablement envoûté ! Lire la suite

Apophis Box – Février / Mars 2021

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apophis_box_1L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Celle-ci est dévoilée au mitan du mois. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag. Lire la suite

Les maîtres enlumineurs – Robert Jackson Bennett

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Un roman exceptionnel !

Le 31 mars 2021 marquera la sortie, chez Albin Michel Imaginaire (AMI), des Maîtres enlumineurs, version française du roman Foundryside de Robert Jackson Bennett (déjà auteur du magistral et salutaire Vigilance ainsi que de l’également très bon American Elsewhere), dont je vous parle quasiment depuis le jour de sa parution anglo-saxonne tant il m’a impressionné, et ce sur plusieurs plans. Le plus évident étant que comme l’a fait remarquer l’auteur américain Dan Wells, « Le meilleur livre de Fantasy épique de l’année est aussi le meilleur roman de Cyberpunk de l’année. Avez-vous souvent l’occasion de déclarer cela ? ». En effet, sans faire de Science Fantasy ou de SF déguisée en Fantasy, mais un pur représentant de ce dernier genre, Bennett recycle de façon particulièrement habile les codes, tropes et thématiques sociétales et technologiques (informatiques) du Cyberpunk dans un univers de magie. Et c’est bluffant ! Le plus fort étant que celui qui connait lesdits codes s’amusera à les repérer au sein du texte, tandis que celui ou celle qui n’est pas adepte de SF / de Cyberpunk ne sera pas, pour autant, gêné dans sa lecture, qui reste totalement abordable en tant que pur livre de Fantasy. Si on ajoute à cela des personnages extrêmement sympathiques, on se retrouve devant un bouquin qui n’est pas sans rappeler un autre roman paru chez AMI, à savoir Le magicien quantique de Derek Künsken : propre à régaler le connaisseur mais pourtant tout à fait lisible par le néophyte.

Excellente injection de codes SF dans une pure Fantasy, personnages attachants, dialogues, style et intrigue de qualité, les atouts du roman de Bennett pour vous séduire seraient déjà conséquents s’il n’en existait pas un autre qui les éclipse tous : le système de magie. Certes, nombreux sont les auteurs qui ont bâti un magicbuilding élaboré ou original (on citera, par exemple, Brandon Sanderson ou Brent Weeks), mais celui de Bennett les dépasse, à mon sens, tous, du fait de son élégance : un postulat de départ extrêmement simple à comprendre (on peut persuader les objets que les lois de la physique ne s’appliquent plus à eux / ont été modifiées) entraîne une foule de conséquences passionnantes et de développements fouillés (et pourtant digestes !). Bref, si vous êtes amoureux des livres qui ne se contentent pas d’un « ta gueule, c’est magique ! » d’auteur feignasse, celui-là est carrément pour vous. Et même le pur amateur de SF qui, d’habitude, voit la Fantasy comme quelque chose de risible ou d’inintéressant aura tout intérêt à jeter un coup d’œil à ce livre, et encore plus à sa suite, qui va encore plus loin dans l’exploitation de la reprogrammation « informatique » de l’univers et dans l’injection de codes / tropes d’habitude purement SF (cyberpunk, posthumanistes, etc).

Si l’argumentaire précédent ne vous a pas déjà incité à jeter vos euros durement gagnés sur votre écran, ma critique TRÈS complète de la VO devrait atomiser vos dernières réticences. Et pour les plus aventureux d’entre vous, celle de la VO du tome 2 est également disponible  😉 Lire la suite

Le chant des sorciers – R. Scott Bakker

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Quel « final » !

chant_des_sorciers_bakkerLe chant des sorciers est le troisième et dernier tome du cycle Le prince du néant, après Autrefois les ténèbres et Le guerrier prophète. Il ne propose pourtant pas la fin de l’histoire (juste celle d’une de ses phases), puisque l’ensemble de cette trilogie ne constitue en fait que l’équivalent du premier tome, découpé en trois livres en raison de sa taille, de la vraie « trilogie » envisagée initialement par l’auteur, et appelée The second apocalypse. L’équivalent du second tome a été publié (en anglais) en quatre livres, puisque le troisième volet était si volumineux que l’auteur a été obligé de le scinder à son tour en deux volumes. Oui, hein, on se croirait chez Les moutons électriques… Au moment où je rédige ces lignes, l’équivalent du tome 3 de la trilogie telle qu’elle était initialement envisagée reste à écrire. Vu mes soucis de santé actuels (qui expliquent le fait que pour la première fois de son histoire, ce blog n’a pas été alimenté pendant près d’un mois, et que jusqu’à nouvel ordre, la périodicité des nouveaux posts risque d’être franchement aléatoire), je n’ose plus vous promettre quoi que ce soit, mais normalement, les romans (en anglais) du second sous-cycle devraient être chroniqués sur ce blog… un jour.

Si je vous raconte tout cela, ce n’est pas tout à fait par hasard, mais pour bien vous faire comprendre qu’il ne faut pas vous formaliser si la fin du Chant des sorciers n’en est pas totalement une, en tout cas pas sur tous les plans. Oui, elle tient bien la promesse initiale de l’auteur, à savoir montrer toutes les étapes du cheminement de la Guerre Sainte vers la cité sacrée de Shimeh. Mais non, le destin de tous les personnages principaux ne s’accomplit pas complètement. Il y a bien des parallèles à faire entre The second apocalypse et Dune, et très clairement, il faut voir toute la trilogie Le prince du néant comme l’équivalent du seul premier roman de la saga de Frank Herbert : elle ne sert qu’à instaurer un nouveau paradigme, à mettre en place un prophète sur un trône, et les conséquences de ce bouleversement ne seront indubitablement examinées que plus tard, à la fois dans d’autres livres et surtout plus loin dans la chronologie de cet univers (la tétralogie qui fait suite à cette trilogie inaugurale se déroule plusieurs décennies plus tard). Ce qui, finalement, n’est pas un gros problème pour un lecteur anglophone, mais en constitue par contre un beaucoup plus épineux pour une personne qui ne lit qu’en français, puisque je vous rappelle que ledit second sous-cycle de quatre romans est paru depuis des années, qu’il n’a pas été traduit et qu’il me paraît très peu probable qu’il le soit (il faudrait déjà que l’éditeur français réédite Le prince du néant, et il n’en montre absolument aucun signe).

Vous allez donc vous / me demander si, dans ce cas, vous avez intérêt à lire cette trilogie si vous n’avez aucune chance d’avoir droit à la suite dans la langue de Molière un jour : vu sa qualité hors-normes, et le fait que Le chant des sorciers propose tout de même une forme partielle de conclusion, la réponse est (à mon sens) très clairement oui. Encore faudra-t-il pouvoir vous procurer les VF : mon exemplaire du tome 3 (dont j’étais tombé amoureux de la sublime couverture) m’a coûté la modique somme de… cinquante euros, en poche et d’occasion. Comme on dit chez mes ancêtres slaves : cyka blyat ! Lire la suite