L’artefact – Jamie Sawyer

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Quand Avatar et Aliens rencontrent Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, on obtient un excellent roman au carrefour de la SF de divertissement et de la SF « intelligente »

artefact_sawyerJamie Sawyer est un écrivain britannique qui, dans la vie de tous les jours, est avocat. L’artefact est le premier tome d’une trilogie de SF militaire nommée Lazare en guerre, qui comprend également une novella (Redemption). Un nouveau livre (Pariah) se passant dans le même univers est annoncé (en VO) pour septembre, apparemment le premier d’un nouveau cycle appelé The Eternity war.

Nous suivons, dans le futur, une branche récente de l’armée qui fait « piloter » par téléprésence à ses soldats des corps artificiels, optimisés pour le combat. Oui, oui, un peu comme dans Avatar. Sauf que cette fois, il ne s’agit pas du tout d’une fable écologiste, que la plupart des protagonistes sont tout à fait heureux d’être dans l’armée (on peut même dire qu’ils y sont accros, comme à une drogue, ce qui est d’ailleurs une des thématiques du livre), et que le ton, très noir, n’est pas du tout le même. Ce n’est pas seulement, comme on aurait aussi pu le penser, une allégorie des pilotes de drones, et de la déshumanisation (si j’ose dire) de la guerre, vue, dès lors, comme un jeu vidéo, où les gens tués ne sont que des abstractions sous forme de pixels. Non, ce qui est vraiment au centre de ce roman, c’est la mort, la « résurrection », la chute depuis l’état de grâce (guerrière), et surtout la psychologie (très développée) des personnages. Et comme je le disais, c’est très noir. Il y a du Apocalypse Now / Au cœur des ténèbres, là-dedans. Et pas qu’un peu.  Lire la suite

Lucky Thirteen / Measures of absolution – Marko Kloos

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Toujours aussi bon ! 

measures_of_absolution_kloosAprès avoir lu Terms of enlistment, j’ai eu envie de poursuivre l’exploration de l’univers de SF militaire de Marko Kloos, avec deux nouvelles : Lucky Thirteen (14 pages, consacrée à Halley) et Measures of Absolution (64 pages, consacrée à l’insurrection de Detroit). Par contre, petite remarque : 0.99  et 1.75 euros (en version électronique) pour un aussi faible nombre de pages, je trouve ça abusif, ça fait cher la page. Mais bon lorsqu’on aime…

Notez que oui, c’est en anglais, mais si vous aimez la SF militaire, ne vous en privez pas, le niveau de langage utilisé est ultra-accessible (l’auteur vit certes aux USA, mais il est allemand, ceci expliquant peut-être cela). C’est même un bon test pour mesurer votre niveau d’anglais et voir s’il vous permet de vous lancer dans la lecture en VO.  Lire la suite

Tag – 12 livres à lire en 2017

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Eye_of_ApophisBon, bon, je me suis fait taguer par un Lutin et une poétesse, donc comme je suis poli et sympaaaaaaa, je vais répondre. Comme à mon habitude, je ne nomine personne (chacun est libre de reprendre -ou pas- ce tag à sa convenance), et je fais ça à ma sauce : le concept initial, chez la puce à l’oreille, impliquait les livres PKJ (Pocket jeunesse) les plus attendus, moi je laisse tomber le Pocket (en grande partie) et le jeunesse pour vous donner, dans chaque catégorie, le roman que j’attends avec le plus d’impatience en 2017. Etant donné que ce blog est spécifiquement consacré à la SFFF, je me concentre donc uniquement sur des livres relevant des littératures de l’imaginaire.  Lire la suite

Terms of Enlistment – Marko Kloos

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Pas original, mais très immersif : on en redemande !

terms_of_enlistmentMarko Kloos est un écrivain allemand vivant désormais aux USA. Il est l’auteur d’un cycle de SF militaire, Frontlines, qui compte actuellement quatre tomes (le cinquième sort fin février). Terms of Enlistment est le premier d’entre eux. Très influencé par plusieurs grands classiques du genre, qu’ils soient écrits (Starship Troopers) ou non (il a visiblement été très marqué par plusieurs films, qu’ils soient de SF… ou non -je vais vous en reparler en détails-), il a également pu s’appuyer sur sa propre expérience dans l’armée. Si son livre n’est pas original, il est en revanche très prenant et réussi. Pour tout dire, c’est un des meilleurs livres de SF militaire que j’ai eu l’occasion de lire depuis longtemps (les David Weber mis à part, bien entendu). En même temps, ce roman est issu d’un texte écrit dans le cadre d’une des sessions du Viable Paradise, un atelier d’écriture se passant sur l’île de Martha’s Vineyard, qui était, cette année là, animé par (entre autres) John Scalzi et Elizabeth Bear, excusez du peu ! Bref, avec de telles bonnes fées se penchant sur son berceau, l’enfant Terms of Enlistment ne pouvait être que bien portant.

Pour les amatrices et amateurs du genre militaire (ils sont peu nombreux en France, contrairement à ce qui se passe dans le lectorat anglo-saxon, mais ils existent !), sachez de plus que l’anglais de ce livre est très accessible, à condition de connaître 2-3 fondamentaux de vocabulaire militaire US (sarge = sergent, XO = officier en second, etc). Bref, pas de raison de vous en priver.  Lire la suite

Mage du Chaos – Stephen Aryan

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Survival horror

chaosmageMage du Chaos est le troisième et dernier livre de la trilogie « L’Âge des ténèbres », après Mage de Guerre et Mage de sang. Si vous avez apprécié le cycle et l’auteur, réjouissez-vous, car Stephen Aryan a signé pour une seconde trilogie (Age of Dread), se déroulant dans le même monde et se passant quelques années après. Le premier tome paraîtra (en VO) en Octobre.

Sur son blog, l’auteur explique qu’il ne veut pas écrire deux fois la même chose. De fait, le tome 2 du cycle était très différent du premier en terme d’ambiance, tout en conservant certains des personnages de ce dernier livre et en se déroulant dans le même monde et dans la continuité des événements précédents. Pour ce tome 3, Stephen Aryan voulait proposer encore autre chose, et rendre hommage à ces maîtres du thriller et de l’horreur qui l’ont influencé, Dean Koontz et Stephen King. Si l’aspect horreur est bien présent, et effectivement dans la lignée de ce dernier auteur, en fait le roman navigue entre le thriller (mais mou), cette nouvelle Fantasy post-apocalyptique émergente, le Survival Horror (sous-genre des… jeux vidéo) et même quelque chose lourdement inspiré par… de la SF !  Lire la suite

SS-GB – Len Deighton

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Uchronie de référence, solide polar, excellent roman d’espionnage

ss-gbLen Deighton est un écrivain britannique considéré, avec Ian Fleming et John Le Carré, comme un des trois plus grands auteurs de romans d’espionnage de son époque. C’est aussi un historien militaire qui, comme nombre de ses collègues (cf What if ?), s’est lancé dans l’aventure de l’uchronie à un moment donné, ce qui a conduit à la publication, en 1978, du roman dont je vais vous parler aujourd’hui. Denoël a eu la bonne idée de rééditer ce classique, qui avait été traduit en 1979, réédité en version québécoise par Alire il y a vingt ans, et qui avait peu à peu disparu des étals et des mémoires depuis. Je pensais que cette nouvelle édition était due au succès de la série The man in the high castle (qui exploite un univers ayant un point commun : la victoire de l’Axe sur les Alliés), mais il est précisé que le livre est lui-même en cours d’adaptation par la BBC (avec les scénaristes des cinq derniers James Bond à la manœuvre) sous forme de mini-série de 5 épisodes.  Lire la suite

Elle est les ténèbres – Glen Cook

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Un tome 8 un peu trop long, un peu lent, mais marqué par des révélations et autres rebondissements vraiment passionnants

darkness_1_cookElle est les ténèbres est le huitième tome du meta-cycle de la Compagnie Noire, et le second des Livres de la Pierre scintillante. Alors que le tome 7 avait, de façon assez surprenante, évacué la poursuite de la Fille de la Nuit et la bataille finale contre les Maîtres d’Ombres au profit de flash-backs à l’époque du siège de Dejagore, ce roman se consacre en revanche entièrement à la vengeance tant attendue de nos héros contre leurs ennemis jurés. Et en amples détails, qui plus est : Elle est les ténèbres est, à ce stade du cycle, le plus gros des romans qui le composent. C’est pourquoi les deux éditeurs français (l’Atalante et J’ai lu) l’ont coupé en deux tomes. Personnellement, je l’ai lu en édition intégrale, semi-poche, et je vous propose donc la critique de ces deux parties (de l’intégralité du roman original) en même temps.

Comme dans le tome précédent, c’est Murgen qui est Annaliste, Porte-étendard et narrateur. Un narrateur partiellement omniscient puisqu’il continue à utiliser les capacités de Fumée à son profit, en plus de développer celles dont il a lui-même fait preuve dans Saisons funestes. Glen Cook nous fait donc voyager à travers les milliers de kilomètres et le temps, nous montrant sous forme de (petits) flash-backs certains événements ou suivant simultanément ou presque des personnages dispersés à travers un immense territoire.  Lire la suite

Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : hors-série n°2 – Gunpowder et Flintlock Fantasy

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ApophisSi vous suivez l’actualité du blog ( ou ), vous savez que nous allons entamer dans quelques semaines le premier des nouveaux mois thématiques, consacré à un sous-genre de la Fantasy, la Flintlock Fantasy. Il m’a donc paru important de vous faire un petit point dessus avant l’article 4, qui parlera des sous-genres en plein boom de la Fantasy, dont la Gunpowder et la Flintlock, article qui ne sera publié que courant février ou mars.

Je vous rappelle que comme chaque article de cette série, celui-ci reflète ma conception personnelle de la taxonomie de la SFFF, et ne correspondra donc pas forcément à celles que vous pouvez trouver par ailleurs sur le net ou dans des ouvrages spécialisés. Lire la suite

Dark Matter – Blake Crouch

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Le chat l’homme de Schrödinger

dark_matter_crouchBlake Crouch est un écrivain américain exerçant dans les registres de la Science-fiction, de l’horreur et du thriller. Il est plus particulièrement connu pour être l’auteur de la trilogie ayant servi de base à la série télévisée Wayward Pines. Le protagoniste de Dark Matter (rien à voir avec la série ou le comic du même nom), Jason, alors qu’il fait des courses, est kidnappé par un homme masqué, qui lui pose tout un tas de questions personnelles, lui vole ses vêtements, puis lui injecte des drogues. Lorsque Jason se réveille, quelques heures plus tard, il n’est plus dans une usine désaffectée, mais dans un laboratoire, où on l’accueille comme le messie, disant que cela fait 14 mois qu’il a disparu en réalisant une expérience scientifique révolutionnaire. Tout le monde le connaît, mais lui ne connaît personne. Il s’enfuit, retourne chez lui, découvre une maison à la décoration complètement différente, vide de sa femme et de son fils. Après quelques recherches, il s’avère que Daniela ne s’est jamais mariée avec lui, et donc que leur fils Charlie n’est jamais né. A partir de là, personnage et lecteur vont se poser tout un tas de questions : est-il fou ? Est-ce une expérience, un mauvais trip, un jeu de télé-réalité à la Truman Show ? Ou la vérité est-elle bien plus extraordinaire que cela ?

D’habitude, je ne spoile pas le contenu d’un livre dans sa critique. Mais pour pouvoir réaliser celle-ci, je vais devoir le faire, à un certain degré. Du coup, si vous poursuivez votre lecture, sachez qu’une partie des secrets du livre vous sera révélée. Personnellement, je m’étais lourdement auto-spoilé avant de le commencer en lisant des critiques US ou françaises devant m’aider à valider (ou pas) mon achat, donc je peux dire en toute confiance que le roman reste prenant malgré ça. Toutefois, vous êtes désormais prévenus (dans le même ordre d’idée, ne jetez pas un coup d’œil au classement par catégories de ce roman sur ce blog…).  Lire la suite

Apophis parle à ses adeptes, numéro 2 : Bilan 2016, Prix Apophis, Bande-annonce 2017

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ApophisEn ce 3 janvier, le blog souffle pratiquement sa première bougie (officiellement, c’est le 5) : il était donc temps de tirer un bilan de cette année d’existence. En parallèle, je vous propose mes « Prix Apophis » 2016, ainsi qu’un petit aperçu de ce qui est à venir sur le blog en 2017 : ce qui va rester identique, ce qui va évoluer, ce qui va être mis en place (je ne vous parle pas de ce qui va disparaître, vu que rien de cet ordre là n’est prévu !).

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi, une nouvelle fois (comme cela a été fait sur Facebook) de vous souhaiter à toutes et à tous une bonne année 2017, ainsi que mes meilleurs vœux.  Lire la suite