Barbares – Rich Larson

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La Faune de l’espace

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier Girard, Erwann Perchoc, Laëtitia Rondeau et Pierre-Paul Durastanti !

Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises, sur ce blog, de Rich Larson, notamment de son magistral recueil La Fabrique des lendemains. Le Bélial’ a également publié ce jeune auteur dans les colonnes de son magazine Bifrost (même si les nouvelles en question m’ont, elles, fait moins bonne impression), mais il n’avait, jusqu’ici, pas fait son apparition dans la fameuse collection Une Heure-lumière (UHL) de l’éditeur. C’est désormais chose faite, puisqu’un de ses textes, Barbares (et non, cela n’a rien à voir avec les héros du plus grand film d’Heroic Fantasy de tous les temps), y paraîtra le 19 octobre 2023. Un UHL de fort bonne facture, très agréable à lire (j’y reviendrai), même si pas tout à fait au niveau (il est vrai stratosphérique) des dernières sorties du Bélial’, Le Dernier des aînés d’Adrian Tchaikovsky (que j’ai lu en VO il y a deux ans et beaucoup apprécié) et, évidemment, le fabuleux Rossignol d’Audrey Pleynet, tout simplement le meilleur titre de la collection (d’ailleurs couronné il y a quelques jours par le prix Utopiales 2023, excusez du peu !).

Signe de la relation étroite et de confiance liant l’auteur et son éditeur français, celui-ci est le premier à publier, en exclusivité mondiale, donc, ce texte. Bravo ! Lire la suite

Les Profondeurs de Vénus – Derek Künsken

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Un joyau du Planet Opera, un bijou en matière de Diversité, un très grand roman, tout simplement

Le 31 mai 2023 paraîtra chez Albin Michel Imaginaire Les Profondeurs de Vénus de Derek Künsken, premier volet d’un diptyque qui se conclura, en VO, avec la sortie de The House of saints le 29 août. C’est d’ailleurs en anglais que j’ai, pour ma part, lu ce nouvel AMI, à sa sortie il y a près de trois ans (ce qui me permet de vous dire que la spectaculaire couverture, signée Manchu, a parfaitement su capturer l’atmosphère et certaines scènes spectaculaires de ce livre). J’en étais sorti extrêmement enthousiaste, et j’espère bien réussir à vous faire partager mon engouement !

Précisons que si l’intrigue prend place dans le même univers que le cycle du Magicien Quantique (paru dans la langue de Molière chez le même éditeur) et de ses suites, Les Profondeurs de Vénus peut se lire de façon tout à fait indépendante, puisqu’elle se déroule deux siècles et demi avant. Notez, enfin, que les deux romans sont suffisamment différents pour qu’un avis mitigé ou un désintérêt pour Le Magicien Quantique ne soit en rien rédhibitoire si vous envisagez la lecture de ce nouvel opus : moins exigeant sur le plan de la Hard SF, plus axé sur des thématiques sociétales modernes, prenant plus le temps d’installer son univers et ses personnages, et ayant sans doute franchi un cran supplémentaire sur le plan de l’écriture, il sera sans nul doute à même de séduire un public plus large. Mais notez aussi que lire les deux cycles sera utile, car le diptyque éclaire beaucoup l’Histoire et peut-être surtout la géopolitique plutôt floue, jusqu’ici, de l’univers du Magicien Quantique.

Comme vous le prouvera ma critique très détaillée de la VO, je lui ai trouvé deux immenses qualités : d’abord, le fait qu’il s’agisse d’un Planet Opera vénusien tout à fait exceptionnel (et je pèse mes mots), sans aucun conteste la nouvelle référence dans ce registre littéraire bien précis, à moins que Kim Stanley Robinson ne se décide à s’attaquer au problème (ce qu’il a très partiellement fait dans -le dispensable- 2312) ; ensuite, le fait qu’il fasse la part belle à la diversité (un des personnages est atteint du syndrome de Down, un autre est gay, un troisième a un problème d’identité de genre) ET que l’auteur traite le sujet, là encore, avec une crédibilité, une douceur, une justesse et un respect… eh bien qui forcent le respect, justement. Mais plus que tout, et là je rejoins (pour une fois…) complètement le camarade Dumay sur ce point, c’est un grand roman d’aventure, offrant des visions époustouflantes et des péripéties stupéfiantes. Non, mieux que ça, un grand roman, tout simplement. Et puis il est estampillé « Culte d’Apophis », ce n’est pas rien, tout de même !

Bref, chacun jugera de l’intérêt de ce bouquin en fonction de ses propres critères (ma critique de la VO vous fournit tous les éléments nécessaires pour faire votre choix), mais si vous avez foi en mon jugement, vraiment, ne passez pas à côté de cette sortie  😉 On espère aussi que les ventes florissantes (c’est tout le mal qu’on lui souhaite) de cet ouvrage inciteront l’éditeur à sortir le tome 3 du cycle quantique, évitant ainsi de rejoindre le club détestable des maisons abandonnant des séries en cours de route !

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L’Œuf du dragon – Robert Forward

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À vénérer… ou à fuir !

Le 22 mars 2023, sortira chez Mnémos la réédition de L’Œuf du dragon de Robert Forward, célèbre livre de Hard SF dont je vous parlais déjà dans le Guide de lecture consacré à ce sous-genre qui, vous le savez sans doute, est un de mes sujets de prédilection sur ce blog. D’habitude, je ne signale ni les rééditions, ni les sorties au format poche, seulement les traductions de romans qui ont été chroniqués sur le Culte à partir de la VO. Mais là, il s’agit d’un ouvrage si particulier qu’il m’a paru important de bien vous expliquer dans quoi, exactement, vous allez vous engager en cas d’achat. Premier point, c’est vraiment le type de bouquin taillé avant tout pour le pur et dur de la Hard SF… pas tout à fait la plus extrême (il y a « pire »), mais pas si loin que ça tout de même ; et surtout, on rejoint ici les pires clichés sur ce sous-genre, dans le sens où on a nettement plus affaire à un essai à peine déguisé qu’à un roman, tant l’intrigue, les personnages et le style sont basiques, dirons-nous.

La majorité d’entre vous va donc être d’autant plus tentée de fuir L’Œuf du dragon que sa couverture est insipide (j’imagine très bien ce qu’un Manchu aurait pu faire à la place, et je me lamente…), son prix (22 euros) assez élevé pour une réédition d’à peine 372 pages (on saluera toutefois le fait que Mnémos rende ce titre à nouveau disponible en français), sans compter qu’à part ceux qui suivent des blogs spécialisés en Hard SF comme le Culte, Quoi de neuf sur ma pile ? ou L’Épaule d’Orion, le nom de l’auteur risque de ne pas évoquer grand-chose. Et pourtant… Malgré ses défauts, on est ici sur un livre qui, dans son registre très particulier, à tout du chef-d’œuvre absolu, un pur concentré de Sense of Wonder comme on n’en voit plus, de nos jours, que très rarement. Avant de prendre une décision d’achat / lecture, je vous recommande donc vivement de parcourir la critique très détaillée que j’avais écrite en 2018. Elle devrait, si j’ai bien fait mon boulot, vous fournir tous les éléments nécessaires pour pencher d’un côté… ou de l’autre  😉

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Flowers like needles – Derek Künsken

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Inattendu mais intéressant

Je continue mon exploration de la bibliographie de Derek « Le Magicien quantique » Künsken, qui est loin de s’arrêter au cycle de L’évolution quantique, mais comprend également des nouvelles (à vrai dire, l’auteur canadien a longtemps été connu pour exercer exclusivement dans la forme courte) comme Flowers like needles, initialement parue dans le numéro de Mars / Avril 2021 de la revue Asimov’s Science Fiction, et qui sera également à l’affiche de The Year’s Top Hard Science Fiction Stories 6, qui sortira dans huit jours (avec un bataillon d’autres écrivains de Hard SF de premier plan : Greg Egan, Nancy Kress, David Moles, Ray Nayler, Hannu Rajaniemi, etc., excusez du peu !). Sachez que vous pouvez lire gratuitement (en anglais) le texte de Künsken ou bien le télécharger sous forme de fichier pdf à cette adresse (une excellente initiative, qui permet de le transférer facilement sur liseuse, au pire moyennant un changement de format de fichier via Calibre, ce qui rend tout de même la lecture plus agréable que sur un moniteur). Notez que cette nouvelle reprend l’univers d’une novelette parue neuf ans plus tôt, The way of the needle.

Si je m’attendais évidemment à un texte de Hard SF (plan sur lequel il remplit parfaitement son contrat) et de Planet Opera (un genre que Künsken maîtrise à la perfection, vu la grande qualité de cet aspect dans The House of Styx), j’ai en revanche été surpris par son aspect conte philosophique à base d’adeptes des arts martiaux, auquel je ne m’attendais en revanche pas du tout. Pour être parfaitement honnête (c’est le credo de ce blog, après tout), si j’avais réalisé la chose avant, je pense que je serais allé vers Flowers like needles un peu à reculons, tant le mélange Hard SF / Wuxia m’aurait paru improbable. Surtout quand on sait qu’il met en jeu des créatures ressemblant aux Pradors de Neal Asher, donc des « crabes » intelligents. Et pourtant, aussi ahurissant que cela puisse paraître, ça fonctionne, et ça fonctionne même très bien ! Comme quoi, méfions-nous des préjugés littéraires  😉 Lire la suite

Weaponized – Neal Asher

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Un chef-d’œuvre de SF posthumaniste et biologique, à la structure d’une diabolique subtilité

Si vous suivez ce blog depuis quelques années, vous le savez, qui dit printemps dit critique du nouveau Neal Asher tout juste sorti, à savoir, en 2022, Weaponized. Comme Jack Four en 2021, ce roman s’inscrit certes dans l’énorme cycle Polity, mais pas dans un de ses sous-cycles et est donc lisible de façon indépendante. Et la remarque n’a jamais été aussi vraie, puisque l’auteur britannique a l’habitude de faire des allers-retours dans la chronologie interne de son univers (qui couvre neuf siècles, si je ne m’abuse), et qu’un sous-cycle (Spatterjay) se déroulant au début du quatrième millénaire peut parfaitement être suivi par un autre (Transformation) se passant 500 ans plus tôt ; ici, Asher fait un retour en arrière encore plus radical, puisque les événements de Weaponized se déroulent en partie avant et en partie en même temps que ceux de Prador Moon, premier livre à lire si l’on suit ladite chronologie interne. Ce qui veut dire que même quelqu’un qui ne connaitrait strictement rien à Polity peut parfaitement se lancer là-dedans (même si, personnellement, je conseillerais tout de même de commencer par Prador Moon, pour des raisons que je vais exposer dans la suite de ce propos).

Neal Asher m’a procuré certaines de mes plus fantastiques lectures en 37 ans de SFFF, par la démesure de son propos (énorme Sense of wonder) et sa combinaison de Hard SF, de SF posthumaniste et militaire. Sa sortie annuelle est donc celle qu’en général, j’attends avec la plus sincère impatience, et j’en sors rarement déçu. J’ai cru, quasiment jusqu’à la toute fin de ma lecture, que mon impression sur Weaponized serait, toutefois, complexe, nuancée, dichotomique : d’un côté, c’est un roman de Planet Opera et surtout de SF biologique / Posthumaniste totalement hallucinant, mais d’un autre côté, sur un pur plan littéraire, j’ai cru dur comme fer que sa structure qui me paraissait inutilement complexe tempèrerait nettement mon sentiment global et final. Et puis j’ai lu la fin. Et puis j’ai relu le début. Et j’ai compris le véritable double coup de génie de l’auteur. Le premier se comprend à un stade relativement précoce de la lecture. Le second dans les dernières pages. Si on ajoute à tout cela le fait qu’Asher s’inspire de l’univers Alien mais en tire un résultat incomparablement plus ambitieux, on est clairement là sur un des romans-culte qui ont donné son nom à ce blog ! Lire la suite

Opexx – Laurent Genefort

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Impressionnant

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un SP fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier Girard et Erwann Perchoc !

Le 26 mai 2022, paraîtront deux nouveaux titres de la collection Une heure-lumière, à savoir Un an dans la Ville-Rue de Paul Di Filippo et Opexx de Laurent Genefort. J’ai lu le premier pour le compte de Bifrost (vous pourrez retrouver ma critique dans le numéro 107 du magazine, à paraître début juillet), et ne vous en dirai donc rien (sous peine de décapitation sauvage -Olivier Girard a besoin d’un quickening de temps en temps-), sinon que c’est un excellent livre, à la traduction impressionnante de qualité (signée Pierre-Paul Durastanti -who else ?-) mais peut-être pas tout à fait destiné à tous les profils de lecteurs. Dans la suite de cet article, je vais donc plutôt vous parler de la novella de Laurent Genefort.

Sans doute inspiré par ses activités au sein de la Red Team, Genefort, à mon sens un des meilleurs écrivains de SF français en activité, donne un cadre militaire à sa nouvelle production, reprenant le sigle bien connu OPEX (Opérations Extérieures -sous-entendu au territoire métropolitain français) utilisé par notre Armée et lui ajoutant un « x » de plus, pour marquer le fait que dans son roman, lesdites opérations sont carrément extérieures à la planète Terre. Et, nom de moi-même, qu’il est agréable de voir 1/ un auteur progressiste qui ne fait pas preuve d’un antimilitarisme primaire, et 2/ un éditeur qui n’hésite pas à publier ce sous-genre de la SF (c’est de plus en plus rare).

À la lecture, je me suis longtemps demandé où Genefort voulait en venir. J’avais échafaudé une hypothèse, qui s’est révélée fausse (le narrateur aurait été un alien envoyé pour étudier l’espèce humaine mais ne le saurait pas lui-même parce que sa mémoire a été éditée), et c’est seulement en approchant de la fin que j’ai compris l’angle adopté par l’auteur pour son roman. Que j’ai trouvé très proche d’un légendaire film sorti à la fin des années 80, un long-métrage qui a marqué toute une génération et qui n’a strictement rien à voir avec la SFFF. En repensant à Opexx sous ce prisme d’analyse, beaucoup de choses ont fait sens. J’ignore si monsieur Genefort a intentionnellement « réécrit » cette histoire dans une perspective SF ou si il s’agit d’une coïncidence fortuite, mais dans ce dernier cas, je serais curieux de savoir ce qu’il pense de l’analogie, qui me semble absolument frappante. Je suis aussi curieux de savoir ce que les autres lecteurs vont en penser, et si eux aussi vont faire le même parallèle.

Quoi qu’il en soit, et comme nous allons le voir, même s’il n’est pas tout à fait dépourvu de tropes, voire de clichés, Opexx est un excellent (si j’osais, je dirais même un exxcellent  😀 ) court roman, qui prouve une fois encore, s’il en était besoin, tout le talent de l’homme, notamment en matière de worldbuilding et dans sa capacité à toujours mettre l’humain au centre de ses univers. Lire la suite

Lune rouge – Kim Stanley Robinson

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Un planet opera décevant, une brillante anticipation de la Chine future, un roman globalement bancal sur le pur plan littéraire

Le 6 avril 2022 sortira chez Bragelonne Lune rouge, roman de Kim Stanley Robinson (KSR pour les intimes) publié en VO en 2018 et avant-dernier livre de l’auteur en date (précédant The ministry for the future, à venir lui aussi chez le même édi… enfin chez la même subdivision d’Hachette, quoi). Celles et ceux d’entre vous qui connaissent et apprécient KSR sont déjà en train de compter leurs euros durement gagnés et de prévoir de passer chez leur libraire mercredi, sachant à quel point chaque nouvelle parution de l’américain est (presque) toujours un événement. Les autres ont de la chance, puisque dans son infinie miséricorde, Olivier Girard a décidé que le Bifrost 106, qui paraîtra dans quelques semaines à peine, sera consacré à cet écrivain fondamental dans de nombreuses subdivisions des littératures de l’imaginaire (Cli-Fi, Planet Opera et Hard SF, bien sûr, mais aussi Uchronie, Post-apocalyptique, Solarpunk, et j’en passe). L’occasion, pour les aponautes qui le connaissent mal, voire pas du tout, d’en prendre la mesure.

Aux fans de KSR, voyant « Lune » dans le titre et s’imaginant « forcément » avoir un équivalent sélénite de l’œuvre incroyable qu’est la Trilogie martienne, je dis toutefois de tempérer leurs ardeurs. Il se trouve que j’ai lu ce roman en anglais il y a trois ans, pour le numéro 95 (le spécial Lune) de Bifrost, et que son intérêt et sa focale sont clairement ailleurs que sur son aspect Planet Opera et lunaire : il s’agit en fait d’une anticipation (bluffante) de la Chine de 2047 plutôt qu’un récit de la colonisation de notre satellite comme pouvait l’être la Trilogie pour Mars. S’il y a un mot qu’il faut retenir dans le titre, c’est clairement « rouge » et pas « Lune », et ce d’autant plus que sur l’aspect lunaire, KSR se fait battre à plate couture par quelqu’un comme Ian McDonald, par exemple. Toutefois, l’aspect chinois à lui seul aurait pu donner une œuvre enthousiasmante (ou du moins plus enthousiasmante qu’elle ne l’est) si ladite œuvre n’était pas affligée de défauts de plus en plus récurrents dans la prose de l’auteur, comme (entre autres) des longueurs, problèmes de rythme et, ici, une fin particulièrement abrupte, sans parler d’un aspect technique et d’un timing de la colonisation lunaire qui laissent le lecteur dubitatif. Mais KSR, son intelligence, son érudition, son talent, étant ce qu’ils sont, Lune rouge reste tout de même recommandable (au moins pour une certaine partie du fandom) à la condition impérative d’avoir parfaitement conscience du genre de livre où on met les pieds. En cela, ma recension consacrée à Red Moon devrait vous aider à y voir plus clair.

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Le jardin quantique – Derek Künsken

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Braquer… le Temps !

Le 2 mars 2022 sortira chez Albin Michel Imaginaire Le jardin quantique de Derek Künsken, suite de l’excellent Le magicien quantique et deuxième tome du cycle The quantum evolution (pour l’anecdote, au tout début, The quantum magician était présenté comme un stand-alone  😀 ). Le tome 3, The quantum war, a été publié (en anglais) le 12 octobre 2021, et l’auteur a indiqué que le quatrième et dernier, The quantum temple, paraîtra en 2024. Sachez par ailleurs qu’il a aussi précisé que la suite du magistral The house of Styx, sans conteste possible le meilleur Planet Opera vénusien jamais écrit, sortira fin 2023, s’appellera The house of saints et conclura le cycle Venus Ascendant, situé dans le même univers que Le magicien quantique. Tant que j’y suis, j’en profite pour rappeler l’existence de la novelette Pollen from a future harvest, qui prend place dans le même lieu où se déroule une bonne partie du Jardin quantique et explique une partie des événements du début du Magicien quantique.

J’ai, pour ma part, lu Le jardin quantique en VO, à sa sortie en octobre 2019, et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une digne suite du Magicien quantique, bien que dans un genre légèrement différent. Si on garde une partie des personnages du premier tome, le scénario n’est pas le même, et le ton est plus grave (même si l’humour reste présent). L’aspect Hard SF et le sense of wonder étaient déjà solides dans The quantum magician, et ils ne font que se renforcer dans son successeur, qui propose quelques très beaux moments dans ce domaine. Mais surtout, le worldbuilding et la psychologie de certains personnages secondaires s’étoffent de façon significative. Celles et ceux d’entre vous qui voudront en savoir plus peuvent se référer à ma critique complète de la VO.

Un dernier mot : Le magicien quantique, sorti en 2020 un peu avant le premier confinement, n’a pas eu, de ce fait, la carrière qu’il aurait dû avoir, comme un certain nombre d’autres livres pourtant fort enthousiasmants (je pense à Olangar – Une cité en flammes de Clément Bouhélier, par exemple). Ce qui fait que si ce tome 2 ne marche pas, la traduction des deux suivants ou de House of Styx devient de plus en plus hypothétique. Bref, si ce cycle vous intéresse, ne temporisez pas, et il sera probablement sauvé comme l’a été celui d’Andrea Cort écrit par Adam-Troy Castro (même si ce dernier peut également remercier les excellents résultats d’un certain monsieur Lucazeau). Après, je ne suis pas un prescripteur d’opinion, vous faites ce que vous voulez de votre argent (et je n’ai pas d’actions chez AMI non plus  😀 ).

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Elder race – Adrian Tchaikovsky

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Witchcraft to the ignorant… simple science to the learned *

* The sorcerer of Rhiannon, Leigh Brackett, 1942.

Si je vous précise que Elder Race, (assez) court roman (200 pages) signé Adrian Tchaikovsky, est le douzième des textes publiés par ce dernier chroniqué sur ce blog, vous pouvez, je pense, me croire sur parole quand je vous assure que dans la pléthorique production de l’auteur, l’excellent alterne avec le passable, voire le carrément mauvais. Chaque sortie est donc une prise de risque. Le résumé d’Elder Race disponible sur les sites marchands ne m’ayant pas donné envie de le lire, j’avais décidé de faire l’impasse dessus. Quelques jours avant sa sortie, j’ai cependant, et fort heureusement, lu une critique anglo-saxonne présentant en avant-première le roman, et en disant beaucoup plus à son sujet. Suffisamment pour qu’un parallèle avec Inversions de Iain M. Banks me frappe immédiatement et m’incite, évidemment, à changer d’avis. À la lecture, le parallèle est pleinement justifié, mais le livre de Tchaikovsky ne se réduit pas à cela, loin de là.

Celui-ci fini, on peut sans problème le classer parmi les meilleurs de sa production, que ce soit en général (l’auteur est connu pour balayer un nombre ahurissant de genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire) ou dans le registre science-fictif en particulier. Notez toutefois qu’alors que dans ce dernier, Tchaikovsky a tendance à tendre vers la Hard SF, nous sommes ici plus clairement sur une Ethno-SF / une SF linguistique, donc une Soft-SF. Lire la suite

L’espace entre les guerres – Laurent Genefort

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Non pas un mais deux romans de Planet Opera Hard SF très recommandables !

Une version modifiée de cette critique est parue dans le numéro 100 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

L’espace entre les guerres est un recueil réunissant deux romans respectivement parus en 1998 et 2000, Dans la gueule du dragon et Une porte sur l’éther. S’inscrivant dans l’univers des Portes de Vangk commun à d’autres textes de l’auteur, ils mettent en scène son seul héros récurrent, Jarid Moray, qui refera une apparition dans Lum’en. Il correspond au trope du médiateur, mi-diplomate, mi-enquêteur, envoyé par le gouvernement (ici diverses corporations interstellaires) quand la situation locale devient explosive (on retrouve le même type de protagoniste chez Serge Lehman -notamment dans La perle– ou Adam Troy-Castro -dans Émissaires des morts-, par exemple). Il est la dernière étape avant une intervention militaire : la conciliation coûte moins cher que la guerre !

Dans la gueule du dragon se passe sur une protoplanète qui n’est qu’un océan de lave radioactive où seul un îlot rocheux, le Berg, forme une graine de continent, que la technologie humaine empêche d’être dissous. Jarid y est expédié par la Semeru, la multimondiale titulaire de la concession (qui ne sert que de vitrine technologique pour les actionnaires et les concurrents, son utilité économique étant nulle), afin d’enquêter sur le meurtre des deux précédents gouverneurs, alors que le nouveau entame une violente répression, cherche à imposer des lois d’exception et à exacerber les tensions, tandis que les factions politiques locales (des utopistes aux non-violents en passant par les radicaux meurtriers) se déchirent. Une porte sur l’éther met en scène un cadre encore plus extraordinaire, deux planètes partageant la même orbite, reliées par un Big Dumb Object, l’Axis, d’origine extraterrestre et formé de diamant, ayant pour but de permettre le complexe cycle de vie d’une céréale au potentiel nutritif hors-norme et au goût inimitable. L’une des planètes, aux mains d’une junte militaire nationaliste et intolérante, responsable d’un génocide ayant contraint certains groupes à l’exode dans l’Axis, fait entendre des bruits de bottes pour effacer ses crimes passés en conquérant ce dernier et renégocier à la dure le partage des profits, encaissés en premier lieu par le monde jumeau. Les habitants de la structure, divisés entre des groupes aussi divers que des primitivistes, des posthumains et des fanatiques religieux, vont se retrouver pris au piège. La mission de Moray, pour le compte d’une autre multiplanétaire, la DemeTer, sera de désamorcer la crise. Lire la suite