Les Profondeurs de Vénus – Derek Künsken

Un joyau du Planet Opera, un bijou en matière de Diversité, un très grand roman, tout simplement

Le 31 mai 2023 paraîtra chez Albin Michel Imaginaire Les Profondeurs de Vénus de Derek Künsken, premier volet d’un diptyque qui se conclura, en VO, avec la sortie de The House of saints le 29 août. C’est d’ailleurs en anglais que j’ai, pour ma part, lu ce nouvel AMI, à sa sortie il y a près de trois ans (ce qui me permet de vous dire que la spectaculaire couverture, signée Manchu, a parfaitement su capturer l’atmosphère et certaines scènes spectaculaires de ce livre). J’en étais sorti extrêmement enthousiaste, et j’espère bien réussir à vous faire partager mon engouement !

Précisons que si l’intrigue prend place dans le même univers que le cycle du Magicien Quantique (paru dans la langue de Molière chez le même éditeur) et de ses suites, Les Profondeurs de Vénus peut se lire de façon tout à fait indépendante, puisqu’elle se déroule deux siècles et demi avant. Notez, enfin, que les deux romans sont suffisamment différents pour qu’un avis mitigé ou un désintérêt pour Le Magicien Quantique ne soit en rien rédhibitoire si vous envisagez la lecture de ce nouvel opus : moins exigeant sur le plan de la Hard SF, plus axé sur des thématiques sociétales modernes, prenant plus le temps d’installer son univers et ses personnages, et ayant sans doute franchi un cran supplémentaire sur le plan de l’écriture, il sera sans nul doute à même de séduire un public plus large. Mais notez aussi que lire les deux cycles sera utile, car le diptyque éclaire beaucoup l’Histoire et peut-être surtout la géopolitique plutôt floue, jusqu’ici, de l’univers du Magicien Quantique.

Comme vous le prouvera ma critique très détaillée de la VO, je lui ai trouvé deux immenses qualités : d’abord, le fait qu’il s’agisse d’un Planet Opera vénusien tout à fait exceptionnel (et je pèse mes mots), sans aucun conteste la nouvelle référence dans ce registre littéraire bien précis, à moins que Kim Stanley Robinson ne se décide à s’attaquer au problème (ce qu’il a très partiellement fait dans -le dispensable- 2312) ; ensuite, le fait qu’il fasse la part belle à la diversité (un des personnages est atteint du syndrome de Down, un autre est gay, un troisième a un problème d’identité de genre) ET que l’auteur traite le sujet, là encore, avec une crédibilité, une douceur, une justesse et un respect… eh bien qui forcent le respect, justement. Mais plus que tout, et là je rejoins (pour une fois…) complètement le camarade Dumay sur ce point, c’est un grand roman d’aventure, offrant des visions époustouflantes et des péripéties stupéfiantes. Non, mieux que ça, un grand roman, tout simplement. Et puis il est estampillé « Culte d’Apophis », ce n’est pas rien, tout de même !

Bref, chacun jugera de l’intérêt de ce bouquin en fonction de ses propres critères (ma critique de la VO vous fournit tous les éléments nécessaires pour faire votre choix), mais si vous avez foi en mon jugement, vraiment, ne passez pas à côté de cette sortie  😉 On espère aussi que les ventes florissantes (c’est tout le mal qu’on lui souhaite) de cet ouvrage inciteront l’éditeur à sortir le tome 3 du cycle quantique, évitant ainsi de rejoindre le club détestable des maisons abandonnant des séries en cours de route !

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19 réflexions sur “Les Profondeurs de Vénus – Derek Künsken

    • Comme tu veux, mais les deux romans peuvent se lire de façon tout à fait indépendante, et sont suffisamment différents pour qu’un avis positif / négatif sur un des deux n’affecte pas forcément la perception de l’autre.

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  1. Merci pour le rappel.
    Moi, j’ai adoré le magicien quantique et sa galerie de personnages – tout particulièrement Saint Mathieu, qui me rappelle vaguement Marvin de H2G2.vEt pourtant je n’ai rien pipés aux transes quantiques. Mais bon, à un certain point la hard SF ça participe pour moi du merveilleux. Je ne comprends rien donc c’est magique.
    Cela dit, en courant virtuellement vers le site de la Fnac pour pré commander et m’assurer à mon niveau de la traduction du tome 2, j’ai eu un coup d’angoisse puisque je ne vois pas pour l’instant de version électronique. J’espère que Albin Michel n’a pas oublié les nomades et leur bibliothèque virtuelle.

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  2. Bon j’avais bien aimé « Le Magicien Quantique » mais sans plus, pas au point d’avoir envie de lire la suite.
    Par contre là un planet-opera sur Vénus et qui peut se lire indépendamment du reste du « Magicien Quantique » ça me fait bien envie. Je pense que je le prendrai.

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  3. Ping : Premières lignes #375 – Ma Lecturothèque

  4. Fête des pères arrivant, je pensais offrir ce livre au mien (il a beaucoup aimé Aurora de KSR, que je n’ai pas encore lu d’ailleurs). Cependant j’ai une petite question sur l’aspect diptyque : est-ce que ce livre a une « vraie » fin malgré tout, ou bien il s’agit d’une première partie ?

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  5. Incontestablement une de mes plus belles lectures de l’année malgré le côté inclusif qui me rebutait fortement. Un aspect traité avec intelligence et finesse.
    Il y a des descriptions magnifiques sur les paysages, les vents ou les séances de vol qui contrastent violement avec la rapidité où le milieu vénusien rattrape les négligents.
    J’ai hâte de lire la suite en espérant qu’elle permette à AMI de nous livrer d’autres aventures des homo quantus.

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    • C’est mal barré… Dans cette ère de domination de la romantasy, de la cosy fantasy, où l’aigle bicéphale Bragelonne / De Saxus règne sans partage sur les éditeurs d’imaginaire, la SF classique et adulte a du plomb dans l’aile. D’ailleurs regarde, chaque fois que je fais un laïus « donnez sa chance à tel AMI sinon le tome suivant pourrait ne pas être traduit », il s’agit de romans de ce type : Castro, Künsken, etc. Et je ne parle même pas d’Unity, qui avait tout pour réussir et qui s’est apparemment méchamment planté (il faut dire que le sortir en même temps que le Marguerite Imbert relevait d’une « logique » non-euclidienne qui m’échappe complètement. D’ailleurs, sortir deux bouquins en même temps dans la même collection, relevant même parfois d’un sous-genre commun et donc se concurrençant mutuellement m’a toujours laissé profondément dubitatif. Mais bon, Gilles Dumay, hein…)

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  6. C’est vrai que, quand on regarde le gros de la production, l’amateur de SF pure et dure peut avoir l’impression que la majorité des éditeurs proposent des lectures très mainstream destinées à des lecteurs peu familiarisés avec le genre ou venant du YA. Même si, parfois, il y a des pépites dans le lot.
    Heureusement, Le Bélial’ veille au grain et ne prend pas ses lecteurs pour des idiots. Je suis sur les jantes depuis l’annonce de la publication de House of suns pour 2024. J’ai même prévu une bonne bouteille de bourgogne pour aller avec !
    En fantasy j’aime beaucoup le travail de Leha et la rapidité avec laquelle elle publie les suites.

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    • M’étonne pas. A force de proposer de la SFFF pipi-caca au lectorat, il n’est plus en mesure de lire de la SF de pointe. D’ailleurs quand je vois les programmes de parution des uns et des autres pour 2024, je suis partagé entre le fou rire et l’envie de prendre un directeur de collection pour tabasser les autres avec. Particulièrement chez Dumay, d’ailleurs, qui avec son Conan grabataire, a touché le fond. Après, ça viendra pleurnicher qu’en 30 ans, on est passés de 15000 exemplaires vendus à 1000, et maintenant 300 par roman : mais bon, quand tu vois la baisse vertigineuse de qualité, à quelques exceptions de plus en plus rares près (et encore, souvent des auteurs qui étaient déjà là ou quasiment il y a trente ans), tu saisis vite le pourquoi du comment. Sans compter bien entendu le fait que les soi-disant romans en question ressemblent à s’y méprendre à de la propagande idéologique. Là aussi, faut pas se demander pourquoi les trucs ne se vendent plus : quand j’achète de la SF, je veux lire Hypérion et la Culture, pas un pamphlet balourd asséné par un Jean-Gauchiste de 8 ans d’âge mental.

      C’est d’ailleurs pour ça que j’ai décidé de faire de 2024 (et très probablement de 2025) des années de vidage de PAL (j’ai commencé, d’ailleurs, par du Robert Charles Wilson, ça va faire plaisir au Chien Critique) et surtout relectures / chroniques de classiques. Au moins je suis sûr de conseiller aux gens des lectures de qualité. Par contre, très clairement, on ne viendra plus découvrir les nouveautés chez moi (même pas VO, à quelques exceptions comme les Neal Asher près). J’en ai ma claque de la merde, des manifestes politiques, de la SFFF pour Bisounours ou des machins sur-évalués et traduits cinquante ans après.

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    • J’ai plutôt l’impression qu’il annonce son intention de se battre pour Kunsken, non? A moins que ce soit une façon transparente de dire le contraire? Pas facile à décrypter. Je ne connais pas les auteurs prévus (Conan, les pattes de poulet, tout ça…), mais j’avais compris qu’il existait une volonté de financer de petits tirages par des succès populaires chez AMi, d’où l’état quantique du catalogue. Mais la réaction d’Apophis ne va pas vraiment dans ce sens, donc peut être devais je moi aussi commencer à faire mon deuil des aventures formidables de Belisarius. Merci quoi qu’il en soit pour la référence de l’article, c’est intéressant non seulement pour les chiffres, mais aussi pour le portrait de l’artiste en jeune éditeur.

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  7. C’est drôle, on a peu près le même programme de lecture et pour les mêmes raisons. A quelques exceptions près (La maison des Soleils, La cité des marches, les deux cycles de John Gwynne et le Claire North) il n’y a pas de nouveautés qui me font envie. Donc je vais plutôt me concentrer sur ma pal cette année.

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    • De mon côté, il y aura du Max Gladstone, du Neal Asher (sans doute 2, plus 2 lus mais pas encore chroniqués), un peu de SF militaire (hors Neal Asher, je veux dire 😀 ), des trucs obscurs en VO qui trainent dans ma PAL depuis des lustres, qui ont l’air complètement barrés mais potentiellement prometteurs, une retentative avec Jack Vance et Cordwainer Smith, du Ted Chiang, du Daniel Abraham, de l’Arthur Machen, etc.

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