Généreux et émouvant
Si je vous dis « Ammuin Karhua », ne me répondez pas « À tes souhaits ! » ou « C’est du chinois ! », parce que d’une part, il s’agit du titre d’une nouvelle d’Emmanuel Chastellière, et que d’autre part, c’est en fait du finnois, qui signifie « J’ai tiré sur un ours ». Comme nous l’explique l’auteur sur cette page, il l’a écrite très rapidement dans le sillage du début de la guerre en Ukraine, dans le but de la vendre et de reverser les bénéfices à la Croix-Rouge pour soutenir son action dans ce pays. De fait, il a récolté plus de 1000 euros, une belle somme pour, comme nous allons le voir, un beau texte. Mais si noble que soit l’intention, on sent clairement que l’auteur y a aussi mis toutes ses tripes, que le texte constitue pour lui, comme pour sa protagoniste, une forme de catharsis. Ce qui ne diminue en rien son impact, bien au contraire.
Cette nouvelle s’inscrit dans l’univers de Célestopol et Célestopol 1922, mais peut parfaitement se lire sans les connaître (on songera d’ailleurs au tour de force que constitue le fait de rendre un univers aussi fouillé compréhensible en moins de trente pages tout en introduisant un protagoniste et une intrigue solides et puissants : s’il fallait une preuve des capacités de l’auteur, en voilà une, et une belle !). De fait, elle peut d’ailleurs constituer une excellente porte d’entrée pour qui hésiterait à acquérir ces recueils. Si, en revanche, vous les avez lus, vous capterez des références à des lieux, événements ou personnages connus (à Anastasia, la cousine du Duc, croisée dans la nouvelle Oderint dum metuant de Célestopol). Lire la suite