Un sacré Sense of wonder !
How we lost the moon, a true story by Frank W. Allen est une nouvelle écrite en 1999 par Paul McAuley, et que l’on peut retrouver (en anglais) dans les anthologies suivantes. On peut aussi l’acheter sous forme audio (toujours dans la langue de Shakespeare). J’ai une relation assez compliquée avec l’auteur, puisque si le résumé de ses romans m’enthousiasme très souvent, j’en ressors en revanche systématiquement déçu (comme pour Féerie par exemple). J’ai donc voulu voir ce qu’il donnait dans la forme (très) courte, et je dois dire que là, j’en ressors nettement plus convaincu. À tel point que je me demande même si je ne vais pas finir par lire Le choix, un des plus anciens titres de la collection Une heure-lumière et un des rares sur lesquels j’ai fait l’impasse.
Le plus étonnant là-dedans est peut-être que cette nouvelle relève d’une Hard SF de compétition orientée physique de l’extrême, un registre littéraire auquel McAuley n’est pas forcément associé spontanément ou en premier par le lecteur de Science-Fiction moyen mais où, pourtant, il a parfaitement sa place, comme le prouve sans conteste ce texte. Si vous avez l’occasion de vous le procurer, je vous conseille vivement de le lire, vous ne perdrez vraiment pas votre temps et ferez l’expérience d’un beau Sense of wonder !
Contexte et intrigue *
* Man on the Moon, R.E.M, 1992.
Début du second quart du XXIe siècle. La Lune a été colonisée, mais on n’y trouve qu’environ 3000 scientifiques, ingénieurs et techniciens hautement qualifiés. Frank est l’un d’eux. Quelques années après l’évènement le plus marquant de l’Histoire de l’Humanité, il raconte sa version des faits (Il est par ailleurs dommage que l’auteur vende la mèche dans le titre même du texte, même si c’est plus le pourquoi / comment qui est intéressant que le résultat final). Et pour cause, il en a été un témoin pour le moins privilégié…
Quand un projet expérimental de Physique nucléaire, trop dangereux pour être installé sur Terre et donc construit sur la Lune, subit une défaillance, son coéquipier et lui sont envoyés pour évaluer pourquoi toutes les alarmes se sont déclenchées. Ledit coéquipier va découvrir un minuscule élément et comprendre, avant tout le monde, la nature du problème… et surtout ses conséquences. À court terme. On peut même dire à effroyablement, incroyablement court terme !
Analyse et ressenti
Première remarque, le texte est dédié à Stephen Baxter, alors qu’il se rapproche en fait à mon avis nettement plus de romans de Gregory Benford et David Brin, voire de Dan Simmons (je vais éviter de citer lesquels pour ne pas spoiler). Ensuite, McAuley se révèle très convaincant dans l’exercice Hard SF auquel il se prête, aussi bien sur le plan de la Physique que des phénomènes géologiques et planétologiques secondaires impliqués. Enfin, le principal intérêt de cette nouvelle est le Sense of wonder colossal (et je pèse mes mots) généré, bien que je ne puisse vous expliquer pourquoi sans divulgâcher. Mais croyez-moi sur parole, ça envoie DU LOURD. Bref, si vous arrivez à vous procurer How we lost the moon, lisez-le, vous ne le regretterez pas !
Niveau d’anglais : aucune difficulté.
Probabilité de traduction : il paraît que Monsieur Bélial’ aime beaucoup McAuley…
Pour aller plus loin
Pour avoir un deuxième avis sur cette nouvelle, je vous invite à aller faire un petit tour du côté de L’épaule d’orion, de Xeno Swarm,
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Perdre la Lune ! Façon Cosmos 1999 ?
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Ah non, beaucoup plus spectaculaire !
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Elle me tente cette nouvelle. Connais tu les autres nouvelles de cette anthologie? Je n’ai lu que « A walk in the Sun » que j’ai beaucoup appreciée. Merci pour cette critique
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Il y a plusieurs nouvelles qui ont été traduites en français : outre celle que tu cites, il y a celles de Rich Larson, de Ian McDonald et d’Hannu Rajaniemi (et peut-être d’autres que je ne connais pas). A part cette dernière, les autres sont de bonne qualité. Et de toute façon, l’affiche est extrêmement alléchante : Kim Stanley Robinson, Robert Reed, Brian Stableford, Stephen Baxter, Adam-Troy Castro, Gregory Benford, Jack McDevitt, Nancy Kress, John Varley et d’autres encore, le casting est du lourd. Je pense donc que tu peux y aller sans crainte, surtout que le prix est plutôt sympathique (en broché ou sous forme électronique, une dizaine d’euros pour 24 nouvelles / 600 pages).
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Merci pour ce compte rendu. L’audio de la nouvelle seule est disponible sur audible.fr, et elle dure 36 minutes, donc je l’ai écoutée tout de suite. C’est très agréable, bien écrit, avec assez peu d’action. La partie la plus importante du récit comporte des descriptions bien réalistes des paysages et surtout des événements sur la lune par le narrateur et l’imagination (assistée par les calculs savants de son ami et coéquipier) de ce qui se passe invisiblement en amont des conséquences visibles. L’histoire se déroule en grande partie dans la tête, il s’agit de calculer et d’imaginer ce qui va se passer avant que ça n’arrive. En ceci la nouvelle fait penser à une autre nouvelle, « Inconstant Moon » de Larry Niven. On est balancé entre deux visions de la science: la recherche fondamentale et son éventuel hybris, la science appliquée et son nécessaire bricolage. Le pessimisme concernant l’hybris humain se trouve contré par l’optimisme du bricoleur (« on peut toujours trouver une solution de rechange »). Concernant le réchauffement climatique, je ne sais pas si l’optimisme désabusé du narrateur sera validé dans un futur proche.
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