Je cherche encore la MOINDRE trace d’originalité là-dedans…
Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse consenti par AMI. Un grand merci à Gilles Dumay !
Léafar Izen, obscur auteur de SFF et de poésie, contacta un beau jour l’ami Gilles Dumay pour lui proposer, à tout hasard, une trilogie de Fantasy qu’il comptait autopublier prochainement (l’anecdote est relatée ici). La trilogie initiale s’est finalement muée en un roman unique, appelé La marche du Levant, d’un peu plus de 640 pages, divisé en trois « chants » (correspondant probablement aux trois bouquins du cycle initial) de longueur approximativement égale, plus un épilogue de quelques pages mais qui est absolument capital, pour des raisons que je vais détailler dans la suite de cet article.
Ce livre, un des deux (avec Quitter les monts d’automne, dont je vous reparlerai très prochainement) qui va constituer à la fois la rentrée littéraire d’Albin Michel Imaginaire et son avant-dernière vague de publications pour 2020, est un sacré pari, dans la mesure où il place beaucoup d’espoirs non seulement dans un écrivain inconnu au bataillon, mais aussi dans une oeuvre qui, parce qu’elle est littéralement parsemée de convergences avec d’autres, plus anciennes et surtout bien plus prestigieuses, risque fort de n’impressionner que les grands débutants en SFF ou éventuellement les nostalgiques d’une littérature de l’imaginaire « à l’ancienne » (en cela, La marche du Levant ressemble à un autre titre d’AMI, Mage de bataille), et surtout parce que comme Le livre de M, autre titre du même département éditorial, il va demander au lecteur potentiel de se lancer dedans (et de dépenser son argent…) sans savoir de quel genre littéraire il relève exactement (de cela aussi, nous allons reparler, et en détails). Et il n’est pas du tout certain que ce qui semble avoir bien fonctionné pour le roman de Peng Shepherd réussisse de même ici. Seul l’attrait pour une écriture et une (des deux) protagoniste(s) éminemment Jaworskiennes pourrait constituer un atout important pour cette oeuvre, qui, à part ça, est si prévisible, blindée de tropes et calquée sur d’autres auteurs qu’elle risque fort de laisser dubitatifs tous les vieux briscards de la SFF (et les premières critiques disponibles vont assez clairement dans ce sens là).
Si j’ai lu ce roman sans déplaisir (et le style y est pour beaucoup), je n’en ferai toutefois certainement pas un bouquin de référence, bien qu’il puisse à la rigueur servir à initier un débutant à certains tropes récurrents en SFF ou à certains de ses sous-genres les plus exotiques (bien que la combinaison des deux paraisse peu logique, elle décrit pourtant précisément ce que l’on trouve dans La marche du Levant). J’apprécie que Gilles Dumay laisse leur chance à des auteurs 1/ peu connus / débutants et 2/ français, j’apprécie aussi qu’il pense aux gens qui ne lisent pas de la SFF depuis des décennies, mais très honnêtement, j’attends de lui que de temps en temps, il donne aussi un os à ronger aux vieux briscards dans mon genre ! Lire la suite