Serge Lehman est un écrivain de SF, critique et scénariste de BD français. Il est (entre autres) l’auteur d’une quinzaine de romans et de plusieurs recueils de textes courts, dont Le livre des ombres, paru en 2005 chez L’Atalante et contenant vingt-cinq nouvelles, dont celle dont je vais vous parler aujourd’hui, La perle.  J’ai, pour ma part, lu ce texte en août 1997 dans le numéro 327 du magazine Ciel & Espace, consacré à l’astronomie mais publiant à l’occasion une nouvelle de science-fiction (et / ou quelques critiques relevant de ce genre également). Il est plus sympathique que marquant un jalon incontournable dans l’histoire du texte court en SF (donc il n’était pas forcément pertinent de le faire figurer dans ma flambant neuve anthologie personnelle de nouvelles / novellas), mais il s’est révélé suffisamment marquant pour que je m’en souvienne plus de vingt ans après. Je vous reparlerai d’ailleurs, à l’occasion, d’un autre texte de l’auteur, Le collier de Thasus, qui figurait également dans C&E deux ans auparavant et qui est aussi au sommaire du Livre des ombres (ce qui fait déjà deux bonnes raisons de l’acheter !).

Base de l’intrigue

Sarah Liang, médiatrice employée par la compagnie minière Farside, débarque sur Paho, une planète aux caractéristiques inhabituelles. Seul monde orbitant autour de l’étoile Antanica, elle abrite une espèce indigène qui, d’après ce qu’en dit la science, n’aurait pas dû pouvoir apparaître dans le « petit » milliard d’années d’existence de ce système stellaire. Mais surtout, son sous-sol contient de l’Umbrium, métal jusqu’ici inconnu à l’extraordinaire résistance. D’habitude, quand on fait appel à Sarah, c’est que les populations extraterrestres indigènes s’opposent à l’exploitation des ressources naturelles ; mais dans ce cas précis, la situation est totalement différente…

Analyse et ressenti

Le texte ne fait que 7 pages dans C&E, qui plus est contenant aussi, pour six d’entre elles, des illustrations assez énormes. Pourtant, dans ce court espace, Lehman se débrouille pour installer un personnage (Liang), un univers (humain ou pas), des thématiques de fond et une intrigue franchement solides. Ce texte ressemble un peu à un roman d’un auteur anglo-saxon, mais d’une part le parallèle ferait bondir Lehman (vu que ces deux-là ne sont pas vraiment dans le même secteur du spectre politique), et d’autre part donner son nom annihilerait tout suspense chez quelqu’un qui aurait lu l’américain d’abord et le texte de Lehman ensuite.

Quoi qu’il en soit, voilà une courte nouvelle très efficace, même si la grande révélation arrive trop tôt avant la fin et gâche l’impact qu’aurait pu avoir une chute finale. On retiendra ses thématiques humanistes (le dialogue, la médiation, est la solution aux problèmes, plutôt que l’affrontement frontal), un aspect Planet Opera remarquable (offrant un très beau moment de Sense of wonder), et une protagoniste sortant des stéréotypes (il est assez rare de voir des personnes en surcharge pondérale en vedette en SFFF, finalement).

On remarquera aussi que la ou les personnes chargées de sélectionner ou de commander les textes pour C&E avaient un goût très sûr : aucun de ceux que j’ai pu lire n’était mauvais, et la plupart étaient franchement bons (on retiendra surtout L’étoile d’Arthur C. Clarke, évidemment, mais aussi Chaperon de Laurent Genefort).

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