Anthologie Apophienne – épisode 1

Eye_of_ApophisDans les commentaires du quinzième numéro de L’œil d’Apophis, l’un de vous m’a demandé si j’avais pensé à faire des articles évoquant les nouvelles qui m’avaient le plus marqué. Pour tout dire, je n’y avais jamais réfléchi, mais j’ai trouvé l’idée tout à fait excellente. J’ai vaguement commencé à faire ça avec les Lovecrafteries, mais pas avec le reste des nouvelles. J’ai donc décidé de lancer une autre série d’articles, l’Anthologie Apophienne, sur le même format que L’œil d’Apophis (présentation de trois textes dans chaque numéro), mais ayant pour but de parler de tout ce qui relève de la forme courte et que je vous conseille de lire / qui m’a marqué, plutôt que de vous faire découvrir des romans (forme longue) injustement oubliés.

La périodicité sera aléatoire, en gros il y en aura un quand j’aurai le temps d’en faire un, mais il n’est pas du tout impossible, vu que ce n’est pas franchement long à faire par rapport à une critique ou un gros article de fond (comme un Guide de lecture), qu’elle soit assez régulière. Si l’on suit la nomenclature anglo-saxonne, je traiterai aussi bien de nouvelles que de novellas (romans courts) ou de novelettes (nouvelles longues), qui sont entre les deux en terme de nombre de signes. Histoire de ne pas pénaliser ceux d’entre vous qui ne lisent pas en anglais, il n’y aura pas plus d’un texte en VO (non traduit) par numéro, sauf épisode thématique spécial. Et comme vous ne suivez pas tous le blog depuis la même durée, je ne m’interdis absolument pas de remettre d’anciennes critiques en avant, comme je le fais déjà dans L’œil d’Apophis.

J’espère que ce nouveau format vous plaira et vous intéressera, les retours étant les bienvenus en commentaires. J’ai décidé de consacrer exclusivement cet épisode inaugural à Arthur C. Clarke, même si dans les épisodes suivants, trois auteurs différents seront plutôt la norme.

L’étoile – Arthur C. Clarke

l_etoile_clarkeOn connaît bien le Clarke romancier, mais c’est également un nouvelliste plutôt prolifique et surtout capable de proposer des nouvelles à chute d’une puissance absolument impressionnante. Deux des textes dont je vais vous parler aujourd’hui, L’étoile et Les neuf milliards de noms de Dieu, relèvent de cette catégorie, l’intérêt de La sentinelle étant ailleurs.

J’ai découvert L’étoile dans le magazine Ciel & Espace, qui, de temps en temps, et bien qu’il soit consacré à l’astronomie et l’astrophysique, proposait à ses lecteurs des nouvelles de science-fiction, anglo-saxonnes ou francophones, en général d’une grande qualité (j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer Chaperon de Laurent Genefort, et je vous dirai prochainement un mot de La perle de Serge Lehman). Cette page du site de Noosfere recense tous les ouvrages dans lesquels vous pourrez la trouver (je vous signale également un lien affilié en fin d’article).

Ce texte a été publié pour la première fois en 1955, et a gagné le prix Hugo l’année suivante. Vous remarquerez que dans sa toute première traduction, il s’appelait Un jésuite dans les étoiles, ce qui décrit exactement la situation : une équipe scientifique rentre sur Terre après avoir examiné ce qui reste d’un système stellaire ravagé par une supernova, à 3000 années-lumière de la Terre. L’astrophysicien en chef, qui se trouve également être un Jésuite, a été profondément ébranlé par une découverte faite lors de cette expédition, et il va nous expliquer pourquoi, ne nous donnant la clef de compréhension finale que dans la toute dernière phrase (et même le dernier mot !), comme il sied à une nouvelle à chute. Et vous pouvez me croire, celle-ci est à la fois magistrale et profondément poignante (et de plus, elle se voit difficilement venir). Bref, cette nouvelle ne fait peut-être que 8 pages, mais elle reste, de tous les textes courts que j’ai pu lire en trente-cinq ans de lectures relevant de l’imaginaire, incontestablement la plus marquante. Un must-read absolu !

Les neuf milliards de noms de Dieu – Arthur C. Clarke

neuf_milliards_clarkeCet autre texte (dont vous pourrez trouver toutes les éditions ici -plus un lien affilié en fin d’article-), paru en 1953, également très court (dix pages), est plus terrestre, en un sens, que le précédent, mais propose, quelque part, une chute qui, si elle est moins chargée d’émotion, est en revanche encore plus percutante. À nouveau, Clarke mêle science et religion, mais d’une manière incomparablement plus radicale.

Les moines d’une lamaserie tibétaine se sont lancés dans un projet complètement fou : ils pensent que l’univers a été créé dans le but de faire la liste de tous les noms de Dieu, et travaillent depuis des siècles à cette tâche. Ils estiment qu’il leur faudra quinze millénaires pour la mener à bien, et cherchent donc à accélérer le mouvement via l’aide de la technologie moderne. Ils achètent donc un ordinateur, que des techniciens occidentaux viennent installer, configurer et superviser. Ce sont eux qui font le récit des événements.

Une fois encore, la chute de la nouvelle laisse pantois, et vous restera très longtemps en mémoire. Même si, cette fois, elle peut se voir venir, elle n’en reste pas moins frappante. Un texte très, très vivement conseillé !

La sentinelle – Arthur C. Clarke

la_sentinelle_clarkeOn a coutume de dire que La sentinelle est le texte (paru en 1951, et dont vous trouverez toutes les éditions ici) qui a donné naissance à 2001 (le film et le livre), même si cela agaçait Clarke, qui explique que le long métrage / roman est autant basé sur cette nouvelle que sur bien d’autres de ses écrits, et que de toute façon, de nombreux détails, s’ils ont certes été plus ou moins repris, ont surtout été modifiés et pas exploités tels quels. Il n’empêche que du point de vue du lecteur, on est clairement en face d’un proto-2001, et qu’il est intéressant de voir, justement, ce que l’auteur a gardé ou pas, ce qu’il a développé, ce qu’il a laissé tomber, bref tout le processus qui a permis de passer de la nouvelle au roman ou au scénario du film.

Un tétraèdre est découvert sur la Lune, dans Mare Crisium. Visiblement d’origine extraterrestre, il est entouré d’un impénétrable champ de force. Impénétrable ? Pas si sûr ! D’où vient-il ? Qui l’a construit ? Pourquoi ? Que contient-il ? Vous le saurez en lisant ce qui, pour moi, constitue un des trois joyaux de la « Sainte Trinité » de Clarke le nouvelliste !

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30 réflexions sur “Anthologie Apophienne – épisode 1

    • Si tu l’aimes en format long, il n’y a vraiment aucune raison pour que tu ne l’apprécies pas en court. Et ça fait plaisir de voir un nouveau converti à ce format ! Je suis de ceux qui pensent qu’il représente souvent le sommet de ce que la SF peut proposer (ce que le succès d’Une-heure lumière tendrait d’ailleurs à démontrer).

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  1. Excellente, brillante idée! Le format nouvelle est tellement bien adapté à la SFF.
    Je n’ai lu que deux des textes présentés ici. Je viens d’acheter l’Etoile. Merci d’avance et longue vie au cthulh…culthu…culte!

    Aimé par 1 personne

  2. Merci Apophis, grâce a toi j’ai passé une excellente soirée avec ces trois beaux textes que j’avais dans ma GASF mais n’avais pas encore pris le temps de feuilleter.
    Et pis ça fait une petite pause bienvenue dans la lecture de The Expanse, ou j’entame le tome 4 et je vois pas l’bout 😉

    Aimé par 1 personne

  3. Pour ma part, j’ai trouvé « L’étoile » très intéressante, la chute est vraiment imprévisible et évocatrice ! Par contre, un peu moins convaincu par « Les neuf milliards de noms de Dieu » que j’ai trouvé originale sur le fond, mais avec une chute très banale (et qui ne me restera pour le coup pas vraiment en mémoire), à moins que j’aie manqué un message implicite ?

    Sinon super le nouveau format 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Comme je le précise dans l’article, la chute des 9 Milliards se voit plus venir, mais pour ma part, je lui ai trouvé une grande puissance évocatrice (bien moins que pour L’étoile, évidemment). Après, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas, c’est sûr.

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  4. Aaah, Clarke à l’honneur! Je n’ai pas lu l’Étoile mais j’ai dû lire les autres dans le recueil Avant l’Éden (super Noosfere, soi-dit en passant).
    Mais j’ai l’impression qu’il faut lire en numérique pour lire les nouvelles de Clarke de nos jours – cap que je n’ai pas passé – ou acheter une maousse intégrale. zut!!!
    J’espère qu’on aura l’occasion d’avoir des critiques d’autres livres de Clarke de ta part.
    Excellente idée d’articles en passant. Tu te divinises effectivement bien 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Merci 😀
      Il faut vraiment lire L’étoile si tu le peux, c’est un monument ! Et oui, Noosfere est un site extrêmement utile sur tout un tas de plans (ils présentent notamment un programme des sorties, tous éditeurs confondus, dans les mois à venir).
      Concernant les critiques des livres de Clarke, outre celles de 2001 et 2010 qui sont déjà en ligne, d’autres sont prévues (notamment la trilogie co-écrite avec Stephen Baxter), mais pas avant 2021.

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