Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : hors-série n°4 – Sous-genre ou simple étiquette marketing ?

ApophisFantasy politique, de crapules, militaire, Grimdark, Bit-lit, Young adult… Qu’est-ce qui, là-dedans, relève réellement d’un sous-genre établi, ou au contraire d’une simple étiquette marketing, qu’elle soit propre à un seul éditeur ou utilisée par les acteurs majeurs de l’édition, qu’elle soit anglo-saxonne ou française ? Qu’est-ce qui différencie un livre classé dans un sous-genre d’un autre juste affublé d’une étiquette ? C’est à ce genre de questions que je vous propose aujourd’hui de réfléchir, dans ce nouvel article de la série consacrée à la taxonomie des littératures de l’imaginaire.

Je vous rappelle que comme chaque article de cette série, celui-ci reflète ma conception personnelle de la taxonomie de la SFFF, et ne correspondra donc pas forcément à celles que vous pouvez trouver par ailleurs sur le net ou dans des ouvrages spécialisés.

Bit-lit, Young adult et Grimdark : étiquettes, sous-genres, catégories de livres ? 

Bit-Lit

Vous connaissez probablement tous le terme de Bit-lit (bit pour « to bite », mordre, et lit pour littérature), regroupant des livres qu’en d’autres temps, on aurait classé dans l’Urban Fantasy, la Paranormal Romance ou la Chick-Lit. Réputé être une invention de Bragelonne (et déposé par cette maison), ledit terme est, pour certains, une simple étiquette marketing, tandis que pour d’autres, il s’agit d’un vrai sous-genre à l’égal de ceux que je viens de citer. Cette dernière position me pose quelques problèmes, personnellement, vu que dans ma conception, un sous-genre peut être clairement défini par un ensemble de codes ou d’éléments qui le signent, conditions nécessaires, voire suffisantes, pour facilement distinguer l’appartenance à tel sous-genre plutôt qu’à un autre (même si, à part quelques incompatibilités absolues, la plupart des romans récents relèvent en fait d’un mélange de plusieurs d’entre eux). Or qu’est-ce qui définirait la Bit-Lit d’une façon tellement nette qu’elle serait clairement distincte de l’Urban Fantasy ou (surtout) de la Paranormal Romance ? Pas grand-chose. Déjà que ces sous-genres sont eux-mêmes parfois très flous (au niveau de leurs limites ou de leur légitimité à exister par rapport à d’autres sous-genres, voire genres à part entière comme le Fantastique, avec qui ils ont parfois des points communs), vouloir distinguer la Bit-Lit par rapport à eux paraît assez illusoire ou futile.

Oh, il y a bien quelques vagues tentatives allant dans ce sens : la romance ne serait pas systématiquement présente dans la Bit-lit, au contraire de la Paranormal Romance. La Bit-lit ne serait pas uniquement destinée aux femmes (comme la chick-lit), mais aussi aux hommes, et pas d’avantage aux adolescents, ce qui la distinguerait du Young Adult. Vous remarquerez donc que tout ceci nous révèle ce qu’elle n’est pasforcément…, mais pas ce qu’elle est, ce qui la différencie à coup sûr de ses sous-genres parents. Bref, voilà qui me paraît extrêmement maigre pour en faire un sous-genre à part entière. Il est, par exemple, assez facile de distinguer la Paranormal Romance (PR) de l’Urban Fantasy : dans la première, comme le nom l’indique, la romance est forcément présente, alors que dans la seconde, elle peut l’être (dans 50 % des cas, environ)… ou pas. En revanche, dans la PR, la sous-intrigue amoureuse sera au centre de l’intrigue principale, ce qui ne sera (a priori) pas le cas dans l’Urban Fantasy de base. De même, il est impossible d’appliquer une grille de codes similaire à celle qui permet de distinguer la High de la Dark Fantasy, par exemple : quel est le code ou l’élément qui définirait la Bit-Lit, qui la distinguerait de tout autre sous-genre ? Les crocs (vampires, loups-garous, etc) ? Non, il y en a ailleurs. La romance ? Nous venons de voir que non. Autre chose ? Pas vraiment, là encore.

Bref, que recouvre réellement le terme Bit-Lit ? Pas un sous-genre respectant à la lettre les codes taxonomiques que j’ai tenté de dégager dans cette série d’articles, mais plutôt une manière facile, pour Bragelonne, de dire au public, en plein boom de Twilight, Anita Blake ou La communauté du sud / True Blood, « vous cherchez un bouquin ressemblant à ces références, avec des vampires, de la romance, une héroïne, se passant dans notre monde contemporain ? Cherchez l’étiquette Bit-Lit, c’est moins long et moins abscons que Paranormal Urban Fantasy Romance ! ». Et ça a parfaitement rempli son office !

Maintenant, si sur un strict plan taxonomique, la Bit-Lit n’a rien ou presque d’un sous-genre légitime, il en est, de fait, devenu un dans les rayons des libraires ou des bibliothèques, qui ne s’embarrassent guère, le plus souvent, à faire des rayons séparés urban / PR / Bit-lit, et mélangent allègrement le tout dans un rayon unique, souvent appelé Bit-Lit, terme qui, de fait, est maintenant plus connu du lecteur de Fantasy lambda qu’Urban Fantasy ou pire, Paranormal Romance. Il faut s’être penché un minimum sur la taxonomie, à mon avis, pour aller au-delà du terme popularisé par Bragelonne.

Grimdark

Le Grimdark (ou Grim & Gritty / Gritty Fantasy) pose tout autant de problèmes. A la base, il s’agit d’une SFFF plus réaliste (sur un plan psychologique mais aussi narratif, ne vous épargnant ni le sang, ni le foutre, ni la merde -j’emploie à dessein un niveau de langage en phase avec ce style de romans-), moins manichéenne, plus ambivalente, plus violente, nihiliste et explicite. Le terme viendrait d’un slogan appliqué au jeu Warhammer 40 000, puis à des œuvres comme celles de G.R.R. Martin, Glen Cook, Joe Abercrombie, Richard Morgan, Steven Erikson, Mark Lawrence, etc.

Vous remarquerez deux choses : d’abord, alors qu’on a volontiers tendance à l’associer à la Fantasy, il peut aussi bien être appliqué à des œuvres de SF (Morgan) ou de Science-Fantasy (W40K) ; ensuite, vous remarquerez aussi que sur le volet Fantasy proprement dit, il est exclusif ou quasiment de 1/ la Dark Fantasy et 2/ publiée à partir des années 90, en gros. Alors que certains experts pensent que le Grimdark est un sous-genre apparenté à la Dark Fantasy (définie selon des codes qui n’ont plus de réelle pertinence depuis longtemps, et ramenant en gros à Lovecraft et une Fantasy d’ambiance et d’horreur), la réalité est, à mon avis, beaucoup plus simple : le Grimdark est la Dark Fantasy anti-Tolkienienne publiée depuis 1985, ou quasiment. Ce qui en ferait donc directement un sous-genre de la Fantasy. La Dark Fantasy a vu ses codes d’origine remplacés, réécrits ou supplémentés par ceux du Grimdark, qui n’existe donc pas en tant que sous-genre issu de la Dark Fantasy (DF) et séparé d’elle. Du moins, en première approximation.

Car lorsqu’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le Grimdark et ses codes peuvent s’appliquer à bien autre chose que la DF, et qu’il s’agirait donc plus d’un ton que d’un sous-genre, d’une surcouche explicite / violente / réaliste qui viendrait s’ajouter par-dessus les codes d’un autre genre. Nous en avons eu un très bon exemple récent, avec la sortie de Godblind, (médiocre) roman appartenant à la High Fantasy mais utilisant des oripeaux (et une étiquette marketing) Grimdark. Car c’est de cela dont il pourrait bien s’agir : une simple appellation marketing, essentiellement destinée au (jeune) lecteur masculin (ou à celui lassé de la guimauve High Fantasy), lui promettant des combats violents à répétition et du sexe explicite. Recette qui, comme le prouve le succès du Trône de fer, fonctionne très bien.

Au final, la nature exacte de ce que recouvre le terme n’est pas définitivement tranchée : que ce soit l’appartenance de tel ou tel auteur à ce sous-genre ou même la pertinence de le désigner comme tel et pas comme simple vocable marketing, rien ne fait consensus. J’aurais, personnellement, tendance à avoir une approche hybride, le reconnaissant comme nouvelle incarnation post-1985 de la Dark Fantasy (et d’une certaine SF ou Science-Fantasy, d’ailleurs) mais acceptant le fait que certains de ses codes puissent (rarement) s’ajouter à ceux, plus classiques, d’autres sous-genres, y compris ceux de la High Fantasy (ce qui est étonnant dans le sens que la Grimdark Fantasy a été spécifiquement conçue dans une optique anti-Tolkiennienne !).

Young adult

Avant de me pencher sur le sujet de la taxonomie, j’étais persuadé que « Young adult », tel qu’employé par Bragelonne, recouvrait une littérature destinée au 16-24 ans, en gros, avant de m’apercevoir que c’était en fait purement une littérature adolescente / jeunesse, et que la tranche 18-24 était couverte par d’autres termes (New adult, il me semble, bien que je ne sois pas un expert du sujet, qui m’intéresse à vrai dire peu). Bref, je ne voyais pas l’intérêt de créer des étiquettes à la gomme, alors que jusqu’ici, les lignes de démarcation étaient claires : littérature adulte d’un côté, jeunesse de l’autre. Ce qui n’empêchait pas les passerelles, d’ailleurs : j’ai lu Asimov, Clarke, Le seigneur des anneaux et Lovecraft aux alentours de 11-12 ans, Zelazny et Moorcock au lycée, et Téméraire lorsque j’étais adulte. Bref…

Alors, Young adult, New adult, réelles nouvelles catégories de livres ou étiquettes marketing ? Clairement la seconde solution. Si un adulte lit un roman SFFF estampillé YA, il sait qu’il devra forcément être moins exigeant sur certains points, comme le ton, la solidité de l’univers ou de la psychologie des personnages, la complexité de l’intrigue, voire même le niveau d’écriture. Je ne dis pas que l’ensemble de ces points est bancal dans un roman YA, il y en a même quelques-uns qui sont très solides sur certains d’entre eux, mais clairement, le niveau ne saurait être le même qu’avec une littérature purement conçue pour l’adulte. Car telle est la caractéristique essentielle, à mon sens, de la SFFF YA : elle essaye de plaire à deux ou trois types de publics à la fois, du pré- au grand-ado en passant par le plus de 18 ans, qui a forcément plus de vécu littéraire et des attentes plus élevées, sauf s’il cherche un livre « détente » entre deux lectures plus exigeantes.

Personnellement, je déteste ce flou : nous avons tous, ou quasiment, acheté au moins une fois un roman YA sans nous en rendre compte, en ressortant souvent déçu, frustré, voire furieux (là je parle pour mézigue et pour Rebelle du désert), de cette expérience. Je préfère appeler un chat, un chat, et que les livres pour adolescents soient clairement identifiés et réservés à des collections spécifiques. Si « Young adult » ou « collection jeunesse en réalité destinée à certains lecteurs adultes en priorité » est en fait synonyme d’écrivain et de roman au rabais destiné à des lecteurs adultes peu exigeants, je dis non, merci. Voir certains écrivains de SF reconnus se lancer dans ce genre d’aventure commerciale me laisse, depuis peu, plus que dubitatif, et fait baisser les individus en question dans mon estime.

Fantasy politique, Fantasy militaire, Fantasy de crapules : sous-genres ou tons / thématiques ? 

Dans ma propre taxonomie, ces trois formes de Fantasy sont des sous-genres à part entière, mais il est légitime de se poser la question de savoir si, comme pour le Grimdark, ces trois styles ne sont pas plus des tons, des ambiances ou des thématiques ajoutés par-dessus les codes d’un sous-genre de Fantasy qui fait, lui, l’unanimité, la Dark Fantasy le plus souvent. Exemples et contre-exemples peuvent servir à appuyer les deux thèses : toute Fantasy politique n’est pas forcément de la Dark Fantasy, et encore moins du Grimdark (cf, par exemple, la trilogie de l’Empire de Feist / Wurts ou le diptyque Chevaux / Fleuve céleste de Guy Gavriel Kay), on peut théoriquement envisager une Fantasy militaire très « héroïque » ne mettant pas l’accent sur la violence et le réalisme cru, et on pourrait, dans la même veine, imaginer une Fantasy de crapules adoptant plus un ton très « Cartouche » / Cape et d’épée que sanglant et sombre. Même si, il faut bien le dire, le plus souvent, ces trois sous-genres s’inscrivent dans celui, plus large, de la Dark Fantasy.

Je pense en tout cas, que ces thématiques sont suffisamment distinctives pour éviter de se contenter d’une simple sur-couche ou étiquette par-dessus de la Dark Fantasy (voire autre chose), et que cela mérite donc une vraie classification de sous-genre en bonne et due forme.

Sous-genre ou étiquette marketing : comment les différencier ? Qui décide ? 

Comment différencier un « vrai » sous-genre d’une pure étiquette marketing ? Sur quels critères ? Qui décide ? Je pense avoir déjà répondu à la première question dans ce qui précède : pour moi, il faut qu’un sous-genre potentiel ait suffisamment de caractères distinctifs, de codes, le séparant de son sous-genre ou genre parent pour être considéré, potentiellement, comme une nouvelle subdivision taxonomique à part entière. Après, tout est question d’utilisation et de reconnaissance internationale de ladite catégorie : en France, on emploie des termes ou classifications comme Bit-lit ou Fantastique, qui n’ont pas de réelle existence dans le monde anglo-saxon. Et comme nous l’avons vu, le terme « Grimdark » et ce qu’il recouvre ne fait pas, lui non plus, l’unanimité. Potentiellement, n’importe qui peut inventer un nouveau sous-genre dans son coin : Dionysos du blog Le Bibliocosme a, un beau jour, forgé celui de Water Opera à propos d’une sorte de Space ou Planet Opera sous-marin. Je l’ai repris (avec son autorisation), mais qui, à part nous deux, l’utilise ? (pour l’instant…).

Donc, potentiellement, chaque personne tentant de donner sa version d’une taxonomie de la littérature de l’imaginaire pourra donner sa propre signification à chaque terme, ainsi qu’une importance en accord avec cette dernière. Cela veut-il dire que toute classification de la SFFF se vaut ? Certainement pas. Il y a des points qui font, ou devraient, faire consensus dans toute version d’un tel arbre de classification, et d’autres qui sont ouverts à discussion, choix ou interprétation. Personnellement, j’ai choisi… de ne pas choisir, le plus souvent : dans ma taxonomie, je vous ai exposé les différentes versions de la définition de tel ou tel terme, genre ou sous-genre ce qui, à mon humble avis, est la meilleure façon de procéder. Cela vous évite de vous retrouver dubitatif quand, visiblement, quelqu’un emploie un terme dans un sens qui n’est pas celui, mainstream, que vous connaissez. On se rappellera, notamment, des nombreuses variations recouvertes par High Fantasy ou Fantasy Historique : la première, par exemple, peut correspondre à la Fantasy Tolkienienne (en gros), à une Fantasy se passant forcément dans un monde secondaire (imaginaire) ou au degré élevé d’éléments surnaturels présents dans l’univers, que ce soit le nôtre ou pas ! Bref, juste vous dire « la High Fantasy est dérivée de Tolkien et de la saga Arthurienne », c’est très réducteur.

 

 

27 réflexions sur “Comprendre les genres et sous-genres des littératures de l’imaginaire : hors-série n°4 – Sous-genre ou simple étiquette marketing ?

  1. Très intéressant, sur chaque chapitre je te rejoins et la cohérence de la réflexion sur l’article entier est solide.

    La Bit-lit est une étiquette, même peut-être une collection maison en fait, mais pas vraiment un genre. J’en ai pas encore lu mais y’a de sombres merdes dedans apparemment, ma compagne a testé par curiosité, elle a beaucoup aimé Succubus par exemple, et trouvé Maeve Reagan nul à chier (et le plus populaire est ce dernier). Et mon dieu, ces couvertures horriblement kitch de milady…

    Je suis aussi d’accord aussi sur le grimdark, c’est globalement un ton mais il se retrouve dans plusieurs genres. J’aime pas quand c’est « trop » grimdark, ça devient caricatural et un peu lourd, malheureusement c’est à la mode et on y va de plus en plus loin.

    Pour le YA j’ai jamais vraiment acheté ça sans savoir et en étant déçu par sa simplicité (un truc adulte mais débilisé), c’est même le contraire, du coup je prendrai le problème dans l’autre sens. Comme toi j’ai lu des trucs « d’adultes » à 12 ans (plutôt du fantastique/horreur, King, Masterton, Koontz, Barker). Par contre j’ai lu des trucs avec les « schémas » YA par des bons auteurs du haut de mes 34 balais (La mer éclatée d’Abercrombie, ou spellslinger de De castell) et c’était très bien. Réduire son public aux seuls ados en le rangeant dans le rayon YA est d’une stupidité sans borne. Un bon livre est un bon livre, un mauvais livre pour adulte fera un mauvais livre pour un ado, c’est juste qu’il s’en rendra moins compte et que c’est rarement lui qui paye ses lectures, du coup c’est plus facile à refourguer aux parents. Donc solution marketing pour refourguer de la mauvaise came, mais qui pénalise les bons écrivains.

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  2. Bel article encore une fois.
    Dans ma vision, la « Bit-lit « regroupe la bit-lit avec vampires, loup-garous et tutti quanti qui mord de près ou de loin, la paranormal romance et l’urban fantasy au sens ou tu l’entends. C’est globalement plus qu’une étiquette marketing bien que cela reste la raison majeure de cette dénomination. Elle a le mérite d’être claire pour le public. J’en ai lu : c’est bon au bout d’une dizaine de romans, j’en ai fait le tour. C’est assez interchangeable à mes yeux. Au moins, je sais que j’évite cette étiquette. Alors certes, ce n’est pas un sous-genre à part entière, mais cela demeure une excellente indication (ou contre-indication). Est-ce une raison suffisante pour en faire un sous-genre ? Cela reste à voir, mais il y a des arguments (pas des codes) pour.
    Il y a un petit point qui me chagrine toutefois en ce qui concerne l’urban fantasy. J’en en ai une conception personnelle plus « large » tout en étant peut-être plus réductrice. Généralement, j’y attend des enquêtes « paranormales » (avec ou sans histoire d’amour) dans un univers fantasy moderne. Je ne le restreins pas à de la romance et des paillettes vampiriques (qui pour le coup devrait rester dans la catégorie bit-lit), puisque j’y inclus cette fantasy se déroulant à compter du XX°, plutôt en ville avec des romans du style de Magie brute de Larry Correia, Ben Arraonovitch, Duncan,.. mais aussi Coeur d’acier de Sanderson. Ainsi, pour moi, L’urban fantasy a vocation à être un sous genre.
    Pour la Grimdark, j’ai du mal a voir a plus-value par rapport à la Dark,….
    La fantasy de crapules reste à voir…
    100% de ton avis sur l’étiquette YA : les attentes différent par rapport à un roman adulte. C’est important cette classification qui ne concerne pas les genres et les sous-genres, mais le public. Nous retombons dans le cas de figure de la bit-lit.

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    • L’urban, c’est à l’origine toute Fantasy à cadre urbain par opposition à forestier ou assimilé, sans distinction de monde imaginaire ou réel ou contemporain ou pas. C’est ensuite que ça a glissé vers l’interprétation moderne du « éléments surnaturels dans un cadre urbain, contemporain et technologique (dans le monde réel) ». La paranormal romance, c’est une littérature de romance dont un des deux amoureux au moins est un être surnaturel / avec des pouvoirs (pour schématiser en très, très gros) ou à la rigueur, avec une romance dans un cadre avec des éléments surnaturels. Et la Bit-Lit, c’est un terme marketing regroupant des bouquins qui, techniquement, sont (normalement) de l’urban ou de la PR. C’est aussi simple que ça. On pourrait tout aussi bien réunir de la Dark Fantasy, de la SF militaire et de la Hard-SF et appeler ça de « l’Apophis SFF », ça n’en ferait pas pour autant un nouveau sous-genre, mais bel et bien une étiquette marketing collée sur des bouquins déjà classés dans des sous-genres établis et reconnus.

      Le Grimdark, pour moi, c’est de la Dark Fantasy hardcore / extrême / explicite. Ou de la DF « show » par rapport à la normale, qui est plutôt « tell », si tu vois ce que je veux dire. De plus, la DF pré-Grimdark était une fantasy d’ambiance noire et d’horreur (donc un minimum subtile), tandis que la moderne est du G.R.R. Martin et compagnie : en gros, du cul, des combats, du cul, une tuerie, un viol, un massacre, de l’inceste, une décapitation, et ainsi de suite. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas bien, juste que c’est différent (mais faut aimer la baise et les coups de hache, hein).

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  3. Très bon article, argumenté et solide, comme dit plus haut.

    Le problème avec les étiquettes c’est qu’elles peuvent conduire à des loupés. Elles peuvent amener des lecteurs à passer à côté de très bon livre, juste du fait qu’ils sont taxés de YA ou de SF. Elles sont à la fois nécessaires et néfastes. Personnellement, j’essaie de ne pas trop y prêter attention, ou de ne pas trop les souligner dans mes chroniques. Mais c’est mon avis et ma vision des choses. Combien de lecteurs de « blanche » sont passés à côté d’un chef d’œuvre de la SF à cause de l’étiquette ? Combien d’entre nous sont passés à côté d’un très bon livre juste parce qu’il est estampillé Young Adult ? Et combien sont passés à côté de monuments littéraires classiques, juste parce qu’ils sont classiques ? C’est ce genre de pièges qui m’agace avec les étiquettes.

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    • Merci.

      Je pense qu’il ne faut pas confondre étiquette et sectarisme. Je vais prendre mon cas : j’ai, à la base, il est vrai très peu d’affinités avec le YA, pourtant ça ne m’empêchera pas d’en lire si un nombre suffisant de personnes ou un commentateur en qui j’ai toute confiance (Lutin, Boudicca, l’ours inculte, etc) m’assurent que le livre X est de grande qualité et parfaitement lisible par un adulte. Maintenant, je sais que dans le YA, ce niveau de solidité constitue une exception et pas forcément la règle, donc je suis bien content de voir un livre clairement estampillé YA, au moins je sais que je ne dois pas me précipiter dessus avant d’avoir un retour fiable. Au final, je ne m’estime pas sectaire, attitude qui se traduirait par le rejet systématique de tout livre YA, quelle que soit sa valeur littéraire réelle. En revanche, je fais preuve de ce que j’estime être une salutaire méfiance au regard de mon peu d’affinité avec cette catégorie de romans. De ce point de vue, une étiquette est clairement nécessaire ou utile.

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      • Le young adult ça vient d’où ? De la volonté de trouver des œuvres passerelles pour des adolescents décrocheurs de la lecture. Des œuvres de transitions entre littérature jeunesse et littérature adulte. Bref, faire lire des gens qui sinon abandonnerait la lecture.
        Dans les années 2000, on a li’mpression que le young adult est limité à un certain nombre de thématique. mais si l’on si’ntéresse à ce qui se publie chez les anglophones, on se rend compte que c’est loin de se limiter à la distopie et à la bit lit comme on aurait l’impression en regardant les catalogues de certaines collections spécialisées. On trouve de la higj fantasy, du space opera, du cyberpunk dans des collections young adult alors que ce n’est pas le cas en France.

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  4. Ah, je comprends que l’on puisse classer la bit-lit en romance paranormale ou en urban fantasy (d’ailleurs, pour moi la bit-lit est un sous-genre direct de l’urban fantasy), mais… Je dois bien rendre justice à ma soeur qui est une fan inconditionnelle de bit-lit et qui, pourtant, déteste les romances !

    Bon, je ne sais pas si cela mérite un genre à part entière, mais pour en avoir lu (un peu) et en avoir discuté avec ma soeur (beaucoup), la bit-lit se définit pour moi comme étant une romance très décalée. Apparemment, il n’y a pas de mièvreries dégoulinant d’amour ni de déclarations enflammées, mais plutôt un humour, disons, particulier (dans l’ironie, le second degré, bref encore une fois décalé). Or, Twilight ne rentre pas du tout dans cette catégorie… D’où ma distinction : la bit-lit est une sorte de sous-genre de l’urban fantasy, puisqu’elle aborde le même genre de thématique mais sous un angle bien différent. Après, on peut parler de ton, en effet 😉 Mais le terme « bit-lit » reste un bon indicateur pour les personnes qui veulent éviter la romance paranormale classique (enfin, comme maintenant, tout le monde mélange tout, pas si sûr…).

    Concernant la jeunesse, je te rejoins sur bien des points ; j’ai été déçue par des ouvrages YA qui promettaient monts et merveilles, mais dont le niveau n’atteignait pas des sommets :s. Ceci dit, je fais une différence entre les livres tout public et jeunesse : les premiers, pour moi, comprennent plusieurs niveaux de lecture et sont donc susceptibles de correspondre à plusieurs tranches d’âge (ex : A la croisée des Mondes), tandis que les seconds sont en effet dédiés aux plus jeunes. Encore que… on n’a pas les mêmes lectures à 12 ans qu’à 15 ans et pourtant, il n’y a jamais que 3 ans d’écart. Je pense que les appellations Young Adult et New Adult auraient pu donner une catégorisation intéressante… si celle-ci avait été respectée (enfin, j’imagine qu’on peut estimer qu’un livre est pour les 10 – 13 ans et notre son voisin plutôt pour les 13 – 15 ans…).

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    • Ton retour sur la Bit-lit est très intéressant !

      Oui, c’est le mélange qui est fait sous un même terme (YA) qui me dérange. Il aurait en effet fallu respecter une stricte nomenclature pour que chacun puisse s’y retrouver, en précisant la tranche d’âge conseillée (et en incluant les adultes, le cas échéant, si différents niveaux de lecture étaient possibles). Même si je suis mal placé pour en parler, vu que j’ai commencé la SFFF adulte vers 11 ans et que je ne suis jamais passé par la SF ou la Fantasy « jeunesse » (à part les livres dont vous êtes le héros et Bilbo le Hobbit). Je suis parti direct dans Lovecraft et Moorcock (ce qui explique que je sois légèrement traumatisé mentalement aujourd’hui 😀 ).

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      • Mercii 🙂

        Ah, ah, en effet, tu étais jeune 😉 Personnellement, c’est Harry Potter qui m’a vraiment donné le goût de la lecture (à 12 ans) et qui m’a révélé quels genres littéraires j’appréciais. Le gros cliché quoi 😉
        Mais je suis rapidement passée aux lectures adultes, même si j’ai quelques références en jeunesse : Pierre Bottero, Philip Pullman, Christopher Paoloni, C.S. Lewis et… je crois que c’est tout ^^

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  5. Comme toi je n’ai pas eu d’enfance. Notre innocence aura été anéantie trop jeune par les témoignages de Randolph Carter et les thès aux herbes de Melniboné. A partir de là, que veux tu donc qu’on entende quoi que ce soit à la Bit-Lit ou à la Young Adult ? Ce n’est pas tant cette époque marketing qui est pervertie, ce sont les chuchotements dans les ténèbres que nous avons entendus avant la puberté. Pour cela, je blâme les Grands Anciens.

    Mais délaissant un instant la question de Yog-Sothoth dans les interstices de la fabrique de l’univers où il se cache, bit-lit et young adult n’étaient pour moi que des classifications de libraire pour indiquer les interstices des rayonnages où mon regard jamais ne devait se tourner au risque d’y perdre ma santé mentale. Du coup, je vois personnellement un intérêt évident à cet étiquetage hors taxonomie réfléchie. Tout comme le panneau « interdiction d’entrée » n’indique de la nature du monstre par delà le seuil, mais plutôt la marche à suivre. A l’inverse, si on me vend un bouquin de Fantasy et que je me retrouve avec de la Young Adult, j’invoque immédiatement une paire de chiens de Tindalos aux trousses de l’auteur. Donc je préfère qu’on me dise tout de suite que c’est vendu sous l’étiquette Young Adult, ce après quoi le genre ou sous genre taxonomique dans lequel il s’inscrit ne m’importe plus guère.

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  6. Un excellent article, comme d’habitude et c’est toujours aussi plaisant de te lire. J’apprends des choses (je ne savais pas que Bragelonne avait inventé le terme de Bit lit). En ce qui concerne le YA, tu n’y vas par le dos de la cuillère mais je suis tellement d’accord avec toi!

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  7. Ping : Malice – John Gwynne | Le culte d'Apophis

  8. Ping : A gathering of ravens – Scott Oden | Le culte d'Apophis

  9. Belle analyse, merci.
    Tout a fait d’accord pour la YA, ça n’a qu’un sens commerciale et heureusement que les adulescents ne lisent pas que ça, c’est limité. En plus comme tu l’as dit la mer éclatée aurait pus passer sous les radar alors que c’est un bon cycle (et j’ai 35 ans).
    A quand une analyse sur : genre et sous genre quelle pertinence ? Ou comment classé les textes écrits en respectant un cahier des charges et ceux nés d’une véritable envie (autre que purement commerciale) de l’auteur ?
    Il y aurait a dire !

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    • La pertinence des sous-genres est évoquée dans plusieurs des articles ou dans leurs commentaires . Pour le reste, je pense que l’intention de départ (commerciale ou pas) importe peu, seul importe, pour le classement taxonomique, le résultat final.

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  10. Oui,
    Mais ce n’était pas dans ce sens que je disais cela, les deux propositions étaient liées dans mon post, mais je me suis mal exprimé.
    Je parlais plus du rapport entre ce que l’auteur veut raconter (le fond : pourquoi) et quelles artifices il utilise (la forme : le genre\sous genre) pour y arriver. Et par extension la forme est-elle le sujet ou un biai ?
    Mais, est c’est pour ça que j’apprécie tes critiques, tu le fait tres bien en parlant de tes lectures.

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