The last watch – J.S. Dewes

Jon Snow chez les romains de l’espace

The_last_watchJ.S. Dewes est une autrice américaine, dont The last watch est à la fois le premier roman (mais la dame a un background dans l’écriture pour l’audiovisuel, apparemment) et le tome inaugural d’un cycle appelé The Divide. Le tome 2 arrive d’ailleurs très, très vite, puisque alors que The last watch n’est sorti que le 20 avril 2021, sa suite, The exiled fleet, débarquera dès le 17 août !

Alors qu’il est présenté comme un mélange entre The Expanse (ce qui est faux) et Game of thrones (ce qui est vrai, du moins sur un point très précis), ce livre doit en fait beaucoup à d’autres sagas ou sous-genres de la SFFF, et la présentation fait, à mon avis, complètement l’impasse sur deux éléments qui hissent ce récit au-dessus de la concurrence : un grand sens de l’humain et surtout un énorme, monstrueux, gigantesque Sense of wonder dans sa dernière partie (dans les 15 derniers %, en gros). Ce n’est certainement pas un bouquin parfait (c’est une première œuvre, après tout, et ça se sent parfois nettement), mais dans la masse de NSO ou de SF militaire publiée chez les anglo-saxons, ça s’élève au-dessus du niveau de l’eau de la tête et des épaules. Je ne lui décernerais donc pas le titre (envié, si, si) de (roman) Culte d’Apophis, mais en tout cas, ça a été une rudement bonne surprise, tant le début était relativement moyen (bien que poussant à en lire sans cesse un petit peu plus) mais tant le bouquin n’a fait que prendre de l’ampleur au fur et à mesure que j’avançais. Je m’attendais à un roman sympa mais mineur, et finalement, sans en faire un monument, je suis sincèrement motivé pour lire la suite.

Univers *

* The great divide, Enchant, 2014.

L’écrasante majorité de la SF se déroule dans notre univers, même si cela peut être, selon l’expression consacrée par Star Wars, il y a bien longtemps et dans une galaxie très lointaine (ou dans un lointain futur et dans un coin éloigné de la nôtre, peu importe). Mais, dans certains cas, comme je vous l’expliquais dans mon article sur l’Universe Opera, une autrice ou un auteur peut décider d’inscrire son intrigue dans un contexte dont les lois physiques / le destin cosmologique sont différents du nôtre. Dans celui imaginé par J.S. Dewes, plusieurs millions d’années avant le début du roman, la gravité totale du contenu en matière et en énergie de l’univers a réussi à stopper l’expansion impulsée par l’énergie noire, ce qui fait que l’univers est devenu statique : il ne subit plus d’expansion, mais ne se contracte pas non plus (les plus férus de cosmologie parmi vous pourront se poser des questions, mais pas de panique, l’autrice y répondra). Par contre, il a un bord, appelé The Divide (la fracture, la division, la séparation, etc), d’où le nom du cycle, au passage. C’est, littéralement, la frontière entre l’être et le néant : tout ce qui la franchit vers l' »extérieur » cesse tout simplement d’exister, puisque par définition, il n’y a rien en-dehors de l’univers (de celui-ci, du moins : la cosmologie du multivers, connaît pas !). C’est aussi un lieu de violentes perturbations gravitationnelles et temporelles : si vous êtes assez près, des apparitions fantomatiques de votre « moi » futur, appelées doppelgängers, peuvent apparaître, avant de disparaître spontanément. Perturbant, mais pas dangereux. En revanche, si vous vous en approchez trop près, vous pouvez vieillir plus vite que quelqu’un situé dans une zone plus banale de l’espace-temps. Un personnage (pas-si) secondaire vieillit ainsi douze fois plus rapidement que sa compagne. En revanche, vous pouvez apparemment « surfer » sur les perturbations spatiales pour vous déplacer très rapidement.

Les humains de cet univers ont conquis toute leur galaxie, si j’ai bien tout saisi, qui n’est évidemment pas la Voie Lactée, puisqu’il ne s’agit pas de notre cosmos. Nulle mention de la Terre, donc, mais d’une société qui est pourtant très inspirée par la Rome antique, surtout au niveau militaire : on parle de Légion, tous les grades sont romains ou byzantins (même s’ils sont parfois employés d’une façon pas très orthodoxe, mais passons), comme Centurion, Optio ou Excubitor, mais avec un fort parfum de Mass Effect (qui s’étend d’ailleurs à d’autres pans du livre) derrière. Les Titans sont les membres des forces spéciales d’élite, les Vanguard un équivalent des forces de reconnaissance des Marines, si j’ai bien tout décodé. Mais le roman est surtout centré (et j’en reparlerai en détails plus loin) sur les Sentinelles, qui, comme leur nom l’indique, gardent… le Divide.

L’organisation spatiopolitique fait penser à un mélange de Star Wars et de l’univers d’Alien, avec un Inner / Outer Core, un Outer Veil, etc, et la mention de tout un tas de systèmes et de planètes, tous fictifs (rappelez-vous qu’il ne s’agit pas de notre univers : impossible de parler d’Alpha du Centaure, par exemple). Le tout étant organisé en une République appelée System Collective (SC). Ou presque, puisqu’il est explicitement mentionné que certains pans de l’espace échappent à la juridiction du SC. Il y a aussi des Allied Monarchies qui font partie du SC, même si l’autrice n’explique jamais clairement comment les deux structures (et un machin appelé le Quorum : le Sénat Galactique ?) s’emboitent. Ce n’est d’ailleurs pas le seul point où elle est un peu trop floue, puisque je n’ai pas trop compris si la Guerre Viator (voir plus loin) avait eu lieu il y a des millénaires et avait pris fin il y a deux siècles ou si elle avait eu lieu il y a deux siècles tout court. Bref.

Quoi qu’il en soit, la galaxie humaine-dont-on-sait-pas-comment-elle-s’appelle (je sais pas, moi, la « Giclée de lait maternel d’Héra », c’est compliqué ou quoi ?) se situe à 93 millions d’années-lumière de la Divide. Moi qui me lamentais il n’y a même pas deux ans (dans cet autre article) que la SF moderne était vraiment trop timorée à mon goût en matière d’ampleur spatiale (en comparaison de la Hard SF de l’extrême ou du Space Opera de l’âge d’or), eh bien là, du coup, je n’ai aucun motif de plainte. On s’y rend via des Portes Apollon (Apollo Gates) qui, comme toute la technologie humaine moderne, sont un héritage des Viator (en latin « le pélerin » : ce terme ne prendra son sens véritable que dans la dernière partie du livre). Ceux-ci sont des extraterrestres (humanoïdes mais à exosquelette-comme-un-Alien-de-Ripley) qui ont débarqué il y a oh, plus que ça (voir ma remarque plus haut…), pour exterminer les humains, comme ils exterminent toutes les espèces intelligentes (il est dit qu’ils ont annihilé une demi-douzaine de races vivant dans la même galaxie que les humains, ce qui a d’ailleurs permis à ces derniers, par la suite, de l’occuper entièrement sans être embêtés -ou presque, mais nous y reviendrons). Selon certains, ils seraient arrivés en passant au travers de la Divide, ce qui est grotesque puisque du côté « extérieur », il n’y a que le néant ; selon d’autres, ils auraient « surfé » sur le bord de l’univers pour parcourir d’énormes distances en peu de temps. Quoi qu’il en soit, les machins n’y sont pas allés de main morte, militarisant même la stérilité (ce qui rappelle un peu le Gynophage de Cœurs d’acier), avant que les humains ne leur renvoient un virus équivalent dans la figure. Ce qui a conduit les Viators (si j’ai bien saisi, là aussi c’est flou) à créer de la chair à canon par génie génétique et hybridation avec de l’ADN humain, à savoir les Savants (le cerveau) et les Drudgers (les muscles, les soldats). À la fin de la Viator War, tous les aliens ont été exterminés, mais des enclaves des hybrides ont subsisté dans l’espace humain (que serait Rome sans les barbares ? D’ailleurs, dans le même ordre d’idée, Divide = Limes).

Sauf que… Dix ans avant le début du roman, on a découvert par hasard (Hum… Non, rien) une flotte Viator, qu’il a bien fallu exterminer (spoiler alert : les humains en ont chié). Ce qui était la preuve qu’il y en avait peut-être d’autres, ailleurs. Et qu’ils allaient peut-être venir au travers de / en surfant sur la Divide. Celle-ci est donc surveillée par une série de « bouées » d’alerte, puis, plus loin (pour éviter au maximum les effets temporels) par une ligne de cuirassés obsolètes, auxquels on a retiré leurs hyperpropulseurs (pour éviter que les soldats affectés, littéralement, au bout du monde -ou plutôt de l’univers- n’aient la tentation de déserter leur poste) et qui servent peu ou prou de forteresses statiques. On y affecte les officiers qui ont fait des conneries ou les soldats condamnés en cour martiale. Ce sont les Sentinelles. En cas de gros problème, et pour le ravitaillement, un vaisseau auxiliaire peut de toute façon rejoindre une Porte Apollon située à quelques heures / jours / semaines de vol supraluminique, pas vrai ?

Inspirations (Jon Snow dans l’espaaaaaaace)

Alors à moins d’avoir vécu au fond d’une grotte ces dix dernières années, si je vous dis « Au bord du monde, une ligne de forteresses décrépites protège les terres des humains d’une invasion par des créatures monstrueuses ; ces postes militaires sont tenus par des criminels, condamnés à cette servitude en raison de leurs torts passés, mais il se trouve que le descendant d’une noble lignée vient d’y débarquer, alors qu’à la base, il n’a rien à y faire », vous allez me répondre Jon Snow (ou Jean Neige, comme j’aime à l’appeler) et Le trône de fer. Eh bien oui, mais pas que. Car c’est très exactement le postulat de départ The last watch (The last watch, The night’s watch, pareil !) : le roman s’ouvre sur le débarquement, sur le poste de contrôle central de la Divide, le cuirassé SCS Argus, de Cavalon Mercer, qui non seulement n’était pas soldat, n’a eu aucun entraînement militaire (ce qui, vous vous en doutez, va le ravaler, souvent, au rôle de candide de service et de pompe à déballage d’infos), mais qui en plus, est le petit-fils du plus puissant dirigeant des Allied Monarchies, Augustus Mercer. Il a donc des « Royal Imprints », de pure technologie Viator. Les Imprints sont des sortes de « tatouages » nanotechnologiques conférant une force / résistance surhumaine (quasi-super-héroïque) à leurs porteurs : la plupart sont issus de la tech humaine (qui est elle-même issue / inspirée / obtenue par rétro-ingénierie de celle des Viator, mais en moins efficace), mais ceux des lignées royales ou des Titans (l’élite des Forces Spéciales de la Légion) sont de pure souche Viator. C’est donc Jon Snow, le type qui n’a rien à faire dans la Garde de Nuit, parmi les criminels (même si dans le bouquin de Dewes, la fin remet bien des choses en perspective), mais qui s’y retrouve tout de même, pour cause de sombres machinations politiques. Au passage, cette idée du type enrôlé dans l’armée qui se retrouve dans une place-forte perdue au bout du bout de l’univers humain rappelle le bien nommé (pas si) court roman The fortress at the end of time de Joe McDermott (que je n’ai pas réussi à finir tant il m’a ennuyé).

Voilà pour l’inspiration GoT. J’ai déjà parlé de Mass Effect, du fait que pour moi, la mention de The Expanse est folklorique, tant ça n’a rien à voir, mais il y a une inspiration qui est évidente au début et surtout à la fin de la lecture, que l’autrice mentionne explicitement dans les remerciements, et qu’il aurait été bien plus pertinent, à mon sens, d’utiliser pour le marketing : Battlestar Galactica. Ou le trope, très répandu en SF militaire, du vaisseau qui tombe quasiment en ruine / est totalement obsolète, mais qui pourtant, va se révéler être le dernier rempart de l’Humanité quand la situation géostratégique va dégénérer. De même, le trope de la bande de bras-cassés menée par un héros de guerre est tellement fréquent (surtout dans les auto-édités SFF récents) qu’on a presque dépassé le stade du motif scénaristique récurrent pour entrer dans celui du cliché. Mais je le répète, la fin va remettre bien des choses en perspective.

L’œil averti captera aussi un probable clin d’œil à Rama (il semblerait que les Viator fassent tout par trois), un pas si mineur à l’univers d’Ender (et de toute façon, l’emploi du terme Xenocide est très connoté Orson Scott Card), et la relation Adequin Rake / Griffith rappelle celle de Siri et de Merin (et j’aurais d’autant moins tendance à croire que c’est fortuit quand on prend en compte l’utilisation d’une sorte d’anti-maladie de Merlin).

Base de l’intrigue, personnages

L’intrigue, donc, s’ouvre sur le débarquement de Cav Mercer chez les Sentinelles, où son commandant est A. Rake (non, pas Anomander… Un autre clin d’œil ?), Titan, officier supérieur et héroïne de guerre. D’emblée, le jeune homme va avoir des problèmes avec ses petits camarades, en raison de ses origines nobles et du fait que fondamentalement, c’est un poids mort vu qu’il n’a eu aucune formation militaire. Sauf que… le Second (pardon, l’Optio…) de l’Argus va découvrir que le vaisseau bouge, et que les propulseurs servant à maintenir sa position ne peuvent pas compenser ce mouvement d’origine inconnue. Jusqu’à ce qu’on découvre que ce n’est pas le vaisseau qui bouge, et que le fait que Cav ait des Royal Imprints, une mémoire quasi-absolue, trois doctorats et qu’il soit aussi intelligent que possible (ou presque) n’en fait pas quelqu’un de si inutile que ça !

On notera avec beaucoup d’intérêt (même si c’est très fréquent en littérature SFF, ainsi que dans le monde audiovisuel dont est issu J.S. Dewes) que tout oppose ce duo de protagonistes : leur enfance (misérable ou privilégiée), leur background militaire (d’élite ou pas de formation militaire du tout), leur enrôlement (volontaire ou pas), leur attitude, leur personnalité, etc. J’en profite d’ailleurs pour dire que même si l’autrice a l’air d’avoir un redoutable sens de l’humour (une de ses présentations dit en substance que son mari est un demi-boulet mais que puisqu’il la fait rire, elle a décidé de rester avec lui), elle en fait parfois un peu trop dans ce registre, et que le côté joker / sale gosse de Cav est un peu lourd au début du roman, même si ça s’arrange beaucoup par la suite. D’ailleurs, côté thématiques de fond, on n’est pas vraiment là pour rigoler non plus : eugénisme, travail forcé, discrimination systémique, magouilles politico-militaires, on a plus l’impression d’être chez l’excellent Adam-Troy Castro que chez Bozo le clown, si vous voyez ce que je veux dire. Je pourrais aussi vous citer une autre influence, mais en très exactement quatre lettres, je commettrai un spoiler majeur.

Notez aussi que le point de vue varie entre les deux protagonistes (un seul Pdv est présenté par chapitre), mais par sur une base régulière (il peut y avoir 3 ou 4 chapitres consacrés à Rake d’affilée) et pas de façon équilibrée (je n’ai pas tenu de compte précis, mais j’ai le sentiment que le pdv de Rake est assez largement majoritaire, même si à la fin du livre, je n’ai pas eu le sentiment qu’un des deux personnages principaux avait été significativement moins développé que l’autre). Notez que certains des personnages secondaires (Jack, Griffith) sont correctement développés, que d’autres sont un peu plus flous, et que la plupart ne servent qu’un but précis et sont brossés à très grands traits.

Notez enfin que quelques chapitres consacrés à Rake (mais pas à Cav, qui ne raconte son passé que via des récits, des dialogues) sont des flashbacks.

Go big or go home

Dès lors, la suite de l’intrigue va être, littéralement, une série de catastrophes auxquelles il faut échapper, de problèmes techniques urgents à résoudre, le tout saupoudré de quelques combats et surtout d’un grand nombre de révélations sur le passé des deux protagonistes (Cav / Rake) et sur l’Histoire et la politique de cet univers. Le tout étant globalement très rythmé, même si on n’échappe pas à des descriptions parfois trop poussées, des scènes occasionnellement trop longues et plusieurs dialogues qui sont vraiment trop étendus. Des maladresses propres à un premier roman, en gros (au passage, le fait que le tome 2 sorte aussi vite après le premier n’a pas que du bon : l’autrice n’aura probablement pas eu le temps de prendre en compte les remarques de ses lecteurs pour améliorer son deuxième bouquin). Il faut toutefois remarquer que si après un début intéressant, une partie de la suite se révèle vaguement poussive, plus on avance, et plus c’est intéressant, et ça le devient vraiment beaucoup à partir du moment où la dimension Big Dumb Objects du livre apparaît (et je n’en dirai pas plus), et où l’aspect Universe Opera subit un twist et prend une ampleur que j’aurais dû soupçonner mais que pourtant, je n’ai pas vu venir, mais qui balance pourtant littéralement du Sense of wonder par paquets de douze. Et je n’exagère vraiment pas ! Dans son genre, c’est aussi le livre de SF apocalyptique le plus extrême depuis un certain roman (épouvantablement difficile / exigeant) d’un auteur de Hard SF très connu, ou depuis le cycle le plus apprécié / connu d’un de mes auteurs britanniques favoris.

Mais l’aspect émerveillement / construction de l’univers n’est pas le seul intérêt de The last watch : pour un premier roman, l’autrice fait pratiquement aussi fort dans la description, très humaine, de ses personnages principaux et de leurs relations entre eux ou (surtout) avec les secondaires (voire avec des personnages hors-champ comme Augustus), de leur passé, de la façon dont ils expient leurs fautes (ou du moins celles dont ils se rendent eux-mêmes responsables), de leurs amours, et ainsi de suite. Ce sont des personnages nuancés, crédibles (si on passe sur le côté « monsieur je sais tout faire » de Cav et sur le côté super-héroïque des Imprints), capables de mauvaises pensées, voire actions, mais aussi et surtout de grandeur d’âme. Il y a un aspect roman d’apprentissage, côté Cav, et un aspect romance, côté Rake, mais les deux sont plutôt bien réalisés, et même chez quelqu’un d’allergique à toutes ces sortes de choses comme votre serviteur, ça passe plutôt bien. Et puis bon, parlez-moi de romains de l’espace et de Portes Apollon et j’oublie tout, bordel, je suis faible avec les romains, même de l’espaaaace. Surtout quand en plus, la sympathique autrice balance comme ça, au détour d’une phrase, que son univers fait 20 000 milliards d’années-lumière de large, nom de moi-même !

Finalement, j’étais parti sur l’idée que ce serait une lecture mineure mais sympa, et plus j’avançais, plus je prenais plaisir à la chose, et j’ai vraiment hâte de lire la suite (où l’aspect BSG va clairement se renforcer, du coup). Ce qui est bien préférable aux machins survendus du genre The unbroken, qui a été une grosse déception, pour ma part. Bref, si vous aimez la SF militaire, les personnages très humains, que vous voulez voir un Jon Snow de l’espace, du Sense of wonder par paquets de douze, un type qui crée une micro-étoile sur un coin de table avec deux jerrycans d’hydrogène, et que vous êtes prêt à passer l’éponge sur quelques maladresses propres à une jeune autrice, The last watch a bien des atouts pour vous séduire  😉

Niveau d’anglais : aucune difficulté (les grades militaires romano-byzantins, à la rigueur, mais on s’y fait vite, au moins pour les plus importants dans le récit).

Probabilité de traduction : vu qu’il n’y a plus qu’un seul éditeur majeur qui n’est pas ouvertement hostile / outrageusement frileux envers la SF militaire dans ce pays, que son nom est Bragelonne, et qu’il a les difficultés que l’on sait, je dirais que les chances que ce livre soit traduit sont plutôt faibles, à moins qu’un Lecteur (avec un grand « L ») ait su convaincre son patron que tout de même, ce sense of wonder de folie valait bien de publier, pour une fois, de la SF militaire, nom d’un Chaos Rampant (c’est moi, parce que dieu du Chaos et serpent géant).

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Lianne,

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36 réflexions sur “The last watch – J.S. Dewes

  1. Je n’ai pas trop suivi ce qu’il s’est passé dernièrement chez L’Atalante, ils évitent de publier de la SF militaire, maintenant ? Leurs séries marchaient pourtant bien, qu’il s’agisse de « Lazare en guerre », « La flotte perdue », ou « Honor Harrington »…

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    • Disons qu’il y a eu un gros revirement idéologique ces dernières années chez eux, et que depuis environ deux ans, en parallèle, ils ont décidé de se réorienter vers une SF (et un peu FF) exigeante et élitiste, parce que d’après eux, c’est ce que le lectorat veut. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que le lectorat SFFF s’est réduit à quelques milliers de personnes, et que l’urgence, c’est de proposer des bouquins ACCESSIBLES pour le faire grossir, donc de faire exactement l’inverse de ce qu’ils font.

      Niveau SF militaire, ils vont clairement garder Honor Harrington et La flotte perdue, parce que ça rapporte le pognon nécessaire pour financer ce qu’il veulent sortir (les Vita Nostra et compagnie), mais les romans ou les cycles de SF militaire potentiellement intéressants s’accumulent dans les sorties anglo-saxonnes et ils ne montrent plus aucun signe de vouloir les sortir. Il y a quelques années, je pense qu’ils auraient traduit Valiant dust de Richard Baker sans trop de problèmes, par exemple.

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        • En 1990, un bouquin de SF PASSABLE se vendait sans problème à 15000 exemplaires, et un très bon à 50000 (voire bien plus, pour Dune par exemple) ; aujourd’hui, quand un auteur / éditeur dépasse les 1000, il peut sabrer le champagne. C’est tout le paradoxe, mais il ne faut pas confondre la pénétration importante de la culture SFFF et les ventes dans le secteur spécifique de la littérature SFFF : à part pour une poignée d’exceptions qui confirment la règle (adossées à un film, une série ou un jeu vidéo à succès, le plus souvent, genre The witcher ou le TdF), les deux sont déconnectés. Les gens vont bouffer massivement du film / de la série SFF, mais ne vont pas acheter des bouquins (en tout cas pas ceux qui ne sont pas à la base dudit film / série).

          De plus, si la SFFF était acceptée comme une culture légitime dans les milieux intellectuels littéraires, les écrivains de blanche / thrillers / etc qui font de la SFFF « déguisée » ne s’embarrasseraient pas à ne surtout jamais labelliser ou qualifier leur prose de SF, par exemple. C’est justement parce que la SFFF a toujours cette image de sous-littérature pour gamins que des bouquins d’uchronie, par exemple, usent de tout un tas de circonvolutions pour ne jamais utiliser ce terme, donc pour ne pas rattacher le livre aux littératures de l’imaginaire, mais à un « jeu érudit avec les codes de l’Histoire ».

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      • Ça fait depuis 2010 que je le dis sur mon blog d’humeur. Que la SF exigeant ne peut exister sans la SF populaire. Si on se coupe de la SF populaire il risque ne plus y avoir de SF exigeante.
        Je m’étonne toujours de la non traduction de Julier Czerneda et d’Elizabeth Bear par exemple.
        Pour la SF militaire je pense aussi qu’il faut aussi publier des auteurs français qui en écrivent. J’en publie un et l’approche est originale. Mais je pense qu’il y en a sûrement d’autres.

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  2. Du coup je me dois de demander: qu’en est-il de The Unbroken ? Je l’ai vu dans la liste des prochaines critiques du blog, puis il a disparu. Tu n’as pas l’air emballé visiblement, ce qui, combiné avec la critique l’Ours, douche considérablement mon enthousiasme initial. J’avais sauté de joie (au moins mentalement) en apprenant qu’un nouveau livre de Flintlock sortait. Du coup il y aura quand même une critique sur le blog ou tu as tellement pas accroché que tu l’as arrêté ?

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    • Je l’ai arrêté à 81%, et vu que je ne critique pas les livres que je ne finis pas, il n’y aura pas de chronique. Si tu veux en savoir plus, j’ai un peu détaillé mon sentiment en commentaire de la critique de l’Ours, justement. J’ajouterais ceci : l’aspect Flintlock est plus cosmétique qu’autre chose dans ce bouquin, on est très, très loin des Mille noms de Wexler, auquel ce bouquin ressemble un peu par certains côtés.

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      • Merci, je suis allé voir ça. Je vais passer mon tour. J’étais intrigué puisque ça semblait ressembler aux Mille Noms en effet. Mais comme tu soulignes que l’aspect Flintlock et militaire servent plus de décor qu’autre chose et que, d’après l’Ours, la romance prend le pas sur le reste, je pense que le livre n’est pas fait pour moi. A lire la critique je tire pas mal de parallèles avec les Seigneurs de Bohen d’Estelle Faye, tu confirmes ?

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        • Pas vraiment. Je dirais que The unbroken est bien meilleur que les Seigneurs de Bohen sur certains plans (la richesse thématique, notamment), qu’au niveau qualité du style, Estelle Faye est largement au-dessus, et que les deux se valent au niveau du côté balourd de l’intrigue et de la romance ou de réactions parfois assez incompréhensibles des personnages.

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  3. Déjà qu’on n’avait pratiquement rien à se mettre sous la dent en SF militaire en français, c’est bien regrettable. Je me demande s’ils ont prévu de traduire la suite de la Compagnie noire de Glen Cook, ou s’ils classent désormais ça dans le « pas assez intello ». Aurais-tu entendu quelque chose à ce sujet ?
    Je suis d’autant plus heureux d’avoir décidé de me lancer dans l’édition indépendante en tant qu’auteur de SF militaire, je vois que j’aurais pu attendre encore longtemps si je m’étais entêté à essayer de convaincre l’Atalante. Leur revirement élitiste est d’autant plus bête qu’au vu des ventes de mon roman, je constate que le public est là et suit.
    En tout cas, merci à toi, Apo, de continuer de mettre en lumière mon genre favori. Même si ça reste majoritairement des bouquins anglo-saxons, c’est déjà bien mieux que rien !

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    • Il me semble (à prendre avec des pincettes, donc) qu’ils ont perdu les droits de la Compagnie Noire, donc ils ne risquent pas de traduire l’inédit. De toute façon, si ça avait dû se faire chez eux, ce serait le cas depuis longtemps, vu que ça fait déjà un petit moment que c’est sorti (et ce n’est pas vraiment une suite mais un tome 1.5, si je me souviens bien).
      Merci à toi ! Il y a AU MOINS huit critiques de romans émanant d’auteurs français prévues sur le blog avant la fin de l’année 😉

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      • C’est bien ce qui me semblait, que la sortie ne datait pas d’hier, mais je me disais qu’ils y viendraient bien à un moment donné, zut.
        Génial, je vais guetter ces chroniques 🙂
        Et si d’aventure Son Excellence Le Grand Serpent avait changé Sa politique en matière de lecture d’auteurs indépendants, qu’Elle n’hésite pas à me le signifier. Je serais ravi de lui verser l’obole sous la forme d’un SP 😀 Gloire à Apophis ! Gloire au Grand Serpent !
        Quoi, j’en fais trop ?
        Ahem, bonne soirée !

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  4. Je ne sais pas ce que je préfère entre Jon Snow dans l’espace et nom d’un Chaos Rampant 😂 en tout cas c’était passionnant à lire, je suis triste que ça ne soit pas dispo en français et que ça ne soit pas prêt de l’être. Je vais peut être dire une connerie mais ça n’irait pas au Bélial ? Trop militaire ?
    J’ai lu ce que tu disais sur l’atalante, je n’avais pas conscience qu’ils avaient totalement laissé tomber la sf militaire. Dommage parce que j’aime beaucoup.. Mais bon je fais aussi partie des convaincues ferventes de Vita Nostra 😅 (et de Numérique, sa suite, que j’ai eu la chance de lire cette semaine avant tout le monde ou presque !)

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    • Non, ce n’est ni pour le Bélial’, ni pour AMI, clairement. Et pour ce qui est de l’Atalante, ils n’ont pas totalement laissé tomber la SF militaire, puisqu’ils continuent à (re)publier les grosses licences (Campbell et Weber). Ce qui rapporte, quoi. Par contre, on voit de moins en moins, chez eux, de SF militaire émanant d’autres auteurs, et de SFFF populaire (dans le sens : pour le peuple) en général.
      Le problème n’est pas qu’il y ait des livres de SFFF exigeants, élitistes, ou appelle ça comme tu veux. Il en faut, clairement. Le problème est que dans le sillage d’une mauvaise compréhension des raisons des ventes faramineuses des Furtifs de Damasio, un certain nombre de maisons d’édition, dont l’Atalante, s’imaginent qu’il y a une demande pour plus de livres « exigeants », et réorientent donc toute leur politique d’achats de droits dans cette direction. Le problème, c’est que vu la diminution du lectorat SFFF, il faudrait plutôt faire comme AMI, c’est-à-dire avoir des romans adaptés à tous les profils de lecteurs, y compris les débutants ou ceux qui viennent du YA et qui sont déjà intimidés par la SFF adulte « normale ». A ces gens là, tu ne vas pas fourguer du bouquin élitiste. Il faut commencer par des trucs de base (Mage de bataille, pour reprendre un exemple en Fantasy chez AMI) et monter petit à petit en gamme. Tu ne vas pas faire découvrir le genre en balançant directement de l’Erikson ou du R. Scott Bakker, ce ne serait bon qu’à les intimider et les dégouter de la Fantasy. Donc oui, il faut du Vita Nostra, mais il faut qu’il y ait des achats de droits propres AVANT TOUT à élargir le lectorat de SFFF adulte, y compris en étant accessible au lecteur YA typique. Et clairement, quand je vois la façon dont ça parle de la SFFF adulte sur Booktube, par exemple dans le cadre du PLIB, c’est pas avec la politique de l’Atalante qu’on va y arriver.

      D’autant plus que s’ils comptent séduire, à l’inverse, le lectorat de blanche, ils vont se planter misérablement : ceux qui regardent la SFFF comme une sous-littérature de gamins ne seront pas plus impressionnés par un Vita Nostra que par la plupart des autres romans de littérature de genre (des trucs comme Hypérion mis à part).

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      • D’accord, je comprends beaucoup mieux ce que tu voulais dire. Et tu as raison. Débutante en sf (encore aujourd’hui d’ailleurs), j’étais contente de m’initier avec un Scalzi qui m’a aidé à balayer mes a priori sur le genre et à ensuite me tourner vers d’autres œuvres plus conséquentes. Si j’avais commencé avec un Watts, je contiuerais à dire aujourd’hui que la sf n’est pas pour moi.
        Ce que je trouve dommage c’est que si ce revirement dont tu parles part bien des furtifs et du succès que le livre a eu (pas lu et pas intéressée pour ma part) je pense que ça vient plutôt de l’aura de l’auteur (no comment.. ) que du type de roman. Ça a été un succès parce que Damasio. Si ça avait été signé par un anonyme, pas sûre que ça aurait été la même. Donc le postulat de départ pour un changement aussi profond me semble biaisé de base.
        De plus, comme le fait AMI et comme tu le dis ici, tu peux faire se côtoyer au sein d’un même catalogue plusieurs « niveaux » de sfff, l’un n’exclut pas l’autre et des lecteurs « confirmés » peuvent aussi trouver du plaisir dans des œuvres accessibles car accessible ne signifie pas simplet ou ennuyeux. Bref, vraiment dommage si ce revirement complet se confirme bien..

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        • Oui, c’est ça, j’ai vu passer plusieurs témoignages de libraires qui étaient concordants, et qui disaient : « J’ai fait deux piles des Furtifs, une au rayon SF (qui ne se vend pas) et une à la caisse (qui s’arrache) », ou des témoignages de particuliers disant « Je l’ai acheté parce que c’était Damasio et que j’aime son engagement, si j’avais su que c’était de la SF je ne l’aurais pas acheté, je n’en lis pas ». Donc en gros, partir de l’idée que ça s’est très bien vendu parce que ce serait « exigeant » est faux (ça s’est vendu car aspect politisé, voire quasi-gourou, de Damasio), que ça s’est très bien vendu parce que SF est faux (sur le total des ventes, seule une infime part a été vendue en tant que roman de SF et pas roman engagé), donc en gros, en déduire que faire de la SF (ou F / F, peu importe) intelligente / exigeante / d’élite (rayer la mention inutile) va la faire se vendre massivement ET que c’est ce que le lectorat veut est totalement démentiel. Il suffit de regarder ce qui se vend bien ailleurs (les UHL chez le Bélial’, certains bouquins d’AMI) pour comprendre que les gens veulent AVANT TOUT (ce qui n’exclut pas les bouquins exigeants en plus / en parallèle) des romans accessibles. D’où les succès de Mage de bataille ou des Maîtres-Enlumineurs, par exemple.

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          • On commence à voir passer des réflexions sur la publication de romans plus militants à cause du succès de Damasio. Bref le côté extrême gauche des années 70 revient. Ça nous a tiré une balle dans le pied une fois. Ça va recommencer.
            C’est là que je regrette de ne pas avoir les moyens du Fleuve Noir. Et je commence à me demander s’il y a encore un lectorat populaire et comment le trouver, vu mes ventes.

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            • Alors j’ai deux visions de la chose, pas forcément incompatibles. La première est que le lectorat de SFFF adulte n’existe quasiment plus, puisque pour 99 % des bouquins, il se réduit à quelques milliers de personnes, ce qui fait qu’il serait plus pertinent de le reconstruire que de le chercher. La seconde est qu’il existe un lectorat SFFF plus large, mais qu’il se cantonne le plus souvent au Young Adult, et que, donc, il faut le faire passer petit à petit à de la SF adulte, en commençant par de l’accessible et en finissant par de l’exigeant. Mais c’est vraiment un gros boulot, parce que pour une énorme fraction du lectorat EXCLUSIF (ou quasiment) de YA, presque toute la SFF adulte est « exigeante », d’après ce que je vois passer sur Booktube ou certains blogs. Bref, ce n’est pas simple.

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              • Toute une génération a été biberonné à la dystopie. Et aujourd’hui le reste de la SF pour eux c’est ringard. Ils ne veulent lire que de la dystopie vu que c’est ce que l’on publiait en SF jeunesse et en SF YA.
                Bref on se rend compte que la fin du poche chez Fleuve Noir a été une catastrophe parce qu’Anticipation était un passage obligé pour le lectorat populaire. La collection Fleuve Noir SF qui a remplacé a pris le relais à la fin des 90. Mais à partir de 2000 il n’y a plus rien eu en Maison de la presse d’équivalent.
                La SF populaire c’était de la small press.
                Et en plus une partie du lectorat SF des 90’s est passé au thriller.
                Il faut viser le public des gamers notamment comme on a visé celui des rôlistes dans les années 90 (les débuts de Mnémos).

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    • Avec plaisir ! Au fait, j’en suis à 16% du dernier John Gwynne (chez les Vikings), et pour le moment, c’est tellement BRÜTAL qu’à côté, Joe Abercrombie, c’est la Comtesse de Ségur 😀

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      • Cool !
        Mais ce que j’aime chez Gwynne c’est qu’il garde des personnages motivés par des valeurs positives malgré l’univers violent. Contrairement au grimdark moyen qui fait dans les personnages ambigus (que je supporte de moins en moins). Ça donne des moments a la fois poignants et forts, alors que quand le héros est une demi-ordure ça peut diminuer l’impact chez moi.

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  5. Voilà qui mériterait une traduction ! Mais c’est vrai la SF militaire n’a pas la côte…pour toutes les raisons brillamment exposées ci-dessus. Dommage.

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  6. Je viens de finir de lire tous les commentaires et c’était vraiment très intéressant. Je n’ai pas beaucoup lu de SF militaire (Seulement Chien de Guerre de Tchaikovski que tu m’avais recommandé d’ailleurs et que j’ai adoré). Peut-être que je dis une bêtise mais les éditions Denoël, ils ne pourraient pas être intéressés par la traduction de The Last Watch?

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  7. Ping : The Divide, book 1: The Last Watch de J.S. Dewes – De livres en livres

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