Un planet opera décevant, une brillante anticipation de la Chine future, un roman globalement bancal sur le pur plan littéraire
Le 6 avril 2022 sortira chez Bragelonne Lune rouge, roman de Kim Stanley Robinson (KSR pour les intimes) publié en VO en 2018 et avant-dernier livre de l’auteur en date (précédant The ministry for the future, à venir lui aussi chez le même édi… enfin chez la même subdivision d’Hachette, quoi). Celles et ceux d’entre vous qui connaissent et apprécient KSR sont déjà en train de compter leurs euros durement gagnés et de prévoir de passer chez leur libraire mercredi, sachant à quel point chaque nouvelle parution de l’américain est (presque) toujours un événement. Les autres ont de la chance, puisque dans son infinie miséricorde, Olivier Girard a décidé que le Bifrost 106, qui paraîtra dans quelques semaines à peine, sera consacré à cet écrivain fondamental dans de nombreuses subdivisions des littératures de l’imaginaire (Cli-Fi, Planet Opera et Hard SF, bien sûr, mais aussi Uchronie, Post-apocalyptique, Solarpunk, et j’en passe). L’occasion, pour les aponautes qui le connaissent mal, voire pas du tout, d’en prendre la mesure.
Aux fans de KSR, voyant « Lune » dans le titre et s’imaginant « forcément » avoir un équivalent sélénite de l’œuvre incroyable qu’est la Trilogie martienne, je dis toutefois de tempérer leurs ardeurs. Il se trouve que j’ai lu ce roman en anglais il y a trois ans, pour le numéro 95 (le spécial Lune) de Bifrost, et que son intérêt et sa focale sont clairement ailleurs que sur son aspect Planet Opera et lunaire : il s’agit en fait d’une anticipation (bluffante) de la Chine de 2047 plutôt qu’un récit de la colonisation de notre satellite comme pouvait l’être la Trilogie pour Mars. S’il y a un mot qu’il faut retenir dans le titre, c’est clairement « rouge » et pas « Lune », et ce d’autant plus que sur l’aspect lunaire, KSR se fait battre à plate couture par quelqu’un comme Ian McDonald, par exemple. Toutefois, l’aspect chinois à lui seul aurait pu donner une œuvre enthousiasmante (ou du moins plus enthousiasmante qu’elle ne l’est) si ladite œuvre n’était pas affligée de défauts de plus en plus récurrents dans la prose de l’auteur, comme (entre autres) des longueurs, problèmes de rythme et, ici, une fin particulièrement abrupte, sans parler d’un aspect technique et d’un timing de la colonisation lunaire qui laissent le lecteur dubitatif. Mais KSR, son intelligence, son érudition, son talent, étant ce qu’ils sont, Lune rouge reste tout de même recommandable (au moins pour une certaine partie du fandom) à la condition impérative d’avoir parfaitement conscience du genre de livre où on met les pieds. En cela, ma recension consacrée à Red Moon devrait vous aider à y voir plus clair.
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* The sorcerer of Rhiannon, Leigh Brackett, 1942.
L’espace entre les guerres est un recueil réunissant deux romans respectivement parus en 1998 et 2000, Dans la gueule du dragon et Une porte sur l’éther. S’inscrivant dans l’univers des Portes de Vangk commun à d’autres textes de l’auteur, ils mettent en scène son seul héros récurrent, Jarid Moray, qui refera une apparition dans Lum’en. Il correspond au trope du médiateur, mi-diplomate, mi-enquêteur, envoyé par le gouvernement (ici diverses corporations interstellaires) quand la situation locale devient explosive (on retrouve le même type de protagoniste chez Serge Lehman -notamment dans
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