Le Livre des passages – Alex Landragin

Deux livres en un

Parfois, on a un coup de cœur pour un roman SFFF anglo-saxon, qui a tout du chef-d’œuvre. On se dit qu’il va forcément être traduit, vu sa qualité. Les mois, puis les années passent, et on comprend qu’il ne le sera peut-être (sans doute…) jamais. Au bout d’un moment, tout espoir de le voir se transmuter de la langue de Shakespeare à celle de Molière s’envole. Et puis un beau jour, alors que l’avalanche permanente de nouveautés a quasiment fait disparaître l’ouvrage de votre mémoire, un fidèle aponaute (Mohamed, qu’il en soit remercié) vous dit « Eh Apo, tu as vu, il y a une traduction de Crossings d’Alex Landragin qui paraît demain ! ». Et là, le sentiment de bonheur est indescriptible : enfin, cet excellent roman, que vous vouliez tant faire découvrir à celles de vos ouailles qui ne lisent pas l’anglais, va leur être accessible ! Vous cherchez fébrilement des renseignements sur le bouquin, à commencer par son éditeur : laquelle de nos maisons d’édition spécialiste ou notoirement investie dans les littératures de genre a-t-elle eu le courage de traduire ce projet atypique, à la fois deux romans en un seul et sorte de « livre dont vous êtes le héros » où vous avez deux parcours de lecture possibles, lisant les trois parties principales de l’ouvrage dans deux ordres différents, chacun offrant une expérience distincte ? Quelle n’a donc pas été ma surprise de constater que cette traduction (nommée Le Livre des passages) paraît chez… Le Cherche Midi, pas vraiment une maison que l’on associe, spontanément, à l’imaginaire. En même temps, les éditeurs de SFFF sont très, très, très occupés à publier de la Romantasy, de la LitRPG et des livres cochant des cases, mercatiques ou idéologiques, ils n’ont donc pas le temps pour la littérature (sans vouloir passer pour un élitiste, ce que je ne suis absolument pas, contrairement à certains), et originale, qui plus est. Bravo au Cherche Midi, donc ! Continuer à lire « Le Livre des passages – Alex Landragin »

Le Serpent – Claire North

Vertigineux

Venise, début du XVIIe. Thene est mariée à un homme violent, qui la rabaisse et dilapide leur argent dans le jeu. Et ce d’autant plus volontiers qu’une Maison des jeux est récemment apparue sans que nul ne puisse se souvenir de sa construction. On y trouve deux divisions : l’inférieure est celle des activités banales d’un tel établissement, tandis que la supérieure n’est accessible que sur invitation. La Maîtresse des lieux propose à Thene une épreuve lui permettant de l’intégrer, une partie où on ne mise pas d’argent mais un peu de soi (un talent, l’acuité d’un sens aiguisé, des années de vie, etc.), où on ne joue pas avec de banals accessoires mais avec des gens. Chaque Joueur dispose d’une somme d’argent pour les pots-de-vin, d’un Roi, de Cartes / Pièces (des individus aux talents ou relations utiles, inféodés à la Maison en échange de l’effacement d’une dette), et Thene a en plus une pièce d’or dont elle n’apprendra l’origine et la puissance réelle qu’au cours de la partie. À part l’interdiction de blesser un autre Joueur et l’obligation, pour gagner, de faire couronner son Roi, tous les coups sont permis. Ici, l’enjeu est que ce dernier devienne Tribun au Sénat, un poste qui a plus de pouvoir réel que le Doge. Pour Thene, l’enjeu réel est d’être reconnue comme une personne puissante, libre, et non plus comme la femme battue et méprisée d’un bon à rien.

Ce roman, le premier d’une trilogie, chose rarissime dans la collection Une heure-lumière, normalement formée de textes indépendants, est très facile à résumer d’un unique mot : vertigineux. L’idée de base, celle d’une organisation qui jouerait avec les hommes comme des pièces sur un plateau de jeu, n’est pas inédite (on pensera évidemment à L’Échiquier du mal de Dan Simmons), mais est excellemment exploitée. Car Thene découvrira que les activités de la Maison s’étendent loin dans le Temps (au moins jusqu’à la Rome antique) et dans l’Espace, impliquant nations et religions, servant de timonier au navire Historique, esquissant une Histoire Secrète comme on en a rarement vu. Vertigineuse est l’érudition de l’autrice, qui nous immerge dans une Venise plus vraie que nature, à la fois splendide et hideuse lorsqu’il s’agit de montrer à quel point la vie humaine y a peu de valeur, à quel point on y est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Vertigineuse est la portée philosophique de ce texte, d’une opposition entre Ordre et Chaos que ne renieraient ni Moorcock, ni Zelazny, à ceci près qu’ici la balance est bancale, car un des camps triche. Vertigineuse est la maîtrise de Claire North en matière de personnages (Thene en premier lieu) et d’intrigue (dans tous les sens du terme). Et surtout, vertigineuse est la qualité de sa plume, une prose qui ne se lit pas mais envoûte. Qualificatif souvent galvaudé… mais pas ici. Et ce d’autant plus que la fin, qui montre que les pièces restent, pourtant, des êtres humains, est magistrale.

Le Serpent est une vertigineuse ouverture de cycle, qui, via les allusions qu’elle fait à quelque chose d’infiniment plus complexe que le cadre spatio-temporel restreint qui nous est montré dans cette Venise du XVIIe, ne peut qu’aiguiser l’appétit du lecteur pour les tomes suivants. On a ici indubitablement affaire à un des meilleurs Une heure-lumière publiés depuis la fondation de la collection !

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce court roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin, celle de Célinedanaë, du Maki, de Hugues sur Charybde 27, de Feydrautha, de Gromovar, de Just a word, du Nocher des livres, d’Ombrebones, de Xapur, de Zoé prend la plume (sur l’ensemble de la trilogie), de Boudicca, de Dionysos, de Lianne, de Yuyine, de FeyGirl,

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Summerland (VF) – Hannu Rajaniemi

Contenant = 0, Contenu = ∞

Le 8 juillet 2022, sortira (sous le même titre), aux éditions ActuSF, la version française de Summerland d’Hannu Rajaniemi, auteur dont j’ai eu le privilège de traduire la nouvelle Le Serveur et la Dragonne publiée dans Bifrost 101. D’habitude, lorsque je vous informe qu’un livre que j’ai lu en VO va prochainement paraître dans la langue de Molière, je mets en ligne mon article environ deux semaines avant qu’il ne fasse son apparition dans les librairies, pas un peu plus de trois comme c’est le cas aujourd’hui. De plus, ces rappels de sortie en VF se concentrent sur le fait d’attirer votre attention, selon les cas, sur la grande qualité, ou, parfois, au contraire, sur le caractère hautement dispensable (à mon sens, du moins) de ladite parution. Histoire de vous aider à trier le bon grain de l’ivraie (après, les goûts et les couleurs…). Aujourd’hui, toutefois, l’angle que j’adopte dans cet article est radicalement différent : il vise tout simplement à vous faire prendre conscience de l’existence et de l’importance de ce livre (on verra pourquoi dans la suite de ce propos) et surtout à ce que vous ne passiez pas à côté pour de mauvaises raisons (idem). Parce qu’il s’agit d’un roman qui me tient beaucoup à cœur, et pas seulement à cause de mon intérêt particulier pour son auteur. Explications. Continuer à lire « Summerland (VF) – Hannu Rajaniemi »

Maître des Djinns – P. Djèli Clark

Clark se révèle (presque) aussi à l’aise dans la forme longue que dans la courte

Le 17 février 2022, sortira chez l’Atalante Maître des Djinns, premier roman (par opposition aux novellae et nouvelles que l’auteur publiait jusque là) de P. Djèli Clark, situé dans le même univers uchronique que Le mystère du tramway hanté et L’étrange affaire du Djinn du Caire. Il est d’ailleurs dommage que l’éditeur Nantais n’ait pas également proposé une traduction de l’excellente nouvelle The angel of Khan El-Khalili. Signalons qu’il est fait mention des événements des deux textes traduits dans Maître des djinns, ce qui fait qu’on conseillera fortement de les lire (au minimum L’étrange affaire du djinn du Caire) d’abord puis le roman ensuite, car même si ce n’est pas strictement indispensable à la compréhension, on perdra tout de même beaucoup à ne pas le faire (notamment en matière de relations antérieures entre les personnages, au sujet des Anges, etc.).

Pour terminer sur le chapitre éditorial, signalons que l’Atalante a choisi, en plus d’une version électronique, de proposer deux déclinaisons de la version papier, une brochée à 26.50 euros, et une reliée (« collector ») à 28.50 ; si le tarif de cette dernière est plus ou moins (et je dis bien : plus ou moins) justifié vu la beauté de l’objet-livre et la reliure, le prix de la version brochée me parait, lui, clairement exagéré pour un roman de 500 pages. On conseillera donc aux gens qui ne lisent pas en VO de se tourner vers la version électronique française (proposée au tarif bien plus attractif de 9.99 €) ou d’attendre la future version poche. Histoire de comparer, en VO, les tarifs sont de 2.99 € en version électronique, de 11.34 en version brochée et de 21.05 en reliée…

J’ai, pour ma part, acheté la VO, A master of Djinn, à sa sortie le 11 mai 2021, et à force de faire passer devant des lectures jugées plus prioritaires dans le programme, je me retrouve à vous la chroniquer alors que la VF est imminente (je ne peux donc me prononcer sur la qualité de la traduction, de la correction ou de la relecture dans cette dernière, sachant qu’avec cet éditeur, on a parfois eu un travail perfectible ces dernières années). Ce qui est un peu un comble alors qu’avec Lutin, nous avons été les premiers à vous parler 1/ de P. Djèli Clark et 2/ de ce Caire uchronique dans la blogo française (à ma connaissance). J’ai mis un moment pour entrer dans le roman, et j’ai transitoirement eu un doute sur la capacité de l’auteur à retrouver dans la forme longue ce qui avait fait le charme de ses nouvelles et de sa novella. Doutes balayés une fois un certain stade du livre passé, et roman indubitablement marqué du sceau ophidien de l’appréciation apophienne dans sa globalité !  😉 Continuer à lire « Maître des Djinns – P. Djèli Clark »

Récursion – Blake Crouch

Peut-être pas le livre le plus essentiel de la rentrée littéraire, mais…

Le 6 octobre 2021, sortira chez J’ai Lu, dans la collection Nouveaux Millénaires, Récursion (avec un « é ») de Blake Crouch, traduction de… Recursion (avec un « e »), publié en anglais il y a un peu plus de deux ans. Mais si, vous savez, Blake Crouch, l’auteur de Dark Matter, roman (en VF, comme son nom ne l’indique pas forcément) fort efficace mais qui avait le défaut d’être 1/ quasiment impossible à chroniquer sans divulgâcher et 2/ d’être un peu trop inspiré par les livres (plus prestigieux) d’autres auteurs. Eh bien vous savez quoi ? On pourrait faire quasiment les mêmes remarques pour Récursion, qui n’est pas une suite de Dark Matter mais en partage pourtant nombre des caractéristiques, tout en étant, à mon avis, un peu plus intéressant.

Voilà un roman qui plaira au novice en littératures de l’imaginaire autant qu’au vieux briscard, même si ce sera sans doute pour des raisons différentes. Seul celui qui cherchera une approche nouvelle dans des tropes (motifs scénaristiques récurrents) frôlant souvent le cliché restera sur sa faim, car tout a été vu ailleurs (autres auteurs ou recyclage de choses déjà vues chez Crouch lui-même), et s’il y a des twists dans l’intrigue, que le vétéran verra venir, il n’y en a pas dans les thématiques utilisées.

On ne peut certainement pas dire que Récursion est le roman de SFFF le plus attendu de la rentrée littéraire (il y a des chances pour que Vers Mars ou Le retour du Hiérophante puissent revendiquer cet honneur), ni qu’il est le plus réussi (titre qui appartient, à mon humble avis, à La nuit du Faune), et il ne sera vraisemblablement pas la bonne surprise qui était passée inaperçue, noyée au milieu de dizaines de sorties (moi, je miserais plutôt sur La ville dans le ciel dans ce rôle là…) : cela n’en fait ni un mauvais livre, ni une sortie indigne d’intérêt  😉

Celles et ceux d’entre vous qui voudront en savoir plus pourront se référer à ma critique complète de la VO, en sachant que comme pour Dark Matter, il est particulièrement difficile de chroniquer de façon décente ce roman sans divulgâcher (un peu, hein). Même si, dans le cas de la VO de Récursion, j’ai fait le choix de ne dire que le STRICT nécessaire, vous laissant découvrir le reste à la lecture du bouquin.

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Deux Faucons de l’autre Terre – Philip José Farmer

Classique, parfois bancal, mais efficace

Deux faucons de l’autre Terre (oui, le titre est bizarre, mais pas de panique, vous allez comprendre) est un roman signé Philip José Farmer (1918-2009), plus connu pour ses cycles comme Le fleuve de l’éternité ou La saga des Hommes-dieux, ou son livre Les amants étrangers. L’ouvrage, paru dans la collection poche (Hélios) de chez Mnémos le 11 juin 2021, est en fait une traduction révisée (par Olivier « Le Janissaire » Bérenval) de Two Hawks from Earth (1979), texte qui est lui-même une édition révisée et étendue de The gate of time, publié en 1966. Ce dernier texte ayant déjà été traduit en français en 1983 par Fleuve noir sous le titre La porte du temps (ce qui fait donc de l’édition Mnémos la première version complète du roman disponible en français). C’est bon, vous suivez ?

Notez que l’autrice Heidi Ruby Miller a reçu, en 2017, l’autorisation des héritiers de Farmer d’écrire une suite officielle des aventures de Two Hawks, une novella appelée Man of war. Mais je n’en dis pas plus ici, car je vous reparlerai de ce court roman dès après-demain  😉

Si je ne placerais pas Deux faucons de l’autre Terre au panthéon des littératures de l’imaginaire (je vais vous expliquer pourquoi dans la suite de cet article), j’ai en revanche trouvé que c’était un roman agréable et surtout efficace, avec une dernière trentaine de pages assez bluffante. C’est un honnête bouquin, d’aventures essentiellement (même si le fond n’est absolument pas absent), « à l’ancienne », qui donne envie de lire la suite (ça tombe bien, comme nous l’avons vu, elle existe), qui ne laisse pas un souvenir désagréable une fois achevé, et ma foi, c’est bien tout ce qu’on demande à un achat en SFFF, non ? Mais justement, en parlant d’achat, 11.90 euros pour un livre de poche de 350 pages (il est épais et a l’air d’en faire plus, mais c’est parce que le papier me semble inhabituellement épais), je trouve ça un poil rude, sans pour autant être outrageusement exagéré. Mais bon, ça doit être parce que je suis habitué aux prix ridicules des VO en version électronique, dirons-nous. Continuer à lire « Deux Faucons de l’autre Terre – Philip José Farmer »

Le mystère du tramway hanté – P. Djèli Clark

Le Caire des merveilles

Le 10 juin 2021, sortira chez l’Atalante Le mystère du tramway hanté de P. Djéli Clark, une novella se déroulant dans le même univers que la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire, présente dans le recueil Les tambours du dieu noir, récemment paru.

Je n’ai aucun doute sur le fait que celles et ceux d’entre vous qui ont découvert et apprécié, à cette occasion, le très sympathique Caire uchronique du début du XXe siècle imaginé par l’auteur vont se ruer sur ce court roman, et pour les autres, je reproduis ici la conclusion de ma critique de la VO, lue il y a deux ans (l’article complet est lisible sur cette page) : dans cette uchronie de Fantasy (ou police procedural du surnaturel, c’est comme vous voulez, mais où on troque l’imper et le feutre contre des vêtements plus adaptés à la terre des pharaons), l’ouverture d’un passage entre notre monde et celui des Djinns dans les années 1880 a tout changé, faisant de l’Égypte une puissance mondiale de premier plan et du Caire une capitale industrielle rivalisant en importance et en extravagance architecturale avec Londres ou Paris. Nous suivons, en 1912, l’enquête de deux agents du Ministère de l’alchimie, des enchantements et des entités surnaturelles, confrontés à ce qui devrait être une affaire simple, la possession de l’IA d’une rame de Tram, mais qui va se révéler bien plus hasardeuse, le tout sur fond d’imminence d’un vote crucial sur le droit de vote à accorder (ou pas) aux femmes égyptiennes. Eh bien voilà un texte à l’univers fascinant, dépaysant par rapport à ce que propose l’imaginaire d’habitude (bien que point par point, il y ait des parallèles à faire avec d’autres œuvres), aux protagonistes sympathiques, à l’intrigue rondement menée, et où le fond sociétal et progressiste n’est pas sacrifié au profit d’une forme pourtant excellente. Bref, je recommande chaudement, surtout si comme moi, vous êtes féru de SFFF arabisante.

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Mort et vie du sergent Trazom – Olivier Boile

Plein de qualités, mais…

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par les éditions Nestiveqnen et par l’auteur, que je remercie. 

trazomLes plus ancien(ne)s des aponautes s’en souviennent, je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises d’Olivier Boile (pour sa nouvelle Le rêve du pont Milvius et son roman Nadejda, sans compter que je possède son recueil Et tu la nommeras Kiev que je dois encore lire), écrivain français de grande qualité et à mon avis très injustement méconnu. Il se trouve que le 19 février 2021, Boile a sorti un nouvel ouvrage, Mort et vie du sergent Trazom, que l’on pourrait qualifier de recueil même si à mon avis, on ferait fausse route. En effet, il réunit le roman éponyme et une courte nouvelle, Il menait le chœur des cieux, qui ne se situe pas dans le même univers, ne relève pas du même genre littéraire, n’a en commun avec le roman que le personnage de Mozart et, pour tout dire, se révèle assez anecdotique, sans être en aucune façon mauvaise. C’est juste un bonus (à mon avis dispensable) à ce qui fait le vrai intérêt du bouquin, à savoir le roman.

Jusqu’ici, j’ai toujours été enchanté par la prose d’Olivier, et c’est donc en toute confiance que je me suis lancé dans cette lecture. Je dois cependant dire que j’en ressors avec un sentiment plus mitigé que dans les cas précédents. Mort et vie du sergent Trazom a de grandes qualités, mais il a aussi quelques défauts qui font que non seulement à titre personnel, il m’a moins séduit que Nadejda, mais que, plus préoccupant, il a des travers plus généraux propres, à mon humble avis, à le réserver à un lectorat de niche. Cela n’enlève toutefois rien, comme nous allons le voir, à l’immense valeur du style de l’auteur, ainsi qu’à son extraordinaire érudition : sur ce dernier plan, ce livre est, très clairement, un véritable monument ! Continuer à lire « Mort et vie du sergent Trazom – Olivier Boile »

Les tambours du dieu noir – P. Djèli Clark

P. Djèli Clark débarque ENFIN en France !

tambours_dieu_noirLe 15 avril 2021, sortira chez l’Atalante un ouvrage de 144 pages signé P. Djèli Clark, un auteur dont la camarade Lutin et moi vous parlons depuis un peu plus de deux ans, tant ses univers uchroniques nous ont enchantés. Si, officiellement, ce livre porte, sur sa couverture, le titre Les tambours du dieu noir, il s’agit en fait d’un recueil comprenant le court roman éponyme, ainsi que la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire, qui est également un texte uchronique mais situé dans un univers différent. La précision est d’importance, car on peut facilement passer à côté de l’information, surtout si on ne lit pas la quatrième de couverture ou si on ne se renseigne pas avant. Et elle est d’autant plus importante quand on sait que si la novella est de qualité, le contexte de ce que j’aime à appeler « Le Caire des merveilles » (par analogie au Paris des merveilles de Pierre Pevel) développé dans la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire (ainsi que dans d’autres nouvelles / novellae, dont une, Le mystère du tramway hanté, sera aussi publiée par l’éditeur nantais en juin – nous en reparlerons en temps et en heure-, et dans un roman pleine taille qui sortira en VO en mai, A master of Djinn) est encore plus intéressant.

J’ai, pour ma part, lu ce court roman et cette nouvelle en VO en 2019, et celles et ceux d’entre vous qui souhaitent en savoir plus à leur sujet peuvent se référer à mes critiques (Les tambours du dieu noir, L’étrange affaire du djinn du Caire). Pour résumer, je vous dirais que si vous êtes amatrice ou amateur d’uchronies (premier point) de qualité (second point) au parfum d’exotisme (troisième point), à l’esthétique Steampunk (quatrième point), où le surnaturel est présent (cinquième point) et faisant la part belle aux personnages de couleur / féminins / de culture africaine (y compris égyptienne), voilà une sortie que vous ne devez laisser passer sous aucun prétexte (ce sera également le cas pour les amoureux de La Nouvelle-Orléans et ceux des uchronies américaines post-Guerre de sécession pour le cas spécifique du court roman Les tambours du dieu noir). Et ce sera encore bien plus le cas quand Le mystère du tramway hanté sortira ! Les univers de P. Djèli Clark ont un charme fou, et l’essayer, c’est non seulement l’adopter, mais plus encore, être véritablement envoûté ! Continuer à lire « Les tambours du dieu noir – P. Djèli Clark »

Anthologie Apophienne – épisode 11

Eye_of_ApophisL’anthologie Apophienne est une série d’articles sur le même format que L’œil d’Apophis (présentation de trois textes dans chaque numéro), mais ayant pour but de parler de tout ce qui relève de la forme courte et que je vous conseille de lire / qui m’a marqué / qui a une importance dans l’Histoire de la SFFF, plutôt que de vous faire découvrir des romans (forme longue) injustement oubliés. Si l’on suit la nomenclature anglo-saxonne, je traiterai aussi bien de nouvelles que de novellas (romans courts) ou de novelettes (nouvelles longues), qui sont entre les deux en terme de nombre de signes. Histoire de ne pas pénaliser ceux d’entre vous qui ne lisent pas en anglais, il n’y aura pas plus d’un texte en VO (non traduit) par numéro, sauf épisode thématique spécial. Et comme vous ne suivez pas tous le blog depuis la même durée, je ne m’interdis absolument pas de remettre d’anciennes critiques en avant, comme je le fais déjà dans L’œil d’Apophis.

Dans ce onzième épisode, parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne, nous allons reparler d’auteurs déjà abordés dans cette série d’articles, à savoir Robert Silverberg, H.P. Lovecraft et Alastair Reynolds. Sachez que vous pouvez, par ailleurs, retrouver les anciens épisodes de cette série d’articles sur cette page ou via ce tag. Continuer à lire « Anthologie Apophienne – épisode 11 »