Les Profondeurs de Vénus – Derek Künsken

Un joyau du Planet Opera, un bijou en matière de Diversité, un très grand roman, tout simplement

Le 31 mai 2023 paraîtra chez Albin Michel Imaginaire Les Profondeurs de Vénus de Derek Künsken, premier volet d’un diptyque qui se conclura, en VO, avec la sortie de The House of saints le 29 août. C’est d’ailleurs en anglais que j’ai, pour ma part, lu ce nouvel AMI, à sa sortie il y a près de trois ans (ce qui me permet de vous dire que la spectaculaire couverture, signée Manchu, a parfaitement su capturer l’atmosphère et certaines scènes spectaculaires de ce livre). J’en étais sorti extrêmement enthousiaste, et j’espère bien réussir à vous faire partager mon engouement !

Précisons que si l’intrigue prend place dans le même univers que le cycle du Magicien Quantique (paru dans la langue de Molière chez le même éditeur) et de ses suites, Les Profondeurs de Vénus peut se lire de façon tout à fait indépendante, puisqu’elle se déroule deux siècles et demi avant. Notez, enfin, que les deux romans sont suffisamment différents pour qu’un avis mitigé ou un désintérêt pour Le Magicien Quantique ne soit en rien rédhibitoire si vous envisagez la lecture de ce nouvel opus : moins exigeant sur le plan de la Hard SF, plus axé sur des thématiques sociétales modernes, prenant plus le temps d’installer son univers et ses personnages, et ayant sans doute franchi un cran supplémentaire sur le plan de l’écriture, il sera sans nul doute à même de séduire un public plus large. Mais notez aussi que lire les deux cycles sera utile, car le diptyque éclaire beaucoup l’Histoire et peut-être surtout la géopolitique plutôt floue, jusqu’ici, de l’univers du Magicien Quantique.

Comme vous le prouvera ma critique très détaillée de la VO, je lui ai trouvé deux immenses qualités : d’abord, le fait qu’il s’agisse d’un Planet Opera vénusien tout à fait exceptionnel (et je pèse mes mots), sans aucun conteste la nouvelle référence dans ce registre littéraire bien précis, à moins que Kim Stanley Robinson ne se décide à s’attaquer au problème (ce qu’il a très partiellement fait dans -le dispensable- 2312) ; ensuite, le fait qu’il fasse la part belle à la diversité (un des personnages est atteint du syndrome de Down, un autre est gay, un troisième a un problème d’identité de genre) ET que l’auteur traite le sujet, là encore, avec une crédibilité, une douceur, une justesse et un respect… eh bien qui forcent le respect, justement. Mais plus que tout, et là je rejoins (pour une fois…) complètement le camarade Dumay sur ce point, c’est un grand roman d’aventure, offrant des visions époustouflantes et des péripéties stupéfiantes. Non, mieux que ça, un grand roman, tout simplement. Et puis il est estampillé « Culte d’Apophis », ce n’est pas rien, tout de même !

Bref, chacun jugera de l’intérêt de ce bouquin en fonction de ses propres critères (ma critique de la VO vous fournit tous les éléments nécessaires pour faire votre choix), mais si vous avez foi en mon jugement, vraiment, ne passez pas à côté de cette sortie  😉 On espère aussi que les ventes florissantes (c’est tout le mal qu’on lui souhaite) de cet ouvrage inciteront l’éditeur à sortir le tome 3 du cycle quantique, évitant ainsi de rejoindre le club détestable des maisons abandonnant des séries en cours de route !

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Corsaire de l’espace – Poul Anderson

Levez l’ancre, moussaillons !

Si les gros bataillons des amateurs de SF connaissent la collection Une heure-lumière du Bélial’, ils sont en revanche nettement moins nombreux à connaître Pulps, dirigée par Pierre-Paul Durastanti et consacrée, comme son nom l’indique, à des récits d’aventure faisant la part belle au sense of wonder « à l’ancienne », tels qu’on pouvait en lire dans les Pulps (magazines de SFF imprimés sur du papier bon marché -d’où le nom) ou en tout cas à la même époque approximative. Pour l’instant, ladite collection comprenait, outre les différents tomes de Capitaine Futur d’Edmond Hamilton (beaucoup plus connu sous nos latitudes sous le nom de Capitaine Flam ; si l’envie vous en prend, ma critique du roman inaugural est à votre disposition), un roman signé Jack Vance (Les Vandales du Vide) et un autre signé Eric Brown (Les Ferrailleurs du cosmos), et elle vient de recevoir un renfort de poids avec la publication, il y a quelques jours, de Corsaire de l’espace, ouvrage de Poul Anderson à l’histoire éditoriale compliquée (je vais y revenir). Poul Anderson, géant de la SFF (et pas que de la Science-Fiction : il a notamment écrit l’épique L’épée brisée) mis à l’index dans les années soixante dans l’Hexagone pour son refus de condamner la guerre du Vietnam et pour ses positions perçues comme réactionnaires… notamment du fait de ce livre bien précis. Pour être tout à fait clair, chacun(e) d’entre vous met à l’index qui il / elle veut pour la raison qu’il / elle veut, mais personnellement, je ne juge pas un auteur sur ce qu’il est ou pense, mais sur la qualité / l’intérêt de ce qu’il écrit. Et visiblement, chez le Bélial’, ils sont sur la même longueur d’onde. Soyez toutefois averti que cette sortie n’est donc pas destinée à tous les profils de lecteurs.

La postface, signée Jean-Daniel Brèque, ainsi que ce sujet sur le forum du Bélial’, reviennent sur la genèse compliquée de l’ouvrage : d’abord publié sous forme de trois novellas, puis sous celle d’un fix-up agrémenté d’un chapitre et de phrases supplémentaires de-ci de-là, il avait été traduit dans les années soixante par la revue Fiction, failli être réédité il y a une dizaine d’années chez un autre éditeur, avant d’atterrir, très logiquement chez le Bélial’, puisque celui-ci est maintenant devenu le spécialiste et défenseur (à juste titre, à mon avis) de l’auteur. La traduction a été révisée par l’excellent Pierre-Paul Durastanti, ainsi que par Olivier Girard, le capitaine (corsaire ?) à la barre du navire Bélial’. On décernera par ailleurs des louanges hautement méritées à l’illustrateur (Pascal Blanché) et au graphiste (Philippe Gady) pour leur couverture de toute beauté (rappelant les œuvres de Chris Foss, en plus vif au niveau couleurs), et à l’éditeur pour avoir le courage d’assumer de publier de la SF quand tant de pleutres, dans le milieu, abusent de leur chimérique « couverture neutre » (ou de machins symboliques pondus par des graphistes sans envergure) ou usent d’un luxe de circonvolutions et autres circonlocutions (« jeu érudit avec les codes de l’Histoire » à la place d’Uchronie, par exemple) pour ne pas appeler, sur les quatrièmes de couverture, un chat, un chat. Continuer à lire « Corsaire de l’espace – Poul Anderson »

L’Invincible – Stanislas Lem

Précurseur, mais manquant de saveur

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 104 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Le croiseur Condor a brusquement cessé de donner signe de vie alors qu’il était en mission sur Régis III, et ce malgré le fait qu’il est équipé de champs de force infranchissables et d’un armement suffisant pour raser des montagnes ou assécher un océan. Un vaisseau du même type, l’Invincible, arrive sur place pour enquêter. Il découvre un monde étrange, où la vie existe dans les océans mais est totalement absente sur les continents, des déserts stériles parsemés d’étranges ruines formées d’entrelacs de câbles noirs. Le Condor est presque intact, mais tout son équipage est mort (de cause inconnue), à part un homme plongé en hibernation dont, une fois éveillé, on s’aperçoit que ses centres cérébraux de la parole sont effacés. C’est alors qu’un étrange nuage de « mouches » noires va se mettre en branle…

Rédigé en 1962-63, L’Invincible est une application très précoce d’une thématique / technologie SF dont il n’existe que trois ancêtres antérieurs (dont un également rédigé par Lem, dans Eden) et qui ne deviendra courante dans le genre que plusieurs décennies plus tard. Sur ce point et sur d’autres, c’est un roman de Hard SF tout à fait remarquable, du Peter Watts bien avant l’heure, montrant que ce n’est pas l’être le plus évolué, le plus conscient ou le plus intelligent qui prend l’avantage sur ses concurrents… bien au contraire. Mais ce roman est aussi un anti-Space Opera, montrant que la soi-disant toute puissante technologie humaine ne peut pas tout résoudre et que notre espèce n’est peut-être pas destinée à occuper ou transformer chaque monde, ni à détruire toute espèce qui menace un homme. L’Invincible ressemble à Solaris dans la futilité des tentatives de communication avec l’Autre, mais s’en démarque radicalement dans le fait que si la planète Solaris est le triomphe de l’évolution d’une biosphère, qui finit par être intelligente à l’échelle d’un monde entier, la Nécrosphère de Régis III relève de principes totalement opposés.

Sur le papier, voilà donc, a priori, un roman de SF de tout premier plan. Oui mais voilà, si le fond est suprêmement intéressant, surtout pour un texte aussi ancien, la forme ne suit pas du tout. La narration est extrêmement froide, tenant presque plus du rapport que d’un récit vivant, et les personnages, même les deux principaux, sont des spectres sans âme ou presque. De plus, une fois l’explication sur la nature et les origines de la Nécrosphère donnée, le reste du livre n’a plus guère d’utilité, et vous pourriez en arrêter la lecture sans rien manquer d’essentiel. On ajoutera que le propos (la traduction?) fait vieillot, avec ses moteurs atomiques, ses robots très Pulps et ses rayons d’antimatière de la mort-qui-tue (même si ces derniers catalysent une scène de combat ultra-spectaculaire). On conseillera donc plus sa lecture à l’historien de la (Hard) SF qu’au lecteur moyen.

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La Ville dans le ciel – Chris Brookmyre (édition poche)

Un mélange de polar et de SF extrêmement convaincant

Il y a un peu plus d’un an et demi, est sorti dans la prestigieuse collection Lunes d’Encre, chez Denoël, un livre appelé La Ville dans le ciel, écrit par un des maîtres du roman noir écossais, Chris Brookmyre, qui signe ici une incursion dans une SF mâtinée de polar extrêmement convaincante. Ce livre, dont la sortie avait déjà été décalée, d’après ce que m’a expliqué le directeur de collection, à cause du Covid, a été publié en grand format à la rentrée littéraire 2021, et n’a malheureusement pas eu la carrière qu’il méritait, à mon sens du moins. Nombre modeste de critiques dans le fandom, couverture peut-être un peu trop insipide, concurrence trop forte, les raisons de ce retentissement décevant sont sans doute multiples, mais il n’en reste pas moins qu’ici, dans l’Apophisme, quand on pense qu’un bouquin mérite d’être lu, on ne lâche pas l’affaire et on reprend donc son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole (surtout que cette fois, la couverture est de toute beauté  😀 ). Quitte à donner, pour cela, dans l’inédit, puisque c’est la première fois dans l’histoire du Culte que je fais le relais d’une sortie en version poche (qui aura lieu le 6 avril). C’est vous dire si je suis motivé pour réparer ce que je crois être une injustice (et non, je ne perçois pas de sous de la part de Denoël ou Folio SF, hein, même pas de SP-surprise-qui-font-plaisir-en-apparaissant-dans-la-BAL, c’est le jeu ma pauvre lucette).

Bref, si vous voulez en savoir plus sur ce roman, je vous invite à vous reporter à ma critique de la VO, où vous trouverez, qui plus est, des liens vers quelques chroniques de la VF grand format écrites par des blogopotes. Mais vraiment, lisez-le, c’est clairement au-dessus du lot (sans être le livre du siècle non plus) et ce serait dommage de passer à côté  😉

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Cantique pour les étoiles – Simon Jimenez

Connaître ses classiques

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 104 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

L’Humanité, ou du moins ses représentants les plus riches et privilégiés, ainsi que leurs employés, a fui il y a mille ans une Terre en proie à un effondrement écologique et une montée des océans, s’établissant sur de luxueuses stations spatiales et exploitant de façon rapace des mondes-ressources. Le déplacement entre les étoiles se fait via la Poche, dimension alternative parcourue de courants générant des flux temporels différents. Pour les équipages des vaisseaux, le voyage entre deux systèmes représente quelques semaines, alors que pour l’univers extérieur, des années ou des décennies s’écoulent. Nia, capitaine de cargo, ramène vers la civilisation un enfant mutique dont la capsule s’est écrasée sur un monde primitif. Un personnage important va alors lui demander de le cacher aux confins de l’espace régi par les corporations, car elle pense qu’il possède le don de Saut, la translation instantanée et sans machinerie entre deux points de l’espace, une faculté que les multiplanétaires convoiteraient avidement.

La quatrième de couverture souligne une ressemblance avec les œuvres de David Mitchell et de Gabriel Garcia Márquez, mais omet la comparaison qui à la lecture, crève pourtant les yeux : celle avec le cycle des Cantos de Dan Simmons. Le premier chapitre est ainsi un véritable équivalent de l’histoire de Siri et Merin, en inversant les rôles : ici, c’est Nia qui est une Siri qui ne vieillit pas et voyage dans les étoiles, puis qui devient, pour l’enfant, exact reflet d’Énée (c’est son sang qui donnera à l’Humanité le don de Saut spatial instantané), au genre près, une version féminine de Raul. Et les parallèles sont bien loin de s’arrêter là. À un point tel qu’on frôle la réécriture (progressiste : les thématiques écologiques et anticapitalistes sont omniprésentes).

Si on ajoute à cela une narration qui varie les modes (y compris épistolaire), les points de vue, les personnages et les ambiances, parfois radicalement différentes, d’un chapitre à l’autre, on se retrouve devant un roman qui, sans être mauvais (la dernière partie étant la meilleure, et la plus poignante), notamment sur le plan du style, invariablement agréable et occasionnellement traversé d’impressionnantes fulgurances, pose question quant à l’intérêt à lui accorder. L’admirateur de Simmons n’y trouvera ni la virtuosité, ni l’impact émotionnel, ni la singularité de l’œuvre du Maître ; le débutant sera plus inspiré de lire l’original plutôt que l’ersatz ; seul, peut-être, l’allergique aux positions idéologiques de Simmons trouvera-t-il de la valeur dans cette réécriture sans grande saveur (à part sur la fin, sans avoir l’impact du sort d’Énée), plaisante à lire mais presque aussi vite oubliée, d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la SF.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de L’épaule d’Orion, celle de Yogo le Maki, de Célinedanaë, de Tachan,

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Connexions – Michael F. Flynn

Guide des tropes et thématiques de la SF !

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier et Erwann !

Le 16 mars 2023, paraîtra dans la prestigieuse collection Une Heure-lumière du Bélial’ un court roman de Michael F. Flynn appelé Connexions. L’auteur n’avait été jusque là que très peu traduit en France (également par l’excellent Jean-Daniel Brèque, d’ailleurs), puisque à l’exception du prodigieux-mais-pas-destiné-à-tous-les-profils Eifelheim, tout le reste de son œuvre n’a jamais franchi la barrière de la langue. Vu que, pour ma part, les deux ont été, dans des styles ou pour des raisons différentes, deux lectures de très grande qualité, j’espère que la tendance va s’inverser et qu’il ne faudra pas attendre autant de temps pour relire l’auteur !

Vous le savez sans doute, je suis l’auteur du Guide des genres et des sous-genres de l’imaginaire paru chez AMI ; entre autres aspects ou intérêts, on pourrait très bien présenter Connexions, outre comme un hommage aux tropes principaux  / thématiques majeures de la SF, comme un formidable outil pour initier un novice, voire un récalcitrant, à ces derniers. La plate-forme est idéale pour cela : courte et fluide à lire, extrêmement bien construite, écrite et traduite, avec une histoire à la fois astucieuse et savoureuse. Je pense d’ailleurs moi-même recommander, désormais, l’ouvrage en tant que premier contact avec le genre.

Continuer à lire « Connexions – Michael F. Flynn »

L’Œuf du dragon – Robert Forward

À vénérer… ou à fuir !

Le 22 mars 2023, sortira chez Mnémos la réédition de L’Œuf du dragon de Robert Forward, célèbre livre de Hard SF dont je vous parlais déjà dans le Guide de lecture consacré à ce sous-genre qui, vous le savez sans doute, est un de mes sujets de prédilection sur ce blog. D’habitude, je ne signale ni les rééditions, ni les sorties au format poche, seulement les traductions de romans qui ont été chroniqués sur le Culte à partir de la VO. Mais là, il s’agit d’un ouvrage si particulier qu’il m’a paru important de bien vous expliquer dans quoi, exactement, vous allez vous engager en cas d’achat. Premier point, c’est vraiment le type de bouquin taillé avant tout pour le pur et dur de la Hard SF… pas tout à fait la plus extrême (il y a « pire »), mais pas si loin que ça tout de même ; et surtout, on rejoint ici les pires clichés sur ce sous-genre, dans le sens où on a nettement plus affaire à un essai à peine déguisé qu’à un roman, tant l’intrigue, les personnages et le style sont basiques, dirons-nous.

La majorité d’entre vous va donc être d’autant plus tentée de fuir L’Œuf du dragon que sa couverture est insipide (j’imagine très bien ce qu’un Manchu aurait pu faire à la place, et je me lamente…), son prix (22 euros) assez élevé pour une réédition d’à peine 372 pages (on saluera toutefois le fait que Mnémos rende ce titre à nouveau disponible en français), sans compter qu’à part ceux qui suivent des blogs spécialisés en Hard SF comme le Culte, Quoi de neuf sur ma pile ? ou L’Épaule d’Orion, le nom de l’auteur risque de ne pas évoquer grand-chose. Et pourtant… Malgré ses défauts, on est ici sur un livre qui, dans son registre très particulier, à tout du chef-d’œuvre absolu, un pur concentré de Sense of Wonder comme on n’en voit plus, de nos jours, que très rarement. Avant de prendre une décision d’achat / lecture, je vous recommande donc vivement de parcourir la critique très détaillée que j’avais écrite en 2018. Elle devrait, si j’ai bien fait mon boulot, vous fournir tous les éléments nécessaires pour pencher d’un côté… ou de l’autre  😉

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Projet dernière chance – Andy Weir

Retour en force pour l’auteur de Seul sur Mars !

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 105 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Après un Artémis en demi-teinte, Andy Weir revient avec un troisième roman, Projet dernière chance, difficile à résumer tant même en dire peu, c’est déjà en dire trop. Mais prêtons-nous donc à l’exercice : un homme se réveille d’un coma artificiel, s’aperçoit qu’il est amnésique, que son corps a été entretenu par un dispositif robotisé, et que dans la même salle que lui, se trouvent deux autres personnes, mortes depuis si longtemps qu’elles sont momifiées. La mémoire lui revient peu à peu et dans l’ordre chronologique (la narration va alterner entre des chapitres dans le présent et d’autres situés dans un passé de plus en plus proche à mesure que l’intrigue avance), et il découvre qu’il est en fait dans un astronef, très loin de la Terre, dont il se rappelle qu’elle est en danger de mort et qu’il est donc chargé de sauver. Le tout en réglant les nombreux problèmes scientifiques et techniques qui ne vont pas manquer de se présenter. Le lecteur peut, à ce point du livre, légitimement se dire qu’après Seul sur Mars, l’auteur tente de nous rejouer la même partition, mais dans l’espace, cette fois. Sauf que ledit lecteur se trompe : car si ses deux camarades sont morts, notre héros n’est, pour autant, pas seul dans son coin perdu de l’univers ! Continuer à lire « Projet dernière chance – Andy Weir »

Sur la Lune – Mary Robinette Kowal

Laborieux

Le 2 novembre 2022, paraîtra chez Denoël, dans la collection Lunes d’encre (et sous une couverture insipide…), le troisième volet du cycle Lady Astronaut, Sur la Lune, après Vers les étoiles et Vers Mars. J’ai, pour ma part, lu ce roman en VO (sous le titre The Relentless Moon) il y a plus de deux ans, et j’y suis allé à l’époque sur la pointe des pieds, car si le tome 1 avait été une très bonne lecture (à quelques défauts près), son successeur s’était révélé bien moins convaincant, de mon point de vue du moins.

Toute la question était donc de savoir à quel niveau de qualité allait se situer Sur la Lune. Si ce nouveau livre est meilleur que son prédécesseur (dont il ne constitue pas la suite directe, mais se déroule plutôt -majoritairement- en parallèle), il ne l’est toutefois pas dans d’énormes proportions, et certainement pas au niveau de Vers les étoiles. Il souffre notamment terriblement d’un ton plat et d’un manque d’immersion jusqu’au début du dernier tiers, ainsi que de personnages ayant une intelligence à géométrie variable, une combinaison de facteurs qui a fait que j’ai trouvé le temps terriblement long et que les moments de plaisir, s’ils ont existé, ont finalement été à la fois rares et tardifs. Seuls les trente derniers % (et encore, sur certains plans seulement) ont été au niveau que j’attendais, la meilleure partie restant l’épilogue, fort savoureux (et qui constitue aussi un tout petit bout de suite directe du tome 2, dont il éclaire cependant également certains événements d’un autre jour, c’est à signaler).

Si vous souhaitez en savoir plus, mon analyse complète (de la VO) se trouve sur cette page.

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Unity – Elly Bangs – VF

Dichotomique et magnifique

Le 28 septembre 2022 paraîtra chez Albin Michel Imaginaire Unity, premier roman d’Elly Bangs, jusqu’ici connue pour des nouvelles de qualité, dont Dandelion, qui paraîtra dans Bifrost. Le dernier point sur l’état de la collection fait par Gilles Dumay nous apprend qu’à lui seul, le dernier Émilie Querbalec, Les Chants de Nüying, a concentré plus de demandes de SP que les deux prochaines parutions d’AMI, à savoir Les Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert et, donc, Unity d’Elly Bangs. Je ne me prononcerais pas (encore) sur le Querbalec (reçu mais pas lu en raison d’un problème de santé mi-août qui m’a laissé KO et dont je ne me suis pas encore entièrement dépêtré) ni sur le Imbert (que je n’ai aucune intention de lire), mais ayant lu Unity en VO, je peux dire avec une absolue certitude que négliger ce roman serait une erreur encore plus grande que passer à côté de Summerland. Et si j’en juge par ce que j’ai vu passer, ceux qui m’ont fait confiance concernant ce dernier n’ont pas eu de raison de le regretter.

Eh bien c’est pareil ici, à un détail près. Unity, est, en effet, un roman très dichotomique, sa première partie ne reflétant absolument pas la qualité de la deuxième, facilement deux ou trois ordres de grandeur au-dessus. Il va donc falloir être patient et ne pas abandonner avant d’avoir atteint ce point de bascule, qui se situe, de mémoire, quasi-exactement à 50% du bouquin. De toute façon, parvenu à ce point, vous serez tellement happé que vous ne pourrez plus lâcher Unity, littéralement. Pour ma part, ayant déjà lu Bangs, je savais, ou plutôt je croyais savoir, quelle puissance émotionnelle elle était capable de dégager, et c’est en confiance que j’ai continué à tourner les pages. Confiance bien placée, donc. Précisons toutefois que même la première partie est intéressante au moins sur le plan d’un worldbuilding plus singulier qu’il n’y paraît de prime abord : post-apocalyptique, certes, mais post- plusieurs apocalypses, avec des humains vivant surtout dans des villes sous-marines et une technologie qui est très au-delà d’un Mad Max ou équivalent.

Je n’insisterais jamais assez : Unity est un roman qui, pris dans sa globalité, est de tout premier ordre, et c’est clairement une des sorties SF de l’année. Si vous voulez en savoir plus à son sujet, sans spoiler (à vrai dire, la quatrième de couverture d’AMI en dévoile plus que ma critique, à mon sens), ma chronique de la VO est à votre disposition. Je vous encourage donc à demander un SP ou à faire l’acquisition de ce livre, faute de passer un peu bêtement à côté d’une des parutions majeures de cette rentrée littéraire 2022.

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