La quête onirique de Vellitt Boe – Kij Johnson

Lovecraftien… et féministe ! 

vellitt_boeSi vous suivez ce blog depuis un moment, le nom de Kij Johnson ne vous est pas inconnu, vu que c’est le troisième texte de l’auteure dont je vous parle, après la nouvelle Magie des renards et le roman court Un pont sur la brume. Dans les deux cas, l’atmosphère est assez éthérée, voire onirique, ce qui fait que l’américaine était tout à fait taillée pour s’attaquer au projet qui est le sujet du jour : donner sa propre version d’une quête dans les Contrées du rêve Lovecraftiennes. Car La quête onirique de Vellitt Boe (qui fait évidemment écho à celle menée par Randolph Carter pour trouver Kadath l’inconnue chez Lovecraft) s’inscrit, plus généralement, dans un mouvement qui a pris de l’ampleur ces dernières années, et qui consiste, tout en rendant hommage à la puissance de l’imagination de l’écrivain de Providence, à mettre au premier plan ceux qui étaient consciencieusement ignorés, négligés, voire méprisés, dans l’oeuvre du Maître : la personne de couleur (ou plus globalement tous les non-WASP – White, Anglo-saxon, Protestant-) et, ici, la femme (bien qu’une phrase décrivant le monde de l’éveil élargisse cette perspective : « et partout, il y a des femmes et des gens de toutes les couleurs »). Dans cette mouvance, on peut également citer L’éclosion des Shoggoths d’Elizabeth Bear (autre auteure dont je vous ai déjà parlé ici), nouvelle publiée dans le Bifrost 89, ainsi que La ballade de Black Tom de Victor Lavalle, à paraître également chez le Belial’ en avril 2018. L’éditeur semble donc se spécialiser dans ce que l’on pourrait appeler la « Littérature post-Lovecraftienne critique ».

Un petit mot sur la présentation : tout d’abord, elle est très soignée. Les rabats cachent une carte en couleur des Contrées du rêve, et puis il y a des illustrations intérieures (en noir et blanc) assez nombreuses et de très bonne facture, qui nous montrent les étapes et visions les plus marquantes de la quête de l’héroïne. L’achat de la version physique est donc, pour une fois, plus que recommandable. Un petit regret, cependant, concernant la couverture : si elle est très sympathique (et parfaitement Lovecraftienne, avec son chat et ses tentacules), je trouve toutefois dommage qu’elle omette ce qui fait justement tout l’intérêt de ce texte : le fait qu’un personnage féminin soit au centre de l’histoire, en un pied de nez à Lovecraft. J’aurais mieux vu, personnellement, Vellitt, le chat et les tentacules… Un peu comme sur la couverture américaine (mais avec l’héroïne de face, tant qu’à faire !). 

Un petit mot également concernant ce courant littéraire, paradoxalement à la fois pro- et anti-Lovecraftien, dans lequel cette oeuvre s’inscrit : si la démarche est intéressante, et peut attirer vers les univers du Maître des publics que son racisme et sa misogynie peuvent rebuter (ou des gens qui ne seront là que pour voir les auteurs concernés prendre un malin plaisir à subvertir la pensée de ce cher HPL), elle a aussi, à mon avis, l’effet pervers de détourner une certaine partie du lectorat des œuvres originales au profit de leurs versions « revisitées » selon les codes sociaux actuels. Car qu’on se le dise : aussi détestables que soient certaines bases de l’écriture Lovecraftienne (son mépris des noirs, la non-place des femmes), il n’en reste pas moins que ce Vellitt Boe, s’il est fort sympathique et rondement mené, n’atteint pas la puissance évocatrice colossale des meilleurs textes de la partie onirique de l’oeuvre du génie de Providence (à part à la rigueur dans ses toutes dernières pages). Lire les continuateurs, ceux qui revisitent l’oeuvre originale afin d’y réparer certaines injustices, n’est donc certainement pas équivalent à découvrir celle de l’homme que les plus grands écrivains de Fantastique et d’Horreur, comme Stephen King par exemple, considèrent comme la référence ultime ! On peut, certes, dénoncer les travers de l’américain, voire le mépriser pour cela, mais il serait en revanche particulièrement dommage de se priver du gros de sa prose, même s’il faudra parfois se pincer le nez ou éviter les textes les plus polémiques. Qu’on se le dise, ces lovecrafteries progressistes n’invalident en rien l’intérêt des textes d’HPL !

Genre, à qui ce livre se destine-t-il ? 

Ceux qui ne connaissent pas, ou très mal, Lovecraft ont l’habitude d’entendre parler de lui comme un maître du Fantastique. Cependant, l’oeuvre de l’américain est en fait bien plus complexe que cela, et comprend aussi un volet purement science-fictif (La couleur tombée du ciel, Herbert West – Réanimateur, etc) et, ce qui va peut-être surprendre certains d’entre vous, un autre volet, Fantasy celui-ci, se déroulant dans les « Contrées du rêve », un espace onirique au croisement des mondes par-delà le mur du sommeil de différentes planètes ou espèces, du système solaire ou d’ailleurs. Si vous voulez un peu plus de détails, je vous invite à vous reporter à une autre de mes critiques. C’est donc dans ce genre là que va s’inscrire Vellitt Boe. Retenez juste, éventuellement, qu’il s’agit d’un monde secondaire très fantastique, où rien, ni l’écoulement du temps, ni les lois physiques, ni le ciel, n’est figé ou immuable, soumis à des lois strictes. De plus, les créatures imaginaires, petites ou grandes mais presque invariablement hostiles, sournoises, indignes de confiance ou maléfiques, y abondent, avec une grande variété d’espèces qui ont toutes en commun d’être à des années-lumière des sempiternels nains et elfes.

contrees_du-reve_ADCVous vous posez probablement la question de savoir si ce livre est lisible sans rien connaître soit de Lovecraft en général, soit du volet onirique de son oeuvre. La réponse est faussement simple : oui, c’est compréhensible, même pour un complet néophyte. Oui, l’histoire a un intérêt même sans savoir en quoi elle constitue un négatif (au sens photographique, tel que joliment dit dans l’interview de Kij Johnson qui accompagne le texte principal) de Lovecraft. Mais en revanche, vous allez énormément y perdre, d’abord en ne pouvant pas faire les comparaisons qui s’imposent entre la version onirique-Lovecraftienne et celle onirique-progressiste, et puis tout simplement en passant à côté de cinquante références dans le texte. Il y a un chat d’Ulthar qui suit Vellitt ? Ah, oui, sympa. On mentionne que celle-ci a tenté l’ascension du Ngranek lorsqu’elle était jeune ? Ah, cool. On évoque des oiseaux Shantaks et des Maigres bêtes de la nuit, au passage ? Ah, ok. On se déplace à dos de zèbre ? Pourquoi pas, après tout. Mais en revanche, le connaisseur, lui, prendra toute la mesure de ces « détails » (qui n’en sont, pour certains, pas du tout). Si je ne déconseille évidemment pas formellement la lecture du texte de Kij Johnson avant ceux du Maître, je ne saurais en revanche trop vous inciter à lire au minimum La quête onirique de Kadath l’inconnue et Les chats d’Ulthar (voire La malédiction de Sarnath) avant de vous lancer dans ce roman, et dans l’idéal, la majorité du volet onirique des textes Lovecraftiens.

Dreams are my reality

vellitt_boe_us_coverLa ville d’Ulthar se trouve dans les contrées du rêve. Vellitt Boe, 55 ans, professeur de mathématiques et ancienne aventurière dans sa jeunesse (sous le surnom de Veline), enseigne sa noble discipline (dans tous les sens du terme) aux jeunes femmes au sein du Collège qui leur est dédié, le plus humble des sept de la ville. Sa meilleure élève en plus de vingt ans, la très belle Clarie Jurat, vient juste de s’enfuir avec un homme venu du Monde de l’éveil, qui compte justement lui faire franchir le seuil qui mène à son univers. Or, si, que ce soit par la voie des rêves (ou celle des drogues, d’ailleurs), voire même physique (il existe certains portails), un habitant de la Terre peut visiter les contrées oniriques, en revanche les habitants de ces dernières ont l’interdiction d’aller visiter le monde de l’éveil. De plus, le père de Clarie est un homme influent, et le scandale provoqué pourrait mener à la fermeture de l’école pour jeunes filles, voire, catastrophe ultime, à faire tout bonnement bannir les femmes de l’université !

Le professeur Boe reprend donc son bâton de marche, son havresac et sa machette (si, si) et, accompagnée par un chaton noir (un chaton noir d’Ulthar, hein) qui la suit partout sans qu’elle le veuille, se lance à la poursuite des deux fugitifs. Mais sa quête onirique ne va pas durer quelques jours… mais bien plus longtemps que ça, et la conduire vers nombre de lieux étranges ou fameux, dans les Contrées du rêve… ou ailleurs !

Texte et sous-texte, analyse générale

Le propos du sous-texte est limpide (et s’il ne l’était pas assez, l’interview à la suite du roman se chargera d’éclairer les rares zones d’ombre) : Lovecraft ne donne pas de place aux femmes dans son oeuvre ? Johnson les met au centre de son roman ! Et plus encore, Vellitt Boe est tout ce que Randolph Carter n’est pas : active, volontaire, débrouillarde, etc. Bref, l’expression de « négatif photographique » employée par l’auteure est particulièrement juste : c’est la même image (une quête dans les Contrées du rêve de Lovecraft), mais le rendu artistique est sensiblement différent (et inversé dans son déroulement, d’ailleurs : voir plus loin). Au passage, signalons que si Kij Johnson s’est parfaitement coulée dans les codes et l’ambiance de la Fantasy Lovecraftienne, le résultat reste, de mon point de vue, légèrement inférieur à ce qu’à pu écrire, par exemple, Mélanie Fazi dans L’évangile selon Aliénor (profitez-en bien, ce n’est pas tous les jours que vous verrez un auteur français pris en exemple par rapport à un anglo-saxon sur ce blog !). Néanmoins, je n’ai rien à reprocher à la qualité de ce qui nous est proposé par Kij Johnson, dont le style fluide, agréable et, déjà à la base onirique, se marie admirablement bien avec le monde des songes imaginé (rêvé ?) par Lovecraft. Ça reste toujours aussi plaisant à lire que ce que j’ai pu découvrir émanant d’elle auparavant.

Ce sous-texte, donc, interroge certes sur la place (très réduite, pour ne pas dire inexistante) de la femme dans les Contrées du rêve, mais avant tout dans l’oeuvre de Lovecraft : on ne compte plus les passages allant dans ce sens, comme « Dans ces régions arides et lointaines, l’éducation des femmes passait souvent pour quantité négligeable » ou « Les femmes cesseraient-elles un jour de n’être que des notes en bas de page dans les histoires des hommes ? ». Plus encore, ce monde est activement hostile envers les femmes : il ne fait pas bon voyager seule, et Vellitt s’estime heureuse, lors de sa jeunesse aventureuse, de n’avoir été violée qu’une seule fois. Même dans des circonstances ordinaires, la plupart des hommes s’adressent à elle sur un ton aigre, on la dévisage d’un air méprisant, on l’ignore. Elle doit s’imposer, vociférer, pour avoir le même degré d’attention, de courtoisie, le même niveau de services, qu’un homme. Mais la clé principale de ce sous-texte est donnée, outre dans la comparaison qu’elle fait entre Carter et elle, dans le fait que nul n’a jamais relaté la rencontre avec une femme venue du monde de l’éveil. Lorsqu’elle en demande la raison à Carter, celui-ci répond, dédaigneux, que « les femmes ne rêvent pas en grand. Elles rêvent de bébés, de tâches ménagères… De tous petits songes ». Les rêves de Vellitt, pourtant, sont puissants !

Le sous-texte, interrogeant la place de la femme à la fois dans nos sociétés et dans l’oeuvre de Lovecraft, est donc intéressant (surtout si vous êtes capables de faire la comparaison entre les deux quêtes oniriques, celle de Boe et celle de Carter chez Lovecraft). Mais qu’en est-il du texte principal ? Là, je serais un poil plus mitigé. Certes, Johnson s’est remarquablement adaptée aux codes du Maître. Certes, son aventure est à la fois épique (en un sens), évocatrice et intéressante. Mais… pour moi ce texte n’a pas l’impact de ceux du volet onirique Lovecraftien, et surtout pas de La Quête onirique de Kadath l’inconnue (des passages comme ceux sur le Ngranek ou à Kadath restent grandioses), ou alors seulement dans ses dernières pages. Cela ne fait pas du roman de Kij Johnson un sous-produit, mais il n’annihilera en aucun cas l’intérêt de lire la novella de Lovecraft. Et ce d’autant plus que si on fait abstraction du sous-texte social et critique par rapport à Lovecraft, on flirte parfois, dans le style et les péripéties, voire dans la conception graphique de la VF, avec le young adult, voire la littérature jeunesse ! (ce qu’on peut toutefois aussi dire de la quête onirique de Randolph Carter, qui était en tout cas loin du ton grave du volet Fantastique ou science-fictif de l’oeuvre d’HPL).

On appréciera néanmoins le fait d’avoir affaire à une héroïne âgée (dans une SFFF dominée par le minot, ça fait plaisir de voir un vieux briscard) et très dégourdie, qui s’interroge, lors de ses voyages, sur les occasions enfuies ou ratées, et sur le poids de la maturité ou les changements apportés par le vieillissement. L’intrigue reste rondement menée et intéressante, dans la même veine tranquille, sans trop de tension et d’horreur (sauf sur la fin), déjà montrée par Johnson dans Un pont sur la brume, par exemple (au passage, l’interview nous apprend qu’elle considère ce dernier livre comme un texte de Science-fiction et en aucun cas de Fantasy, car « il n’y a pas de magie »). Vellitt Boe s’avère un personnage fort sympathique et attachant, et j’ai pris un sincère plaisir à suivre ses aventures, même toute abstraction faite de son sous-texte.

Malgré un gros deus ex machina / une grosse facilité juste avant la fin, celle-ci est extrêmement intéressante : Kij Johnson va jusqu’au bout de sa logique, à la fois de féminisation du volet onirique Lovecraftien et d’inversion du parcours de Randolph Carter (attention, petit spoiler par contre) : cette fois, on va de sa cité de cœur onirique au monde de l’éveil, et pour finir son aventure, on s’endort plutôt que de se réveiller. Au passage, on pourrait aussi considérer que le procédé d’inversion marche aussi avec L’abomination de Dunwich, quelque part. Les dernières aventures dans les Contrées du rêve sont aussi parmi les seules où un certain aspect horrifique est bel et bien présent, et celles dans notre monde montrent, enfin, un niveau disons épique qui correspond cette fois à ce qu’à pu proposer HPL.

En conclusion

S’inscrivant dans une mouvance littéraire qui a pris de l’ampleur ces dernières années, et qui consiste à donner une voix à ceux qui n’en ont pas dans les univers Lovecraftiens (la personne de couleur, ou la femme ici) tout en rendant hommage à ces derniers, La quête onirique de Vellitt Boe est évidemment une sorte de contrepartie féminine (et féministe, progressiste) à celle de Randolph Carter chez l’écrivain de Providence. Son sous-texte interroge donc la place de la femme, que ce soit dans les Contrées du rêve, l’oeuvre de Lovecraft ou nos sociétés bien réelles. Son texte principal, lui, offre une aventure sympathique (et vaguement young adult) s’inscrivant avec aisance dans les codes oniriques Lovecraftiens tout en n’atteignant pas la puissance évocatrice de La quête onirique de Kadath l’inconnue (à part dans les dernières pages) ou d’autres textes oniriques de l’américain. D’ailleurs, si le roman de Johnson est lisible sans rien connaître du volet Fantasy de la bibliographie de Lovecraft (voire sans avoir jamais rien lu écrit par ce dernier), il ne prendra cependant son plein sens qu’en connaissant ses textes centraux, dont celui consacré à Randolph Carter, aux Chats d’Ulthar, à la Malédiction de Sarnath ou aux Autres dieux.  Et évidemment, difficile d’établir la pleine mesure du « négatif » (au sens photographique du terme, comme le déclare très justement l’auteure) établi par Johnson si on ne connaît pas l’original. En tout cas, j’en ressors plutôt satisfait dans l’ensemble (aussi bien sur le volet aventure que sur celui « je revisite Lovecraft dans une perspective féministe » ou encore sur le plan d’une construction très astucieuse), et avec l’envie d’avancer la nouvelle traduction des textes oniriques d’HPL dans mon programme de lecture.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes: celle de l’ours inculte, celle de Blackwolf sur Blog-o-livre (sur la VO), de Vert sur Nevertwhere, de Célindanaé sur Au pays des Cave Trolls, de L’épaule d’Orion, de Dionysos sur le Bibliocosme, des chroniques du chroniqueur, de Mahault, de Boudicca également sur le Bibliocosme, de Fourbis & Têtologie, de Jack Barron reads,

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41 réflexions sur “La quête onirique de Vellitt Boe – Kij Johnson

  1. J’avais été impressionné par l’écriture de Kij Johnson dans Un Pont sur la Brume, et là la dame s’attaque à mon texte favori de Lovecraft. Je suis plus qu’intrigué, même si tu me fais un peu peur avec ton « vaguement young adult ». Il est fort probable que je me laisse tenter. C’est quoi cette histoire de nouvelle traduction des textes de HPL ?

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    • Pas de quoi avoir peur, ça reste très agréable à lire, toujours dans le mode « conte pour adultes » de la Quête onirique de Kadath l’inconnue. Pour ce qui est des nouvelles traductions, apparemment les trads « historiques » étaient pleines de coupes éditoriales (parfois conséquentes), entre autres. Donc, depuis quelques années, certaines maisons et traducteurs se sont lancés dans la tâche de proposer des versions intégrales et respectueuses de la VO. Pour les textes du volet onirique de l’oeuvre d’HPL, ça a donné ça : http://amzn.to/2o7GKU6. Je l’ai, mais je n’ai pas encore eu le temps de le lire.

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  2. Ah! Ben du coup tu me refroidis dans mon envie de lecture. Car, je ne peux avoir l’effet négatif qui rend le texte si pertinent et savoureux. Pourtant la démarche me séduit énormément, car s’inspirer de Lovecraft et tenter de restituer une sorte d’équilbre (ou karma! lol) est vraiment emballant.
    Alors si le texte de référence doit être lu, me voilà bien embêtée, car il est hors de question que je m’écarte de mon principe concernant Lovecraft (On the creation of Niggers m’a choquée, un sentiment renforcé par la vénération dont il fait l’objet et les nombreux hommages – j’ai toute une partie de ma famille qui est noire).

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    • Non, comme c’est clairement expliqué dans la critique et comme le prouve l’exemple de l’ours inculte, le « texte de référence » (ici La quête onirique de Kadath l’inconnue) ne DOIT pas forcément être lu (= ce n’est pas un impératif), on peut très bien lire et apprécier le texte de Kij Johnson sans l’avoir fait, voire même sans jamais avoir lu Lovecraft. En revanche, pour saisir toutes les dimensions du texte, la moindre allusion, là oui, on PEUT utilement lire le texte de Lovecraft en parallèle. Mais la novella de Kij Johnson est aussi une histoire qui garde un intérêt à multiples dimensions (aventure, texte féministe, etc) même sans exploiter du tout l’intertextualité.

      Aimé par 2 personnes

    • Bonjour Lutin, je comprends ton aversion de principe pour Lovecraft, j’ai la même pour des auteurs comme Céline ou Houellebecq. Dans le cas de Lovecraft, le taxer de racisme est très réducteur : il était en plus antisémite, misogyne, et pathologiquement misanthrope. En fait il avait toute son époque et ses contemporains en horreur. C’est malheureux à dire, mais c’est cela qui lui a permis d’exprimer le sentiment d’horreur cosmique qui marque ses écrits. Le texte de Kij Johnson est à l’opposé. J’ai notamment beaucoup apprécié la conclusion du récit.

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      • Merci Renaud. Il est vrai que je n’ai pas trop chercher à creuser les motivations de Lovecraft dans ces écrits sachant que le savais effectivement raciste, antisémite et misogyne. e fait d’être pathologiquement misanthrope a certainement eu une influence majeure dans ces écrits.
        Je compte lire le texte de Kij Jhontson, Apophis m’a rassurée sur l’abscende de nécessité de lire le texte référence. 🙂

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  3. C’est intéressant de comparer nos deux points de vue sur ce texte, entre le presque-ignorant lovecraftien que je suis et toi qui connaît bien les références sur lesquelles il s’appuie. Et on a apprécié tout les deux, donc c’est l’idéal 🙂

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    • Oui, je trouve que nos deux critiques se complètent bien, et la tienne a ceci de très intéressant qu’elle peut rassurer un complet néophyte de l’oeuvre de Lovecraft sur sa capacité à apprécier ce roman. Et oui, en effet, le bouquin de Kij Johnson a de quoi satisfaire tous les profils de lecteur tant il y a de niveaux de lecture possibles.

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  4. Je n’ai jamais lu de Lovecraft (oui je sais, honte à moi) mais celui-ci me tente malgré tout, même si je risque effectivement de passer à côté de pleins de références… Je vais essayer de le rajouter à ma liste (déjà chargée) d’achats de ce mois-ci ^^

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