Quelques nouvelles dispensables, mais, globalement, un recueil franchement recommandable
J’ai reçu ce roman dans le cadre d’un Service de presse fourni par les deux coéditeurs. Merci au Bélial’ et aux Quarante-Deux pour cet envoi.
Suzanne Palmer est une autrice de SF basée dans le Massachusetts, détentrice de deux prix Hugo de la meilleure nouvelle longue (novelette dans la nomenclature des prix littéraires américains), en 2018 et 2022, pour deux textes justement à l’affiche du recueil dont je m’apprête à vous parler, celui qui lui donne (presque) son nom (robots remplaçant bots) et l’ouvre ainsi que celui qui le ferme, Les Bots de l’arche perdue. Toutes les nouvelles de l’ouvrage sont inédites en français, à l’exception de Joe 33%, qui était auparavant au sommaire du numéro 117 du magazine Bifrost, également publié par le Bélial’. Bien que Palmer écrive des nouvelles depuis 2005, publiées dans les plus prestigieux périodiques de SFF anglo-saxons (Interzone, Asimov’s Science-Fiction, Clarkesworld Magazine, etc.) et des romans depuis 2019, elle était, sans lui faire injure, presque totalement inconnue sous nos latitudes, à part par la poignée d’experts qui, justement, lisent lesdits magazines en anglais. Nul doute que son inclusion dans la prestigieuse collection Quarante-Deux, dirigée par Ellen Herzfeld et Dominique Martel, qui nous a donné de nombreux chefs-d’œuvre comme Au-delà du gouffre de Peter Watts ou La Fabrique des lendemains de Rich Larson, va changer cette situation du tout au tout !
On notera une couverture à rabats très réussie (et une qualité d’impression remarquable) signée par un certain Dofresh (jamais entendu parler, mais je vais clairement m’intéresser à son œuvre), et une traduction qui l’est tout autant (mais avec lui, on a l’habitude), signée Pierre-Paul Durastanti.
Comme toujours avec les recueils de nouvelles, je vais brièvement résumer chacune d’entre elles avant de donner mon sentiment et mon analyse à son sujet, et terminerai mon article en donnant une impression plus générale portant sur l’ensemble de l’ouvrage. Les textes sont au nombre de treize, ont été publiés en VO entre 2011 et 2022, et font 20-30 pages en moyenne, quelques-uns atteignant ou frôlant les 45. Continuer à lire « La Vie secrète des robots – Suzanne Palmer »


L’espace entre les guerres est un recueil réunissant deux romans respectivement parus en 1998 et 2000, Dans la gueule du dragon et Une porte sur l’éther. S’inscrivant dans l’univers des Portes de Vangk commun à d’autres textes de l’auteur, ils mettent en scène son seul héros récurrent, Jarid Moray, qui refera une apparition dans Lum’en. Il correspond au trope du médiateur, mi-diplomate, mi-enquêteur, envoyé par le gouvernement (ici diverses corporations interstellaires) quand la situation locale devient explosive (on retrouve le même type de protagoniste chez Serge Lehman -notamment dans
Activation Degradation est un standalone (bien qu’à la lecture de la fin, on se fasse la réflexion qu’une suite soit non seulement possible, mais qu’elle serait, de plus, probablement très intéressante) signé Marina J. Lostetter, qui avait déjà publié, en Science-Fiction et dans la forme longue, la trilogie Noumenon. Présenté par son éditeur comme un roman dans la lignée de l’AssaSynth de Martha Wells (dont j’ai lu le premier volet, qui m’a laissé un profond sentiment d’incompréhension à propos de son triomphe critique, commercial et en terme d’attribution de prix… Il faut croire que la culture SF s’est perdue en route !), Activation Degradation est en fait bien plus que cela : il est mieux construit, mieux écrit, plus profond, bref, de mon point de vue, bien meilleur.
Elly Bangs est une autrice américaine basée à Seattle dont j’avais déjà lu la nouvelle Dandelion, qui nous offrait un incroyable voyage émotionnel, beaucoup d’humanité et une fin grandiose. Inutile de dire, donc que quand j’ai appris qu’elle sortait son premier roman, Unity, mi-avril, je me suis empressé de l’inscrire dans mon programme de lecture, même si divers facteurs ont fait que je n’ai pas pu le lire aussi près de sa parution que possible. Après l’avoir achevé, je suis absolument sidéré que ce livre n’ait pas eu plus d’écho que cela, car c’est, et de très loin, une de mes meilleures lectures SF récentes. J’imagine que, comme nous le verrons, il a peut-être pâti d’une première moitié qui ne reflète absolument pas la qualité (hallucinante) de la seconde, d’un manque de visibilité ou de notoriété de son autrice. Quoi qu’il en soit, j’espère que ma critique incitera les anglophones, parmi vous, à lire ce bouquin, et surtout l’édition française à s’y intéresser, tant il mériterait vraiment d’être traduit ! Car à nouveau, Bangs mêle Sense of wonder, émotion, humanité et une (pré-) fin très réussie en un mélange magistral (si on prend en compte la totalité du livre), qui plus est très en prise avec les préoccupations progressistes actuelles sans être non plus (trop) agressivement militant.
Le 2 juin dernier est sorti le roman Les ténèbres hurlantes de Christopher Ruocchio, second tome du cycle Le dévoreur de soleil, après
Le 2 juin 2021, paraîtra La troisième griffe de Dieu, second tome du cycle Andrea Cort, après le très bon Émissaires des morts (
S’il n’a pas l’aura des plus grands livres ou cycles de van Vogt, La guerre contre le Rull est tout de même considéré comme une de ses œuvres importantes. Comme l’écrasante majorité des publications de l’auteur dans les années cinquante, ce n’est pas un roman à proprement parler mais un fix-up (terme et concept inventés par l’auteur), l’assemblage de six nouvelles initialement indépendantes publiées entre 1940 et 1950, avec l’ajout de matériel pour faire le lien entre elles (les chapitres 5 et 20) et donner à l’ensemble un minimum de cohérence. Même si les coutures se voient parfois franchement, le résultat est cependant bien plus honorable que dans d’autres ouvrages de l’auteur, comme Quête sans fin, par exemple. Le principal défaut de cet assemblage est ici sa répétitivité : plusieurs des nouvelles mettent en scène soit le héros, soit un de ses antagonistes, soit le héros et l’un d’eux, qui se retrouvent échoués sur une planète hostile et n’ont souvent pas d’autre choix, pour survivre, que de coopérer avec leur pire ennemi.
David Marusek est un écrivain américain, auteur de quatre romans et d’une douzaine de textes courts, dont celui dont je vais vous parler aujourd’hui. Cette novella, son troisième texte publié, a été, depuis, intégrée (sous une forme révisée) au roman