Certes Silverbergien, mais pas seulement
J’ai reçu ce roman dans le cadre d’un Service de presse fourni par le Bélial’. Merci à Erwann Perchoc et Pierre-Paul Durastanti pour cet envoi.
Le Chemin de l’espace est la réédition, publiée en 2024, d’un roman de Robert Silverberg, avec une traduction révisée par Pierre-Paul Durastanti, par ailleurs directeur de la collection dans laquelle paraît l’ouvrage (Pulps, chez le Bélial’). Dans la préface, l’auteur revient sur l’histoire éditoriale complexe de ce dernier, composé de cinq novelettes (longues nouvelles) d’une cinquantaine de pages chacune. Attention, il ne s’agit pas, pour autant, d’un fix-up (de textes qui n’avaient initialement rien à voir et qui ont été réunis plus tard en un tout plus ou moins cohérent par l’ajout de passages supplémentaires, voire d’un fil rouge : un écrivain comme A.E. van Vogt, par exemple, était un spécialiste de la chose), puisque ces cinq textes ont toujours été pensés comme une Histoire cohérente du Futur / d’une religion scientifique. On a plus affaire à une intégrale qu’à un fix-up, techniquement.
Comme la quatrième de couverture le rappelle à juste titre à un public SF des années 2020 dont la maigre connaissance du domaine est de plus en plus lacunaire, Robert Silverberg est un des géants du genre (je vous ai par exemple souvent parlé sur ce blog de son recueil Le Nez de Cléopâtre ou de certains des textes qui le composent, par exemple dans cet article). Pour appuyer son propos, le rédacteur de ladite quatrième cite certains des chefs-d’œuvre de l’auteur, comme Le Livre des crânes, L’Homme dans le labyrinthe et L’Oreille Interne. Cette sélection, si elle reflète effectivement certains des livres majeurs de Silverberg, n’est à mon avis pas faite au hasard : ces trois romans exploitent en effet deux thématiques (l’immortalité pour le premier, les pouvoirs psi pour les deux autres) centrales dans Le Chemin de l’espace. Dans la préface, l’auteur déclare avoir initialement voulu s’inspirer de Neil R. Jones, Cordwainer Smith et Poul Anderson, mais que le résultat final ne reflète pas leurs oeuvres (à part celle du premier, auteur totalement inconnu en France mais important dans l’histoire du genre via les concepts créés ou l’influence sur d’autres écrivains majeurs ; on pense à Murray Leinster, en moins prononcé). En fait, l’ouvrage est, d’abord, très Silverbergien, comme nous allons le voir, mais pas seulement : il fait également penser à d’autres auteurs (y compris des gens ayant publié leurs romans après celui de Silverberg), de Frank Herbert à Isaac Asimov en passant par Walter M. Miller.
Si je ne ferais pas de ce Chemin de l’espace un roman incontournable en SF ou dans la bibliographie de Silverberg, il se lit avec fluidité et développe méthodiquement l’ascension d’une de ces religions scientifiques fréquentes dans l’histoire de la Science-Fiction (Asimov, Iain M. Banks, A.E. van Vogt, etc.), et peut constituer une synthèse abordable d’au moins un pan de l’œuvre protéiforme de l’auteur (SF, Fantasy, Uchronie) et surtout de certaines de ses thématiques de prédilection (dont les pouvoirs psi). C’est déjà pas mal ! Continuer à lire « Le Chemin de l’espace – Robert Silverberg »


* The sorcerer of Rhiannon, Leigh Brackett, 1942.
Nicola Griffith est une autrice anglaise vivant aux USA, dont Ammonite, publié en 1993, était le premier roman, couronné par le prix James Tiptree Jr et un Lambda Literary Award (récompense célébrant le meilleur de la littérature LGBT ; elle en recevra… cinq autres !). Elle en écrira six de plus (et un septième est attendu en 2022), dont un en partie autobiographique, et recevra aussi un prix Nebula et un World Fantasy award (excusez du peu !). Sa bibliographie couvre un vaste éventail de genres, de la SF, pour le livre dont nous allons parler aujourd’hui, au polar (dont deux, mettant en scène le même personnage, ont été traduits par Calmann-Lévy en 2003 et 2005), en passant par des œuvres au carrefour du roman Historique et de la Fantasy.
Le 2 juin dernier est sorti le roman Les ténèbres hurlantes de Christopher Ruocchio, second tome du cycle Le dévoreur de soleil, après
Le 11 mars 2020 sortira (entre autres, mais nous en reparlerons bientôt) chez Bragelonne L’empire du silence de Christopher Ruocchio, tome d’ouverture d’un cycle appelé Le dévoreur de soleil. Lorsque je l’ai lu en VO, j’ai trouvé une formule à la fois percutante et qui résumait parfaitement son contenu et son atmosphère (Empire of silence = Le nom du vent + Dune + Gladiator), et je m’en suis servi comme sous-titre de ma critique : il semblerait qu’elle ait séduit l’éditeur, qui l’a reprise sur le bandeau rouge ornant la couverture (merci à lui, au passage).
En août 2018, je vous ai fait découvrir une autrice française prometteuse, Audrey Pleynet, lorsque j’ai chroniqué sa nouvelle
Le 4 septembre 2019, sortira chez Albin Michel Imaginaire Semiosis de Sue Burke, que j’ai pour ma part lu en VO il y a un an et demi. Vous pouvez lire ma critique complète
Howling dark est le second tome de la tétralogie Sun Eater, après