Corsaire de l’espace – Poul Anderson

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Levez l’ancre, moussaillons !

Si les gros bataillons des amateurs de SF connaissent la collection Une heure-lumière du Bélial’, ils sont en revanche nettement moins nombreux à connaître Pulps, dirigée par Pierre-Paul Durastanti et consacrée, comme son nom l’indique, à des récits d’aventure faisant la part belle au sense of wonder « à l’ancienne », tels qu’on pouvait en lire dans les Pulps (magazines de SFF imprimés sur du papier bon marché -d’où le nom) ou en tout cas à la même époque approximative. Pour l’instant, ladite collection comprenait, outre les différents tomes de Capitaine Futur d’Edmond Hamilton (beaucoup plus connu sous nos latitudes sous le nom de Capitaine Flam ; si l’envie vous en prend, ma critique du roman inaugural est à votre disposition), un roman signé Jack Vance (Les Vandales du Vide) et un autre signé Eric Brown (Les Ferrailleurs du cosmos), et elle vient de recevoir un renfort de poids avec la publication, il y a quelques jours, de Corsaire de l’espace, ouvrage de Poul Anderson à l’histoire éditoriale compliquée (je vais y revenir). Poul Anderson, géant de la SFF (et pas que de la Science-Fiction : il a notamment écrit l’épique L’épée brisée) mis à l’index dans les années soixante dans l’Hexagone pour son refus de condamner la guerre du Vietnam et pour ses positions perçues comme réactionnaires… notamment du fait de ce livre bien précis. Pour être tout à fait clair, chacun(e) d’entre vous met à l’index qui il / elle veut pour la raison qu’il / elle veut, mais personnellement, je ne juge pas un auteur sur ce qu’il est ou pense, mais sur la qualité / l’intérêt de ce qu’il écrit. Et visiblement, chez le Bélial’, ils sont sur la même longueur d’onde. Soyez toutefois averti que cette sortie n’est donc pas destinée à tous les profils de lecteurs.

La postface, signée Jean-Daniel Brèque, ainsi que ce sujet sur le forum du Bélial’, reviennent sur la genèse compliquée de l’ouvrage : d’abord publié sous forme de trois novellas, puis sous celle d’un fix-up agrémenté d’un chapitre et de phrases supplémentaires de-ci de-là, il avait été traduit dans les années soixante par la revue Fiction, failli être réédité il y a une dizaine d’années chez un autre éditeur, avant d’atterrir, très logiquement chez le Bélial’, puisque celui-ci est maintenant devenu le spécialiste et défenseur (à juste titre, à mon avis) de l’auteur. La traduction a été révisée par l’excellent Pierre-Paul Durastanti, ainsi que par Olivier Girard, le capitaine (corsaire ?) à la barre du navire Bélial’. On décernera par ailleurs des louanges hautement méritées à l’illustrateur (Pascal Blanché) et au graphiste (Philippe Gady) pour leur couverture de toute beauté (rappelant les œuvres de Chris Foss, en plus vif au niveau couleurs), et à l’éditeur pour avoir le courage d’assumer de publier de la SF quand tant de pleutres, dans le milieu, abusent de leur chimérique « couverture neutre » (ou de machins symboliques pondus par des graphistes sans envergure) ou usent d’un luxe de circonvolutions et autres circonlocutions (« jeu érudit avec les codes de l’Histoire » à la place d’Uchronie, par exemple) pour ne pas appeler, sur les quatrièmes de couverture, un chat, un chat. Lire la suite

12 sagas de SF à lire sur les Intelligences Artificielles (IA)

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Depuis la sortie de la première édition du Guide des genres et sous-genres de l’Imaginaire en 2018, j’ai pour projet d’en poursuivre le dernier chapitre, qui vous présentait non pas un genre de la SFFF, mais une thématique (en l’occurrence l’invasion extraterrestre) transverse pouvant relever de différentes subdivisions taxonomiques. Et d’y adjoindre certains des objets emblématiques de la SF, comme les Big Dumb Objects, les Megastructures, et ainsi de suite. Seulement voilà, ce genre de guide prend énormément de temps à écrire, et ce temps, je n’en dispose pas pour le moment. Et vu que faire des articles au rabais, ce n’est pas vraiment le genre de la maison, j’ai jusque là opté pour l’attente de jours meilleurs. Il y a toutefois un sujet d’une actualité brûlante (les IA -Intelligences Artificielles-), et dans ce cas précis, il est bien plus pertinent d’en parler aujourd’hui qu’aux calendes grecques. C’est mon récent concept inédit de guide de lecture qui m’a fourni la solution : plutôt que de faire un guide exhaustif, pourquoi ne pas parler de « seulement » une douzaine d’indispensables ? Pour l’anecdote, même en ne retenant que les romans / cycles les plus importants, on laisse énormément de sagas majeures de côté (donc, pour anticiper sur les commentaires : oui, il « manque » ou « on peut ajouter » le livre Truc écrit par Machin, notamment Herbert, Heinlein, etc.) ; c’est une sélection qui, tout en étant forcément subjective, me paraît synthétiser le mieux les grands axes de la thématique, pas la seule sélection possible ni pertinente. Donc oui, il faudra bien que je me colle un jour à un guide de lecture complet sur les IA  😉 Lire la suite

7 ans, 3 mois, 2 jours et 2 millions de vues plus tard…

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Il y a quelques semaines, j’ai remarqué que le blog approchait d’un cap éminemment symbolique, et puis la chose m’est sortie de l’esprit. Ce n’est que ce matin qu’en jetant mon coup d’œil quotidien aux stats et autres spams, je me suis aperçu que sans que je m’en rende compte (bien occupé, il faut toutefois le préciser, par des soucis électrico-informatiques divers ces dernières 48h), il avait été franchi : au moment où je rédige ces lignes, le Culte d’Apophis a enregistré, depuis sa création, le 5 janvier 2016, 2 003 439 vues (et a été honoré par la venue d’un demi-million de visiteurs uniques -510 987 pour être précis-). Vous allez me dire « Bravo, félicitations ! », mais à moins que vous ne soyez blogueur (et SFFF, qui plus est ; et encore, un nouveau blogueur ou un très peu porté sur les stats peut lui / elle aussi ne pas appréhender la chose à sa pleine mesure), tout cela peut être obscur pour vous. Donnons, donc, quelques points de référence : un blogueur SFFF reconnu (Xapur, le Chroniqueur, etc.) fait entre 25 000 et 50 000 vues par an, un poids lourd fait autour de 100 000 (l’Ours Inculte), tandis que les blogs SFFF les plus fréquentés naviguent entre 100 et 400 000 vues annuelles.

J’ai donc fondé le Culte le 5 janvier 2016 : en 360 jours, j’ai fait 26813 vues. Ce qui, pour un blogueur débutant, était assez exceptionnel, d’après ce que des blogopotes plus expérimentés m’ont dit à l’époque. Et ce n’était rien en comparaison de ce qui attendait ce blog lors des années suivantes : 145 K en 2017, 261 en 2018, puis 333 en 2019, 377 en 2020 et 403 K en 2021. Le Culte a toujours progressé depuis sa création, sauf l’année dernière, où mes ennuis de santé ont fait qu’il n’a généré « que » 340 K vues (avec près de 3 mois sans RIEN poster tout de même…).

Envisageons maintenant une uchronie dans laquelle je ne brise jamais le plafond de verre et où je reste dans les mêmes eaux que lors de ma première année, à 26813 vues annuelles : dans la réalité, j’ai mis 7 ans et 3 mois environ pour atteindre ce cap symbolique des 2 millions de vues ; dans ce scénario uchronique, j’aurais mis près de soixante-quinze ans pour parvenir au même cap ! (en admettant que je vive assez vieux pour cela : vu que j’avais 41 ans quand j’ai ouvert le Culte, le scénario est de toute façon relativement irréaliste). Vous mesurez donc maintenant peut-être mieux à quel point ce chiffre est bien plus que simplement anecdotique, tant il relève d’un exploit ahurissant en termes de fréquentation et de rapidité pour atteindre ces 2 millions (à ma connaissance, un seul blog l’a atteint, celui de Lune, mais au bout d’une dizaine d’années, de mémoire). Sans compter que les blogs SFFF ayant dépassé un million de vues doivent (largement) se compter sur les doigts d’une seule main ; alors deux millions…

Ces 2 millions de vues, je vous les dois, à vous toutes et à vous tous. Ce succès est le vôtre autant que le mien. Je n’écris pas ces lignes pour plastronner : ce n’est pas dans ma nature, et j’ai cela en horreur, ayant vu trop d’exemples de cette attitude détestable dans ma famille côté paternel. Mais si on m’a appris, côté maternel, à rester humble, on m’a aussi enseigné à ne pas diminuer mes propres accomplissements. Tandis que sans arrêt, certains, dans le milieu de l’édition ou celui de la SFFF plus généralement, traitent le Culte d’Apophis comme quantité négligeable, il me paraît important qu’il soit parfaitement clair dans l’esprit de ces gens que le Culte est et restera un acteur incontournable de la blogosphère SFFF et de son histoire, ne leur en déplaise. « Oderint, dum metuant », comme disait Caligula.

Charge à moi, toutefois, de ne jamais prendre la grosse tête, et de savoir faire profiter des blogueurs moins expérimentés, plus jeunes ou n’ayant pas brisé leur plafond de verre, de ma bonne fortune, notamment via les mises en avant d’autres sites que le mien dans l’Apophis Box. Charge à vous, aussi, de me remettre dans le droit chemin si je me mets vraiment à me prendre pour un dieu  😉

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L’Invincible – Stanislas Lem

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Précurseur, mais manquant de saveur

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 104 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

Le croiseur Condor a brusquement cessé de donner signe de vie alors qu’il était en mission sur Régis III, et ce malgré le fait qu’il est équipé de champs de force infranchissables et d’un armement suffisant pour raser des montagnes ou assécher un océan. Un vaisseau du même type, l’Invincible, arrive sur place pour enquêter. Il découvre un monde étrange, où la vie existe dans les océans mais est totalement absente sur les continents, des déserts stériles parsemés d’étranges ruines formées d’entrelacs de câbles noirs. Le Condor est presque intact, mais tout son équipage est mort (de cause inconnue), à part un homme plongé en hibernation dont, une fois éveillé, on s’aperçoit que ses centres cérébraux de la parole sont effacés. C’est alors qu’un étrange nuage de « mouches » noires va se mettre en branle…

Rédigé en 1962-63, L’Invincible est une application très précoce d’une thématique / technologie SF dont il n’existe que trois ancêtres antérieurs (dont un également rédigé par Lem, dans Eden) et qui ne deviendra courante dans le genre que plusieurs décennies plus tard. Sur ce point et sur d’autres, c’est un roman de Hard SF tout à fait remarquable, du Peter Watts bien avant l’heure, montrant que ce n’est pas l’être le plus évolué, le plus conscient ou le plus intelligent qui prend l’avantage sur ses concurrents… bien au contraire. Mais ce roman est aussi un anti-Space Opera, montrant que la soi-disant toute puissante technologie humaine ne peut pas tout résoudre et que notre espèce n’est peut-être pas destinée à occuper ou transformer chaque monde, ni à détruire toute espèce qui menace un homme. L’Invincible ressemble à Solaris dans la futilité des tentatives de communication avec l’Autre, mais s’en démarque radicalement dans le fait que si la planète Solaris est le triomphe de l’évolution d’une biosphère, qui finit par être intelligente à l’échelle d’un monde entier, la Nécrosphère de Régis III relève de principes totalement opposés.

Sur le papier, voilà donc, a priori, un roman de SF de tout premier plan. Oui mais voilà, si le fond est suprêmement intéressant, surtout pour un texte aussi ancien, la forme ne suit pas du tout. La narration est extrêmement froide, tenant presque plus du rapport que d’un récit vivant, et les personnages, même les deux principaux, sont des spectres sans âme ou presque. De plus, une fois l’explication sur la nature et les origines de la Nécrosphère donnée, le reste du livre n’a plus guère d’utilité, et vous pourriez en arrêter la lecture sans rien manquer d’essentiel. On ajoutera que le propos (la traduction?) fait vieillot, avec ses moteurs atomiques, ses robots très Pulps et ses rayons d’antimatière de la mort-qui-tue (même si ces derniers catalysent une scène de combat ultra-spectaculaire). On conseillera donc plus sa lecture à l’historien de la (Hard) SF qu’au lecteur moyen.

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Apophis Box – Mars 2023

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L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Celle-ci est dévoilée au début ou au mitan du mois. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag. Lire la suite

La Ville dans le ciel – Chris Brookmyre (édition poche)

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Un mélange de polar et de SF extrêmement convaincant

Il y a un peu plus d’un an et demi, est sorti dans la prestigieuse collection Lunes d’Encre, chez Denoël, un livre appelé La Ville dans le ciel, écrit par un des maîtres du roman noir écossais, Chris Brookmyre, qui signe ici une incursion dans une SF mâtinée de polar extrêmement convaincante. Ce livre, dont la sortie avait déjà été décalée, d’après ce que m’a expliqué le directeur de collection, à cause du Covid, a été publié en grand format à la rentrée littéraire 2021, et n’a malheureusement pas eu la carrière qu’il méritait, à mon sens du moins. Nombre modeste de critiques dans le fandom, couverture peut-être un peu trop insipide, concurrence trop forte, les raisons de ce retentissement décevant sont sans doute multiples, mais il n’en reste pas moins qu’ici, dans l’Apophisme, quand on pense qu’un bouquin mérite d’être lu, on ne lâche pas l’affaire et on reprend donc son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole (surtout que cette fois, la couverture est de toute beauté  😀 ). Quitte à donner, pour cela, dans l’inédit, puisque c’est la première fois dans l’histoire du Culte que je fais le relais d’une sortie en version poche (qui aura lieu le 6 avril). C’est vous dire si je suis motivé pour réparer ce que je crois être une injustice (et non, je ne perçois pas de sous de la part de Denoël ou Folio SF, hein, même pas de SP-surprise-qui-font-plaisir-en-apparaissant-dans-la-BAL, c’est le jeu ma pauvre lucette).

Bref, si vous voulez en savoir plus sur ce roman, je vous invite à vous reporter à ma critique de la VO, où vous trouverez, qui plus est, des liens vers quelques chroniques de la VF grand format écrites par des blogopotes. Mais vraiment, lisez-le, c’est clairement au-dessus du lot (sans être le livre du siècle non plus) et ce serait dommage de passer à côté  😉

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Cantique pour les étoiles – Simon Jimenez

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Connaître ses classiques

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 104 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag.

L’Humanité, ou du moins ses représentants les plus riches et privilégiés, ainsi que leurs employés, a fui il y a mille ans une Terre en proie à un effondrement écologique et une montée des océans, s’établissant sur de luxueuses stations spatiales et exploitant de façon rapace des mondes-ressources. Le déplacement entre les étoiles se fait via la Poche, dimension alternative parcourue de courants générant des flux temporels différents. Pour les équipages des vaisseaux, le voyage entre deux systèmes représente quelques semaines, alors que pour l’univers extérieur, des années ou des décennies s’écoulent. Nia, capitaine de cargo, ramène vers la civilisation un enfant mutique dont la capsule s’est écrasée sur un monde primitif. Un personnage important va alors lui demander de le cacher aux confins de l’espace régi par les corporations, car elle pense qu’il possède le don de Saut, la translation instantanée et sans machinerie entre deux points de l’espace, une faculté que les multiplanétaires convoiteraient avidement.

La quatrième de couverture souligne une ressemblance avec les œuvres de David Mitchell et de Gabriel Garcia Márquez, mais omet la comparaison qui à la lecture, crève pourtant les yeux : celle avec le cycle des Cantos de Dan Simmons. Le premier chapitre est ainsi un véritable équivalent de l’histoire de Siri et Merin, en inversant les rôles : ici, c’est Nia qui est une Siri qui ne vieillit pas et voyage dans les étoiles, puis qui devient, pour l’enfant, exact reflet d’Énée (c’est son sang qui donnera à l’Humanité le don de Saut spatial instantané), au genre près, une version féminine de Raul. Et les parallèles sont bien loin de s’arrêter là. À un point tel qu’on frôle la réécriture (progressiste : les thématiques écologiques et anticapitalistes sont omniprésentes).

Si on ajoute à cela une narration qui varie les modes (y compris épistolaire), les points de vue, les personnages et les ambiances, parfois radicalement différentes, d’un chapitre à l’autre, on se retrouve devant un roman qui, sans être mauvais (la dernière partie étant la meilleure, et la plus poignante), notamment sur le plan du style, invariablement agréable et occasionnellement traversé d’impressionnantes fulgurances, pose question quant à l’intérêt à lui accorder. L’admirateur de Simmons n’y trouvera ni la virtuosité, ni l’impact émotionnel, ni la singularité de l’œuvre du Maître ; le débutant sera plus inspiré de lire l’original plutôt que l’ersatz ; seul, peut-être, l’allergique aux positions idéologiques de Simmons trouvera-t-il de la valeur dans cette réécriture sans grande saveur (à part sur la fin, sans avoir l’impact du sort d’Énée), plaisante à lire mais presque aussi vite oubliée, d’un des plus grands chefs-d’œuvre de la SF.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de L’épaule d’Orion, celle de Yogo le Maki, de Célinedanaë, de Tachan,

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Connexions – Michael F. Flynn

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Guide des tropes et thématiques de la SF !

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier et Erwann !

Le 16 mars 2023, paraîtra dans la prestigieuse collection Une Heure-lumière du Bélial’ un court roman de Michael F. Flynn appelé Connexions. L’auteur n’avait été jusque là que très peu traduit en France (également par l’excellent Jean-Daniel Brèque, d’ailleurs), puisque à l’exception du prodigieux-mais-pas-destiné-à-tous-les-profils Eifelheim, tout le reste de son œuvre n’a jamais franchi la barrière de la langue. Vu que, pour ma part, les deux ont été, dans des styles ou pour des raisons différentes, deux lectures de très grande qualité, j’espère que la tendance va s’inverser et qu’il ne faudra pas attendre autant de temps pour relire l’auteur !

Vous le savez sans doute, je suis l’auteur du Guide des genres et des sous-genres de l’imaginaire paru chez AMI ; entre autres aspects ou intérêts, on pourrait très bien présenter Connexions, outre comme un hommage aux tropes principaux  / thématiques majeures de la SF, comme un formidable outil pour initier un novice, voire un récalcitrant, à ces derniers. La plate-forme est idéale pour cela : courte et fluide à lire, extrêmement bien construite, écrite et traduite, avec une histoire à la fois astucieuse et savoureuse. Je pense d’ailleurs moi-même recommander, désormais, l’ouvrage en tant que premier contact avec le genre.

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Dix sagas de SFF à lire pour… un univers d’exception

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Vous trouverez sur ce blog un grand nombre de guides de lecture, qu’il s’agisse de ceux où les livres sont classés par sous-genre, relèvent d’une thématique commune (il y en a aussi dans l’Apophis Box) ou concernent un auteur bien précis. N’importe quel blogueur / blogueuse SFFF vous le dira, les gens sont friands de ce type de contenu (il est très facile de s’en apercevoir, puisque c’est presque invariablement le contenu le plus lu de ce type de site) : le néophyte y trouve de quoi le guider dans la jungle des milliers de titres de Science-Fiction ou de Fantasy publiés, tandis que le vétéran y cherche la perle rare qui aurait échappé à son radar au fil de décennies, parfois, de lecture de nos genres de prédilection. En y réfléchissant, je me suis toutefois aperçu que l’approche qui a, jusqu’ici, été la mienne présentait un défaut : elle ne tenait pas compte de la façon dont nombre d’entre nous choisissent leur prochaine lecture ou classent les meilleures d’entre elles. En effet, pour certains, c’est l’univers qui est le facteur déterminant de leurs choix / de leur plaisir de lecture, tandis que pour d’autres, ce sera les personnages, l’intrigue, le style, et ainsi de suite. J’ai donc décidé de proposer un nouveau type de guide de lecture, classé non pas par sous-genre, thématique ou auteur commun, mais par caractéristique saillante.

Ces guides inédits auront deux autres singularités qui les démarqueront de ceux que je proposais déjà sur le Culte : premièrement, ces derniers étaient consensuels et objectifs ; quand je propose un guide du genre X ou Y, j’y inclus les romans ou cycles qui font consensus en tant que références, même si, pour ma part, je n’apprécie pas forcément l’auteur concerné. Difficile, à titre d’exemple, de faire l’impasse sur Jack Vance dans une liste des incontournables du Planet Opera, alors que pour ma part, je n’accroche presque pas à l’auteur (et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer : vous aurez d’ailleurs droit à des chroniques de ses ouvrages dans les mois et années à venir). Les nouveaux guides de lecture comprenant des livres classés par caractéristique saillante (une série d’articles que j’ai décidé de nommer « X sagas de SFF à lire pour… la caractéristique Y ») introduiront, eux, une part de subjectivité, de choix personnel, bien plus importante.

Deuxième singularité, les guides qui existaient jusque là sur le Culte comprennent soit jusqu’à plusieurs dizaines d’ouvrages (guides concernant un sous-genre, certains de ceux concernant une thématique), soit sont limités à 3-4 (guides thématiques spécifiques à l’Apophis Box). C’est d’ailleurs dans cette dernière que je comptais, initialement, vous proposer la nouvelle mouture. Et puis je me suis dit que là aussi, il y avait un chainon manquant, des guides de dix romans / cycles ou moins, mais avec en tout cas plus de 3-4 titres. Ce qui donnait un contenu un peu trop long pour une Apophis Box, et nécessitait donc une toute nouvelle série d’articles. Selon l’accueil qui lui sera fait, elle sera mensuelle ou plus occasionnelle, et la caractéristique saillante changera à chaque fois, même si une caractéristique donnée pourra revenir, si besoin, à plusieurs reprises. Aujourd’hui, il s’agit de l’univers, tandis que ce seront les personnages la fois suivante, mais vu qu’il y a BEAUCOUP d’univers intéressants en SFF, il y aura un épisode 2 centré sur les univers tôt ou tard, avant d’enchaîner sur le style, les ambiances, l’intrigue, etc.

Comme tout nouveau type d’article sur le Culte, ce premier numéro est forcément assez expérimental : n’hésitez pas à vous exprimer en commentaires pour donner votre opinion ou vos retours sur ce qui pourrait être fait autrement. Par exemple, j’ai choisi de ne pas forcément vous donner une description détaillée des forces et faiblesses des ouvrages concernés, mais plutôt de me concentrer spécifiquement sur leur univers : à vous de voir, ensuite, via les éventuelles critiques présentes sur le Culte ou ailleurs si, outre son univers, ledit roman a de quoi vous séduire… ou pas. Sachez aussi que je n’ai pas du tout tenté de maintenir un équilibre artificiel auteurs / autrices, francophones / anglo-saxons ou que sais-je, puisque ce qui compte dans ce type de guide est la caractéristique saillante du bouquin, pas celles de la personne qui l’a écrit. Vous le savez peut-être, j’ai fait mienne l’attitude du grand Gromovar (notre Maître à tous) : l’œuvre, rien que l’œuvre, toujours l’œuvre. De même, à part pour le premier, les livres présentés ne le sont pas par ordre de préférence.

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L’Œuf du dragon – Robert Forward

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À vénérer… ou à fuir !

Le 22 mars 2023, sortira chez Mnémos la réédition de L’Œuf du dragon de Robert Forward, célèbre livre de Hard SF dont je vous parlais déjà dans le Guide de lecture consacré à ce sous-genre qui, vous le savez sans doute, est un de mes sujets de prédilection sur ce blog. D’habitude, je ne signale ni les rééditions, ni les sorties au format poche, seulement les traductions de romans qui ont été chroniqués sur le Culte à partir de la VO. Mais là, il s’agit d’un ouvrage si particulier qu’il m’a paru important de bien vous expliquer dans quoi, exactement, vous allez vous engager en cas d’achat. Premier point, c’est vraiment le type de bouquin taillé avant tout pour le pur et dur de la Hard SF… pas tout à fait la plus extrême (il y a « pire »), mais pas si loin que ça tout de même ; et surtout, on rejoint ici les pires clichés sur ce sous-genre, dans le sens où on a nettement plus affaire à un essai à peine déguisé qu’à un roman, tant l’intrigue, les personnages et le style sont basiques, dirons-nous.

La majorité d’entre vous va donc être d’autant plus tentée de fuir L’Œuf du dragon que sa couverture est insipide (j’imagine très bien ce qu’un Manchu aurait pu faire à la place, et je me lamente…), son prix (22 euros) assez élevé pour une réédition d’à peine 372 pages (on saluera toutefois le fait que Mnémos rende ce titre à nouveau disponible en français), sans compter qu’à part ceux qui suivent des blogs spécialisés en Hard SF comme le Culte, Quoi de neuf sur ma pile ? ou L’Épaule d’Orion, le nom de l’auteur risque de ne pas évoquer grand-chose. Et pourtant… Malgré ses défauts, on est ici sur un livre qui, dans son registre très particulier, à tout du chef-d’œuvre absolu, un pur concentré de Sense of Wonder comme on n’en voit plus, de nos jours, que très rarement. Avant de prendre une décision d’achat / lecture, je vous recommande donc vivement de parcourir la critique très détaillée que j’avais écrite en 2018. Elle devrait, si j’ai bien fait mon boulot, vous fournir tous les éléments nécessaires pour pencher d’un côté… ou de l’autre  😉

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