Depuis la sortie de la première édition du Guide des genres et sous-genres de l’Imaginaire en 2018, j’ai pour projet d’en poursuivre le dernier chapitre, qui vous présentait non pas un genre de la SFFF, mais une thématique (en l’occurrence l’invasion extraterrestre) transverse pouvant relever de différentes subdivisions taxonomiques. Et d’y adjoindre certains des objets emblématiques de la SF, comme les Big Dumb Objects, les Megastructures, et ainsi de suite. Seulement voilà, ce genre de guide prend énormément de temps à écrire, et ce temps, je n’en dispose pas pour le moment. Et vu que faire des articles au rabais, ce n’est pas vraiment le genre de la maison, j’ai jusque là opté pour l’attente de jours meilleurs. Il y a toutefois un sujet d’une actualité brûlante (les IA -Intelligences Artificielles-), et dans ce cas précis, il est bien plus pertinent d’en parler aujourd’hui qu’aux calendes grecques. C’est mon récent concept inédit de guide de lecture qui m’a fourni la solution : plutôt que de faire un guide exhaustif, pourquoi ne pas parler de « seulement » une douzaine d’indispensables ? Pour l’anecdote, même en ne retenant que les romans / cycles les plus importants, on laisse énormément de sagas majeures de côté (donc, pour anticiper sur les commentaires : oui, il « manque » ou « on peut ajouter » le livre Truc écrit par Machin, notamment Herbert, Heinlein, etc.) ; c’est une sélection qui, tout en étant forcément subjective, me paraît synthétiser le mieux les grands axes de la thématique, pas la seule sélection possible ni pertinente. Donc oui, il faudra bien que je me colle un jour à un guide de lecture complet sur les IA 😉
Je vais scinder mon propos en quatre angles d’approche de la thématique IA, vous recommandant plusieurs exemples de romans ou cycles incontournables (il y a d’autres angles et d’autres exemples, évidemment) :
Naissance des IA *
* Self-Aware, Riverside, 2023.
Cela va peut-être vous surprendre, mais finalement, en SF, il n’y a pas tant d’exemples de récit de création / émergence des IA que ça (et même certains exemples que je vais vous donner ne relèvent pas tant de la création de cette technologie que de celle d’une nouvelle IA dans un monde où elles existent déjà). On pourrait, au passage, faire la même remarque pour la mise au point de la propulsion supraluminique, notamment : dans la majorité des univers, c’est une technologie éprouvée, il est rare qu’on revienne (et plus encore que ce soit le sujet du roman) sur sa création et ses premiers tests.
Le meilleur exemple qui nous montre de A à Z la création d’une IA est la bien nommée trilogie Singularité par Robert J. Sawyer. Mais si, vous savez bien, cet auteur snobé par une certaine intelligentsia éditoriale française… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ici une IA n’est pas créée par un quelconque projet militaire ou scientifique hors de contrôle, mais émerge spontanément de… l’Internet suite à un certain événement que je vous laisserai découvrir à la lecture de ce cycle. L’auteur s’est basé sur des théories bien réelles sur l’origine de la conscience humaine et les a habilement appliquées au Web tout entier. Outre ce point de départ assez bluffant, la suite n’est pas en reste : la conscience émergente nouera un contact avec une adolescente aveugle, et le lecteur, fasciné, observera toutes les étapes de la maturation de cet esprit, la construction de son sens éthique et moral, etc. Comme beaucoup de romans de l’auteur (pas tous, cependant), le cycle se dévore plus qu’il ne se lit et fait date dans le sujet exploré, du fait de la formidable humanité et la virtuosité du style ultra-fluide de Sawyer. On ajoutera aussi que nous ne sommes pas vraiment dans de la Hard SF, et que Singularité est accessible à toutes et à tous…
… ce qui n’est pas le cas avec l’exemple suivant, à savoir Diaspora de Greg Egan. Il faut en effet savoir qu’il y a différentes branches ou époques dans l’œuvre de l’australien, et que si ledit roman ne relève pas de la plus ardue, il reste toutefois exigeant, tout particulièrement dans son chapitre d’ouverture. Qui concerne justement la naissance d’une IA, mais cette fois dans un monde où elles existent déjà. Ce chapitre est totalement hallucinant, mais il en a découragé plus d’un(e) de continuer à lire l’ouvrage. Ce qui est vraiment dommage vu que Diaspora est un des romans les plus ambitieux de toute la SF et que la difficulté de lecture s’amoindrit nettement par la suite. Et quelle fin ! Quoi qu’il en soit, si le point clef du chef-d’œuvre d’Egan n’est pas centré sur les Intelligences Artificielles, il leur laisse cependant une très large place dans la construction de son monde. Et je le répète, en matière d’IA, et de leur mise au monde, ce fameux chapitre est un in-con-tour-nable : dans quel autre livre de SF assistez-vous à l’embryogénèse d’une IA ? Celles et ceux parmi vous qui ne connaissent pas encore cette merveille pourront en apprendre plus dans ma critique complète.
Un autre auteur, considérablement plus facile à lire, celui-là, j’ai nommé Scott Westerfeld, a lui aussi écrit sur la manière dont une IA « naît », ou plutôt passe de l’état de logiciel « intelligent » à celui d’être doté d’une conscience, via son roman L’IA et son double. Ce qui serait déjà intéressant si l’on ne prenait pas en compte la manière dont cela avait lieu. Ce livre est divisé en deux : dans la première partie, la plus courte, nous assistons à la naissance d’une IA à partir de l’ordinateur de bord d’un vaisseau, seulement intelligent mais pas conscient, pas une personne capable de réussir le Test de Turing. Dans la deuxième, cette IA est impliquée dans une complexe affaire impliquant des œuvres d’art et un procédé théoriquement impossible : le clonage d’Intelligences Artificielles. Dans les deux parties, ce qui est très original est la place du sexe dans l’univers et l’intrigue : c’est via le sexe que l’ordinateur se « transforme » en IA, et les relations charnelles entre Chéri (c’est son nom) et sa partenaire humaine sont également importantes dans la suite de l’intrigue. Et elles sont d’autant plus fascinantes qu’elles sont hautement perverses et inhabituelles… Certes, ce livre n’a pas que des qualités (on aurait aimé en savoir bien plus sur l’univers, par exemple, et l’intrigue est parfois un peu confuse), mais par contre il est très original, et d’autant plus incontournable au sein de la thématique IA que c’est un des plus pointus en ce qui concerne la psychologie de ces consciences d’origine mécanique et non pas organique, sujet dont nous reparlerons un peu plus loin.
Petites et grandes IA *
* The Creator has a mastertape, Porcupine Tree, 2002.
Les trois romans suivants vont vous montrer que contrairement à ce que vous pourriez penser, la Singularité n’est peut-être pas un évènement unique et que les IA peuvent ne pas être aussi monolithiques que dans les univers de Terminator ou de Robert J. Sawyer. Plus précisément, il peut y avoir plusieurs Singularités successives, les IA devenant de plus en plus perfectionnées, puissantes, et, selon les cas, grosses (chez David Zindell, par exemple), ou, tout au contraire, petites (de mémoire, l’IA la plus puissante de l’univers Polity de Neal Asher -voir plus loin- fait une taille inférieure à celle d’un ballon de football). Et dans de nombreux univers de SF, il existe tout un « écosystème » d’IA, des « grosses » qui dirigent le cyberespace à d’autres bien plus modestes en termes de puissance (de calcul, ou tout court), et qui sont parfois à peine intelligentes-conscientes. Une remarque importante, d’ailleurs : il existe aussi de nombreux univers de SF où il existe bien ce que nous pourrions appeler des Intelligences Artificielles, mais qui ne sont pas ou parfois plus ( donc qui sont post-) conscientes. L’exemple le plus fameux étant sans nul doute le Monolithe chez Arthur C. Clarke (voir plus loin). Et Peter Watts a même inventé, dans son excellente trilogie Rifteurs, des Stupidités Artificielles !
Une très belle démonstration de tous ces concepts est le fabuleux Accelerando de Charles Stross, roman complexe mais montrant que tout peut devenir une IA si la technologie existe pour cela, y compris une arnaque pyramidale ou un programme de courtage en énergie, et qui montre aussi un contexte où se sont succédées plusieurs vagues de Singularité, sans parler d’écosystèmes IA… extraterrestres ! Si vous ne connaissez pas ce livre, je vous invite à vous reporter à ma critique complète (datant toutefois des antédiluviens débuts du blog et donc pas aux standards actuels du Culte). Stross n’a peut-être pas inventé ou popularisé le concept de Singularité (ce qui est par contre le cas de Vernor Vinge, dont nous allons bientôt reparler), mais il a incontestablement écrit le roman le plus détaillé sur le sujet.
Je vous ai souvent parlé d’Inexistence de David Zindell, et je mène un lobbying incessant pour qu’il soit réédité, tant c’est un des univers de SF à la fois les plus visionnaires et les plus ambitieux qui existent. Les IA les plus puissantes, outre le fait qu’elles sont énormes (et le mot est faible : elles tournent sur des substrats informatiques qui ont au mieux la taille de la Lune, voire celle de Jupiter, et parfois, il y a une « constellation » de ces structures, pas juste une seule !), sont aussi tellement au-delà de notre compréhension et ont à leur disposition des « pouvoirs » technologiques si hors-normes qu’on les (ou qu’elles se) considère(nt) comme des dieux ! Elles en prennent même parfois certaines des caractéristiques, comme le fait de se manifester, à la manière d’une déité hindouiste, par des avatars, comme celui de Kalinda des Fleurs, une petite fille. Inexistence est, pour paraphraser une formule devenue célèbre appliquée par le Daily Telegraph à l’artiste Steven Wilson (leader du mythique groupe Porcupine Tree), un des plus grands chefs-d’œuvre de la SF dont vous n’avez pourtant jamais entendu parler 😉
Dans tout domaine de la SFF, il y a un « pape », un auteur incontournable, suprême, dans ledit champ littéraire : pour la Singularité, c’est Vernor Vinge, puisque c’est lui qui a popularisé ou fait connaître le concept. Et Vinge a écrit un roman, Un Feu sur l’abîme, où lui aussi décrit de multiples niveaux de Singularités (au pluriel cette fois), où des IA de différentes puissances coexistent dans un même univers… en quelque sorte. Car le point clef de la construction de ce dernier est que plus vous êtes éloigné du centre de votre galaxie, plus le degré d’intelligence et de technologie que vous pouvez développer est élevé. Sachant qu’en-deçà d’un certain point, les IA ne peuvent être fabriquées et les êtres organiques sombrent dans la stupidité. Tandis que tout au contraire, sur les bords du disque galactique, des super-IA peuvent prospérer. Outre ces différents écosystèmes ou hiérarchies d’IA, l’autre intérêt, au sein de cette thématique précise, de ce livre est de montrer ce qui se passe quand une IA « maléfique » ou une sorte de super-virus informatique, antédiluvienne, surpuissante, est lâchée dans un internet galactique et un espace réel qui n’est pas armé pour faire face à son énorme puissance. Une sorte de concept d’IA « Grande Ancienne » qui aurait fasciné Lovecraft s’il avait vécu assez vieux pour le lire !
Les IA au pouvoir *
* Nothing at best (live survitaminé), The Pineapple Thief, 2017.
Dans de nombreux univers de SF, la Singularité (l’apparition d’IA ayant au moins les mêmes capacités intellectuelles et en termes de conscience de soi que les humains) signe, au minimum, de profonds changements dans la société, les humains étant obligés de cohabiter avec de nouvelles entités. Parfois, la cohabitation est réelle : les uns et les autres ont les mêmes droits, la même place dans la société. Mais le plus souvent, soit il n’y a pas de cohabitation (une des factions tente de détruire l’autre, comme dans la saga Terminator, ou l’IA Skynet / Légion tente d’éradiquer la race humaine), soit les IA deviennent les maîtres de l’Humanité tout en lui permettant de continuer plus ou moins sa vie comme avant (la chose n’est d’ailleurs pas toujours évidente ou connue : dans l’univers de Matrix, les IA règnent, mais les humains, vivant dans une Réalité Simulée, n’en ont pas, à l’écrasante majorité, conscience). Et puis il y a un autre cas, celui où il y a bien une forme de « cohabitation », mais où la relation est déséquilibrée, même si ce n’est pas toujours évident de prime abord. C’est sur ce dernier scénario que nous allons nous focaliser, et ce d’autant plus volontiers qu’il concerne, à mon avis, les trois cycles les plus emblématiques de la thématique IA.
Et comment parler de relations humains / IA sans évoquer le cycle des Cantos de Dan Simmons, et en particulier le fabuleux Hypérion ? Le plus cultissime des livres « culte » qui ont donné leur nom à ce blog montre un univers où suite à la destruction de la Terre à cause d’une expérience sur un Trou Noir, l’Humanité s’est répandue dans la galaxie grâce à l’aide du TechnoCentre, collectif d’IA qui lui ont fourni la propulsion supraluminique et le Distrans, des portes spatiales permettant de franchir en un pas des dizaines ou des centaines d’années-lumière. Officiellement, le TechnoCentre est une entité unie conseillant de façon bienveillante le gouvernement humain de l’Hégémonie ; officieusement, par contre, c’est une tout autre histoire ! Lors du cycle, l’auteur dévoilera aussi l’origine (étonnante, et qui prouve que même une application bénigne d’une technologie peut mener, sur le long terme, à des conséquences aussi néfastes qu’inattendues) des IA et le secret de leur très mystérieuse localisation physique : car dans cet univers, nul n’a jamais vu de cité pleine de machines à la Matrix : on sait que les IA existent, mais à partir de quel substrat caché ? Et la réponse est bluffante, tout comme absolument tout ce qui compose ce qui est sans nul doute le plus grand chef-d’œuvre jamais produit par la SF !
En apparence (et je dis bien : en apparence), la Culture de Iain M. Banks part sur certains (mais pas tous) fondamentaux similaires à ceux des Cantos : les IA, bienveillantes, assistent l’Humanité et vivent en bonne intelligence avec elle. Sauf qu’on comprend rapidement qu’en fait, ce sont les IA qui dirigent, et que si elles n’ont pas de projet sinistre pour les êtres organiques, on est tout de même sur une main de fer dans un gant de velours, et sur une manipulation sans scrupules des humains, que ce soit à l’échelle d’un individu ou d’une partie significative de la Culture, quand cela sert les intérêts des Mentaux (les plus évoluées de ces IA), ou du moins de certaines factions d’entre eux. Je me rends bien compte, en l’écrivant, que tout cela a l’air sinistre, mais c’est en fait plus que largement compensé par l’énorme humour qui irrigue la majorité de ce cycle (à l’exception de certains des premiers tomes, nettement plus noirs), à commencer par les noms ou les comportements hilarants de certains des vaisseaux accueillant, comme une coquille enchâsse une perle, lesdits Mentaux. Et en fin de compte, si la relation organiques / IA dans la Culture est complexe, c’est sans nul doute la plus saine et bienveillante des trois univers majeurs que je vous présente ici.
Dans l’univers de l’énorme cycle Polity de Neal Asher, par contre, les choses semblent plus claires : les IA, menées par la plus puissante d’entre elles, Earth Central, ont un jour décidé de prendre le pouvoir, « pour le bien de l’Humanité », et depuis règnent sans partage mais sans malveillance excessive (la plupart du temps…). Même si dans cet univers là, elles sont nettement plus autoritaires que dans les deux autres cycles précédemment cités : les IA du TechnoCentre maintiennent en permanence un comportement onctueux et raisonnable (c’est ce que j’aime à appeler « la soirée de l’Ambassadeur »), tandis que celles de la Culture ont l’aura de bienveillance du Bouddha mais la détermination de Shiva en arrière-plan ; Earth Central et ses subordonnés ordonnent, et on ne transige pas. Malgré la rude concurrence de Simmons et de Banks, et malgré le fait qu’il soit très tentant de voir dans la Polity une sorte de « Dark Culture », l’univers d’Asher est plus détaillé que celui de ses camarades, et il s’en démarque radicalement sur des aspects Hard SF et / ou militaires totalement absents de leurs sagas. À sa manière, il constitue une sorte de pinacle d’un certain registre de la SF, à mon avis du moins. Et bien entendu, l’écrasante majorité de cette colossale saga (le 21 roman s’y inscrivant va bientôt sortir, sans compter des recueils de nouvelles) n’est pas traduite !
Psychologie IA *
* The Mind’s Eye, Haken (avec un certain parfum d’Images and Words 😉 ), 2011.
Qui dit Intelligence / Conscience artificielle dit psychologie, voire psychiatrie. J’ai déjà évoqué, dans ce registre, le roman de Westerfeld plus haut, et je vais donc enchainer avec trois autres indispensables en matière de psychologie des IA, en vous les présentant par ordre chronologique de parution.
Commençons par 2001 et 2010 d’Arthur C. Clarke, chefs-d’œuvre de la SF qu’on ne présente plus. Ces romans brassent un nombre phénoménal de thématiques ou de registres SF, mais je vais me concentrer sur l’aspect IA, incarné par le légendaire HAL 9000. Sans divulgâcher l’intrigue au cas où certains d’entre vous n’auraient pas lu les romans ou vu les films, cette IA commence par développer de sérieux problèmes psychologiques (dont la paranoïa), avant de devenir carrément folle. On découvrira, dans 2010, qu’en fait, elle a essayé de répondre au mieux à deux jeux d’instructions contradictoires introduits par ses concepteurs ou commanditaires humains, et que les manifestations psychiatriques qui en ont découlé ne sont que la conséquence logique de cette erreur humaine. HAL subira une thérapie et aura l’occasion de s’amender, introduisant le personnage fascinant du Docteur Chandra, l’homme qui a plus de facilités à communiquer avec des IA qu’avec (et qui les aime peut-être plus que) ses congénères.
Poursuivons avec Suprématie de Laurent McAllister (pseudonyme commun de deux auteurs de SFFF canadiens, à la James S.A Corey), où un ancien capitaine d’une dictature galactique (ayant consolidé son pouvoir via le -génial mais glaçant- concept de « filtres de réalité »), la Suprématie, décide de libérer un amas galactique en employant pour cela la dernière Nef de Guerre (un énorme et surpuissant astronef) et une variante inédite d’une boucle temporelle. Roman injustement méconnu et très intéressant sur de nombreux plans, Suprématie met aussi en vedette l’IA de la Nef, et sa psychologie et même son immunologie ont une certaine importance dans l’intrigue. On n’avait pas vu un tel niveau d’exploitation de la psychologie d’une iA depuis Clarke, et on ne le reverra plus avant le diptyque dont je vais vous parler ensuite. Si vous pouvez vous procurer le livre de McAllister, n’hésitez surtout pas, sans être un chef-d’œuvre immortel à l’instar de certaines des autres sagas présentées dans cet article, c’est tout de même un bouquin à la fois original et solide.
Terminons, donc, avec Latium de Romain Lucazeau ( tome 1, tome 2), un auteur qui, en deux romans à peine, s’est imposé, n’en déplaise à ses détracteurs, comme un des meilleurs auteurs de SF français d’émergence récente. Et ce même si ledit diptyque doit beaucoup à ses glorieux aînés, Simmons et Banks en tête. Latium est, des quatre sagas (en comptant le livre de Westerfeld) citées dans la thématique de la psychologie, voire de la psychiatrie IA, celui qui va le plus loin et qui s’étend le plus sur le sujet. On ajoutera que s’il y a de nombreux épigones de Banks, Simmons et autre Vinge, y compris parmi les auteurs français, Lucazeau est clairement celui qui a délivré la copie (dans tous les sens du terme) la plus convaincante, en tout cas bien plus que le fort bancal Le Courage de l’arbre de Leafar Izen, par exemple (au passage vous remarquerez que Gilles Dumay a une véritable passion pour les clones des auteurs précités -on pourrait aussi citer Adam-Troy Castro, dont les IA-Source doivent beaucoup au TechnoCentre de Simmons-). Attention, toutefois, à ne pas réduire Latium à un banal ersatz, tant de nombreux points lui donnent une incontestable originalité et un intérêt certain (dont un aspect uchronique qu’on aurait vraiment aimé voir plus développé).
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Sachez enfin que la prochaine Apophis Box contiendra trois exemples d’univers proposant des alternatives aux IA en tant que systèmes de contrôle intelligents des vaisseaux ou d’armes.
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Longue vie au Culte d’Apophis 7e Ciel des fans de SF où pêcher nos futures lectures Encore mille mercis et longue longue continuation
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Merci !
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A te lire, je me rappelle le choc qu’a représenté Hyperion. A l’époque, internet commençait à se généraliser et je n’ai plus jamais regardé un pc de la même façon. Je me suis précipité dévorer Teilhard de Chardin, j’ai appris quelques vers de Keats, je suis retourné à Rome visiter le cimetière protestant. J’ai un peu tendance à le voir partout et pas que dans des lectures (au passage, j’ai trouvé que l’IA mytho de Kunsken faisait un personnage indispensable). En fait, je crois que je n’ai jamais rien lu d’aussi romantique… Tu me donnes envie de lire Suprématie mais curieusement impossible de le trouver en epub
Ton influence démontrée irait-elle jusqu’à persuader son éditeur de combler ce manque? Salutations bruxelloises et joyeuses Pâques.
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Merci, joyeuses Pâques également ! Il se trouve que ce n’est pas la première fois que je mets en avant Suprématie, et que l’éditeur concerné m’a répondu qu’il n’envisageait pas de le rééditer. Mais (parce qu’il y en a un, et même deux) d’une part il y a eu de nombreux changements chez l’éditeur en question, et d’autre part un autre éditeur peut très bien tenter d’acheter les droits du roman concerné. Même si je ne crois guère à l’une ou l’autre hypothèse : je ne vois pas la nouvelle direction de Bragelonne faire des efforts pour promouvoir ce genre de livre, et en général, si un éditeur n’a pas pu faire d’un bouquin un succès, les autres maisons sont frileuses à l’idée d’acheter les droits d’un titre qui s’est déjà planté une fois (même s’il y a des contre-exemples, et fameux qui plus est, notamment en Fantasy avec le Livre des Martyrs ou les Poudremages).
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Ah ben tiens, voilà, je viens d’acheter le premier volume des poudremages, 14,99€, comme ça, uniquement parce qu’Apophis l’a mentionné. Éditeur, si tu nous lis, considère la montagne de brouzoufs qui git sous ce blog. Numérise Suprématie et traduis fièrement tout Polity!
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Amen ! (et merci pour ta confiance !).
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Merci pour cet article très intéressant. J’ai une petite question. Le cycle de Zindell me fait de l’œil depuis pas mal d’années. Mais j’aimerais avoir un avis sur la traduction car nous avons à faire à 2 éditeurs (pour le 1er) et 2 traducteurs différents. Un avis?
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Rien ne m’a choqué à ce niveau.
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C’est toujours aussi passionnant…avec de nombreuses lectures à programmer. Diaspora et Latium devraient être les prochains. Je tourne autour depuis pas mal de temps.
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Merci ! Deux lectures riches mais ardues, chacune dans leur genre. Mais Diaspora est vraiment d’une ambition énorme, de la SF d’ampleur cosmique : pas sûr que tu aimes, mais c’est sans aucun doute à au moins tenter.
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Ah, tu me refroidis déjà que je n’étais pas super chaud.
En restant chez Egan, penses tu que La Cité des Permutants est plus pou moi ou alors c’est dans la même veine ?
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C’est moins ardu, et les concepts centraux sont complètement bluffants. Si tu as lu la nouvelle Poussière dans le recueil Océanique, elle a servi de base au roman, mais il va encore plus loin.
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J’ai dit la lire il y a longtemps mais je n’ai pas le souvenir. Je note de commencer par celui-ci. En attendant j’ai toujours Axiomatique dans la liseuse. 😉
Merci pour les recommandations.
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Avec plaisir !
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Les IA (les vraies) restent un sujet fascinant de la SF et un de mes préférés.
La trilogie Singularité est dans ma PAL/Bibli depuis un moment déjà. Sur tes conseils il me semble. Je n’ai malheureusement pas encore trouvé le temps de la lire.
Accelerando, Idem.
Je désespère de trouver le temps de lire le cycle de la Culture.
En plus du sujet, ce qui est « miraculeux » avec « 2001 et 2010 » c’est l’accessibilité et la fluidité de ces textes.
Latium, je n’ai pas réussi à aller au bout. J’ai vraiment eu l’impression d’un livre coupé en deux de manière abrupte. L’usage d’unité de mesure de la Rome antique m’a pas mal gêné à la lecture. Mais en effet, le livre brasse des choses fascinante autour de l’IA. Étrangement (ou pas), mon personnage préféré était Othon.
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Complètement, c’est ce qui est fascinant avec Clarke, c’est vraiment accessible à tous. La preuve, j’ai lu 2001 et 2010 alors que je devais avoir 10-12 ans, de mémoire.
Accelerando, c’est costaud, mais c’est la claque, franchement. Et la Culture, tu sais ce que j’en pense, c’est un must-read. D’ailleurs, c’est comme Simmons, il faut avoir lu Banks et les Cantos pour comprendre ce que certains romans (français, notamment) leur doivent.
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heureusement …pour mon porte monnaie j’ai déjà lu une bonne partie de ta liste. Le cycle de Sawyer m’avait carrément enthousiasmé. Diaspora est bien sur au top , mais je suis vendu à Greg Egan. Vernor Vinge, Dan Simmons …
L’ancêtre pour-soi de l’IA consciente bien que l’apparition de la conscience y soit recherchée et provoquée par l’homme est le cycle Programme conscience d’Herbert qui commence par Destination vide. À l’époque cela m’avait beaucoup marqué.
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Oui, c’est à lui que je pensais quand j’ai justement cité Herbert dans l’intro de l’article. Il est incontestable que c’est un roman (très) important dans cette thématique, mais je ne pouvais ni ne voulais tout citer dans cette sélection. Il sera dans le guide complet sur les IA, par contre (qui sera d’autant moins difficile à rédiger que de fait, j’en ai déjà écrit le noyau via le présent article).
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J’aime beaucoup tes articles. Je ne suis pas fan de lecture SF de base mais j’apprécie en découvrir tout de même un peu plus à chaque fois grâce à toi. Certains sujets me sont encore un peu abscons mais je pourrais finir par me laisser tenter un jour ;). J’y crois. Merci et bonne semaine.
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Avec plaisir ! Bonne semaine à toi aussi 🙂
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Merki pour ce bel article plein de pistes de lectures (mais j’ai fait des progrès depuis que je viens ici : Hyperion, qq Egan, un feu sur l’abîme… bah sur le feu justement 🙂
A titre anecdotique, sur le thème, j’ai été très frappé par la nouvelle Le Malak dans le recueil (très chouette) Au delà du gouffre.
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Oui, c’est une très bonne nouvelle sur le sujet de l’émancipation de l’arme intelligente / de son accession non pas seulement à l’intelligence mais à la conscience.
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Merci pour cet article !!! CA rafraichit la mémoire et…ca permet de re-lire ou de découvrir une ou deux pépites …
Spéciale mention pour le zindell, inexistence, vous avez raison, oublié très injustement !!! (et dont je n’ai jamais pu lire les 2 derniers tomes jamais parus en français !!) sniffff !! cette saga m’avait vraiment transporté et j’ai été un malheureux coupé dans son élan !!
J’aurais rajouté aussi la saga du « centre galactique » de G. Benford, dont l’humanité traquée par les machines avec différents niveaux de conscience, (un peu à la manière d’un simmons et du thecnocentre, ou des intelligences de plus en plus transcendantales rivalisent entre elles), se souvenant a peine de ses racines, s’enfonce toujours plus loin vers le centre galactique à la recherche d’un havre et de ses origines…du sense of wonder pure 80’s/90’s mais écrit quand même par un physicien, …et dont (comme zindell) le dernier tome (sailing bright eternity) n’est jamais paru en français !!!
IN-JUS-TE !!!…et comme la série fini dans un trou noir avec plein de trucs quantiques…. assez hard de le lire en anglais!!!! 🙂 ….. j’avais tellement aimé à l’époque, que je me souviens avoir envoyé un mail à l’auteur , il y a une quinzaine d’année pour lui demander de bien vouloir faire paraitre le titre en francais !!!!! (dans ma grande naiveté… 🙂 )
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Oui, l’édition française a fait l’impasse, peu à peu, sur nombre de grands auteurs : Benford, Greg Bear, Zindell, Ben Bova, etc. Et oui, c’est profondément injuste. On va vous dire que ça ne se vend pas, que ça ne correspond pas ou plus aux goûts du lectorat d’aujourd’hui. Ce à quoi je rétorque qu’en littérature comme en matière gastronomique, le goût s’éduque, s’affine. Aux passionnés comme vous et moi de prêcher la bonne parole, de faire découvrir ou redécouvrir ces auteurs, et qui sait…
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Bonjour, dans le thème des IA j’avais trouvé très prenant les livres de Ian McDonald avec comme un arrière goût de « Black Mirror »…
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Bonjour,
oui, si on parle du Fleuve des dieux, c’est effectivement un roman / univers très intéressant, comme tous les McDonald, d’ailleurs.
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Ping : Apophis Box – Avril 2023 | Le culte d'Apophis
Bonjour,
ça donne envie d’attaquer Hypérion ! J’ai vu qu’un tomr était sorti en collector chez Robert Laffont, mais il y en aurait 3 autres d’après ce que j’ai trouvé. Sauriez-vous s’il est prévu de les éditer (ou rééditer) en collector aussi ?
Merci !
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Bonjour, aucune idée. Je vous suggère de leur poser la question directement . Par contre, vu qu’il n’y a pas eu de révision de traduction, cette édition « collector » n’a, honnêtement, qu’un intérêt bien mince (un peu de paratexte) par rapport au poche et au numérique existant (beaucoup moins onéreux). Et encore faut-il apprécier le design très discutable (et très discuté) de la chose…
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