Apophis Box – Août 2022

apophis_box_1L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Celle-ci est dévoilée au début ou au mitan du mois. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag.

Extension des horizons : uchronies de l’extrême

L’écrasante majorité des uchronies s’inscrit dans un cadre historique qui va de l’Antiquité à quelques années à peine en arrière par rapport à la date de publication du roman concerné. Et plus que ça, parmi elles, à nouveau une (très) grande majorité tourne autour de quelques périodes à la fois charnières ET connues du grand public (empire romain, guerre de Sécession, Napoléon, Peste Noire, Seconde Guerre mondiale, principalement), pour une bonne et simple raison : si votre uchronie concerne un point obscur de l’Histoire, il a peu de chances de concerner les foules. Pourtant, certains auteurs sont allés très (voire même parfois très, très, très, TRÈS) au-delà de ces frontières ou conventions, inscrivant leur intrigue avant même l’émergence des grandes civilisations antiques, voire même avant celle de la race humaine proprement dite ! On pourrait croire que ces « uchronies de l’extrême » sont si excessivement rares qu’elles en deviennent anecdotiques, alors qu’en creusant à peine, on s’aperçoit qu’il y en a en fait un nombre… surprenant. Je vais en citer trois à titre d’exemple, émanant d’auteurs connus, mais il y en aurait bien d’autres possibles (y compris de la part de certains de ces mêmes écrivains, d’ailleurs).

Commençons par Stephen Baxter : quiconque a déjà lu l’auteur ne sera pas étonné par le fait qu’il situe l’action de son uchronie à une échelle temporelle nettement plus importante qu’il n’est de coutume dans ce genre littéraire, même si, pour le coup, pas aussi extrême que celle des deux autres écrivains que je vais évoquer dans la suite de cet article. Dans The Stone Spring, premier tome de la trilogie Northland (jamais traduite), il met en scène une civilisation du Mésolithique vivant au Doggerland (ici renommé Northland), c’est-à-dire la zone, submergée depuis huit millénaires et demi, qui reliait jadis l’Angleterre à l’Europe. Il y raconte les efforts des peuples qui y vivent pour enrayer la montée des eaux en construisant une colossale digue (la chose peut paraître étonnante de prime abord, pourtant les pyramides prouvent que même avec une technologie primitive, l’homme est capable d’inimaginables exploits d’ingénierie).

Un des maîtres de l’Uchronie, Harry Turtledove, prend, lui, le problème à l’envers par rapport à Baxter : dans Down in the Bottomlands, il place son point de divergence 5.5 millions d’années en arrière. Dans l’Histoire réelle, le détroit de Gibraltar se ferme il y a 6 millions d’années, et la mer Méditerranée s’assèche. 700 000 ans plus tard, cependant, il s’ouvre à nouveau, et les eaux déferlent. L’auteur américain imagine qu’il demeure clos, et que le bassin méditerranéen reste sec jusqu’à nos jours, formant le pire désert de la Terre, à deux kilomètres en moyenne sous le niveau des océans. Il imagine ainsi de nouvelles nations et une autre géopolitique, certains pays étant même peuplés d’Homo neanderthalensis. L’intrigue tourne autour d’une nation voulant faire détoner une bombe nucléaire dans une faille géologique dans les « Monts Barrières », la chaîne reliant la Sierra Nevada et le Rif à l’emplacement de ce qui est pour nous le Détroit de Gibraltar, ce qui aurait pour résultat catastrophique de submerger les Bottomlands.

Le dernier mais non des moindres, Philip José Farmer imagine, lui, dans Deux Faucons de l’autre Terre, une divergence géologique relative à la tectonique des plaques, qui s’est produite lors de la séparation de la Pangée (il y a plus de 160 millions d’années), plongeant les deux Amériques sous des milliers de mètres d’eau, tandis que l’Eurasie, l’Afrique et l’Australie sont 600 kilomètres plus au sud et que le sous-continent indien est séparé de l’Asie par pratiquement 1300 Km d’océan (ce qui implique aussi que l’Himalaya et d’autres grandes chaines de montagnes n’existent pas). Les conséquences ne sont cependant pas que géologiques ou géographiques, mais aussi climatiques et surtout culturelles : sans Amérique, pas de Gulf Stream (donc des hivers beaucoup plus froids) et pas de possibilité pour les ancêtres des amérindiens de se rendre sur ces continents. Ils rebroussent donc chemin, ce qui a des conséquences colossales sur l’Europe, explorées dans le roman.

Extension des horizons : astronefs militaires de l’extrême

Un nombre surprenant d’astronefs militaires de SF (ou d’œuvres considérées par le grand public comme de la SF, mais qui n’en sont pas, ou pas vraiment -vous allez comprendre-) a un comportement et / ou un design qui ramène tout droit à l’Histoire réelle : dans le cycle Honor Harrington, David Weber fait une allégorie du passage du cuirassé (naval, historique) au porte-avions, puis au croiseur lance-missiles, tandis que dans Star Wars (qui n’est pas de la SF mais de la Fantasy dans l’espace), les gros vaisseaux ont tendance à se comporter comme des navires napoléoniens, se longeant pour se tirer des « bordées » de turbolasers, tandis que les chasseurs ont un profil de vol et même des bruitages fortement inspirés par ceux de la Seconde Guerre mondiale. Alors je ne critique pas forcément cette approche, vu que le moins qu’on puisse dire est que dans les deux cas, elle s’est révélée fort efficace pour faire vibrer la fibre martiale du lecteur / spectateur, mais de mon point de vue, il y a bien mieux à faire, ou plutôt bien plus futuriste. Et certains écrivains (et pas forcément les plus militaristes, loin de là) ne s’en sont pas privés ! Voici donc trois exemples de vaisseaux de guerre futuristes qui exploitent vraiment les possibilités d’une technologie plus avancée que la nôtre :

dragon_cookDans Le Dragon ne dort jamais, une des (pas si rares, finalement) incursions de Glen « La Compagnie noire » Cook en SF, l’américain imagine des astronefs gigantesques capables, quand leur couche de surface de blindage et d’armements est trop endommagée, de carrément l’éjecter comme une armure ablative, révélant une autre couche de protection / offensive, toute neuve, en-dessous. Une vision concentrique de l’architecture des vaisseaux de combat qui, comme nous allons le voir, est différente de celle, que nous qualifierons plutôt de fractale, adoptée par deux autres auteurs, britanniques ceux-là. Signalons toutefois qu’il ne s’agit ici que d’une des nombreuses autres particularités ou innovations de ces appareils, qui prouvent que Cook aurait sans doute pu devenir autant une référence en science-fiction martiale (au même titre qu’un Weber ou un Campbell) qu’il l’est en Fantasy militaire.

enfers_virtuels_banksDans Les Enfers virtuels, avant-dernier tome du cycle de la Culture (dont nous venons tout juste d’apprendre que 1/ Robert Laffont ne le rééditerait pas, ne l’estimant potentiellement pas assez rentable en raison des ventes passées décevantes du grand format, alors que 2/ Le Livre de Poche, lui, va le rééditer en une intégrale en deux volumes – on saluera comme il convient cet éditeur pour défendre, ainsi, une des œuvres les plus influentes dans l’histoire récente du genre), le regretté Iain M. Banks imagine un vaisseau capable de se séparer en sous-unités, pouvant, donc, fonctionner soit comme un tout unique (forme sous laquelle il est le plus puissant), soit comme une mini-flotte. Le nombre de sous-unités restant toutefois limité (l’auteur cite deux chiffres différents, 12 et 24).

warship_asherNeal Asher, lui, va beaucoup plus loin, poussant la même idée au maximum dans The Warship : cette fois, le nombre de sous-unités est très important (des centaines, de mémoire), et chacune est dotée de sa propre IA, de ses armes, défenses, de sa propulsion, etc. Pouvant opérer comme un astronef unique ou un véritable essaim de sous-unités, cela lui ouvre, on s’en doute, des options tactiques aussi nombreuses que redoutables. Signalons par ailleurs que le britannique est extrêmement inventif, dans le cycle Polity, en matière d’armements ou (surtout) de défenses : un roman comme Prador Moon donne beaucoup de détails sur la façon de mieux exploiter des générateurs de champs de force ou, surtout, sur celle de contrer l’énergie thermique, électrique ou cinétique d’une attaque, voire d’en récupérer une partie pour alimenter les propres armes du vaisseau !

Disco Diffusion of da Apophism *

* Disco Queen, Pain of Salvation, 2007.

Ceux d’entre vous qui sont le plus au fait des dernières actualités de l’Apophisme (l’ailyte, les vré, LAWL !) le savent, je me suis récemment mis, comme beaucoup de monde, à l’Art généré par IA (plus précisément à Disco Diffusion 5.6, et bientôt à Stable Diffusion), un domaine en évolution extrêmement rapide et qui m’a permis de mettre fin à une frustration qui date des tout débuts du blog : celle de ne pas pouvoir illustrer sa bannière ou ses articles, voire ses critiques, à ma convenance, ne disposant pas, hélas, du talent artistique nécessaire. DD m’a permis de franchir cette barrière, faisant entrer le Culte dans une nouvelle phase, non, mieux, dans une nouvelle ère de son histoire.

Ceux qui me suivent sur Twitter ont déjà eu un aperçu des possibilités offertes par cet outil (ou ceux du même genre, comme Midjourney, Dall-E, etc.), d’ailleurs utilisé par certains artistes traditionnels (comme Pascal Blanché, par exemple). Vu que je sais que les aponautes apprécient l’illustration de SFFF, je me suis dit que vous aimeriez peut-être découvrir certaines de mes créations. En voici donc une (petite) sélection (si l’idée vous plait, je peux en introduire à nouveau quelques-unes, en tant que contenu « bonus », dans certaines des prochaines Apophis Box, voire toutes), calibrée pour vous montrer toute la variété de styles réalisables avec DD (clic droit, « ouvrir l’image dans un nouvel onglet » pour voir l’image pleine taille) :

Les puits de pétrole sous-marins d’Abyss, mais version Steampunk / Dieselpunk
Un astroport SF
épandage agricole et pollinisation artificielle dans un monde Steampunk
Une indicible bibliothèque Lovecraftienne
Une ville Steampunk sous-marine
Le village des lutins de la forêt enchantée
Sous-marin Steampunk à quai près d’une cité sous-marine
Giger-Necrospace
Village côtier décrépit

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31 réflexions sur “Apophis Box – Août 2022

  1. Salut App. Très jolies ces illus ! Je ne savais pas que ce genre de software existait ! J’ai même du mal à « appréhender » qu’une IA créé des illus ( je suppose que tu rentres des critères dans ce que tu désires et que ça te génére une illu ?)
    Sinon, très bonne nouvelle que le livre de poche sorte les intégrales du cycle de la culture. Ils ont franchement un catalogue imaginaire vraiment pas dégueu ! J’ai qq volumes du cycle de la culture mais je prendrais les intégrales afin de soutenir l’initiative ( sais tu quand la sortie est prévue ? ). Pour ce qui est de Robert Laffont, je ne commenterai pas leurs choix éditoriaux dans notre littérature de prédilection, c’est le plus charitable que je puisse faire pour eux …

    PS : tu as prévu quand la mise en ligne de la critique tu tome 8 de The expanse ?

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    • Merci ! Oui, tu donnes une phrase décrivant ce que tu veux (le « prompt »), tu règles une série de paramètres variables, et tu spécifies les modèles / catalogues d’images à suivre.

      Non, je ne sais pas quand la date de sortie est prévue. Et en ce qui concerne le tome 8 de The Expanse, je l’ai fini (je suis dans le 9, là) mais je n’ai pas encore écrit la critique. Je ne sais pas trop quand j’aurais la possibilité de le faire, mais elle arrivera dans les 10j maximum, normalement.

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  2. Je tiens à préciser qu’en ce qui concerne le cycle de La Culture chez A&D, il ne s’agit là que d’une discussion sur la pertinence de rééditer certains titres du catalogue, dont pour certains les droits ont été perdus, afin de réactiver une collection laissée en friche depuis 10 ans, et non d’une décision officielle, ferme et définitive. Mais à court terme, le projet du Livre de Poche rend cette pertinence plus faible encore.

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  3. Visiblement, tu n’aimes pas lire du steampunk, mais tu apprécies son esthétique !
    Pour celle de Giger, ça manque un peu de l’aspect « sexuel » pour pouvoir être de lui et la dernière pourrait être une représentation d’une partie délabrée d’Innsmouth.

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    • Effectivement, j’apprécie l’esthétique Steampunk, et pour ce qui est du genre littéraire, le problème n’est pas vraiment que je n’aime pas en lire, mais plutôt que je suis déçu dans 90% des cas.
      A vrai dire, l’image concernée n’était pas directement inspirée (je veux dire dans les instructions données à l’IA) par Giger mais j’ai trouvé que dans le résultat final, il y avait quelque chose rappelant son univers.
      Je n’avais pas vu ça comme ça pour la dernière image, mais maintenant que tu le dis, c’est ma foi très vrai.

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    • La question abordée dans l’article n’est pas de savoir si le roman est bon ou pas (c’est la critique mise en lien qui répond à cette question, de mon point de vue du moins), mais plutôt de savoir si dans le worldbuilding, il y a des éléments qui démarquent ses vaisseaux du modèle Star Wars / Honor Harrington. Je m’adresse en fait souvent, dans les Apophis Box, aux auteurs, pas aux « simples lecteurs », leur disant en substance : si tu veux écrire dans tel registre / sous-genre, plutôt que de faire comme tous les autres, voilà ce qui existe à la marge ou aux extrémités de ce domaine, et qui pourrait être intéressant. En gros, dans ce cas précis, ça s’intéresse plus à savoir quel outil utile puiser dans la boite que constitue le roman plutôt que de savoir si celui-ci est bon ou pas.

      Sans compter que, de mon point de vue, rares sont les romans à être intégralement mauvais (ou intégralement bons, d’ailleurs) : le style peut être excellent, le rythme passable et le worldbuilding mauvais dans l’un, et inversement dans un autre. Moralité : on peut ne pas aimer un roman, mais tout de même dégager dedans des points intéressants ou utiles, y compris sur un plan très précis. Et c’est très exactement sous cet angle là qu’est abordé le bouquin de Cook dans l’article. Après, c’est sûr que si on veut du vaisseau très futuriste et des qualités littéraires, c’est sans doute, des trois, le Banks qui fera le plus consensus, même si le Asher l’écrase sur le pur plan militaire et Hard SF.

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  4. Salut. Article très intéressant, as usual comme dirait l’autre. Et très surpris et admiratif des illustrations « générées », les pros ont du mouron à se faire, en quelque sorte…

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    • Oui et non. La photographie, le cinéma et la vidéo n’ont pas fait disparaître les peintres réalisant des portraits ou des toiles de paysages. Et de toute façon, cet art généré par IA a ses limites. A commencer par le fait qu’on n’obtient jamais exactement ce que l’on veut. Si un artiste « classique » a une idée / image précise en tête, s’il a le talent nécessaire, il peut la dessiner avec exactitude. Disco Diffusion ou équivalent ne permet pas vraiment cela. Donc les créations assistées par IA ne feront pas disparaître les artistes classiques (les meilleurs, du moins), mais coexisteront avec les leurs. Après, c’est sûr que ceux qui vont le sentir passer sont les graphistes ou artistes sans scrupules qui font des merdes pour des couvertures d’auto-édités, voire dans l’édition classique, et qui se font surpayer pour ça. A partir du moment où avec un minimum d’expérience, on peut générer soi-même une image esthétique, qui plus est libre de droits car réalisée via de l’open source et potentiellement sur son propre ordinateur (Stable Diffusion), il y a tout un marché qui va s’effondrer. Ou un autre qui va apparaître quand ceux qui maîtriseront l’outil vont proposer, moyennant finance, leurs compétences à ceux qui ne le maîtrisent pas / mal.

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    • Une évolution appelée Stable Diffusion est en phase finale de tests, et elle va pousser le concept bien plus loin : immensément plus rapide, et surtout utilisable sur ton propre ordinateur (même un qui a quelques années) au lieu d’être obligé de passer par Google Colab (soumis à restrictions, qu’on peut lever… mais en payant). Là, ce sera du 100% gratuit, open source, en local et d’une rapidité foudroyante : les images seront générées en une durée se mesurant en secondes et pas en dizaines de minutes, voire en heures. Et ce sera utilisable à volonté, en plus (sur Google Colab, c’est 6 heures par jour maximum, sauf si tu payes : environ 11 euros par mois pour 12h par jour, une cinquantaine en illimité).

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  5. Sans surprise j’adore l’illustration necrospace 🤩 comment ça fonctionne en fait ce logiciel ? Tout le monde peut y avoir accès ? J’ai vu passe quelques débats sur le sujet mais sans bien en saisir les enjeux (et sans m’y intéresser plus que ça avant de te lire ici)
    Comme toujours, une box très intéressante, je suis chaque fois impressionnée par ce que tu écris et imagines.

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    • Alors à la base, tout le monde peut avoir accès à Disco Diffusion, mais sauf rare exception, il faut le faire tourner sous ce qu’on appelle Google Colab. En gros, Google met à disposition des gens une partie de ses serveurs, qui contiennent des GPU (des processeurs graphiques) ou des processeurs spécialisés appelés TPU. Ils sont utilisés plutôt que des CPU (le processeur central classique d’un ordinateur) parce que pour les calculs utilisés pour générer les images, ils sont beaucoup plus performants (c’est aussi pour cette raison qu’on les emploie pour faire du « minage » de cryptomonnaies). A la base, Google Colab est gratuit (et Disco Diffusion étant du code Python open source, il l’est aussi), MAIS son utilisation est soumise à restrictions. En gros, tu as droit gratuitement à 6 heures d’utilisation par jour MAXIMUM. C’est-à-dire si tu viens juste de commencer à l’utiliser ou que tu utilises Colab pour faire tourner DD 2-3 fois par semaine, ou 2-3 heures par jour maxi en moyenne avec une pointe occasionnelle à 6. Si tu cherches à faire tes 6 heures tous les jours, au bout d’un moment, tu vas être déconnecté de Colab, et l’accès sera verrouillé pour une durée variable (12h, 18h, plusieurs jours, ça dépend des cas). Idem si les utilisateurs payants (je vais y revenir) sont nombreux à vouloir se connecter. Le truc le plus chiant étant que tu ne sais pas de quel temps tu disposes et que tu peux être déconnecté au cours de la création d’une image (tu peux programmer des sauvegardes partielles, et reprendre le traitement en te servant du résultat partiel comme d’un initiateur, mais ça reste chiant).

      Pour éviter ça, tu peux opter pour une des formules payantes : une à 11 euros par mois environ, qui te garantit 12 heures d’accès et te permet d’avoir accès à plus de mémoire vive et à des GPU plus puissants, ce qui fait que tu peux bosser sur des images plus ambitieuses. Et il y a une troisième formule, mais là, ça tabasse : plus de 50 euros / mois, mais accès illimité, accès aux meilleurs GPU (donc traitement accéléré) ET SURTOUT le fait de pouvoir éteindre ton ordinateur, le traitement se poursuivant sur les serveurs de Google. Avec les deux autres formules, si tu éteins ton ordi, tu perds tout ce qui est en cours de traitement. Sachant que la durée de traitement dépend de plusieurs facteurs (dont la résolution de l’image) et que ça peut prendre entre quelques minutes / dizaines de minutes et plusieurs heures. Le port spatial, par exemple, c’est trois heures de traitement.

      Donc à la base, oui, c’est gratuit, DD et accès à Google Colab, et si tu es futée (et tu l’es), il y a un moyen facile de dépasser la limite de six heures / jour sans payer. Car ladite limite est de six heures par, hum, adresse gmail, pas par adresse IP ou MAC.

      Mais bon, comme je l’expliquais à Yogo, tout ça est sur le point d’être obsolète : une évolution appelée Stable Diffusion est en phase finale de tests, entièrement gratuite, utilisable sur ton propre ordi (donc de façon illimitée), même avec une carte graphique de plusieurs années (il faut juste un peu plus de 5 gigas de VRAM, de mémoire), avec des temps de traitement en SECONDES. Mais j’en reparlerai quand ça sortira, à coup sûr.

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  6. C’est typiquement le genre d’uchronie dans lesquelles je n’ose pas me plonger. Avec des POD aussi loin dans le temps, je suis systématiquement persuadé que je n’arriverais pas à me projeter dans l’univers qui m’est présenté.

    Pour ce qui est des IA artistiques, tes illustrations sont franchement sympas. Qu’est-ce que Disco Diffusion utilise comme source ? Car pour avoir jeté un œil à l’IA Midjourney qui est en pleine hype, j’avoue que je suis dubitatif. Utilisé par des illustrateurs confirmés, elle produit parfois de chouettes résultats, mais qui souvent tendance à avoir le même style. Je les repère qui systématiquement. De plus, il a été prouvé que malgré les dires de ses créateurs, l’IA fait en partie du photobashing à partir d’illustration existante puisque des signatures de peintres ont été retrouvées dans certaines œuvres générées. J’ai aussi l’impression que ces IA ne gèrent pas très bien les profondeurs de plans et les effets qui vont avec.
    Du coup, si ces outils sont « cools » et permettent à certains de s’exprimer via un nouveau médium. Je ne pense pas que, contrairement à ce que certains pensent, ces IA vont remplacer les illustrateurs. Il y a des choses que les mots des promptes ne peuvent vraiment décrire. Toutefois, elles devraient s’avérer utiles pour créer des « quick concept art ».

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    • Ce n’est pas le type d’uchronie auquel j’adhère le plus moi non plus, même s’il faut avouer que le sense of wonder généré par certains points de divergence est impressionnant.

      DD utilise des CLIPS et OpenCLIPS. Le plus gros contient 400 millions d’images, il me semble. Mais plus tu en utilises, plus c’est lourd en VRAM et tu risques une erreur CUDA. Sur les 22 possibles, je n’en utilise que 6, soit, il me semble, un seul de plus que le réglage de base du notebook. Et d’après des gens qui ont fait des tests intensifs en utilisant différentes combinaisons de CLIPs, parfois less is more.

      DD donne des résultats nettement supérieurs à Midjourney (et à Dall-E). Après, si les résultats sont souvent similaires, c’est que les utilisateurs qui ne creusent pas trop les possibilités du truc se servent souvent des mêmes inspirateurs dans les prompts. Ou qu’ils utilisent des prompts trop basiques. Alors que j’ai déjà vu des gens mettre trois artistes dans le même prompt, un pour chaque élément majeur de l’image, avec poids relatif et tout. Dans le genre :

      « Wild West alien invasion by Jean-Léon Gérôme:3 », « Cathedral temple by John Howe:2 », « Trending on artstation », « car by moebius:3 », « Detailed mechanical design:3 », « Dof:-1 », « Blur:-1 »]

      C’est pour ça qu’il y aura des différences énormes entre les utilisateurs : les réglages et les modèles que tu transmets à l’IA, c’est de la science, mais le prompt, clairement, c’est de l’art.

      Concernant les signatures, il arrive à DD de m’en coller dans quelques images, mais ce ne sont ni celles de l’artiste d’inspiration, ni un watermark : je me suis aperçu qu’au moins dans certains cas, c’est tout simplement un des mots du prompt stylisé. Après, d’après le peu que j’en sais, ça semblait plus concerner Midjourney que DD.

      Oui, le flou, sur les bords notamment, est chiant, mais il y a moyen de le diminuer en jouant sur le nombre d’étapes (donc en allongeant la durée de traitement), sur certains paramètres (clamp_max) et même sur le prompt.

      Je suis tout à fait d’accord, ce genre d’outil ne va pas remplacer l’illustrateur, surtout si le client demande un truc vraiment très précis. Concernant les quick concept arts, je constate que de plus en plus d’artistes de renom (Pascal Blanché, par exemple) utilisent DD ou son évolution, Stable Diffusion, pour en faire, puis choisissent le meilleur et le « refont » à leur sauce. Donc clairement, certains ont compris le parti qu’ils pouvaient en tirer, et d’autres se réjouissent de voir l’art digital se démocratiser ainsi. De toute façon, si c’est comme la digitalisation de la musique, de la vidéo et des livres, le processus est inéluctable et le nier ou le contester ne servira à rien. Comme je le disais dans un autre commentaire, ni la photographie, ni le cinéma ni la vidéo n’ont fait disparaître les peintres, et des paysages ou des portraits sont toujours peints.

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      • Tout à fait d’accord avec toi. Si c’est une « révolution » c’est déjà trop, elle est lancée.
        Pour ma part, tout moyen permettant aux gens de libérer leur créativité est bienvenue.
        Grâce à ça, on a eu plus de musique, plus d’illustration, plus films, plus de jeux, plus de livres.
        Et vu le bien que cela fait de pouvoir créer et libérer son imagination, tant mieux.

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    • Les progrès sont absolument foudroyants, en effet, et le prochain programme de ce type (Stable Diffusion), en phase finale de tests, est encore bien plus avancé.

      Sinon, pour l’anecdote, un des premiers trucs que j’ai essayé de faire sur DD est précisément une représentation de la cité de Célestopol, pour pouvoir illustrer ma critique. J’ai obtenu quelques résultats sympathiques, mais pas assez conformes à l’idée que je m’en faisais pour insérer l’image dans l’article. Aujourd’hui, je maîtrise bien mieux l’outil, donc il faudra que je retente, à l’occasion.

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  7. Merci pour cette nouvelle box, toujours hautement appreciée ici.
    Je suis très surpris de la qualité des illustrations que tu présentes. Quand je vois certaines couvertures franchement ratées…
    Et au passage, j’aime vraiment celles que tu présentes, dont celle que tu as utilisée en bandeau (même si je cherche encore la pyramide ou Anubis ^^)

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  8. Magnifique ! Je me demande tout de même si les IA ne risquent pas de finir par faire de la concurrence aux illustrateurs traditionnels, tout comme les images de synthèse ont remplacé tout un pan des métiers du cinéma.
    Sinon, je me réjouis de voir le cycle de la Culture se faire rééditer en français. Par contre, une intégrale en deux volumes poche de 8 tomes d’au moins 500 pages en moyenne, ça va faire des bouquins très, très gros… Je ne sais pas si ce découpage est le plus pratique ; après, pour ma part, j’aime les gros bouquins, et j’ai le souvenir que Pocket avait de la même manière réédité « La Ballade de Pern » dans des intégrales très volumineuses.

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    • Il y a eu un débat sur Twitter sur le format, certains acteurs du milieu disant que Le Livre de Poche avait fait « une erreur stratégique » en adoptant ce format / découpage du cycle. Sauf qu’un libraire est venu remettre l’église au centre du village en disant que l’intégrale de Terremer se vendait mieux que les tomes isolés. Alors évidemment, un témoignage isolé n’est pas forcément significatif, mais c’est un début de preuve que ça peut se vendre malgré un format volumineux / peu pratique. Après, c’est certain, tu ne le traineras pas avec toi pour le lire à ta pause au boulot ou à la fac.

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  9. Les illustrations à la fin de cet article me rappellent la formidable vue (ça pourrait être une pochette de livre de SF) qui a permis à Jason Allen de gagner la 2022 Colorado State Fair : « théâtre d’opéra spatial » est la première oeuvre visuelle créée par une IA et gagnant un concours artistique.

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  10. Ping : Apophis Box – Octobre 2022 | Le culte d'Apophis

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