Un livre précurseur
Steven Brust est un auteur américain d’origine hongroise (ce qui se retrouve dans le nom du héros du roman dont je vais vous parler : Vlad Taltos -Taltos étant un équivalent de shaman, personne dotée de pouvoirs surnaturels, en hongrois-), admirateur de Roger Zelazny, notamment dans sa manière de ne pas forcément séparer les codes de la fantasy de ceux de la SF, opinion qu’il met en application dans Jhereg, premier tome du vaste cycle Dragaeran. Si je prends une centaine d’entre vous, et que je vous demande de me citer au moins un cycle de SFF comptant au minimum une dizaine de romans (séries dérivées comprises), il est très probable qu’on me mentionne La roue du temps, Le livre des martyrs, Honor Harrington, voire même Polity, bref les plus connus soit en France, soit des gens qui suivent ce blog. L’oeuvre phare de Steven Brust, pourtant méconnue chez nous (seuls les quatre premiers tomes ont été traduits, et édités entre 2006 et 2009 par Mnemos puis Folio SF), s’inscrit au sein de la liste très fermée de ces sagas monumentales : elle compte quinze tomes au moment où je rédige ces lignes (dix-neuf sont prévus : un pour chacune des dix-sept maisons nobles de l’Empire sur lequel est centré l’histoire, un appelé Taltos, et un nommé en anglais Le contrat final), plus un cycle dérivé qui compte cinq romans de plus. Et même si ladite saga n’atteint pas tout à fait la popularité de certains des cycles prestigieux cités plus haut, elle reste massivement appréciée dans le monde anglo-saxon (plus de 13000 notes pour Jhereg sur Goodreads, ce qui est plus que pour Gridlinked de Neal Asher !).
Mais plus que la popularité du cycle auprès des lecteurs anglo-saxons ou sa taille hors-norme, c’est son côté précurseur et l’influence qu’il a probablement eue sur d’autres auteurs qu’il faut retenir : en effet, Jhereg a été publié, en VO, en… 1983, et constitue un pionnier à la fois en matière de Dark Fantasy moderne (on notera avec intérêt que La compagnie noire n’a été publié en anglais que l’année suivante) et de ce que la quatrième de couverture qualifie de « mélange des codes de la Fantasy et du roman noir », et que, dans ma propre taxonomie, j’appelle la Fantasy Criminelle. Steven Brust est donc un précurseur dans deux des sous-genres qui se sont révélés les plus populaires ces dernières années en matière de Fantasy, ce qui ne rend donc que plus anormal et injuste le fait qu’il soit aussi peu connu dans l’Hexagone. Une anomalie que j’entends bien corriger ! Continuer à lire « Jhereg – Steven Brust »
Dan Stout est un auteur américain qui, après être passé, comme beaucoup de ses compatriotes, par la case « nouvelles publiées dans des magazines et autres anthologies », propose, avec Titanshade, son premier roman proprement dit. Et autant le dire tout de suite, c’est une grande réussite, à commencer par l’originalité du contexte. En effet, si d’autres écrivains, comme Max Gladstone ou Brian McClellan, ont déplacé l’époque d’inspiration de la Fantasy à monde secondaire (imaginaire) plus loin que le médiéval / antique classique dans ce genre, Stout est allé plus loin encore qu’eux (seul le précurseur Shadowrun -un jeu de rôle- a plus poussé le curseur), dépassant le début du XXe siècle de Gladstone (
Le britannique Darius Hinks a un profil plutôt atypique : avant de devenir l’auteur d’une grosse douzaine de romans (dont certains s’inscrivant dans l’univers Warhammer 40 000 et dont le premier, Warrior Priest, a obtenu le David Gemmell Morningstar Award), il a été le guitariste du groupe de Grunge Cable, avant le split de ce dernier (apparemment à cause d’une sale bataille juridique). Son dernier « opus », si j’ose dire, est donc The ingenious, une Fantasy plutôt atypique mais travaillée, évocatrice et efficace, à l’exception peut-être d’une fin un peu en demi-teinte. Il faut cependant retenir le world- et le magic-building qui, avec les deux protagonistes, constituent le très gros point fort du bouquin. Et une couverture de fou furieux, bien entendu. Au passage, ce roman est édité chez Angry Robot, la même maison qui nous a récemment proposé
Robert Jackson Bennett est un auteur américain de SFFF, d’Horreur et de thriller (certains livres mélangeant d’ailleurs plusieurs de ces aspects). Plutôt prolifique (le roman dont je vous parle aujourd’hui est le huitième en autant d’années), il n’avait jusque là été que peu traduit (une seule fois, et par Eclipse -donc autant dire zéro, vu le peu de sérieux en matière de promotion et de suivi de cette maison-), du moins jusqu’à ce qu’Albin Michel Imaginaire décide de faire de son American Elsewhere un de ses trois titres de lancement, en octobre 2018. Il était jusqu’ici connu pour une trilogie de Fantasy, The divine cities.
Hyperborée & Poséidonis est le second volume de l’intégrale Clark Ashton Smith publiée par Mnemos, après
Comme de plus en plus d’auteurs anglo-saxons, Bradley P. Beaulieu a complété les romans de son cycle The song of the shattered sands (appelé en français
Avec ce livre, je me retrouve dans une situation inhabituelle. Le credo du Culte d’Apophis, c’est d’être à la pointe, c’est-à-dire de vous proposer des critiques des nouveautés en VF alors que l’encre n’a pas encore fini de sécher, de vous faire découvrir la vraie actualité de la Fantasy (et de la SF) en VO (en allant largement au-delà des sentiers battus et des auteurs bankables, hein), et de vous faire redécouvrir de bons livres oubliés pour une raison x ou y. Bref, il ne consiste pas à vous proposer une recension sur un livre qu’en gros, 90 à 95 % d’entre vous auront déjà lu. Mais bon, vu qu’il y a de la demande (beaucoup), et que pour comprendre ses 12789 épigones, il faut lire le maître (au passage, je saisis mieux, par exemple, un point précis croisé chez Gregory Da Rosa)… Bref, ceci est ma critique de Gagner la guerre, de J.P. Jaworski.
The penitent damned est une nouvelle (en anglais) qui fait partie du cycle The shadow campaigns, dont
Charlotte Bousquet est philosophe de formation, mais son activité principale est liée aux littératures de l’imaginaire : romans, nouvelles, dossiers thématiques pour des revues, directrice de collection, elle sait tout faire, et exerce aussi bien dans le registre de la jeunesse que dans celui destiné aux adultes, et tout autant en Fantastique qu’en Fantasy ou encore en Dystopie.
Bradley P. Beaulieu est un auteur américain de Fantasy (y compris Young Adult) qui décide de se consacrer à l’écriture au début des années 2000. Il est guidé sur cette voie par des écrivains prestigieux comme Joe Haldeman, Tim Powers, Nancy Kress et Kij Johnson. Sa Fantasy est inspirée de cultures terrestres, comme celle de l’Arabie pour le livre dont je vais vous parler aujourd’hui, la culture nordique pour son cycle Tales of the Bryndlholt, ou encore celle des peuples slaves pour la série Lays of Anuskaya. Outre Les douze rois de Sharakhaï, le cycle (qui s’appelle en anglais The song of the shattered sands et en français simplement Sharakhaï) comprend une préquelle, tandis que deux autres tomes sont prévus.