L’Atalante surfe sur la vague Erikson
Après onze jours passés plongé dans les 1150 pages des Souvenirs de la glace de Steven Erikson pour Bifrost, j’émerge de ma caverne pour vous parler de la sortie en français, le 23 mai, d’un roman de SF, cette fois, signé… Steven Erikson (argh…), le bien mal nommé Réjouissez-vous. L’ayant lu en anglais (plus de détails dans ma critique), je peux en effet faire le constat suivant : Erikson, référence désormais incontournable de la Fantasy, n’est définitivement pas fait pour la SF, point. Son bouquin avait du potentiel (bien que dans un registre déjà très souvent visité, celui du premier contact avec la race aînée qui va faire franchir -dans la « douleur »- un nouveau paradigme / stade d’évolution à la civilisation humaine), certains passages sont très intéressants, mais ils sont noyés dans les opinions idéologiques / politiques et les inimitiés d’Erikson (dont tout le monde se fout), dans ses geekeries ou ses hommages à la SFFF canadienne (dont Robert J. Sawyer qui devient un personnage badass de premier plan !), dans des changements de point de vue incessants autant que le plus souvent inutiles, dans des longueurs qui noient complètement un message central qui aurait pourtant dû avoir un respectable impact (réflexion sur la nature humaine, les atavismes, la nature de nos sociétés, le viol, le capitalisme, etc), dans des changements de ton (sérieux / humoristique) et des fluctuations dans le niveau d’écriture (très bon / très mauvais) incessants, et finalement torpillés par une fin particulièrement frustrante, et une absence de twist qui aurait pu tout remettre en cause pour le plus grand bonheur d’un lecteur qui ne ressent pour seule émotion que de l’ennui depuis longtemps. En gros, après la découverte de la base lunaire des Gris, vous pouvez refermer votre bouquin, ça ne fait plus que tourner en rond et vous n’apprendrez rien de plus.
Bref, bien que je lui reconnaisse certaines qualités, je ne recommande pas la lecture de ce roman, les sorties beaucoup plus intéressantes ne manquant pas dans les semaines à venir (ahem, Diaspora, hum). Après, chacun fera la part des choses en fonction des arguments présentés dans ma critique, ce qui me déplaît pourrait au contraire être un gros point d’intérêt pour certains d’entre vous. Et si, donc, vous décidez d’acheter ce livre, et que vous souhaitez soutenir le blog, passez par un des liens affiliés suivants pour votre achat, cela n’entraînera pas de surcoût pour vous mais bénéficiera au Culte :
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Mark S. Geston est un auteur américain, dont Lords of the starship est le premier roman (court ; 154 pages, parfois très aérées), écrit alors qu’il était encore étudiant. Il a été publié pour la première fois en 1967. Trois autres romans, à l’aura moindre, s’inscrivent également dans le même univers. Il a été traduit en français en 1980 par Opta sous le nom Les seigneurs du navire-étoile, mais je l’ai acheté en VO, la disponibilité, la couverture et surtout le prix étant plus attractifs.
Pour ceux d’entre vous qui ont vécu dans une grotte jusqu’ici, Steven Erikson est l’auteur mondialement célèbre du Livre des martyrs, un des cycles de Fantasy les plus importants parus ces vingt dernières années. Après deux faux-départs, la traduction de cette décalogie a été reprise depuis le mois de mai par les éditions Leha, qui ont l’ambition de la mener à terme.
A burden shared (« Un fardeau partagé ») est une nouvelle de SF publiée par Jo Walton en 2017. Nous sommes un certain nombre à penser que la forme courte constitue le pinacle de ce que les littératures de l’imaginaire ont à offrir, et ce genre de texte en constitue une magistrale démonstration. En moins de vingt pages, l’auteure galloise bâtit un monde original et soulève tout un tas de questions intéressantes. Cette nouvelle est de celles qui, bien des heures, des jours, voire des années après l’avoir achevée, vous conduira à réfléchir sur ce qui y est traité. Bref, c’est la quintessence de ce que le genre a à offrir. Et outre le fond, tout dans la forme est réussi, de la couverture parfaitement en accord avec l’idée centrale du texte au style plein d’émotion et d’empathie de Jo Walton. Voilà, de plus, une nouvelle qui a tout pour plaire à celui ou celle qui a apprécié l’humanisme de
Christopher Ruocchio, dont Empire of silence est le premier roman (et le tome inaugural d’une tétralogie appelée Sun Eater), n’est pourtant pas tout à fait un néophyte dans le monde de l’édition : il exerce en effet l’activité d’assistant editor chez Baen Books. Ce livre nous arrive précédé d’une énorme réputation, créée par les lecteurs anglo-saxons ayant bénéficié de SP, servi de Beta-lecteurs ou ayant lu l’ouvrage en avance pour le compte de telle ou telle maison d’édition : l’évocation d’un mélange du
Jason Sanford est un auteur américain assez prolifique en matière de nouvelles de SF, qu’il publie via différents magazines, dont Interzone. Sublimation angels est en revanche une novella (roman court), et la postface nous apprend qu’il ne s’agit que de la première devant décrire ce qui se place sur la planète Eur. La précision est d’importance, puisque comme l’auteur l’explique, le fait qu’il ne s’agisse pas tout à fait d’une histoire isolée peut expliquer le sentiment de trous dans l’intrigue ou le worldbuilding que certains peuvent ressentir (*lève la main*). Au passage, Goodreads n’indique pas d’autre novella appartenant au même cycle, donc il est possible que le projet de l’auteur ne se soit finalement pas concrétisé. Le texte semble pourtant avoir été apprécié, puisqu’il a été finaliste pour le Nebula 2009 dans sa catégorie.
Sue Burke est une auteure américaine ayant longtemps vécu en Espagne (elle réalise d’ailleurs des traductions de l’espagnol vers l’anglais) et exerçant le métier de journaliste. En plus des textes liés à son activité professionnelle, elle a aussi rédigé des essais, de la poésie et des nouvelles. Semiosis est son premier roman à proprement parler. Ecrit en… 2004, il n’est publié que cette année par Tor. Une suite paraîtra en anglais en octobre 2019, ce qui n’est guère étonnant vu la réputation flatteuse qui précède ce livre et sa fin qui est loin de tout régler.
Si le nom d’Harry Harrison n’a pas, pour le « grand public » de la SF, la résonance de ces patronymes prestigieux que sont Clarke ou Asimov, cet auteur américain (1925 – 2012) a pourtant produit une quantité impressionnante de livres marquants : Soleil vert (adapté au cinéma avec Charlton Heston dans le rôle principal), une référence de la Dystopie (si vous ne connaissez pas certains noms de sous-genres, voyez
Ian MacLeod est un écrivain britannique de SF, de Fantasy (à esthétique steampunk) et d’uchronie (il a d’ailleurs gagné à trois reprises le prix Sidewise, le plus prestigieux du genre). C’est aussi, par rapport à la plupart de ses compatriotes exerçant dans les littératures de genre, un auteur peu prolifique : seulement six romans au compteur en vingt ans (plus des recueils de nouvelles, domaine dans lequel il est très respecté). Je n’ai eu l’occasion de lire un de ses textes qu’une seule fois (Les îles du soleil), sans en sortir très convaincu.
Becky Chambers est une autrice californienne issue d’une famille « fortement impliquée dans les sciences spatiales », mais qui a un background personnel qui relève de plusieurs domaines artistiques (dont l’écriture, de romans, donc, mais aussi d’essais et de nouvelles). L’espace d’un an est le premier volume d’une série appelée Voyageurs. Le tome 2 sort en français le 22 juin 2017, sous le curieux titre Libration (en VO, c’est A closed and common orbit). C’est un stand-alone, qui reprend deux personnages du tome 1 mais ne nécessite pas que ce dernier ait été lu auparavant pour être compréhensible (même si c’est évidemment un gros plus).