Dans la boucle temporelle – itération 2 : février 2016

Lorsqu’un blog dépasse un certain nombre d’années d’existence et / ou d’articles, et à la condition que de nouveaux abonnés rejoignent sans cesse les rangs de sa communauté, il devient de moins en moins probable que les critiques et articles les plus anciens soient lus. Tout le monde n’a malheureusement pas le temps, ou l’envie, de se replonger dans les archives, sans compter qu’il peut être décourageant de débarquer sur un site qui compte des centaines de posts et de ne pas savoir par quelle voie attaquer cette montagne. Dans la boucle temporelle est une série d’articles conçue pour guider les nouveaux venus dans la masse de chroniques et autres articles de fond du blog, leur indiquant ce qu’ils devraient lire en priorité, remettant en lumière des posts oubliés mais potentiellement intéressants. Charge aux aponautes, ensuite, d’explorer les différents menus du blog pour lire le reste. Mais pour faire court, c’est bel et bien d’une sorte de résumé, en forme de best of, de ce qui s’est déroulé de plus marquant dans les précédentes « saisons » (comme on dirait si le blog était une série télévisée) de l’histoire du Culte.

Le concept étant lancé dans le sillage du quatrième anniversaire du blog, en janvier 2020, chacun des « épisodes », appelés itérations, de cette série d’articles remonte de quatre ans en arrière, mettant en lumière en moyenne trois articles du mois concerné (si un mois a été exceptionnellement prolifique et qu’un autre n’est pas spécialement riche en chroniques à remettre absolument en avant, la règle « 4 ans en arrière, mois à mois » peut éventuellement être outrepassée). Ainsi, en ce mois de février 2020, nous allons nous re-pencher sur ceux de février 2016. La présentation des articles s’accompagnera aussi d’un petit commentaire replaçant, parfois, ces posts dans le cadre plus général de l’histoire du blog.

Vous pouvez retrouver toutes les itérations sur cette page ou via ce tag.

Février 2016, le deuxième mois de l’existence du blog, est aussi le premier où toutes les critiques ont été spécifiquement écrites pour le Culte, et dont certaines n’ont donc pas été rapatriées d’Amazon (et ont été écrites dans le format long qui est devenu la marque de fabrique du Culte, parce que, pour ceux qui ne connaissent pas, les amazonautes ont si peu de patience pour les critiques dépassant trois lignes que l’invective n’est jamais loin si vous les dépassez, ce qui fait que faire « long » y est contre-productif). C’est également le mois où je publie mes dernières critiques de livres déjà lus longtemps auparavant et rédigées « de mémoire », sans relecture récente pour me rafraîchir les idées (car, comme je l’expliquais dans l’itération précédente, j’ai détesté ce procédé, que j’ai donc bien vite abandonné). C’est enfin un mois où j’en enchaîné les lectures marquantes ou ayant une certaine importance « historique », comme mon premier Une heure-lumière (Cookie Monster), signé Vernor Vinge, comme le deuxième tome du Livre des Martyrs, à l’époque en édition Calmann-Lévy et pas Leha, et coupé en deux volumes, ou encore comme le second tome de l’intégrale de Kane, signée Karl Edward Wagner, une saga dont je vous disais le plus grand bien dans le premier article de la série Dans la boucle temporelle. Un mois riche, donc, ce qui fait qu’il a fallu faire des choix. J’ai donc opté pour la remise en lumière commentée d’un autre Vernor Vinge, (injustement) moins connu de nos jours (mais très réputé à son époque), d’un David Brin parmi les deux que j’ai lus ce mois-là, et de l’incontournable Inexistence de David Zindell, dont, jusqu’à mon dernier souffle, je serais l’avocat d’une nouvelle édition (Saint Bélial’, priez pour lui !).

fire_upon_the_deep_pocheEn 1994, la prestigieuse (et défunte) collection Ailleurs & Demain publie en VF Un feu sur l’abîme de Vernor Vinge, prix Hugo 1993. Vous êtes peut-être trop jeune pour avoir connu cette époque, mais elle était tout bonnement extraordinaire. En ce début des années 90, Robert Laffont enchaîne les publications de purs chefs-d’oeuvre : Tehanu, Hypérion et La chute d’Hypérion, L’usage des armes, Xénocide, etc, et, donc, Un feu sur l’abîme. Roman transposant la Singularité d’ailleurs formalisée par son auteur à un contexte spatial au worldbuilding absolument unique, et pas à la Terre du futur proche, montrant des espèces extraterrestres à la fois originales et aux particularités minutieusement décrites (les Dards, les Cavaliers des Skrodes, les Aprahantis), au Sense of wonder vertigineux, Un feu sur l’abîme est un chef-d’oeuvre qui devrait toujours être lu et célébré aujourd’hui, mais pour lequel on ne voit quasiment jamais passer de critiques. Et c’est fort dommage. J’ose espérer que ma critique complète vous donnera envie de le lire ! Sachez aussi qu’il existe deux autres romans se situant dans le même univers, un prélude appelé Au tréfonds du ciel dont je vous parlais dans L’œil d’Apophis numéro 8, et qui est lui aussi d’une très grande qualité, ainsi qu’une suite à Un feu sur l’abîme, appelée Les enfants du ciel, sortie en 2012 et que je n’ai toujours pas lue (pas de version électronique ou poche, ne se trouve que d’occasion, était cher même neuf, etc).

maree_stellaireJe voudrais également vous inviter à lire (ou, pourquoi pas, relire) ma critique de Marée Stellaire de David Brin, second livre d’un cycle dit de l’Élévation, mais pour moi le véritable début de ce dernier (je n’avais pas lu le tome 1 -nettement moins intéressant, de mon point de vue- à l’époque où j’ai acheté ce roman, et cela ne m’a pas handicapé du tout). Cette saga est une référence absolue en matière de description d’une communauté galactique formée de très nombreuses races extraterrestres, et surtout de la manière dont elles sont liées entre elles via des relations de Clientélisme. C’est aussi une référence en matière d’Uplift, concept consistant à amener, via la science (génétique, implants cybernétiques, nanotechnologie, opérations chirurgicales, etc) des êtres non-intelligents / conscients à un niveau humain. Ainsi, dans Marée Stellaire, les humains ont créé les néo-Dauphins et les néo-Chimpanzés, et explorent les étoiles à leurs côtés. C’est un procédé dont Adrian Tchaikovsky a donné un nouveau développement passionnant dans ses récents romans Dans la toile du temps et Children of ruin (concernant les araignées dans le premier et une espèce dont je tarai le nom pour ne pas spoiler dans le second). Sur de très nombreux plans, je ne peux que vous recommander chaudement Marée Stellaire, car c’est un roman foisonnant, avec une bonne idée par page ou quasiment.

inexistencePour terminer, comment ne pas évoquer ce monument de la Hard SF qu’est Inexistence, totalement oublié (à part d’une poignée de connaisseurs) de nos jours, et qui pourtant, mériterait d’être remis en avant ? À la fois Dune dans les glaces au lieu du sable et pourtant aussi éloigné de la Soft SF qu’il est possible de l’être, montrant des personnages secondaires aussi variés qu’une petite fille qui est en réalité une IA vaste comme plusieurs planètes et des humains qui ont choisi la volution en Cro-Magnons et Néandertaliens, et surtout, surtout, un voyage plus rapide que la lumière qui est un monument du genre (et une ode aux mathématiques), Inexistence est à la fois un roman d’une richesse difficile à concevoir et surtout un précurseur dans nombre de domaines, qui a imaginé bien des choses avant et surtout mieux que d’autres. Sans doute trop en avance pour son époque, il a peu à peu été oublié, mais il a tout pour rivaliser avec les plus récentes et prestigieuses sorties. Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de ma critique complète. Après cela, vous aussi irez faire une manifestation sous les fenêtres du Belial’, pour inciter le Girard à acquérir les droits de ce cycle, nom de moi-même !

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15 réflexions sur “Dans la boucle temporelle – itération 2 : février 2016

    • De mon point de vue, à part quelques étiquettes qui sont mutuellement exclusives, un livre peut relever de plusieurs d’entre elles à la fois. Donc pour moi, c’est un livre-univers relevant aussi de la Hard SF.

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  1. J’ai également adoré ces 3 livres.
    En revanche j’ai trouvé que Les enfants du ciel n’est pas à la hauteur des 2 précédents, et en plus l’intrigue est coupée, sans qu’une suite ne soit à ce jour parue.

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  2. Un magnifique trio, et de bons exemples de pourquoi j’aime la SF.
    Un feu sur l’abime, je l’ai lu sans doute trop vite je ne suis pas sur de l’avoir entierement assimilé.
    Marée Stellaire, mon premier Brin, sans doute le meilleur pour moi, une grande aventure couplée a un foisonnement d’idées …
    Inexistence m’a laissé une forte impression , pas que positif, mais marquante. Jamais osé le relire mais toujours eu envie (et regarder la « suite »).

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    • Tu n’es pas le seul, ça fait quasiment vingt ans que je me dis qu’il faudrait que je lise la suite d’Inexistence moi aussi. Concernant Brin, Saison de gloire et Existence sont également très bons (par contre, j’ai détesté Terre).

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  3. Bonjour,
    Désolé mon commentaire est hors sujet mais je ne sais où le placer. C’est une question concernant le roman d’Ada Palmer: Trop semblable à l’éclair. Avez-vous l’intention d’en faire une critique. J’ai cru lire que vous vous ne l’aviez pas appréciez. Ce qui mon cas, lecture pénible malgré un foisonnement d’idée (mais le coup du retour des « Lumières » européennes dans le futur m’a laissé de coté) . Mais au vu des critiques dithyrambiques ailleurs, j’aimerai avoir votre regard et surtout des éléments de compréhension d’un tel décalage entre ma lecture et le « consensus » général autour de ce roman.
    N’hésitez pas à le supprimer si il risque de polluer le fil de la discussion.
    Bien à vous.

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