A dead Djinn in Cairo – P. Djèli Clark

Le culte d’Hathor ! 

a_dead_djinn_in_cairoA dead Djinn in Cairo est, dans l’ordre de parution, la première nouvelle qui s’inscrit dans l’univers uchronique mêlant magie et technologie imaginé par P. Djèli Clark, univers qui a été repris dans le roman court dont je vous parlais hier, The haunting of Tram Car 015. Et c’est justement parce que j’ai beaucoup apprécié ce texte que j’ai eu envie de prolonger ma balade dans ce Caire d’un 1912 fantasmé. Signalons d’ailleurs que A dead Djinn in Cairo est disponible gratuitement (an anglais) sur cette page du site de Tor, pour ceux qui souhaiteraient faire comme moi.

Si je ne pensais évidemment pas être déçu, je dois dire que quelque part, j’ai encore plus apprécié cette nouvelle que le roman court sorti avant-hier, car elle comprend deux éléments qui ont eu un puissant effet « waouh ! » sur moi : des anges très particuliers et un aspect Lovecraftien qui fonctionne toujours aussi bien, même plus de trente ans après ma découverte des écrits blasphématoires du Maître. La combinaison des deux textes dépeint un univers au potentiel inouï, sans doute au niveau (mais dans un style différent) de celui dépeint dans le cycle The Craft sequence de Max Gladstone. Et au passage, l’inclusion (pour ne pas dire l’incursion) d’éléments Lovecraftiens renforce la ressemblance avec l’oeuvre de Stross, du moins sur certains plans (d’existence, mouahaha !). Bref, je ne saurais trop vous conseiller de jeter plus qu’un coup d’œil (d’autant plus que c’est gratuit et dans un anglais très accessible) à cette nouvelle, dépaysement garanti !

Base de l’intrigue, nouveaux éléments de contexte

Je ne vais pas vous ré-expliquer les fondamentaux de l’univers, si besoin référez-vous à la critique de The haunting of Tram Car 015.

1912. L’enquêtrice spéciale Fatma el-Sha’arawi, du Ministère de l’alchimie, des enchantements et des entités surnaturelles, est sur une nouvelle affaire, ce qui ressemble au meurtre d’un Djinn via un sort d’exsanguination. Sauf qu’elle s’aperçoit très rapidement qu’il s’agit en fait d’un suicide, du jamais-vu pour un immortel. Un indice retrouvé sur les lieux va cependant la mettre sur une autre piste : une plume métallique d’ange.

En effet, après les Djinns, un autre type de créatures surnaturelles a débarqué sur notre bonne vieille Terre : les anges. Ou du moins, des entités qui prétendent être les serviteurs de Dieu, ce dont doutent les théologiens des religions majeures. Quoi qu’il en soit, ces créatures au corps fragile doivent s’abriter dans une « carapace » qui a tout du fantasme d’un mangaka sous acide, à base de bras multiples, d’ailes de métal et de masque de porcelaine en guise de visage. Personnellement, j’ai trouvé que cette interprétation des anges avait une « gueule » terrible, et j’ai été fasciné par ce concept.

Mon avis

Ah, eh bien ce n’est pas compliqué : j’ai a-do-ré. J’ai beaucoup aimé le personnage de Fatma (qu’on croise aussi à la fin de la novella), et peut-être plus encore celui de Siti (et j’ai enfin compris pourquoi l’auteur insistait tant sur la serveuse du restaurant nubien dans Tram Car). Comme je le disais, j’ai adoré l’intrigue (qui m’a rappelé un point précis dans Watchmen, et ça c’est toujours bon signe chez moi), l’interprétation des anges, le fait que l’univers soit loin de se limiter aux humains ou aux Djinns (ou à l’esprit croisé dans Tram Car), et bien sûr l’aspect Lovecraftien. Et puis ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est l’inclusion du culte d’Hathor, le retour en grâce des anciens dieux égyptiens dans un monde moderne et monothéiste.

Alors certes, les personnages et l’intrigue (qui est plus un prétexte à dévoiler deux pans du worldbuilding -dont un hommage au génie de Providence- qu’autre chose) sont moins développés, longueur plus courte oblige, que dans Tram Car (mais bon, les deux héroïnes ont un tel charisme que ça compense), certes, il y a moins de fond ici (bien que le fait, pour les policiers masculins Cairotes, de travailler avec 1/ une femme et 2/ s’habillant à l’occidentale, soit générateur de difficultés ou de moqueries qui sont évoquées), certes, l’atmosphère est ici beaucoup plus sombre que dans la novella (ce qui va plaire à certains lecteurs  / lectrices mais pas à d’autres), mais franchement, cette nouvelle a un tel charme qu’on aurait bien tort de s’en passer !

Niveau d’anglais : aucune difficulté.

Probabilité de traduction : acheté par l’Atalante, sortie en 2021.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur cette nouvelle, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin, celle d’Aelinel, de Célindanaé, de Pativore, de C’est pour ma culture,

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22 réflexions sur “A dead Djinn in Cairo – P. Djèli Clark

  1. Ah, j’étais certaine qu’elle te plairait. Mais chut, il ne faut pas tout dire – notamment avec Siti!!! LOL – savoureuse, oui, et tu comprends mon engouement! Pour les références à Lovecraft, c’est certain que les amateurs feront le rapprochement.

    Pour The black god’s drum, tu peux attendre ma chronique avant de te décider. Je l’ai terminé, et cela envoie du lourd. Tout ce que l’on aime. niveau ambiance, aussi sombre que le Djinn. Mais complétement différent sur l’ambiance, le worldbuilding est … attend, je remets ma mâchoire en place!
    (chronique si je peux demain ou alors samedi), et j’embraye sur ses autres textes car, je suis assez époustouflée par 3 pioches qui résonnent comme un bingo!

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  2. Ping : A Dead Djinn in Cairo – P. Djélí Clark – Albédo

    • Oui, c’est ça. Mais honnêtement, vu qu’il y a surtout des auteurs qui sont d’illustres inconnus dans l’anthologie où elle figure, et que sa note sur Goodreads est d’à peine 3.58, j’hésite franchement à dépenser 7.99 euros là-dedans.

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  7. Ping : #ProjetOmbre : { Les Tambours du dieu noir suivi de l’Étrange affaire du djinn du Caire – P. Djéli Clark } | OmbreBones

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