Le digne héritier de David Gemmell
Le 26 août 2022, sortira (sous le même titre) la traduction de Malice, premier des quatre tomes du cycle Le Livre des Terres Bannies. Si vous suivez nos blogs et nos réseaux sociaux, ça fait un moment que le camarade Inculte et moi (le camarade Culte ^^) vous parlons de l’auteur, John Gwynne, qui est pour nous clairement l’héritier (le vrai, hein) de l’immense David Gemmell. Jusqu’ici, la prose du britannique n’étant disponible que dans la langue de Shakespeare, la plupart d’entre vous devait, malheureusement, se contenter de notre parole en la matière, ainsi que lorsque nous vous expliquions à quel point c’était exceptionnellement immersif et doté de personnages particulièrement vivants et attachants. Heureusement, pour ce cycle comme pour bien d’autres, les éditions Leha sont venues à la rescousse, et entament donc sa traduction dans la langue de Molière.
J’ai, pour ma part, lu l’ouvrage il y a quatre ans et demi, pour le compte d’une maison d’édition (pas Leha) qui n’a pas donné suite (pas pour des raisons de qualité, mais de rapport coût de la traduction / recettes projetées). Je concluais ma critique (que vous pouvez lire en intégralité sur cette page) ainsi : tome introductif d’une tétralogie de beaux pavés, Malice réalise une sorte d’impossible mélange entre éléments de structure ou de style propres à J.R.R. Tolkien, G.R.R. Martin ou (surtout) David Gemmell (dont John Gwynne est à mon avis un sérieux prétendant au titre d’héritier), entre épique et intime. High Fantasy à fort aspect politique, écrite dans un style, un univers, une narration et une atmosphère évoquant fortement Gemmell, cette histoire brille particulièrement sur deux plans, à savoir une immersion extraordinaire et des personnages inoubliables. On appréciera la place laissée à une civilisation de géants (ce qui ne court pas les rues en Fantasy) dans ce monde, ainsi qu’un certain twist aux codes de la High Fantasy lorsque deux des personnages croient servir le bien alors que le lecteur, lui, a des doutes. Quoi qu’il en soit, Malice est un premier roman absolument impressionnant, ouvrant un cycle dont chaque tome est réputé meilleur que le précédent (si, si). C’est donc avec un grand plaisir que je lirai la suite. Car ce roman, c’est pour moi un Retour vers le futur : ce sont les sensations et l’immersion d’un Elric, des Princes d’Ambre ou du Seigneur des anneaux, mais à 47 ans, pas à 10-15 ! Inutile de dire que cela ne m’arrive pas tous les quatre matins, blasé, inévitablement, que je suis après 37 ans de lectures SFFF…
Sachez, pour terminer, que depuis la parution de cette tétralogie, Gwynne a amplement confirmé son statut 1/ de très grand auteur de Fantasy « à l’ancienne » et 2/ d’héritier (désormais incontestable) de David Gemmell, notamment avec le premier tome de sa dernière trilogie en date, The Shadow of the gods. Bref, très clairement, si vous êtes amateur de Fantasy, je vous conseille vivement la lecture de Malice, vous ne le regretterez pas !
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Mage de bataille (divisé en deux tomes dans son édition française – cette critique ne concernant que le premier-) est un des trois romans faisant partie du lancement d’Albin Michel Imaginaire, le 26 septembre 2018 (il faut aussi remarquer que des titres annoncés jusqu’ici par l’éditeur, c’est le seul qui relève de la Fantasy. Mais j’y reviendrai). Gilles Dumay a un discours très clair à propos des titres qui seront publiés en 2018 : Les étoiles sont légion est un space opera féministe, Anatèm une SF de haut-vol destinée à des amateurs éclairés, American Elsewhere du Fantastique grand public et Mage de bataille, donc, une Fantasy d’initiation, destinée aux débutants dans le genre. Et le moins qu’on puisse dire est que la description faite par l’éditeur est, pour une fois (ses petits camarades devraient d’ailleurs s’en inspirer plutôt que de raconter souvent n’importe quoi en quatrième : nous en avons récemment eu un spectaculaire exemple, avec un bouquin qui fait partie d’un cycle et relève du Young Adult… alors que ce n’est indiqué nulle part dans sa présentation !), rigoureusement exacte : les schémas utilisés dans Mage de bataille sont tellement éculés qu’il a plus l’air d’avoir été écrit en 1985 que dans les années 2010, ce qui fait que, théoriquement, il devrait faire fuir tout lecteur ayant un minimum vital d’expérience en Fantasy, sauf à la rigueur le fanatique de High Fantasy.
John Gwynne est un auteur britannique vivant dans l’East Sussex. Malice est son premier roman, ainsi que le tome inaugural d’une tétralogie à succès (les romans 2 à 4 se baladent entre 4.37 et… 4.47 sur Goodreads, ce qui situe tout de suite le niveau), The faithful and the fallen, achevée en 2016. Le premier tome d’un nouveau cycle (Of blood and bone) situé dans le même univers vient tout juste de paraître. Je voyais souvent revenir le nom de Gwynne lors de mes recherches de livres de Fantasy de valeur à lire en VO, mais le fait que ce soit apparemment de la
Si vous suivez ce blog, vous savez que je fais partie de ces lecteurs de longue date / ces gros lecteurs qui ont depuis un moment laissé tomber la High Fantasy, ses prophéties et ses héros / héroïnes destiné(e)s à sauver le monde. Question de répétitivité de ce sous-genre, de manichéisme et de pauvreté des intrigues, de simplicité relative de la psychologie des personnages, surtout par rapport à la Dark Fantasy. Ne croyant plus à un renouvellement du genre, je me suis tourné vers des formes émergentes, plus novatrices et dynamiques, comme la Flintlock ou la Colonial Fantasy. Eh bien il faut croire que de l’autre côté de l’océan Atlantique, le Grand Esprit a entendu ma prière muette, et qu’il a missionné le dénommé David Mealing. En effet, celui-ci nous propose ce que l’on pourrait appeler une High Fantasy 2.0, ou, pour être vraiment très précis, une High Flintlock / Colonial Fantasy (oui, j’invente des sous-genres maintenant, je n’ai plus de limites, mouahaha !). Car pourquoi proposer un sauveur du monde lorsqu’on vous pouvez en proposer trois (et autant de formes de magie différentes !), pourquoi se restreindre à du médiéval-fantastique lorsque vous pouvez mélanger des tomahawks, de la sorcellerie et des canons, et enfin pourquoi modeler votre contexte et intrigue sur la Révolution française lorsque vous pouvez mélanger cette dernière avec son équivalent américain, dans un cadre qui rappelle la colonisation anglaise et française du continent et la Guerre de Sept Ans ?
David Drake (né en 1945) est un ancien avocat également diplômé en histoire. Sans doute marqué par ses deux années de service au Vietnam (et au Cambodge) durant la guerre du même nom, il est devenu un auteur de premier plan en matière de SF militaire, avec sa série Hammer’s Slammers ou un cycle plus récent, Republic of Cinnabar Navy, inspiré par les romans consacrés à Jack Aubrey (donc par le même genre de contexte Napoléonien, anglais et naval qui a donné naissance à Honor Harrington -qui est, elle, inspirée par Horatio Hornblower-). En plus de son propre travail, il lui est également souvent arrivé de fournir à d’autres auteurs la trame générale de leur histoire, ces derniers se chargeant de « combler les blancs ». Le moins que l’on puisse dire est que ces collaborations impliquent des noms connus des aficionados de SFFF, comme Karl Edward Wagner, S.M. Stirling ou Eric Flint.