La promesse du sang – Brian McClellan

Révolutionnaire (dans tous les sens du terme) ! 

promesse_du_sangBrian McClellan est un auteur américain formé dans les ateliers d’écriture de Brandon Sanderson et Orson Scott Card, excusez du peu ! La promesse du sang, tome introductif de la Trilogie des Poudremages, est son premier roman. Il a obtenu le prix Morningstar 2014. Le cycle s’est achevé en 2015, mais une seconde trilogie, située dans le même monde, doit voir le jour cette année. De plus, neuf nouvelles et novellas (plus deux recueils les rassemblant) se déroulant également dans cet univers ont été publiées (une se passe entre les tomes 1 et 2, les autres avant le début du tome 1, parfois bien des années auparavant. Toutes donnent un éclairage sur les personnages principaux ou secondaires du tome 1). Le premier tome a été traduit en français, avant que la série ne soit abandonnée (faute de ventes, ce qui, compte tenu de l’originalité et de la qualité du livre, est pour le moins étonnant, mais peut s’expliquer par la faible mise en avant de ce titre à sa sortie), malgré le fait que le second avait été annoncé.

Le cycle est considéré comme une des références, sinon LA référence absolue de la Flintlock Fantasy. De fait, il suffit d’observer la couverture (superbe, signée Gene Mollica) et de la mettre en parallèle avec le nom de la trilogie pour comprendre instantanément, même sans rien savoir de plus sur le roman, que nous n’avons vraiment pas affaire à une Fantasy habituelle : mages, mousquets, uniforme très Napoléonien, poudre, voilà un mélange inédit, en tout cas hors de la Fantasy Historique (voir plus loin). Et non seulement ça casse les codes du médiéval-fantastique, mais en plus ça se révèle vraiment intéressant ! Le public et les écrivains anglo-saxons ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, parlant d’un des premiers romans les plus impressionnants sortis ces dernières années. Pour ma part, voilà exactement le genre de livre novateur et épique que je veux lire.  Continuer à lire « La promesse du sang – Brian McClellan »

Elle est les ténèbres – Glen Cook

Un tome 8 un peu trop long, un peu lent, mais marqué par des révélations et autres rebondissements vraiment passionnants

darkness_1_cookElle est les ténèbres est le huitième tome du meta-cycle de la Compagnie Noire, et le second des Livres de la Pierre scintillante. Alors que le tome 7 avait, de façon assez surprenante, évacué la poursuite de la Fille de la Nuit et la bataille finale contre les Maîtres d’Ombres au profit de flash-backs à l’époque du siège de Dejagore, ce roman se consacre en revanche entièrement à la vengeance tant attendue de nos héros contre leurs ennemis jurés. Et en amples détails, qui plus est : Elle est les ténèbres est, à ce stade du cycle, le plus gros des romans qui le composent. C’est pourquoi les deux éditeurs français (l’Atalante et J’ai lu) l’ont coupé en deux tomes. Personnellement, je l’ai lu en édition intégrale, semi-poche, et je vous propose donc la critique de ces deux parties (de l’intégralité du roman original) en même temps.

Comme dans le tome précédent, c’est Murgen qui est Annaliste, Porte-étendard et narrateur. Un narrateur partiellement omniscient puisqu’il continue à utiliser les capacités de Fumée à son profit, en plus de développer celles dont il a lui-même fait preuve dans Saisons funestes. Glen Cook nous fait donc voyager à travers les milliers de kilomètres et le temps, nous montrant sous forme de (petits) flash-backs certains événements ou suivant simultanément ou presque des personnages dispersés à travers un immense territoire.  Continuer à lire « Elle est les ténèbres – Glen Cook »

Maîtresse du Chaos – Robert Holdstock / Angus Wells

De l’Heroic Fantasy… féminine ! 

raven_maitresse_chaosMaîtresse du Chaos est le premier tome de la saga de Raven, qui en compte trois en VF et cinq en VO. La série a été co-écrite par Holdstock et son éditeur de l’époque, Angus Wells. Ce tome a été écrit à quatre mains (et initialement publié sous le pseudonyme commun de Richard Kirk), les autres par un seul des deux auteurs (Holdstock a rédigé seul les tomes 2 et 4, Wells a écrit les 3 et 5).

Robert Holdstock (1948 – 2009) était un écrivain britannique connu pour être un spécialiste du monde celtique et de la Fantasy mythique, celle qui réutilise les codes du mythe. Auteur d’une trentaine de romans (sous un grand nombre de pseudonymes), d’autant de textes courts, ainsi que de quelques novélisations (dont celle de La forêt d’émeraude), il a remporté plusieurs prix prestigieux, dont un World Fantasy Award. Ses œuvres les plus fameuses restent le cycle de La Forêt des mythagos et Le codex de Merlin.

Angus Wells (1943 – 2006) était éditeur chez Sphere Books au moment de la genèse du cycle de Raven (il abandonnera ensuite cette activité pour devenir un auteur de Fantasy et de Western prolifique). C’est lui qui fait remarquer à Holdstock que les protagonistes féminins sont rarissimes en Heroic Fantasy, et qui lui propose de s’associer pour écrire un cycle mettant en scène un tel personnage. Raven était née.  Continuer à lire « Maîtresse du Chaos – Robert Holdstock / Angus Wells »

Saisons funestes – Glen Cook

A ce stade du cycle, c’est le roman le plus exigeant mais aussi un des plus intéressants

saisons_funestesSaisons funestes est le septième roman du cycle de la Compagnie noire, ainsi que le premier de son troisième et dernier sous-cycle, les Livres de la Pierre scintillante. Son intrigue est en grande partie parallèle aux événements décrits dans Rêves d’acier, et se concentre sur le siège de Dejagore. Il montre, pour l’essentiel, les luttes entre différentes factions à l’intérieur des murs de la ville, ainsi que leurs conséquences pour l’avenir, voire la survie, de la Compagnie et de sa quête de la mythique Khatovar.

D’entrée, Glen Cook surprend : on s’attend forcément à ce que Toubib et Madame se lancent à la poursuite de qui vous savez pour récupérer ce que vous savez (<– ceci est un habile dispositif anti-spoiler), et en fait, pas du tout. L’intrigue est narrée par Murgen, et fait des allers-retours entre le présent (4-5 ans après le siège de Dejagore) et la période correspondant à celui-ci. Donc, l’intrigue qui tourne autour de Kina avance en fait très, très peu. Est-ce décevant ? Une fois le livre fini, pas du tout. Même si, de prime abord, ça déconcerte (surtout si on a suivi l’ordre de lecture des éditeurs français, avec La pointe d’argent en sixième position…).  Continuer à lire « Saisons funestes – Glen Cook »

Rêves d’acier – Glen Cook

Madame et le Temple Maudit

reves_acierRêves d’acier est le second (et dernier) des Livres du Sud, deuxième sous-cycle de la Compagnie noire (je considère, comme les américains, que La pointe d’argent fait le lien entre les Livres du Nord et ceux du Sud, et ne fait pas partie de ces derniers). Il constitue la suite directe du tome précédent et reprend exactement là où ce dernier s’est arrêté. Pour autant, il y a une différence de taille : le narrateur. Poursuivant jusqu’à son terme logique une démarche entreprise depuis deux tomes déjà et consistant à mettre la Dame de plus en plus en avant, Glen Cook en fait à la fois le Capitaine et l’Annaliste de la Compagnie noire. Dans les annales, Rêves d’acier sera donc connu comme « le livre de Madame », tout comme les précédents étaient les « livres de Toubib ».

Inutile de dire qu’à lui seul, ce changement de narrateur (et de rôle de ce personnage emblématique du cycle dans son ensemble) rend déjà ce roman très intéressant, un jugement qui ne fera que se confirmer au fur et à mesure de sa lecture.

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Jeux d’ombres – Glen Cook

Un très bon tome, mais qui souffre de la comparaison avec ses prédécesseurs et qui n’est pas exempt de défauts parfois assez sérieux

compagnie_noire_5Jeux d’ombres est le premier roman d’une nouvelle phase du cycle de la Compagnie Noire : les Livres du Sud. Il fait suite aux trois livres du Nord (La compagnie noire, Le Château noir, La rose blanche) et au tome de transition entre les deux sous-cycles, La pointe d’argent. D’ailleurs, les événements du roman se déroulent en parallèle de ceux de ce dernier livre, du moins au début. Il est donc plus facile de saisir certaines références si on a lu La pointe d’argent en quatrième position et pas en sixième comme la numérotation adoptée par les deux éditeurs français le préconise.

Ce roman marque de très nombreux changements, dont un de taille : un complet déplacement géographique de la Compagnie vers son continent d’origine, globalement inspiré par notre Afrique terrestre. L’enjeu des Livres du sud est en effet de montrer le retour aux sources entrepris par l’unité vers sa ville de naissance, la fameuse Khatovar dont nous entendons parler depuis longtemps à ce stade.

J’attire votre attention sur le fait qu’arrivé au tome 5 d’un cycle, les spoilers sur le contenu des tomes précédents sont inévitables, ce qui fait que cette critique en contient fatalement. Par contre, elle est garantie sans spoiler majeur sur l’intrigue propre à ce roman.  Continuer à lire « Jeux d’ombres – Glen Cook »

Le couteau aveuglant – Brent Weeks

Un second tome mené tambour battant

couteau_aveuglantLe couteau aveuglant est le second volet du cycle Le porteur de lumière, après Le prisme noir. C’est le plus petit des trois tomes parus jusqu’ici (cette saga avait été conçue à l’origine comme une trilogie, mais va en réalité bientôt s’enrichir d’un quatrième volume), enfin si on peut qualifier de « petit » un livre de près de 700 pages.

L’intrigue débute quelques jours à peine après l’évacuation de Garriston, et met en jeu les mêmes personnages que dans le livre précédent. Si, si, y compris l’insupportable Kip. Qui, croyez-le ou pas, va devenir intéressant. Étonnant, non ? Vous retrouverez dans ce tome 2 tout ce qui vous a séduit dans son prédécesseur, sans la plupart des défauts de ce dernier (notamment son début diesel ou le personnage de Kip qui n’était absolument pas au niveau des autres).

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Le seigneur des Isles – David Drake

Le seigneur des somnifères

seigneur_islesDavid Drake (né en 1945) est un ancien avocat également diplômé en histoire. Sans doute marqué par ses deux années de service au Vietnam (et au Cambodge) durant la guerre du même nom, il est devenu un auteur de premier plan en matière de SF militaire, avec sa série Hammer’s Slammers ou un cycle plus récent, Republic of Cinnabar Navy, inspiré par les romans consacrés à Jack Aubrey (donc par le même genre de contexte Napoléonien, anglais et naval qui a donné naissance à  Honor Harrington -qui est, elle, inspirée par Horatio Hornblower-). En plus de son propre travail, il lui est également souvent arrivé de fournir à d’autres auteurs la trame générale de leur histoire, ces derniers se chargeant de « combler les blancs ». Le moins que l’on puisse dire est que ces collaborations impliquent des noms connus des aficionados de SFFF, comme Karl Edward Wagner, S.M. Stirling ou Eric Flint.

Le  roman que je vous présente aujourd’hui est de la fantasy et pas de la SF militaire : paru en 1997, c’est le premier du cycle du même nom, qui compte 9 volumes en VO (l’auteur lui a donné une conclusion en 2008), 6 pour un premier sous-cycle et 3 pour un second (La couronne des Isles). Bragelonne a traduit les trois premiers avant (selon toute probabilité) d’abandonner la série (la dernière parution française remonte à… six ans). Et franchement, je ne peux pas jeter la pierre à l’éditeur, car ce premier tome est particulièrement médiocre, et ce sur tous les plans. Je me demande même comment il a pu aller jusqu’à trois volumes, pour être totalement franc. Continuer à lire « Le seigneur des Isles – David Drake »

La rose blanche – Glen Cook

Un grand final époustouflant

black_company_3La rose blanche est le troisième roman du meta-cycle de la Compagnie noire, et le dernier des Livres dits du Nord. Cette fois, on entre dans le vif du sujet : la lutte de la nouvelle Rose Blanche contre la Dame (avec un invité surprise à la fête, mais chut !). Six ans après les événements du tome 2, la Compagnie noire (ou plutôt ce qui en reste…) s’est retranchée au fin fond de la Plaine de la Peur (un endroit que même un Rasta ayant abusé de Space Ganja aurait du mal à imaginer…), dans un QG souterrain d’où sont gérées toutes les cellules de Résistance éparpillées à travers la Domination. Un empire qui, d’ailleurs, couvre maintenant la moitié du monde. Le gros problème est que si les prophéties sont correctes, la victoire finale de la Rose sur la Dame ne pourra avoir lieu que lors du prochain passage de la comète, dans quelques décennies. Autant dire que l’attente va être longue pour Toubib et ses camarades… Continuer à lire « La rose blanche – Glen Cook »

Le prisme noir – Brent Weeks

Malgré une mise en place longue et assez terne, ce roman monte en puissance de façon vertigineuse et se termine par un dernier quart flamboyant

prisme_noirBrent Weeks est un auteur américain de Fantasy qui a atteint une certaine notoriété avec son premier cycle, l’Ange de la Nuit (publié chez nous par Bragelonne). Le prisme noir est le premier volume d’un second cycle, totalement distinct du précédent, et intitulé Le porteur de lumière. Initialement prévu pour être une trilogie, ce dernier se transformera en tétralogie en octobre avec la parution d’un nouveau tome, The Blood Mirror.

Le prisme noir est un roman de Gunpowder Fantasy, mais dans lequel l’aspect magie est presque plus important que l’aspect mousquets & canons (bien que ces derniers soient très présents). Magie qui, un peu comme chez Brandon Sanderson, se veut innovante, cherche, dans sa théorie et sa pratique, à sortir des sentiers battus (ou du flou artistique qui caractérisait la Fantasy dans ce domaine à une certaine époque).

Sur un plan bassement matériel, c’est un énorme pavé (960 pages, une centaine de chapitres !), à la couverture ma foi fort esthétique. Continuer à lire « Le prisme noir – Brent Weeks »