Deux livres en un
Parfois, on a un coup de cœur pour un roman SFFF anglo-saxon, qui a tout du chef-d’œuvre. On se dit qu’il va forcément être traduit, vu sa qualité. Les mois, puis les années passent, et on comprend qu’il ne le sera peut-être (sans doute…) jamais. Au bout d’un moment, tout espoir de le voir se transmuter de la langue de Shakespeare à celle de Molière s’envole. Et puis un beau jour, alors que l’avalanche permanente de nouveautés a quasiment fait disparaître l’ouvrage de votre mémoire, un fidèle aponaute (Mohamed, qu’il en soit remercié) vous dit « Eh Apo, tu as vu, il y a une traduction de Crossings d’Alex Landragin qui paraît demain ! ». Et là, le sentiment de bonheur est indescriptible : enfin, cet excellent roman, que vous vouliez tant faire découvrir à celles de vos ouailles qui ne lisent pas l’anglais, va leur être accessible ! Vous cherchez fébrilement des renseignements sur le bouquin, à commencer par son éditeur : laquelle de nos maisons d’édition spécialiste ou notoirement investie dans les littératures de genre a-t-elle eu le courage de traduire ce projet atypique, à la fois deux romans en un seul et sorte de « livre dont vous êtes le héros » où vous avez deux parcours de lecture possibles, lisant les trois parties principales de l’ouvrage dans deux ordres différents, chacun offrant une expérience distincte ? Quelle n’a donc pas été ma surprise de constater que cette traduction (nommée Le Livre des passages) paraît chez… Le Cherche Midi, pas vraiment une maison que l’on associe, spontanément, à l’imaginaire. En même temps, les éditeurs de SFFF sont très, très, très occupés à publier de la Romantasy, de la LitRPG et des livres cochant des cases, mercatiques ou idéologiques, ils n’ont donc pas le temps pour la littérature (sans vouloir passer pour un élitiste, ce que je ne suis absolument pas, contrairement à certains), et originale, qui plus est. Bravo au Cherche Midi, donc ! Continuer à lire « Le Livre des passages – Alex Landragin »

Dans son avant-propos, Thomas Day prévient : Le trône d’ébène ne doit pas être considéré comme un roman historique consacré au fameux roi des zoulous mais comme une Fantasy mêlant dieux et sorcières à des personnages et événements réels, sans compter les libertés prises avec les structures sociales (et j’ajouterais : militaires) ou la géographie. Pourtant, dans la double lecture possible qu’il offre (certains événements peuvent aussi bien s’expliquer par la cryptozoologie, l’emploi de drogues, la folie ou la manipulation psychologique que par le surnaturel), ce roman relève plus d’un livre de Fantastique à cadre Historique comme
D’après sa biographie, Alex Landragin est un auteur franco-arméno-australien, ayant vécu dans l’Hexagone et aux USA mais actuellement basé à Melbourne. Crossings est à la fois son premier et son deuxième roman et… Comment ? Il faut que j’arrête de faire des léchouilles à des buvards de LSD ? Un roman n’est pas un chat de Schrödinger, il ne peut pas être à la fois le premier et le second d’un écrivain ? Eh bien si, et vous allez comprendre de quelle manière c’est possible dans la suite de cette critique !
Frank Belknap Long (1901-1994) était un écrivain américain de Fantastique, de Weird, d’Horreur, de SF, un scénariste de comics (consacrés à Superman, Green Lantern et Captain Marvel) et poète. Une de ses nouvelles, publiée en 1921, est remarquée par H.P. Lovecraft, et les deux hommes développent une amitié (et une correspondance faramineuse, comprenant un millier de lettres, dont certaines longues de plus de… 80 pages manuscrites) à partir de 1922, qui se poursuivra jusqu’à la mort du gentleman de Providence, en 1937. Long écrira d’ailleurs une biographie de son ami en 1975. Il faisait partie de la garde rapprochée de Lovecraft, étant comme lui membre du Kalem Club (un cercle littéraire ainsi nommé car tous ses membres avaient des initiales comprenant K, L ou M) et du groupe d’auteurs (dont faisaient partie Bloch, Derleth, Howard, Kuttner, C.A. Smith et d’autres encore) qui correspondaient régulièrement, cherchant à améliorer et influençant le travail des autres.
L’anthologie Apophienne est une série d’articles sur le même format que
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Quand il n’est pas occupé à essayer de fourguer un dixième livre progressisto-féministo-écologico-post-apocalyptique à son patron, Alexis Esménard (qui, lui, publierait plutôt chez AMI de la SF militaire, de la Fantasy à épées-démons et de la Hard SF, du moins s’il n’était pas retenu en otage par le Djihad Dumayiste), à mettre en PLS les rédacteurs de tel ou tel magazine, forcés de faire appel à une cellule de soutien psychologique après la parution de sa rubrique trimestrielle dans Bifrost, à boire des coups avec Olivier Girard, Pascal Godbillon ou Thibaud Eliroff, à expliquer à son cadet que non, il travaille pour Albin Michel et pas pour Jacquie et Michel (véridique !), ou à collaborer avec certaines des idoles de ma fort lointaine adolescence (Ledroit et Sorel), Gilles Dumay publie, sous un de ses innombrables pseudos (
Abimagique est un des trois romans courts de la collection Une heure-lumière qui doit paraître le 29 août 2019, les deux autres étant Acadie et L’enfance attribuée (ceux d’entre vous qui lisent Bifrost pourront découvrir mes recensions les concernant dans le prochain numéro du magazine ; les autres les liront sur ce blog en 2020. Précisons toutefois que je vous reparlerai de David Marusek dans quelques jours, ce qui en dit long sur l’intérêt que j’ai trouvé à L’enfance attribuée). C’est la deuxième novella publiée en UHL signée Lucius Shepard, après l’excellent