Le saint des lames – Conn Iggulden

Les six mercenaires

saint_des_lames_igguldenLe saint des lames est le dernier tome de la trilogie entamée avec Darien et poursuivie avec Shiang. L’éditeur a donc proposé en français 1/ l’ensemble du cycle et 2/ en moins d’un an, ce dernier point étant à saluer car il est bien agréable d’entamer le tome n en ayant encore en tête les éléments du tome n-1, au lieu d’avoir lu ce dernier x années auparavant.

J’anticipe un peu sur ma conclusion, mais si ce tome 3 reste toujours aussi agréable à lire, il montre tout de même quelques défauts du cycle, dont un worldbuilding flou et assez léger, une répétitivité des mécanismes utilisés pour l’intrigue, ainsi que des fins de romans un peu abruptes (et c’est tout spécialement le cas pour celui-ci). La trilogie reste parfaitement recommandable (et une incursion incontestablement réussie dans le domaine de la Fantasy pour Conn Iggulden, une des stars du roman Historique en Angleterre), mais il n’en reste pas moins que cela reste perfectible sur certains points.

On notera la beauté de la couverture, qui fait que pour une fois, je regrette presque d’avoir acheté ce livre, pour des raisons d’économie et de manque d’espace de rangement, en version électronique. On notera aussi que j’ai du mal à comprendre le titre. La traduction n’est pas en cause, puisque c’est strictement celle du titre de la VO, mais elle tendrait à prouver qu’Hondo est au centre du propos, alors que ce n’est pas vraiment le cas (et ce même si c’est un des deux personnages les plus sympathiques du livre). Il aurait été plus pertinent, à mon sens, d’appeler ce roman « Tellius » (vous comprendrez pourquoi si vous le lisez). Mais bon, j’ergote.

U can’t touch this *

* MC Hammer, 1990.

Le saint des lames s’ouvre sur une scène dont on comprendra plus tard qu’elle se déroule une trentaine d’années avant le reste des événements. Elle montre un adolescent qui s’introduit dans un temple isolé pour y voler ses trésors. On ne comprendra son sort que plus tard dans le livre. Mais bon, clairement, il n’aurait pas dû toucher au machin, ce p’tit c*n.

Après cette introduction, on revient au présent, soit deux ans après la fin du tome 2 et quatre après celle du 1. Tellius est Président du Conseil des Familles de Darien, et doit mettre aux voix un vote crucial, alors qu’un assassinat remet son issue en doute. En effet, depuis quelques temps, le Prince Louis, représentant d’un mystérieux royaume de Féal, dont personne n’avait entendu parler jusque là, est arrivé à Darien, tentant d’extorquer un accord commercial qui signerait en fait la vassalisation de la ville. Le plus préoccupant étant qu’on ne sait rien de cette nouvelle nation, qui se serait constituée en quelques décennies à peine, voire années, sous l’impulsion du roi Jean, le père du plénipotentiaire.

Le vote va avoir lieu, et pendant un temps, Darien va plus ou moins continuer à vivre comme avant. Jusqu’à ce que le lecteur découvre peu à peu l’horrible réalité du royaume de Féal (qui m’a évoqué un autre titre Bragelonne, Mage de guerre) et que la guerre menace (encore…) Darien. Pour éviter la destruction ou l’asservissement de la cité, Tellius va devoir réunir une équipe de choc, les « six mercenaires », en quelque sorte. Dont je ne vais même pas vous spoiler l’identité, pas parce que je suis soudain devenu un individu recommandable et bon, mais parce que pour ne pas la deviner si on a lu les deux premiers tomes du cycle, il faut vraiment le faire exprès.

Stop, Hammer time *

* Super freak, Rick James, 1981.

Dans l’ensemble, j’ai clairement pris autant de plaisir à lire ce troisième tome que les deux autres, et c’est une trilogie qui me laissera un bon souvenir. Le saint des lames présente des protagonistes toujours aussi sympathiques (à l’exception, peut-être, de Vic Deeds), le style est ultra-fluide, c’est vigoureusement rythmé (presque un peu trop, d’ailleurs : l’auteur bâtit sa nouvelle menace à une vitesse assez folle. En revanche, l’ouverture -les premières scènes à Darien- est excellente, pleine de rythme et de dramaturgie), il y a de l’émotion et un côté épique et pyrotechnique certain. J’ai beaucoup apprécié le fait que la plupart des personnages issus de Shiang réalisent finalement que leur vrai foyer est Darien, et se battent comme des furies pour le préserver. Et il y a une scène vraiment chargée en émotion et très réussie, bien que peut-être un poil courte.

Mais… la fin est assez abrupte (et un peu décevante), et tout cela manque clairement d’un petit épilogue, dans le genre « Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » (ou pas, d’ailleurs). Mais… le worldbuilding et le magicbuilding restent terriblement légers : j’étais persuadé que ce troisième tome allait enfin répondre à certaines questions, et en fait non. Iggulden continue à évoquer des notions relatives à notre monde (Hercule, la Grèce, la Savoie, etc), sans jamais expliquer en quoi celui de Darien lui est lié (futur post-apocalyptique à la Hawkmoon / Shannara, monde parallèle où la magie existe, etc). Et on ne sait toujours rien ou quasiment de la magie, de l’origine des pierres et des artefacts des Familles de Darien, et ainsi de suite. Alors clairement, ces points ne dérangeront pas certains profils de lecteurs, mais cela m’a laissé un goût de trop peu assez désagréable.

De même, certaines questions resteront à jamais sans réponse : j’étais persuadé qu’avec l’Idiot, les gens de Darien avaient fait entrer le loup dans la bergerie et… rien. Il est à peine évoqué. De même, l’ombre / la ceinture (vous comprendrez mieux ce que j’évoque en lisant ce roman) et tout ce qui est lié au tombeau / temple n’est jamais réellement expliqué. Enfin, le changement affectant Bosin (ou plutôt l’annulation du premier changement) n’est pas totalement expliqué lui non plus, même si l’auteur donne assez d’éléments pour se faire une idée. Rien de rédhibitoire, une fois encore, mais ça reste vaguement frustrant.

Non, le plus gros reproche que j’aurais à faire à la fois à ce troisième roman et au cycle dans son ensemble est la répétitivité : une fois encore, la première moitié sert à mettre en place la grosse bataille epic to the max de la seconde moitié (à la louche, hein, c’est pas une science exacte, ma bonne dame), une menace (oui, encore) marchant sur Darien. Même pour un adepte de pyrotechnie comme moi, c’est un peu lassant, à force.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de L’ours inculte,

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7 réflexions sur “Le saint des lames – Conn Iggulden

  1. Je vais attaquer bientôt ce troisième tome, effectivement jusqu’ici la série est agréable et réussie sans pour autant être renversante, c’est du très bon divertissement pour ma part et j’ai hâte de lire cette conclusion

    Aimé par 1 personne

    • ça m’a fait du bien de lire un bouquin comme ça : j’ai enchaîné pas mal de romans allant de « bof » à carrément chiant pour le compte de Bifrost en février, et lire Le saint des lames, ça m’a fait l’effet d’une bouffée d’air frais.

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  2. J’avais été très déçue non par le contenu, mais par la qualité de mon roman papier. Cela m’a fait hésité à continuer la trilogie, car j’aime avoir les livres dans la même collection, que ce soit papier, ou numérique.
    Ta critique m’oriente donc vers une non-continuation de la saga. En fantasy, il ya moyen de faire montre de créativité, plus qu’en SF finalement.

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  3. Ping : Le saint des lames, Derrière les lignes ennemies – L'ours inculte

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