Yendi – Steven Brust

Toujours aussi drôle ET sanglant

yendi_brustYendi est le deuxième des quinze (!) romans parus à ce jour consacrés à Vlad Taltos, et c’est aussi un prélude au précédent, Jhereg. La quatrième de couverture nous précise que chacun des livres de ce cycle peut se lire de façon indépendante, et du fait de son statut d’antépisode, cela n’a jamais été aussi vrai que pour celui-ci. D’ailleurs, l’auteur rappelle de façon succincte mais efficace les bases de son univers, même si c’est fait de manière bien moins détaillée que dans Jhereg. Vous pouvez donc lire ce bouquin de trois façons différentes : isolé, après Jhereg, ou avant (même si personnellement, je pense que lire ces romans dans leur ordre de parution reste la chose à faire).

Au final, et même si Steven Brust a déclaré que, de tous ses livres, c’était celui qu’il aimait le moins, de mon côté j’ai encore une fois bien apprécié ma lecture, et ce même si elle n’est pas tout à fait dépourvue, en effet, de défauts. Outre l’humour, l’aspect Dark Fantasy très méticuleux (j’y reviendrai), un univers et des personnages secondaires fascinants et l’écriture fluide et agréable, j’apprécie réellement de me plonger dans ces petits bouquins (autour de 300 pages en version poche), qui se lisent sans effort, car cela a le double mérite de me rappeler les Presse Pocket de mon adolescence et de me reposer des pavés qui se doublent d’un gouffre à capacité d’attention (que j’ai de moins en moins, ah, le naufrage de la quarantaine…). Bref, je signe à nouveau pour le tome 3 (que j’ai d’ores et déjà acquis, de toute façon, ainsi que le 4) sans problème !

Intrigue

Dans Yendi, Vlad revient sur son passé pré-Jhereg (le roman), à un stade où c’était juste un petit caïd contrôlant un pâté de maisons, en gros, et pas un des pontes de la Mafia tel que présenté dans le bouquin précédent. Alors qu’il n’a son propre territoire que depuis six mois, il va avoir maille à partir avec le caïd voisin, Laris, qui contrôle une zone deux fois plus étendue que la sienne mais cherche visiblement à s’étendre et teste la détermination de Vlad a défendre ses sources de revenus. Il ne va pas être déçu !

Dans la première phase de l’intrigue, donc, l’auteur décrit avec précision les rouages d’une guerre des gangs entre caïds du Crime Organisé, ce qui, avec l’examen méticuleux de la façon dont on gère un territoire et dont on en tire un revenu (bordels, salles de jeu clandestines, prêteurs sur gages, boutiques de blanchiment d’argent, etc), fait de ce tome 2 un véritable manuel de la gestion d’un gang / d’un territoire (au sens mafieux du terme), tout comme le tome 1 était une sorte de « Guide de l’Assassinat pour débutants ». On rappellera tout de même que la VO remonte à… 1984, ce qui fait donc de Yendi (et, par extension, du cycle tout entier) un jalon essentiel dans la construction de la Fantasy de crapules moderne. On ne pourra, ainsi, que conseiller à tout auteur souhaitant écrire sur les criminels dans un contexte de Fantasy de jeter plus qu’un coup d’œil à la saga de Vlad Taltos, il ne perdra certainement pas son temps !

Cette première phase va en catalyser une autre, quand Laris va carrément essayer de faire assassiner Vlad : en effet, il va lui envoyer un duo de femmes assassins, surnommées L’épée et la Dague de Jhereg, dont un des membres est bien connu de celui qui a lu Jhereg (le roman) avant. De fait, l’incident, et surtout sa conséquence, était évoqué dans ce dernier livre. Et de toute façon, rien qu’à voir la couverture (celle de l’édition poche, du moins), on se doute bien de ce qui va se passer. Mais n’en disons pas plus, pour qui souhaite garder la surprise.

Va alors démarrer une troisième phase : en effet, la « simple » guerre des gangs opposant Vlad et Laris cache en réalité quelque chose de beaucoup plus complexe et ambitieux. Je n’en dirai pas davantage, sinon que la conspiration impliquée m’a parue convolutée et assez difficile à suivre, sauf sur la fin où tout devient limpide. Pas de quoi crier au scandale, mais je saisis mieux pourquoi Brust n’est guère satisfait de son livre.

Analyse et ressenti

Aux réserves exprimées sur la partie finale de cette intrigue à tiroirs, j’ai une fois de plus passé un très bon moment de lecture. Les dialogues sont toujours aussi savoureux (surtout ceux impliquant Loiosh), ça se lit tout seul tant le style est fluide, les personnages secondaires (Morrolan, Aliera, Sethra, etc) sont toujours aussi badass (sans compter le fait que cela fait plaisir de les retrouver), l’aspect Dark Fantasy reste au top, et surtout, la construction des personnages s’étoffe, puisqu’on apprend comment Vlad est devenu un caïd d’importance, comment il a rencontré une certaine personne et même pourquoi il a un coffre avec plusieurs jeux d’armes de rechange (il se trouve qu’on ne maîtrise peut-être pas la recherche d’empreintes digitales dans cet univers, mais que trop porter une arme y laisse l’empreinte mentale de celui qui la manie, à condition qu’il la garde sur lui suffisamment longtemps. On a donc tout intérêt à en changer souvent). On en apprend aussi plus sur le passé de certains personnages secondaires, de la dynastie impériale, mais par contre, on ne peut pas dire que d’autres pans de l’univers s’étoffent franchement (en même temps, en 320 pages…). Je suis toutefois resté perplexe devant la mention, à plusieurs reprises, de « kérosène » : souci de traduction ou aspect science-fantasy caché de ce monde ?

Ce roman mêle un aspect Dark et un aspect… disons rose qu’on ne s’attend pas forcément à voir mélangés, et qui, quand ils le sont, donnent en général un résultat peu convaincant (faut-il vraiment que je cite le bouquin auquel je pense ? Un indice, son titre commence par « Les seigneurs »). Sauf que Brust n’est pas l’autrice en question, et que chez lui, eh bien c’est tout con, mais on y croit (et puis c’est touchant, hein). Alors que franchement, la façon dont cela se fait est étrange, voire pas spécialement logique (bien que dès le début, Brust explique, par la voix de Loiosh, que Vlad est, hum, excité par la perspective de la mort). Comme quoi…

Donc, à part la troisième phase de l’intrigue, un peu lourde et dans laquelle on se perd parfois, rien à dire, ça reste vraiment très plaisant à lire. Outre quelqu’un qui cherche à se cultiver en Fantasy Dark / Criminelle, ou une personne en recherche de lectures courtes et fluides, on conseillera Yendi à celui qui désire une combinaison Abercrombienne (avant l’heure, qui plus est) de Fantasy à la fois sombre et humoristique, où on sourit autant qu’on contemple le sang gicler sur les murs. Particulièrement lors d’une scène dont je ne vous parlerai pas mais que chacun reconnaîtra, lorsqu’une certaine demande est faite, mais pas du tout de la façon habituelle !

J’ajouterai que tout comme le tome 1 évoquait l’anecdote qui est au centre de Yendi, ce dernier livre évoque à plusieurs reprises des événements centrés sur l’Au-delà, dont je suis quasiment certain qu’ils serviront de substance à au moins un des tomes suivants. Affaire à suivre !

Pour aller plus loin

Retrouvez les critiques des autres romans du cycle Vlad Taltos sur Le culte d’Apophis : tome 1, tome 3,

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9 réflexions sur “Yendi – Steven Brust

  1. Celui ci m’avait également plu surtout pour l’univers de guerre de gang. Et pour loiosh aussi
    J’ai hâte que tu attaques les titres non traduit pour avoir ton ressenti. En fonction de ce que tu en dis et du niveau d’anglais nécessaire je m’y attaquerai 😉

    Aimé par 1 personne

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