Dracula in love
Non, non, non, Max Gladstone n’est pas que l’auteur de l’excellent cycle The craft sequence, il donne aussi dans le texte court et propose d’autres univers ou styles de SFFF que l’Arcanepunk ! C’est même un nouvelliste relativement prolifique (ce n’est pas Robert Silverberg non plus, hein !) pour ses trente-quatre ans, puisqu’il peut se prévaloir de la publication de onze nouvelles via différentes plates-formes.
Avec cette critique, je redonne un sang neuf (ah, ah !) à mon cycle de lecture littérature vampirique de référence, lancé en 2016 et laissé de côté en 2017. Je vous en rappelle le but : en plus de vous présenter les romans de vampires qui sont considérés comme une référence du genre (Carmilla, etc), que ce soit grâce à leurs pures qualités littéraires ou du fait de leur influence sur les textes consacrés à la créature parus après eux, il vous donne aussi des pistes si vous ne souhaitez surtout pas lire du Twilight (ou la grosse majorité de la Bit-Lit, qui peut être mise dans le même sac).
Contexte / intrigue / personnages
New York, de nos jours. Dix ans auparavant, une femme a traqué sur la planète entière un prédateur, un meurtrier de masse, et a fini par le coincer dans son pays d’origine. Au moment où il aurait dû la tuer, comme tant d’autres avant elle, et où elle, la chasseresse, aurait pu mettre un terme définitif à ses méfaits, l’impensable s’est produit. Et une décennie plus tard, amoureux, parents d’un fils de sept ans, Paul, ils tentent de se fondre au sein des gens normaux, lui assistant même aux matchs de Baseball du fiston, faisant faire ses devoirs au petit, et rencontrant sa maîtresse, la jolie Angela, lorsque ses résultats sont en baisse.
Sauf que… Sarah chassait un gibier bien particulier, à l’aide d’eau bénite et de balles en argent. Sauf que… son ex-proie et désormais compagnon s’appelle Vlad, qu’il est très vieux, qu’il se souvient avec nostalgie d’une époque où on empalait massivement, et qu’il fait de très gros efforts pour ne pas trahir sa vraie nature. Allant jusqu’à porter de fausses dents, à ralentir ses mouvements (on découvrira qu’il peut parcourir dix pâtés de maisons en… 9 secondes !), à réprimer ses réflexes inhumainement fulgurants, à faire taire certains appétits. Car Vlad n’est pas un être humain mais un vampire ! (au passage, on est vraiment sur de l’Urban Fantasy -spécialité de Max Gladstone- pur jus : une anecdote mentionne la rencontre de Vlad, dans les Sixties, avec un dieu des volcans, qui avait laissé tomber les sacrifices parce qu’il avait compris qu’il pouvait avoir plus de vierges une guitare à la main).
Vlad, donc, est immédiatement fasciné par Angela, qui lui fait perdre le rigide auto-contrôle qu’il exerce pour paraître être un simple mortel, et qu’il a mis des années à perfectionner afin de tenter de vivre une vie de famille ordinaire, une vie banale de petit comptable, comme n’importe quel autre homme sur cette planète. Alors, Dracula amoureux ?
Analyse
Premier point, on peut remarquer que Max Gladstone aime décidément beaucoup les vampires : ils jouaient déjà un rôle dans Three parts dead, le premier roman (dans l’ordre de parution) de son cycle phare (et assez original d’ailleurs : la vampirisation provoque chez la victime une sensation supérieure à celle d’un shoot de la plus puissante des drogues, ce qui fait qu’elle a tendance à vouloir renouveler l’expérience). Malgré tout, le style de l’auteur dans A kiss with teeth est relativement différent de celui de ce roman : plus tendu, encore plus noir.
Deuxième point, la combinaison dudit style, de l’atmosphère créée, du traitement du vampire, de l’effet instinctif de mal-être et de peur qu’il crée chez l’humain, m’a aussi rappelé… Peter Watts dans Vision Aveugle. Même si dans les deux textes, les genres abordés et la justification de l’existence de la créature sont profondément différents : Hard SF chez Watts, Urban Fantasy chez Gladstone (et Arcanepunk dans The craft sequence).
En tout cas, le style est très tranchant, on attend la suite des événements et la chute avec impatience (et un poil d’inquiétude pour la jolie Angela), et le traitement du vampire est absolument fascinant (rien que du fait qu’il a une classe folle, déjà : la remontée en puissance du côté inhumain de Vlad occasionne de spectaculaires effets secondaires !). Même si la fin elle-même s’avère un poil décevante et prévisible, il n’en reste pas moins que nous avons ici affaire à un texte vampirique de premier plan, qui aurait d’ailleurs sans doute été encore meilleur avec un traitement plus long, que ce soit sous forme de novella, voire de roman à part entière.
Niveau d’anglais : plutôt facile.
Probabilité de traduction : très faible.
***
Tiens pourquoi pas ? Même si je ressens une lassitude avec le théme du vampire, j’ai l’impression qu’il y a de quoi raviver ma flamme.
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