Un aperçu gratuit du style de l’autrice
Albin Michel Imaginaire nous offre aujourd’hui (sous forme électronique, téléchargeable directement sur votre site marchand habituel ou via le site de l’éditeur) une nouvelle gratuite, Le deuxième sang, signée Émilie Querbalec, l’autrice de Quitter les monts d’automne qui paraîtra le 2 septembre. Le but étant évidemment de vous proposer un aperçu du style de la dame, histoire de vous inciter, si vous étiez hésitant, voire pas tenté du tout, à lire son roman. Précisons que ce texte est une version retravaillée d’une nouvelle précédemment parue dans l’anthologie Rouge de Nice Fictions, sous le titre alternatif (et à mon avis bien meilleur) Le prix du sang. Mais précisons surtout que Le deuxième sang ne s’inscrit PAS dans le même univers que Quitter les monts d’automne, même si, que ce soit au niveau de la protagoniste, du ton et de l’ambiance asiatique, nous n’en sommes pas si loin que ça. À une grosse différence près : nous sommes ici sur de la Fantasy, pas de la SF.
Si cette nouvelle s’avère assez intéressante, on précisera toutefois qu’au niveau du style, on est facilement un cran en-dessous du roman. Mais tout compte fait, si vous accrochez à ce texte, il y a toutes les chances pour que cela soit aussi le cas pour Quitter les monts d’automne. Si, par contre, l’héroïne, le ton ou l’écriture vous donnent de l’urticaire, vous avez plus intérêt à vous tenir éloigné du roman.
Univers, intrigue et protagoniste *
* Savoure le rouge, Indochine, 1994.
Vu qu’il s’agit visiblement d’un monde secondaire mais que la science ne joue pas de rôle là-dedans, ce texte se place au sein de la Fantasy. Il nous montre, sur plusieurs années, la vie au sein du Monastère de Bainalung, au service de la déesse Kamasapa (à mon avis une Dourga à peine déguisée) et qui forme, sous la supervision de sévères moniales, des combattantes d’élite qui intégreront plus tard la Garde Impériale (l’inspiration asiatique est plus large que celle, exclusivement japonaise, de Quitter les monts d’automne, puisqu’il y a ici des éléments chinois, indiens / hindous et sans doute tibétains). Sauf bien entendu si elles échouent à passer un à un les grades de maîtrise de l’art martial local, auquel cas elles deviendront mères. L’une d’elles a d’ailleurs une réflexion très importante pour comprendre l’axe central du texte : « Pourquoi ne peut-on devenir à la fois guerrière et mère ? ». C’est à cette question que répond la chute de cette nouvelle, à travers le parcours de la jeune Lha-mi, de sa première menstrue à son accession au grade suprême.
Personnellement, j’ai vu la chute venir longtemps à l’avance, tout simplement parce qu’elle est proche d’un point, fugace mais à mon sens très important, abordé dans La guerre du pavot de R. F. Kuang, et qui m’avait en tout cas beaucoup frappé. Ce qui n’enlève rien à sa pertinence, car cette réflexion est universelle : les femmes doivent-elles faire des sacrifices sur l’autel de leur carrière ? Doivent-elles être réduites à un rôle, alors qu’un homme peut être ceci ET cela ?
Bref, thématiquement parlant, c’est du solide. Niveau style, c’est agréable, bien qu’en-dessous de ce qui a été proposé par l’autrice dans son roman. Par contre, on retrouvera le vague parfum saphique et le ton qui flirte parfois de près avec le Young Adult de Quitter les monts d’automne, ainsi évidemment que l’aspect initiatique. Moralité : même si cette nouvelle est en-dessous du roman, elle reste agréable à lire et donne de solides pistes de réflexion. Donc vu qu’en plus, elle est gratuite (et qu’elle ne fait qu’une moitié des 46 pages annoncées par AMI, vu que le reste est un catalogue de la collection), vous auriez tort de vous en priver, que ce soit pour plonger un orteil dans la prose de Querbalec pour voir si la température est bonne ou bien pour prolonger, d’une certaine façon, l’expérience Quitter les monts d’automne.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur cette nouvelle, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Gromovar, celle du Chien critique,
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C’est pas mal du tout…et c’est gratuit !
Il n’ y a que le terme « autrice » qui ne passe pas ; je pense tout de suite à autruche… je préfère le bon vieux québécois « auteure » des années 90…
Mais je suis un vieux réac…
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Oui mais à l’oral auteur ou auteure c’est pareil. Donc pourquoi féminiser si c’est pour continuer à passer inaperçu. Désolé pour le HS.
Sinon j’ai beaucoup aimé la plume de l’autrice dans Quitter les monts d’automne, mais le cote fantasy me fait passer mon tour pour cette nouvelle
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Je te dirais que le côté Fantasy n’a finalement que peu d’importance : ça pourrait aussi bien se dérouler dans le monastère Shaolin ou dans une structure équivalente sur une exoplanète d’un univers de SF. L’autrice se concentre sur une thématique de fond bien précise qui est très intéressante. Au pire, vu que c’est gratuit, tu peux toujours la commencer, et si vraiment tu n’accroches pas à l’ambiance rien ne te force à la terminer.
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Même quand j’achète un livre rien ne me force à le terminer… je suis juste un peu plus persévérant peut être !
Donc je vais m’y essayer… 😉
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Juste pour info, et désolée si ça sort du sujet initial, mais le lien laissé par Jean renvoie à un site ouvertement homophobe, sexiste et raciste. Je ne sais pas si c’est une bonne chose qu’on en fasse ici la publicité.
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Je t’avoue que j’ai été très occupé ce week-end, et que je n’ai donc pas suivi ledit lien. Je viens de le faire, et vu que je suis de toute façon allergique à l’utilisation de mon blog comme plate-forme publicitaire pour des intérêts tiers, et ce même pour un site qui serait par ailleurs de bon aloi (ce qui n’est clairement pas le cas de celui-là), je vais donc de ce pas censurer ce lien. Merci pour ta vigilance.
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Je t’en prie.
Merci à toi pour la qualité de ton blog.
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