Anthologie Apophienne – épisode 2

Eye_of_ApophisL’anthologie Apophienne est une série d’articles sur le même format que L’œil d’Apophis (présentation de trois textes dans chaque numéro), mais ayant pour but de parler de tout ce qui relève de la forme courte et que je vous conseille de lire / qui m’a marqué / qui a une importance dans l’Histoire de la SF, plutôt que de vous faire découvrir des romans (forme longue) injustement oubliés. Si l’on suit la nomenclature anglo-saxonne, je traiterai aussi bien de nouvelles que de novellas (romans courts) ou de novelettes (nouvelles longues), qui sont entre les deux en terme de nombre de signes. Histoire de ne pas pénaliser ceux d’entre vous qui ne lisent pas en anglais, il n’y aura pas plus d’un texte en VO (non traduit) par numéro, sauf épisode thématique spécial. Et comme vous ne suivez pas tous le blog depuis la même durée, je ne m’interdis absolument pas de remettre d’anciennes critiques en avant, comme je le fais déjà dans L’œil d’Apophis.

Dans ce deuxième épisode, nous allons parler de deux nouvelles, une plutôt longue signée Dan Simmons, et l’autre, très courte, par Isaac Asimov, ainsi que d’une novella écrite par Ken Liu. Sachez que vous pouvez, par ailleurs, retrouver les anciens épisodes de cette série d’articles sur cette page ou via ce tag.

Les orphelins de l’hélice – Dan Simmons

horizons_lointains_anthoVous avez lu Hypérion, La chute d’Hypérion, Endymion et L’éveil d’Endymion, et vous aimeriez rayer le mot « fin » et connaître la suite ? Eh bien c’est relativement peu connu, mais il y en a une, sous la forme d’une nouvelle d’une soixantaine de pages, publiée en VO en 1999 et qui a obtenu le prix Locus l’année suivante (vous remarquerez d’ailleurs que l’activité de nouvelliste de Simmons est elle aussi assez peu connue, même si, pour ma part, je le trouve infiniment plus pertinent, à quelques exceptions près -dont le texte dont je m’apprête à vous parler- dans la forme longue que dans la courte). Ledit texte, Les orphelins de l’Hélice, a été traduit en 2000 et est disponible dans les ouvrages suivants (notez qu’il est théoriquement disponible gratuitement sur le site du journal Le Monde, mais de mon côté, le lien est mort : clic -merci d’éviter, par contre, de fournir vos propres liens en commentaires, le texte n’est pas tombé dans le domaine public, à ma connaissance-). Un demi-millénaire après la conclusion de L’éveil d’Endymion, il montre un vaisseau de colonisation énéen qui, alors qu’il est en route pour une lointaine destination, capte un signal de détresse. Les IA conviennent alors de réveiller de leur stase certains des leaders humains de l’équipage, et décision est prise de faire un petit détour pour aller enquêter.

Excellent texte de SF en lui-même, plein de Sense of wonder, Les orphelins de l’Hélice ne prendra toutefois sa pleine dimension que lu par quelqu’un qui connaît l’univers des Cantos. Et dans ce cadre là, sa fin est encore plus fascinante que son postulat de départ (un vaisseau énéen utilisant un moteur Hawking et administré par des IA). Bref, si vous appréciez cette partie de l’oeuvre de Dan Simmons (et, pour ceux qui débutent en SF et ne connaissent pas l’auteur, en gros si vous ne deviez lire qu’un seul et unique livre dans ce genre littéraire, je vous conseillerais sans hésitation son Hypérion), et que vous vous demandez ce que vous pouvez lire de plus essentiel dans la forme courte, ne cherchez plus, vous avez trouvé votre prochaine lecture !

L’homme qui mit fin à l’Histoire – Ken liu

ken_liu_u731La collection Une heure-lumière du Belial’ est exclusivement formée de novellas, primées et inédites pour la très grande majorité. La qualité du texte moyen en faisant partie est remarquablement élevée, mais aucune n’atteint celle, extraordinaire, du roman court L’homme qui mit fin à l’Histoire signé Ken Liu. Sur un sujet d’une gravité extrême (les exactions japonaises lors de la Seconde Guerre mondiale), l’auteur évite les nombreux pièges dans lesquels un écrivain moins doué aurait facilement pu tomber pour nous livrer une novella d’une intelligence, d’une justesse, d’une habileté et surtout d’une profondeur (celle des questionnements qu’elle fait naître chez son lecteur) rarissime. En dépit de cela, il  me paraît évident que ce court roman n’est malheureusement pas destiné à tout le monde : son sujet, l’horreur absolue de certaines scènes, font qu’il va laisser de côté une partie du lectorat. Et pourtant… il participe à un devoir de mémoire, à une lutte contre le Négationnisme et le Révisionnisme, contre les mensonges d’Etat, qui en font une lecture nécessaire, bien au-delà de sa simple qualité sur un pur plan littéraire ou science-fictif.

Si vous n’avez pas encore lu ce chef-d’oeuvre absolu, et que vous voulez en savoir plus à son sujet, je vous invite à lire la longue critique que je lui ai jadis consacré.

Les yeux ne servent pas qu’à voir – Isaac Asimov

pierre_parlante_asimovTerminons ce second numéro de l’anthologie Apophienne par une courte nouvelle (moins de quatre pages !) d’Isaac Asimov, qui, outre la fait qu’elle offre une vision vertigineuse autant que terrifiante, en un sens, de l’avenir possible de la vie organique, et un plongeon dans un futur inimaginablement lointain, a la curieuse particularité d’évoquer nettement plus les thématiques, voire le style, d’Arthur C. Clarke que ceux de l’auteur de Fondation. De plus, cette nouvelle, Les yeux ne servent pas qu’à voir, montre qu’alors qu’Asimov est moins enclin à dévoiler les sentiments de ses personnages que d’autres écrivains (en même temps, la prose de l’auteur n’est pas non plus particulièrement centrée sur eux), il ne faudrait pas croire qu’il n’est pas capable, lui aussi, de susciter l’empathie pour lesdits protagonistes, voire, dans au moins un cas, de faire couler une petite larmichette (nous reparlerons d’ailleurs de son texte L’affreux petit garçon -ou de sa version longue co-écrite avec Robert Silverberg, L’enfant du temps– un jour ou l’autre sur ce blog, vu que ladite nouvelle est considérée par Asimov lui-même comme un de ses meilleurs écrits). On remarquera par ailleurs une couleur émotionnelle finale tragique, assez rare chez l’auteur (sauf dans une nouvelle comme La dernière réponse, par exemple).

Quoi qu’il en soit, vous pouvez retrouver Les yeux ne servent pas qu’à voir dans un grand nombre de recueils, dont vous trouverez la liste sur cette page du site de Noosfere.

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14 réflexions sur “Anthologie Apophienne – épisode 2

  1. Marrant ça, « Les yeux ne servent pas qu’à voir » est un des premiers textes d’Asimov que j’ai lus enfant, je n’y avais strictement rien pigé. Tout m’avait semblé nébuleux, et me le paraît encore plus avec le souvenir… Il faudra que j’y rejette un œil.

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    • (*librement inspiré de Tino Rossi*)
      Petit papa Apophis, quand tu descendras de ta pyramide, avec tes critiques par milliers, n’oublie pas, les souliers du p’tit BazaR, mais avant de partir, il faudra bien te couvrir, sur le plateau de Gizeh, dans l’désert la nuit ça caille…

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