Club Uranium – Stéphane Przybylski

Club Uranium n’est pas vraiment la bombe atomique attendue… sauf dans son tout dernier chapitre

club_uraniumClub Uranium est le troisième tome de la Tétralogie des Origines, après La château des millions d’années et Le Marteau de Thor. C’est aussi la traduction d’Uranium Club, version anglaise de Uranverein, le nom du groupe de travail formé par les savants atomistes Nazis. C’est enfin le surnom que s’est choisi, dans le roman, un groupe appartenant au Comité, une officine émanant des cercles financiers, industriels et militaires issus de l’Ivy League, de West Point et d’Annapolis.

La première chose qu’on remarque est bien entendu la couverture signée Aurélien Police : son travail sur les deux premiers tomes était déjà remarquable (esthétique et captant parfaitement l’esprit et les éléments déterminants de l’intrigue des romans en question), mais là, il a clairement atteint de vertigineux sommets. Le résultat est tout simplement époustouflant. Ensuite, on constate que ce tome 3 est nettement plus gros que ses deux prédécesseurs : avec ses annexes, il atteint les 620 pages, contre 368 et 480 pour (respectivement) les tomes 1 et 2. Pour autant, le livre est facile à lire, du fait du style fluide et efficace de l’auteur et grâce à une structure cette fois plus simple et plus linéaire que dans les tomes précédents (du moins dans sa première moitié). 

Une première moitié à la fois plus fluide, plus simple et qui surprend

La première moitié du roman, en gros, se lit beaucoup plus facilement que le tome 1 ou, plus encore, que le tome 2. Pourquoi ? Tout simplement parce que la narration est nettement plus linéaire, avec juste quelques flash-backs. La lecture est donc nettement moins exigeante que dans les tomes précédents, particulièrement Le Marteau de Thor où il fallait même faire attention à l’heure en plus du jour, du mois ou de l’année (ça arrive encore une ou deux fois dans ce tome 3, mais par rapport au 2, ça reste anecdotique).

Attention, cet « allègement » de la narration ne concerne, je le répète, que la première moitié du livre, après on repart sur les mêmes bases que le tome 1, en gros.

Ce qui surprend aussi (et pas forcément en bien) est qu’on était en droit de s’attendre à ce que le décor et les protagonistes soient en place, et à ce que l’auteur fasse avancer à grands pas l’intrigue. Je ne m’attendais donc pas à ce que Stéphane Przybylski introduise une légion de nouveaux personnages (Philip Stein, Lech Brandowski, Rachel Bergson, Fabio Tassinari, Peter Clarke, Ranjit Singh, les deux italo-américains tueurs de la Mafia, et de nombreux autres), dont certains ont d’ailleurs une durée de vie assez limitée. A ce sujet, les annexes historiques et bibliographiques du livre sont très intéressantes, je ne critique pas, mais en revanche l’absence d’un Dramatis Personæ devient franchement pénible, parce qu’on finit par se perdre entre les personnages, les factions, les allégeances (fluctuantes qui plus est…) et par parfois avoir du mal à suivre les fils de l’intrigue.

On retrouve aussi la plupart des personnages des tomes précédents, dont certains ne font que de courtes apparitions (Maud Alten, Geoffrey Carter).

Retour vers le Futur

Le propos du livre est très clair : chacune des trois factions (Nazis, Saxhäuser et Comité -voir plus loin-) veut s’emparer du vaisseau enseveli sous un éboulement dans la vallée du petit Zab, et est prête à tout pour y parvenir. Y compris à traverser des pays en pleine confrontation entre forces de l’Axe (Italiens, Allemands, Vichystes, révoltes Arabes locales) et Britanniques.

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Le Syndicat de X-Files (à gauche : l’Homme soigneusement manucuré ; à droite, l’Homme à la cigarette)

Le Comité est, comme je l’ai évoqué, une émanation directe des Fraternités des universités de l’Ivy League et des grandes écoles militaires américaines. Il rassemble hauts-gradés, financiers de haut-vol de Wall Street, industriels du pétrole ou du complexe militaro-industriel, fonctionnaires de haut rang et autres politiciens. C’est un véritable gouvernement de l’ombre, faisant fi de la Loi pour poursuivre son but, préserver ses intérêts (qui se trouvent parfois être ceux du pays d’origine de ses membres -l’organisation est transnationale-), voire l’Humanité tout entière face à l’invasion extraterrestre. Il détourne de l’argent public, des agents fédéraux ou des militaires selon ses besoins, et agit sans rendre de compte à personne. Il est dépourvu de chef au sens strict, toute action étant commise à la fois sous l’ordre spécifique de personne et de tout le monde.

Bref, les fans de X-Files auront reconnu depuis longtemps l’organisation du même type qui existe dans cette série (le Syndicat), et qui, oh coïncidence, comprend un homme à la cigarette (Mr Lee dans ce cycle) et un « homme soigneusement manucuré » (correspondant à « l’homme soigneusement coiffé » dans ces romans).

Le commando envoyé par le Comité en Irak prend le nom de « Club Uranium », en référence au groupe de travail allemand sur les armes nucléaires mais surtout afin… de paraître inoffensif, un groupe de farfelus pas crédibles si son existence fuitait dans les sphères officielles ou le grand public. C’est d’ailleurs aussi pour cela que les spécialistes (linguiste, archéologue, savant atomiste) choisis sont des dépravés (pédophile) ou des gens à problèmes (alcoolisme, addiction à l’héroïne) connus, afin de les décrédibiliser devant un éventuel tribunal ou une commission d’enquête. Telle est d’ailleurs la stratégie adoptée pour cacher au grand public l’existence des Maîtres extraterrestres du Comité : faire passer les témoins d’événements tout à fait réels pour des farfelus ou des illuminés.

Mon souci est que finalement, le tome 3 n’est globalement qu’une resucée des tomes 1 et 2 : on retourne en Irak et au Royaume-Uni (cette fois en Écosse, pour être précis), ce qui fait qu’on a une désagréable impression soit de déjà-vu, soit de ne pas avancer. Je m’attendais, à vrai-dire, à ce que le tome 3 nous fasse voir de nouveaux horizons, ou en tout cas à ce que la partie en Irak soit beaucoup plus courte (je vais y revenir) et à ce que celle en Écosse  soit… beaucoup plus longue ! Bref, ça tourne un peu en rond, sentiment confirmé par le fait que, certes, l’intrigue liée aux extraterrestres avance, mais finalement pas tant que ça.

Mais d’ailleurs, puisqu’on parle de Futur…

On peut (enfin !) classer ce cycle correctement

Sur les deux premiers tomes, j’étais (ainsi que certains autres blogueurs) dubitatif sur le fait qu’il faille classer la Tétralogie des Origines en Uchronie ou en Histoire Secrète. Ce tome 3 comprenant le flash-forward de plus grande ampleur des 3 tomes du cycle parus jusqu’à présent (durant la Seconde Guerre du Golfe, en 2003), il est désormais (quasiment) certain que nous avons en fait affaire à de l’Histoire Secrète et pas à de l’Uchronie. Je rappelle la différence entre les deux :

  • L’Uchronie nous montre un monde dans lequel l’histoire a pris un cours différent de celui que nous avons connu. Une Terre alternative, selon l’expression consacrée.
  • L’Histoire Secrète se passe dans notre monde, mais explique que ce qui est enseigné dans nos manuels d’Histoire n’est qu’un mensonge, ou bien que tout s’est globalement terminé comme c’est décrit mais que les événements qui ont conduit à cette conclusion sont très différents de ce qu’on imagine (voir par exemple La Brèche de Christophe Lambert : le Débarquement de 1944 a en fait vu s’affronter des machines venues du Futur à la suite de voyages dans le temps).

Bref, là encore comme dans X-Files, le Comité a manipulé la perception du grand public (et celle du gouvernement « officiel ») afin de maintenir secrète l’existence de ses Maîtres extraterrestres (l’organisation collabore avec eux non par choix, mais pour assurer sa survie, selon le principe « puisque tout est foutu, autant être du côté des vainqueurs »).

J’en profite d’ailleurs pour dire à quel point je trouve fascinant de voir un vrai historien (et non pas un auteur lambda ayant fait des recherches historiques pour préparer son livre) écrire des romans : il est capable de mentionner des points de détail (mais parfois très intéressants) de l’Histoire qui échappent totalement au commun des mortels.

Un exemple ? Stéphane Przybylski nous parle, au détour d’une phrase, de l’expédition Marchand à Fachoda. Inconnu au bataillon, allez-vous me répondre. Et pourtant… c’est un point de détail qui a un formidable potentiel romanesque et qui, j’en suis certain, pourrait constituer la matière d’une excellente uchronie. En 1898, Lord Kitchener, après sa victoire contre les rebelles Mahdistes, cherche à reprendre les territoires de l’actuel Soudan du Sud dont les Britanniques ont été chassés par la révolte. Mais le vide créé ne l’est pas resté longtemps : les autres puissances coloniales, cherchant un point d’appui vers l’Egypte (par la création d’un nouveau Protectorat) et à contester le contrôle du Nil, ont tenté de s’implanter dans la région. Le capitaine Marchand s’est établi à Fachoda et revendique la région au nom de la France. Kitchener ne l’entend pas de cette oreille et fait pression pour que les Français évacuent les lieux. Marchand finit par obtempérer, et l’incident, bien que d’envergure sur le plan diplomatique et politique, ne compromet pas de façon décisive les relations franco-britanniques. Maintenant… imaginez que Marchand refuse le diktat de Kitchener, et que la Première guerre mondiale commence avec seize ans d’avance, et avec les anglais et les allemands du même côté, opposés aux français… Un scénario passionnant, non ?

Une narration un poil confuse

J’évoquais plus haut le déluge de nouveaux personnages, les factions multiples et le retour des chassés-croisés présent / flash-back-flash-forward après une première partie beaucoup plus calme à ce niveau là. Il faut ajouter à ces facteurs le fait que les allégeances des uns et des autres soient fluctuantes, certains travaillant pour plusieurs camps ou changeant de faction au cours du récit. Franchement, il y a eu des moments où j’étais à peine capable de me rappeler qui travaillait pour qui, qui était fidèle en apparence à qui tout en travaillant en fait pour quelqu’un d’autre, pourquoi untel aidait tel autre alors qu’il n’aurait logiquement pas du, et ainsi de suite. J’ajoute que le fait qu’il y ait aussi plusieurs factions d’extraterrestres et qu’on ne comprenne pas toujours très bien laquelle fait quoi n’aide pas, là aussi.

Bref, tout ça fait un peu fouillis, je trouve qu’on est relativement loin des tomes 1 et 2 à ce niveau là (où c’était complexe, exigeant, mais où, avec des efforts, on arrivait à suivre). Et je le répète, le Dramatis Personæ est ab-so-lu-ment nécessaire.

Deus ex machina

Ce qui m’a aussi franchement ennuyé est la multiplication des Deus ex machina : à un moment une des trois factions (Comité / Nazis / Saxhäuser) capture les membres de deux autres à Bagdad. L’auteur veut à nouveau voir les destinées des trois groupes diverger ? Boum, Deus ex Machina. Saxhäuser est capturé par son vieil ami Albrecht ? Boum, Deus ex Machina (et pas crédible du tout) pour qu’il s’échappe. Et des comme ça, il y en a beaucoup, beaucoup trop même.

Et le pire est à venir : en plus des Deus ex Machina d’origine humaine, dès qu’il y a un problème à régler ou un fait historique un peu étrange à expliquer (le meilleur exemple étant l’escapade de Hess en Écosse) et que l’auteur veut absolument « placer » dans son roman historico-SF, boum, intervention alien. Car comme le dirait le légendaire Giorgio Tsoukalos dans Ancient Aliens / Alien Theory :

alien_theory

Tout comme les longueurs dont je vais vous parler, tout cela participe au prisme « histoire secrète » adopté par l’auteur et souvent à sa volonté de « caser » certains événements historiques marquants pour lui dans son roman.

Des longueurs mais aussi des ellipses

J’ai trouvé que la « course » vers le Château des Millions d’années était très longue, trop même. Attention, je ne dis pas qu’on s’ennuie, la plume de l’auteur est toujours très efficace. Mais je pense que tout ça aurait pu, et même dû, être raccourci. J’ai l’impression que l’auteur voulait absolument faire correspondre une partie de son intrigue avec certains événements historiques bien précis, et qu’il a allongé artificiellement le récit pour synchroniser intrigue imaginaire et chronologie réelle. Malheureusement, ça nuit au roman, à mon avis.

A l’inverse, alors que la partie sur l’Irak est trop longue, celle sur l’Écosse est frustrante tant elle est courte. Je pense qu’un petit rééquilibrage aurait été bienvenu.

Enfin, il y a de surprenantes ellipses, notamment via l’utilisation du journal du Professeur Von Henning, qui permet d’avancer en quelques lignes de jours, de semaines, voire de mois. Tout cela additionné fait que sur une partie du livre, le rythme est très étrange.

Des problèmes de cohérence scientifique *

Raspberry Jam Delta-V, Joe Satriani , 1998.

Un point-clef du récit est l’élément transuranien qui sert à alimenter l’astronef de la Vallée du petit Zab. Et ce point me pose un gros problème, personnellement : je vois tout à fait pourquoi l’auteur veut introduire quelque chose en lien avec la course à l’armement nucléaire lors de la Seconde Guerre Mondiale, c’est tout à fait légitime. Ce qui l’est moins, c’est le manque total de cohérence scientifique induit : les astronefs des extraterrestres maîtrisent visiblement totalement la gravitation, l’antigravitation, la force d’inertie (j’en veux pour preuve leurs manœuvres ou accélérations impossibles sans cela, ainsi que le fait que les pilotes ne finissent pas en confiture de framboise, selon l’expression consacrée), le cours du temps (qu’ils sont capables de perturber, voire de figer) et sont capables de franchir le gouffre des distances interstellaires d’un côté, mais de l’autre ils utilisent toujours la Fission nucléaire ?

Ce n’est pas du tout cohérent : dans n’importe quelle oeuvre de fiction, une race qui maîtriserait ces techniques avancées de contrôle temporel, gravitationnel et inertiel emploierait à l’extrême minimum la Fusion nucléaire (et une forme avancée qui plus est : Fusion froide, catalysée par Muon, à compression gravitationnelle, catalysée par antimatière, etc), voire la réaction matière / antimatière à la Star Trek ou une forme plus ou moins efficace de conversion directe matière / énergie. Ou encore un E2PZ comme dans Stargate, les propriétés de la matière noire, irait puiser son énergie directement dans le Big Bang (Alastair Reynolds), etc. Bref, tout sauf la Fission.

La seule explication vaguement rationnelle que je peux trouver à tout ça est une question de compacité : oui, des réacteurs plus avancés (donnant la densité d’énergie requise par les technologies de contrôle spatio-temporel employées) existent, mais non, ils ne peuvent pas être insérés dans un appareil de petite taille (de reconnaissance ?) comme celui de la vallée du petit Zab. Donc, en gros, on y place ce qu’on peut et il a un rayon d’action / une autonomie réduites. En gros, le même raisonnement que pour les BAL Graysoniens dans Honor Harrington.

Je trouve ça dommage, personnellement, parce que Stéphane Przybylski utilise par contre avec une grande habileté les histoires qui ont fait surface après l’incident de Roswell sur les matériaux constitutifs des vaisseaux aliens (notamment les sortes de feuilles d' »aluminium » à mémoire de forme).

Un manque d’originalité, de surprises, des péripéties prévisibles… sauf dans l’ultime chapitre du roman

firebringerUn autre de mes gros problèmes avec ce tome 3 est que lorsqu’on a compris que l’auteur voulait mêler la bande de l’Homme à la Cigarette de X-Files à l’histoire (secrète) de la seconde guerre mondiale, en plaçant au passage chacun des moments-clefs de la période (du genre : l’escapade de Hess), le roman devient effroyablement prévisible. Sans compter le fait que, de X-Files à toute la littérature / les films / téléfilms / séries mêlant Petit Gris, Zone 51, Roswell, Foo Fighters et théories complotistes, le thème a été usé jusqu’à la corde, littéralement. Alors certes, chez Stéphane Przybylski, c’est fait avec un immense talent (surtout pour un premier cycle de romans), avec le gros plus qu’est sa vaste érudition d’historien, mais ça reste malheureusement du déjà-vu.

Franchement, j’espérais que l’auteur nous menait en bateau, nous réservait un gros twist, qu’il nous conduisait à penser qu’on était sur de l’Histoire Secrète alors qu’on était en fait dans une uchronie ou un monde parallèle (voire même quelque chose d’encore plus exotique, du genre une Réalité Simulée style RTH-ECMO dans Hypérion), mais franchement, je n’y croyais plus à l’issue de ce tome 3. Jusqu’à ce que…

Les deux GROS twists : ATTENTION SPOILERS

Les deux derniers chapitres du roman réservent deux grosses surprises. On est toujours sur de l’histoire secrète, mais pour le coup elle devient vraiment secrète, car il est révélé à la fin qu’un personnage de tout premier plan est devenu, en 1946, chef du Club Uranium. Un personnage théoriquement mort. Ne comptez pas sur moi pour vous révéler de qui il s’agit, mais vous allez avoir une énorme surprise.

Deuxième surprise de taille : la fin laisse clairement entendre que le prochain tome se passera au moins en partie, voire même principalement en… 1946 ! J’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce que le gros de l’action se déroule après la Seconde Guerre Mondiale, et du coup j’avoue que j’ai vraiment hâte de lire cet ultime tome de la Tétralogie.

Des choses qui s’améliorent

Bon, je suis très critique (et ça ne me fait pas plaisir, l’auteur est vraiment très sympa, mais j’estime faire ça, comme on dit au foot, dans un esprit « viril mais honnête »), mais je dois dire qu’il y a aussi des améliorations. La première est évidemment l’allègement des allers-retours dans le temps, notamment dans la première moitié du livre (et le fait que l’auteur ait -quasiment- laissé tomber l’heure, au contraire du tome 2). La seconde est le nombre très réduit de scènes de sexe inutiles / racoleuses, là encore contrairement au tome 2.

Le gros point positif est pour moi le fait que cette fois, on a un vrai équilibre entre roman de SF et roman historique. Pour moi, le tome 1 tirait trop vers le second, et le tome 2, s’il était en (net) progrès, n’était pas encore satisfaisant à ce niveau là. Mais cette fois, on y est : l’équilibre est quasi-parfait.

En conclusion

Sans aller jusqu’à dire que ce troisième tome de la Tétralogie des Origines est un pétard mouillé au lieu de la bombe atomique attendue, je dirais qu’on est plus sur un honnête bâton de dynamite qu’autre chose… sauf dans le dernier chapitre, où c’est Hiroshima dans la tête du lecteur. Malgré tout, cette fin extrêmement prometteuse pour le tome suivant ne cache pas le fait qu’on a affaire à ce qui est, à mon avis, le plus faible des trois tomes parus jusqu’ici : trop de nouveaux personnages, trop de longueurs (sans que le livre ne soit cependant ennuyeux), et surtout une histoire beaucoup trop inspirée par X-Files pour réellement déchaîner l’enthousiasme, malgré les évidentes qualités d’écrivain de Stéphane Przybylski. On a le sentiment que l’intrigue piétine (certes, elle avance, mais pas autant que je l’aurais souhaité), et que le peu qu’on apprend est prévisible ou stéréotypé, surtout si vous êtes un fin connaisseur de l’oeuvre de Chris Carter. Je ne m’attendais pas vraiment à un tel type de tome de transition, introduisant tant de nouveaux personnages (souvent pour s’en débarrasser avant la fin du roman, d’ailleurs…) arrivé au livre 3 d’une Tétralogie. Et je m’interroge, du coup, sur la taille du futur tome 4, vu tout ce qui doit encore être réglé…

Il faut cependant préciser que, s’il marque un recul par rapport à l’intérêt ressenti dans les deux romans précédents du cycle, Club Uranium marque aussi de nettes améliorations, notamment une narration dans l’ensemble moins exigeante et complexe (c’est particulièrement sensible dans la première moitié du roman), moins de scènes de sexe gratuites, et surtout un vrai équilibre entre pur roman de SF / Histoire Secrète et un roman historique.

Dans l’ensemble, le talent d’écrivain de l’auteur, son érudition historique et l’ambition de l’intrigue, de l’immersion dans les grands événements de la Seconde Guerre Mondiale et de la structure de la narration font que, bien évidemment, Club Uranium reste une lecture totalement recommandable. Mais clairement, moins que celles des deux premiers tomes ou, je le pressens, celle d’un tome 4 qui s’annonce (en raison de la révélation finale de ce tome 3), tout bonnement exceptionnel. Pour le coup, nous voilà vraiment entrés de plein pied dans l’Histoire Secrète.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce livre, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Blackwolf, de Vert, d’Anudar, de Lhotseshar et Célindanaé sur Au pays des Cave Trolls, de l’Ours inculte,

Ce roman est le troisième tome d’une Tétralogie : retrouvez sur Le Culte d’Apophis les critiques du tome 1, du tome 2

 

17 réflexions sur “Club Uranium – Stéphane Przybylski

  1. Ping : Le château des millions d’années – Stéphane Przybylski | Le culte d'Apophis

  2. Ping : Le marteau de Thor – Stéphane Przybylski | Le culte d'Apophis

    • Si j’étais dans ton cas, je pense que j’attendrais de voir quelle conclusion va être donnée à l’intrigue dans le tome 4 avant de me décider. Parce que bon, si le tome 3 est moins bon que les autres mais que le 4 déchire, tu n’auras pas d’autre choix que de le lire 🙂

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      • Hé bien figure toi que j’en étais arrivé à la même conclusion, en me disant que je ferais un marathon pour enchaîner les tomes, de façons à garder en tête le maximum d’informations !

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        • ça, c’est une très bonne idée. C’est d’ailleurs à mon avis la meilleure manière de lire ces romans : en un temps très court, histoire d’avoir toutes les infos en tête (qui est quoi, qui est avec qui, qui a trahi qui, qui a l’air de bosser pour x alors qu’il bosse pour y, etc), et de préférence en les enchaînant directement. Bien qu’on puisse constater dans ce tome 3 que l’auteur fait un bon rappel des épisodes / événements précédents : pas de façon artificielle dans un prologue, mais en intégrant les rappels dans le texte lui-même.

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  3. ET voilà, je m’absente 3 jours et je prends un gros retard!
    Je suis un peu comme Xapur, assez surprise et dubitative à la lecture de ta critique d’autant plus que je comptais le lire rapidement. Mais si c’est le bordel avec les personnages, il vaut peut-être que j’attende le tome 4 pour enchainer… D’un autres côté 650 pages et peut-être autant pour le n°4, cela risque de faire lourd.

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    • L’impression de confusion au niveau des personnages n’est peut-être qu’un ressenti personnel, il faudra te faire ta propre opinion. Par contre, il est pour moi incontestable que c’est beaucoup trop inspiré par X-Files, qu’on a l’impression que l’intrigue tourne en rond, qu’il y a des longueurs ou au contraire des ellipses par moments et que c’est trop prévisible (sauf à la fin, encore que, je me dis que j’aurais du le voir venir).

      Je ne dis pas que ce tome 3 est mauvais, juste qu’il n’est pas à la hauteur du 1 ou du 2. De toute façon, le troisième livre d’un cycle, c’est comme le troisième album d’un groupe, c’est celui qui est casse-gueule par excellence : soit l’auteur fait la même chose et il se fait critiquer pour manque d’originalité, soit il essaye d’innover et les fans sont déçus de ne pas retrouver ce qu’ils ont appris à aimer. Ce qui me pose problème est que j’ai l’impression de revoir un mix du 1 et du 2, et que ça n’avance pas autant que je l’espérais dans l’avant-dernier tome d’un cycle. Parce que du coup, il reste tant de choses à expliquer ou régler que je me dis que le tome 4 va faire 800 pages 😀

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      • OK, je vais le lire prochainement, comme cela nous comparerons notre ressenti. De toutes façons, c’est du moins bon, mais vu le niveau des deux premiers , ce tome 3 a des chance d’être tout à fait correct. Prochaine critique pour moi : L’épée de l’ancillaire, et je vais un chouïa diverger de ton opinion. Mais juste un chouïa. 😉

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  7. Ah ben ça me rassure, j’en suis a la moitie et j’m’ennuie sévèrement quand même. D’après ta critique c’est normal 🙂

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  8. Ping : Club Uranium, Les aventuriers du temps perdu | L'ours inculte

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