Une uchronie saisissante, un grand roman d’aventures
Cela fait plusieurs années que j’entends parler de ce roman, considéré par certains auteurs (ou spécialistes) d’uchronies comme une des références du genre. Après l’avoir lu, on peut dire que non seulement il s’agit effectivement d’une fascinante uchronie, mais aussi d’un grand roman d’aventures.
Le monde décrit est celui de l’amérique du milieu du quinzième siècle, mais d’une amérique complètement différente de ce qu’elle était dans notre monde à cette époque. En effet, après avoir découvert ce continent un peu avant l’an mille (comme dans notre histoire), les vikings paiens l’ont, cette fois, colonisé « massivement » pour fuir les persécutions que leur faisaient subir les vikings christianisés en scandinavie. Ils se sont donc installés là où, dans notre histoire, les treize colonies se trouvaient. Quelques décennies plus tard, ce sont les saxons chrétiens d’angleterre, chassés par la conquête normande, qui viennent coloniser ce qui, pour nous, est le québec. Les deux royaumes se livreront deux guerres aux résultats peu décisifs, tout en ayant maille à partir avec les indiens et en commerçant avec les maures, qui se sont installés en Floride, et avec les aztèques.
L’histoire suit Hring, jeune noble saxon banni pour 7 ans pour avoir tué son demi-frère. Accompagné par un ami scalde, il va aller de pays en pays, de peuplade en peuplade, d’aventure en aventure, pour finir par connaître un destin à la fois tragique et extraordinaire. L’écriture fait penser à Howard, « ramassée » mais évocatrice. L’auteur, en peu de mots et peu de pages (240 environ) parvient à dresser un tableau extrêmement évocateur de la rencontre extraordinaire entre vikings, saxons, indiens, aztèques, japonais et mongols, véritable best-of des peuples guerriers de l’histoire humaine. Signalons aussi un goût prononcé pour les scènes violentes et sexuelles (le fait qu’il soit en anglais le réserve donc à priori à un public adulte, mais si vous avez un ado doué pour l’anglais à la maison, sachez quand-même ce que vous lui mettez entre les mains).
Le roman fait pas mal penser à La Porte des Mondes de Silverberg, dans la concision, le style direct (certains diraient pauvre, mais ce n’est pas mon avis, vu la puissance évocatrice distillée, même si c’est en peu de mots), le héros ballotté de peuple en peuple et d’improbables revirements en destin grandiose. Signalons qu’il ne s’agit pas d’un roman de fantasy, il se veut réaliste, même si un certain degré de mysticisme (et non pas de surnaturel) est bien présent dans le premier tiers et à la toute fin de l’histoire.
Bref, pour résumer, une uchronie franchement réaliste, une histoire simple mais évocatrice, une écriture efficace sans être ultra-littéraire non plus, et un grand roman d’aventures tout simplement. Et j’ajoute que ce roman mérite amplement sa bonne réputation.
Niveau d’anglais : facile.
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