De l’espace et du temps – Alastair Reynolds

There and back again

J’ai reçu ce roman dans le cadre d’un Service de presse fourni par le Bélial’. Merci à Erwann Perchoc pour cet envoi.

Je ne pense pas avoir besoin de présenter Alastair Reynolds, ni aux fidèles lecteurs de ce blog (c’est le huitième texte de cet auteur qui y est chroniqué), ni à ceux de Bifrost (dans le numéro 110, qui lui est consacré, je vous parlais du cycle centré sur La Maison des soleils et d’Éversion) ou à ceux des livres du Bélial’, qui publie encore une fois la novella du gallois qui est le sujet de cet article. Mais au cas où, sachez que Reynolds est un des maîtres de la Hard SF, ce sous-genre de la Science-Fiction qui ne doit PAS se comprendre comme « SF difficile à lire » (il renferme des textes de tout niveau de difficulté) mais bel et bien comme « SF solide sur le plan scientifique / technique ».

Ce texte, au parcours éditorial tortueux (que l’auteur nous détaille dans la postface), est vraiment surprenant, et ce sur quatre plans différents : d’abord, après un départ diesel, il accélère de façon exponentielle ; ensuite, alors qu’au début, nous sommes sur un registre précis de la SF (le post-apocalyptique, la survie d’un homme seul sur Mars comme dans le roman / film du même nom), la suite, très singulière, va changer de sous-genre et de thématique, passant de la Hard SF à un posthumanisme radical ; d’un postulat de départ sinistre (la fin quasiment actée de notre espèce), il va se muer en récit à la gloire de la persévérance et de l’ingéniosité de l’Humanité ; enfin, et c’est sans doute là le plus ahurissant, après avoir atteint le sommet indépassable du Posthumanisme, on va revenir à quelque chose de plus proche de l’expérience humaine, « mortelle », comme si Frodon Sacquet redébarquait de Valinor pour retrouver el famoso « la vie d’avant ». Si je me suis fait la réflexion, avant un stade pivot de ma lecture, que ce texte était bien sympa mais qu’on pouvait se demander ce qu’il faisait en Une Heure-lumière, la suite a balayé ce doute (homme de peu de foi que je suis…) et donc oui, c’est sans conteste un texte à la hauteur de la prestigieuse collection. Datant du début de la carrière de Reynolds, il y fait déjà preuve d’une imagination, d’une ambition, d’une démesure, d’une vision et d’une qualité qu’il ne fera que confirmer, encore et encore et encore, durant les vingt années suivantes. Si je n’en ferai pas tout à fait un (roman) culte d’Apophis ou un des sommets de la collection (qui restent pour moi Rossignol d’Audrey Pleynet et L’Homme qui mit fin à l’Histoire de Ken Liu), parce que ça ressemble tout de même pas mal à des tas d’autres oeuvres, je le recommande toutefois sans réserve, surtout si vous connaissez déjà et appréciez l’auteur. Mais ce texte me paraît aussi être une bonne porte d’entrée dans son œuvre, voire en Hard SF. Continuer à lire « De l’espace et du temps – Alastair Reynolds »

The last watch – J.S. Dewes

Jon Snow chez les romains de l’espace

The_last_watchJ.S. Dewes est une autrice américaine, dont The last watch est à la fois le premier roman (mais la dame a un background dans l’écriture pour l’audiovisuel, apparemment) et le tome inaugural d’un cycle appelé The Divide. Le tome 2 arrive d’ailleurs très, très vite, puisque alors que The last watch n’est sorti que le 20 avril 2021, sa suite, The exiled fleet, débarquera dès le 17 août !

Alors qu’il est présenté comme un mélange entre The Expanse (ce qui est faux) et Game of thrones (ce qui est vrai, du moins sur un point très précis), ce livre doit en fait beaucoup à d’autres sagas ou sous-genres de la SFFF, et la présentation fait, à mon avis, complètement l’impasse sur deux éléments qui hissent ce récit au-dessus de la concurrence : un grand sens de l’humain et surtout un énorme, monstrueux, gigantesque Sense of wonder dans sa dernière partie (dans les 15 derniers %, en gros). Ce n’est certainement pas un bouquin parfait (c’est une première œuvre, après tout, et ça se sent parfois nettement), mais dans la masse de NSO ou de SF militaire publiée chez les anglo-saxons, ça s’élève au-dessus du niveau de l’eau de la tête et des épaules. Je ne lui décernerais donc pas le titre (envié, si, si) de (roman) Culte d’Apophis, mais en tout cas, ça a été une rudement bonne surprise, tant le début était relativement moyen (bien que poussant à en lire sans cesse un petit peu plus) mais tant le bouquin n’a fait que prendre de l’ampleur au fur et à mesure que j’avançais. Je m’attendais à un roman sympa mais mineur, et finalement, sans en faire un monument, je suis sincèrement motivé pour lire la suite. Continuer à lire « The last watch – J.S. Dewes »