To Sail beyond the Botnet – Suzanne Palmer

Bot 9 III : la mission !

Dans ma critique du recueil La Vie secrète des robots de Suzanne Palmer, j’ai évoqué le fait que la première et la dernière des nouvelles qui en font partie (et qui ont toutes deux obtenu un prix Hugo, le plus prestigieux en SF), La Vie secrète des bots et Les Bots de l’arche perdue, sont liées entre elles, partageant les mêmes protagonistes (essentiellement robotiques / IA), la seconde poursuivant l’histoire de la première quelques décennies plus tard. Il se trouve que l’excellent Patrick Creusot, capitaine à la barre du site sfanglo21 (qui, comme son nom l’indique, est consacré à la SF anglophone du XXIe siècle), a eu l’amabilité de me signaler qu’il existait un troisième texte s’inscrivant dans le même « cycle », To Sail beyond the botnet, paru dans le numéro 200 du magazine Clarkesworld et, plus intéressant encore, lisible gratuitement en ligne (dans la langue de Shakespeare) sur cette page. Il s’agit de la suite directe des précédentes aventures de Bot 9, se déroulant un peu plus d’une semaine seulement après la fin de la deuxième nouvelle.

Intrigue

Pour la troisième fois, Bot 9 est réveillé, mais à sa grande surprise, il ne reçoit aucune instruction. Quand il tente de contacter Vaisseau, il n’obtient aucune réponse, même pas un Ping. Le Botnet est tout aussi silencieux. Il finit par s’apercevoir qu’il est dans une de ces unités de fabrication qui servent à modifier les robots comme lui pour mieux les adapter à leur mission. Et que ladite unité dérive dans l’espace, éjectée par le Vaisseau, après que celui-ci ait été abordé par les Ysmi, l’espèce anti-IA croisée dans la nouvelle précédente. Dérive ? Pas tout à fait. On a placé Bot 9 pile sur la trajectoire d’un astronef appartenant à une race inconnue, qui se dirigeait lui aussi vers le Point de Saut et semble être la véritable cible des Ysmi. Mais pourquoi ? On suivra aussi les efforts de Vaisseau, coupé de la majorité de ses périphériques, ainsi que de l’équipage, pour prendre le dessus sur les envahisseurs.

Analyse / ressenti

Le début fait penser à Iain M. Banks, tout particulièrement au drone Sisela Ytheleus 1/2 après son éjection du Paix égale abondance dans Excession (un des livres les plus sacrés de l’Apophisme, au passage). Et concernant les passagers du mystérieux astronef, on pourra vaguement penser à Neal Asher (mais non, ce ne sont pas des bestioles épouvantables et surpuissantes), même si je ne peux pas vous expliquer pourquoi sans divulgâcher. Et d’ailleurs, je commence à me dire que quelque part, les trois nouvelles de ce « cycle » consacré aux aventures de Bot 9 sont peut-être le truc le plus Banksien que j’ai lu depuis la disparition du regretté écossais. Il y a même une scène où on pense à Data (Star Trek : La Nouvelle génération) et à sa puce d’émotivité.

Le reste du texte est dans la lignée des deux autres nouvelles, avec encore plus d’humour (un des Ysmi est tout de même surnommé par l’équipage « Banane en colère »  😀 ), un poil plus de sous-texte politique (les structures pyramidales c’est mal, les autorités et les ordres c’est pas bien, hourrah pour les communautés décentralisées, on s’enrichit au contact d’un Autre différent, etc.), un poil aussi de dramaturgie en plus à quelques moments (même si le ton général reste hilarant, à la limite du parodique, parfois) et le net sentiment que ça va bien finir pour tout le monde. On notera aussi un bel exercice de worldbuiilding à propos de la troisième mystérieuse race, même si c’est loin d’être d’une folle originalité, et une thématique intéressante du robot qui, isolé de son IA commandante et du réseau des autres serviteurs, commence à penser encore plus qu’elle ne l’a déjà fait en-dehors des paradigmes imposés par sa programmation de base, à s’apercevoir qu’il y en a d’autres.

Alors oui, c’est presque la même recette que les autres fois (Bot 9, avec un peu d’aide, sauve tout le monde), oui, ça ne mérite peut-être pas un Hugo, cette fois (c’est un poil long, en plus des redites ou d’un relatif manque d’originalité), oui, c’est éventuellement moins susceptible d’être « universellement » apprécié que les deux autres nouvelles, qui versaient dans l’humour, certes, mais plus mesuré, mais ça reste tout de même bien plaisant à lire. Et on se dit que ça aurait avantageusement remplacé une ou deux des nouvelles qui ont, elles, été incluses dans le recueil français consacré à l’autrice.

Niveau d’anglais : facile.

Probabilité de traduction : élevée (Bifrost).

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5 réflexions au sujet de « To Sail beyond the Botnet – Suzanne Palmer »

  1. Bien d’accord avec toi. Bot 9 nous fait encore passer un bon moment, mais attention au risque de répétition. Suzanne Palmer va devoir se renouveler si elle envisage un quatrième épisode. Je me demande si elle écrit ces textes en espérant une adaptation dans la série Love, Death and Robots. N’importe lequel des trois récits ferait un excellent épisode et ses descriptions des Ysmi et des membres du collectif Ohmnom donnent envie de les voir à l’écran. Par ailleurs, merci pour tes mots aimables et ta mention de mon site Internet.

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    1. Je me dis surtout que ce texte aurait pu avantageusement remplacer deux ou trois de ceux qui ont été inclus dans le recueil, même si je me doute que l’intention des anthologistes était de montrer autant de facettes de l’écriture de Palmer que possible, ce qui fait que mettre trois textes relevant de la même facette était un peu trop.

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