Huit sagas de Fantasy à lire pour… la qualité / l’originalité de leur aspect Historique

J’ai, assez récemment, relu un de mes livres hors-SFFF préférés, le monumental (dans tous les sens du terme : 1200 pages au compteur en version poche !) Azteca de Gary Jennings, une référence du roman historique, à l’érudition folle, fruit d’une douzaine d’années de recherches au Mexique. Et cela m’a clairement donné envie de vous parler de Fantasy Historique même si, pour le moment, y consacrer un de mes guides de lecture par sous-genre est hors de question : cela représente trop de boulot, et je n’ai ni le temps, ni la santé pour ça pour l’instant. Je vous propose donc à la place (pour patienter en attendant le guide complet de la Fantasy Historique) une liste de lecture, donc huit livres, cycles ou auteurs se distinguant par la qualité / vraisemblance, la puissance évocatrice ou encore par l’originalité de leur aspect historique, avec, en plus, une emphase particulière sur les œuvres émanant d’auteurs français. Rappelez-vous toutefois que ce style de liste n’est pas bâti sur les mêmes critères que mes guides de lecture plus complets, qui tendent vers l’exhaustivité autant qu’il est possible de le faire sans consacrer un essai au sujet, et dans le cadre, donc, d’un « simple » article, et qui, de plus, comprennent des romans qui font consensus au niveau mondial en ce qui concerne leur importance dans le registre SFFF concerné. Une liste est donc forcément plus limitée et surtout plus subjective (j’anticipe les réactions en commentaires, mais oui, on aurait pu / dû parler de Machin ou de Bidule, et ce sera très probablement fait dans un futur guide en bonne et due forme), mais a au moins le mérite de vous fournir tout de suite des pistes de lecture.

Au passage, on vous rappellera que le terme / registre littéraire « Fantasy Historique » admet plusieurs définitions (c’est même probablement le genre ou sous-genre qui en admet le plus, avec la Science-Fantasy), mais que pour résumer et simplifier, on peut essentiellement distinguer d’un côté ce qui est centré sur la vraie Histoire, se déroule sur Terre et emploie en plus quelques éléments surnaturels, et de l’autre côté ce qui se déroule dans un monde imaginaire mais très inspiré par une période historique réelle, voire une civilisation bien précise, et comprend des degrés divers d’éléments fantastiques. Continuer à lire « Huit sagas de Fantasy à lire pour… la qualité / l’originalité de leur aspect Historique »

Apophis Box – Octobre 2023

L’Apophis Box est une série d’articles… n’ayant pas de concept. Enfin presque. Bâtie sur le modèle des « box » cadeau, vous y trouverez à chaque fois trois contenus / sujets en rapport avec la SFFF, qui peuvent être identiques ou différents entre eux, et qui peuvent être identiques ou différents de ceux abordés dans la box du mois précédent. Pas de règle, pas de contraintes, mais l’envie de créer du plaisir, voire un peu d’excitation, à l’idée de découvrir le contenu de la nouvelle Box. Le but étant aussi de me permettre de publier des contenus trop brefs pour faire l’objet d’un des types d’articles habituellement proposés sur ce blog ou dérogeant à sa ligne éditoriale standard, et bien sûr de pouvoir réagir à une actualité, à un débat, sans être contraint par un concept rigide.

Vous pouvez retrouver les Apophis Box précédentes via ce tag. Continuer à lire « Apophis Box – Octobre 2023 »

Barbares – Rich Larson

La Faune de l’espace

Cette critique a été réalisée dans le cadre d’un service de presse fourni par le Bélial’. Un grand merci à Olivier Girard, Erwann Perchoc, Laëtitia Rondeau et Pierre-Paul Durastanti !

Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises, sur ce blog, de Rich Larson, notamment de son magistral recueil La Fabrique des lendemains. Le Bélial’ a également publié ce jeune auteur dans les colonnes de son magazine Bifrost (même si les nouvelles en question m’ont, elles, fait moins bonne impression), mais il n’avait, jusqu’ici, pas fait son apparition dans la fameuse collection Une Heure-lumière (UHL) de l’éditeur. C’est désormais chose faite, puisqu’un de ses textes, Barbares (et non, cela n’a rien à voir avec les héros du plus grand film d’Heroic Fantasy de tous les temps), y paraîtra le 19 octobre 2023. Un UHL de fort bonne facture, très agréable à lire (j’y reviendrai), même si pas tout à fait au niveau (il est vrai stratosphérique) des dernières sorties du Bélial’, Le Dernier des aînés d’Adrian Tchaikovsky (que j’ai lu en VO il y a deux ans et beaucoup apprécié) et, évidemment, le fabuleux Rossignol d’Audrey Pleynet, tout simplement le meilleur titre de la collection (d’ailleurs couronné il y a quelques jours par le prix Utopiales 2023, excusez du peu !).

Signe de la relation étroite et de confiance liant l’auteur et son éditeur français, celui-ci est le premier à publier, en exclusivité mondiale, donc, ce texte. Bravo ! Continuer à lire « Barbares – Rich Larson »

Le Ministère du futur – Kim Stanley Robinson

Un chef-d’œuvre, oui, mais certainement pas destiné à tous les publics !

Une version modifiée de cette critique est sortie dans le numéro 106 de Bifrost (si vous ne connaissez pas ce périodique : clic). Vous pouvez retrouver toutes mes recensions publiées dans le magazine sous ce tag. Cette chronique concernait la VO (The Ministry for the future), mais l’analyse qui en est faite s’applique tout aussi bien à la VF, qui paraîtra dans deux semaines au moment où je rédige ces lignes.

Alors que Kim Stanley Robinson (KSR) était déjà considéré comme le roi de la Climate Fiction (Cli-Fi), il manquait à sa couronne un joyau, l’équivalent de ce qu’est la « Trilogie Martienne » en Planet Opera. Puis vint The ministry for the future (en VF : Le Ministère du futur) qui est au changement climatique et aux façons d’y faire face ce que sont ses livres sur Mars en matière de colonisation de cette planète et d’émergence d’une culture indigène : l’œuvre ultime, indépassable. Parfaite ? Pas si sûr !

Le roman s’ouvre au début des années 2020, alors qu’une vague de chaleur hors-normes fait 20 millions de morts en Inde, soit autant que la Première Guerre mondiale, mais en à peine une semaine. Frank, un humanitaire US, n’y survit que de justesse, et en ressort traumatisé et radicalisé, plus du tout décidé à accepter l’inaction des instances internationales. Et justement, alors que l’Accord de Paris a produit beaucoup d’incantation mais peu d’action, on décide d’en créer une branche « exécutive », surnommée le Ministère du Futur, dirigé par Mary, qui doit tout mettre en œuvre pour inverser le changement climatique et une extinction de masse comme on n’en a plus vu depuis le Permien. Sur le plan légal et diplomatique, mais pas seulement. Il y a un ministère à l’intérieur du ministère, et il n’hésite pas à recourir aux attentats sous faux pavillon, aux assassinats ciblés et à l’écoterrorisme s’il le faut.

Alors que la majorité de la Cli-Fi est post-apocalyptique, KSR part du futur très proche et montre les efforts faits pour stabiliser puis inverser le changement climatique. Son approche est réaliste sur le plan scientifique, plus contestable sur le plan sociétal : si Robinson se prénomme Kim et pas Greta, et qu’il comprend donc bien que l’industrie ou les banques centrales ne peuvent être écartées d’un revers de la main, même avec le recours massif à l’écoterrorisme et une juteuse carotte (une monnaie carbone garantie cent ans, donc dans laquelle il est pertinent d’investir), il faut avouer que sa lecture des trente années à venir frôle parfois l’utopie, tant certains changements s’opèrent avec une rapidité et une absence de résistance (notamment dans une société aussi rigide que celle de l’Inde) nécessitant une certaine suspension d’incrédulité, les convictions idéologiques de l’auteur, voire les deux à la fois.

Et le fond n’est pas le seul à poser un problème potentiel : si le récit est en partie un roman classique suivant Mary et Frank, il est aussi éclaté en une multitude de points de vue ponctuels (anonymes, à la première personne, et pour la plupart non-récurrents) donnant une vision internationale et à hauteur d’homme des problèmes et de leurs solutions. Et certains points de vue, d’un photon ou d’un atome de carbone, sont vraiment très… particuliers. Ajoutez à cela une variété disons sauvage de styles (du poème au compte-rendu de réunion en style télégraphique), un déballage d’infos massif sur l’Histoire et la théorie de l’Économie, un rythme / intérêt très fluctuant, et une alternance de passages très arides avec ce qui est sans doute à ce jour le roman de l’auteur générant le plus d’empathie pour ses personnages, et vous en déduirez qu’alors que l’érudition de l’ensemble est, comme toujours chez KSR, admirable, on peut très clairement dire que oui, Le Ministère du futur est le roman Cli-Fi ultime, que oui, c’est un chef-d’œuvre, mais que ce ne sera certainement pas un livre apte à plaire à tous les publics.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous recommande la lecture des critiques suivantes : celle de Vive la SFFF !, celle du Blog Constellations, de Symphonie, de Brize,

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