Seven of infinities – Aliette de Bodard

Un Arsène Lupin féminin dans un empire vietnamien de l’espace !

seven_of_infinities_kindleLes aponautes les plus anciens s’en souviennent peut-être, je vous ai parlé, il y a deux ans et demi, de l’univers Xuya de l’autrice Aliette de Bodard, un contexte de space opera inspiré non pas par la civilisation occidentale mais par la vietnamienne, et comprenant une trentaine de textes courts, essentiellement des nouvelles mais aussi plusieurs novellae, dont The tea master and the detective (à la critique duquel je vous invite à vous référer pour connaître les fondamentaux de cet univers) et The citadel of weeping pearls. Le 31 octobre 2020, est sorti le tout nouveau court roman s’inscrivant dans Xuya, Seven of infinities, d’abord dans une édition papier limitée (et signée), superbe mais au prix prohibitif (35.60 euros !), avant, heureusement, que cette novella ne sorte en version électronique (à un tarif plus de dix fois inférieur !), avec une couverture différente, qui plus est, le 9 décembre 2020. C’est évidemment dans cette dernière version que je l’ai lu.

Si The tea master and the detective était une évidente transposition de Sherlock Holmes dans l’univers Xuya, Seven of infinities utilise le même procédé, mais pour Arsène Lupin cette fois (c’est déjà assez clair à la lecture du texte, mais la fin des remerciements ôte tout doute éventuel sur ce point). Ce qui n’est d’ailleurs qu’une des nombreuses réutilisations de mécanismes déjà abordés dans les autres novellae qui font que cette fois-ci, le texte n’a pas vraiment fonctionné sur moi, sans pour autant que je puisse le qualifier de mauvais. Ces fameux remerciements montrent d’ailleurs qu’un nombre tout à fait ahurissant de bonnes fées aux noms connus se sont penchées sur son berceau.

Base de l’intrigue, personnages *

* Bullet with butterfly wings, The Smashing Pumpkings, 1995.

L’action se passe dans la Scattered Pearls Belt (oui, encore). L’érudite Vân reçoit la visite d’une de ses collègues de leur club de poésie commun, la shipmind du mindship The wild orchid in the sunless woods (que l’autrice abrège en Sunless woods dans la suite du texte), autre érudite mais de bien plus haut statut, qui vient lui signifier que ledit club a décidé que Vân n’était pas d’assez haut standing pour lui et qu’elle en était donc exclue. Sur ces entrefaites, une autre visiteuse se présente, qui est reçue par Uyên, l’adolescente de prestigieux lignage qui est l’élève de Vân. Au bout d’un moment, elle vient chercher son professeur, paniquée, en disant qu’elle a laissée la visiteuse seule quelques instants pour s’acquitter de ses devoirs d’hôtesse et qu’à son retour, elle était morte. Ce qui pose un sérieux problème à Vân dans le sens où elle utilise un type d’implant mémoriel (augmentant ses connaissances) illégal et où elle a un passé trouble. Elle n’a donc aucun intérêt à être impliquée dans une enquête de la redoutée Milice. Contre toute attente, Sunless woods va lui proposer son assistance, et de l’aider à élucider elle-même cette affaire. Car la shipmind, en apparence une érudite respectée et de la haute société, n’est pas du tout ce qu’elle paraît être de prime abord. Elle aussi a un lourd passé… sauf que de son côté, elle est, au contraire, ravie de le ramener à la vie !

Analyse, ressenti et avis

seven_of_infinities_papierLe parallèle avec Arsène Lupin (ici incarné par Sunless woods), particulièrement avec ses aventures les plus tardives, est assez évident : vols sans violence (et répulsion à tuer), commis chez les riches et puissants, dans le but de s’enrichir, évidemment, mais surtout de faire la une des journaux (voire d’entrer dans l’Histoire) via un larcin hors-normes ou une improbable évasion de dernière minute d’une situation désespérée accomplie avec panache, importante bande d’anciens complices et soutiens, pseudo-Lupin rangé, devenu respectable, mais qui va reprendre du service pour aider une pauvre âme en détresse, le cambrioleur qui devient détective, etc. La transposition est plutôt bien réalisée, mais elle a pour moi comme gros défaut de sonner comme un disque rayé après celle de Sherlock Holmes dans The tea master and the detective.

Et ce n’est pas le seul point de cette novella qui donne le sentiment que ni l’autrice, ni l’univers Xuya, n’avancent avec elle, mais font plutôt du surplace. Sans compter que les deux autres novellae que j’ai lues étaient très riches en sense of wonder, ce qui n’est pas le cas de celle-ci, et que de plus, le scénario est ici très prévisible, pour ne pas dire convenu (notamment le fait de se pardonner à soi-même des fautes -y compris celles qui n’en sont pas vraiment- passées et de vivre de façon apaisée dans le présent), et que l’histoire d’amour entre les deux protagonistes m’a laissé complètement froid. Bref, pour tout dire, j’en sors relativement déçu et je me suis majoritairement ennuyé. De même, je n’ai pas eu le sentiment de découvrir un nouveau pan de ce vaste univers, puisque ni les implants mémoriels ni l’importance de la réalité augmentée ne sont des nouveautés. Pas plus, dans le cadre général de la SF, que le personnage qui est dans la tête d’un autre (cf Iain M. Banks, Arkady Martine -que vous pourrez bientôt découvrir en français-, etc).

Cela n’en fait certainement pas un mauvais texte, mais en revanche il y a bien mieux à lire dans le cycle Xuya que ce Seven of infinities, surtout pour débuter dedans. Cela ne m’empêchera pas de continuer à lire les nouvelles qui s’y inscrivent (particulièrement celles qui relatent la divergence avec notre propre Histoire), mais du coup, je suis bien content de ne pas avoir claqué 35 euros dans la version physique (même si elle est très belle).

Niveau d’anglais : aucune difficulté.

Probabilité de traduction : très faible.

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5 réflexions sur “Seven of infinities – Aliette de Bodard

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