Une transition intéressante à défaut d’être indispensable
Deeds of men est une longue nouvelle qui se situe entre les tomes 1 et 2 du cycle La cour d’Onyx, par Marie Brennan (c’est ce qu’on appelle, sur Goodreads, un « tome 1.5 »). Elle se déroule trente-cinq ans après la fin de Minuit jamais ne vienne et quatorze avant In ashes lie, donc en 1625. Nous suivons un des personnages du tome 1, Michael Deven, qui enquête sur le meurtre de celui qu’il avait choisi comme successeur au poste de Prince à la cour des Fae (je vais y revenir). Pour celles et ceux qui se poseraient la question d’une éventuelle traduction, il se trouve que je l’ai moi-même soumise aux responsables de l’Atalante, qui ont eu la gentillesse de me répondre. En substance, l’idée est présente dans leur esprit, mais aucune décision ferme n’a été arrêtée pour le moment. Je vous invite donc à vous exprimer dans les commentaires de cet article, afin de leur montrer que vous seriez prêts à acheter ladite hypothétique traduction, et de les aider à faire leur choix 😉
Intrigue et personnages *
* Dirty deeds done dirt cheap, AC/DC, 1976.
L’histoire commence le 2 juin 1625. On retrouve le cadavre d’Henry Ware, jeune membre de la Garde Personnelle du Roi, fils de richissime marchand… et protégé de Michael Deven. Celui-ci est depuis trente-cinq ans à la fois l’amant et le prince consort de la Reine Lune des Fae de la Cour d’Onyx. Il vit par intermittence en son sein, mais prend garde à ne pas trop y rester, afin de ne pas perdre l’esprit (comme vu dans le tome 1). Les propriétés des domaines féeriques font que pour son âge (soixante-deux ans), son apparence et ses capacités physiques tiennent plus d’un homme beaucoup plus jeune que du vieillard. Il est même obligé de faire semblant d’être plus lent et diminué qu’il ne l’est pour ne pas éveiller les soupçons. Malgré tout, il se sait, à terme, mortel, et veut que Lune puisse disposer d’un conseiller à même de régler avec elle les affaires humaines. Il déconnecte donc son rôle d’amant de celui de consort (co-dirigeant), qu’il formalise et qualifie de poste de « Prince ». Il se met aussi en quête d’un homme que Lune pourra apprécier (à défaut d’aimer), qui aura une position à la Cour mortelle utile, une certaine finesse politique, qui aura les intérêts des Fae (et le bien-être de Lune) à cœur et qui sera une personne honnête et digne de confiance. Bien qu’il ait ses défauts (une certaine naïveté politique et un côté influençable), il trouve un candidat prometteur en la personne du jeune Ware, du moins jusqu’à ce qu’on le retrouve mort dans un quartier populaire où il n’avait rien à faire.
Petit problème : il apparaît vite clair qu’il s’agit d’un meurtre déguisé en vol qui a mal tourné. Qui avait intérêt à éliminer le prétendant au titre de Prince ? Une autre Fae, qui voulait pousser son propre pion humain ? Et si oui, laquelle ? En réalité, l’explication sera loin d’être aussi simple ! Et Michael ne mènera pas son enquête seul : il sera assisté par le jeune frère du défunt, Antony, qui le tient pour responsable de la mort d’Henry.
Comme dans Minuit jamais ne vienne, la narration se partage entre le présent (1625) et des analepses montrant la rencontre entre Michael et Henry, puis la « formation » de ce dernier, entre 1621 et 1625.
Mon avis
Il se trouve qu’en lisant le tome 1, je me demandais justement comment Marie Brennan allait gérer la disparition de michael, vu l’écart temporel entre ce livre et son successeur (un demi-siècle). Ce texte répond à cette question. L’enquête est plutôt intéressante, et comme dans Minuit jamais ne vienne, elle mêle très étroitement l’Histoire réelle et les éléments Urban Fantasy de cet univers (les Fae, quoi !). Et je dirais même d’un peu trop près, cette fois. Le meurtre d’Henry est lié à la complexe géopolitique de l’époque, et le non-spécialiste en Histoire que je suis s’est retrouvé un peu perdu devant la myriade de factions, alliances et mésalliances de ce début de XVIIe, basées autant sur les nationalismes que sur des liens matrimoniaux, des inimitiés militaires, des divergences théologiques, et j’en passe. Ce n’est pas que l’auteure explique mal les tenants et les aboutissants (encore que, des fois c’est un peu limite), mais plutôt qu’il s’agit d’un tel sac de nœuds qu’il est parfois malaisé d’en tirer une image claire (ce qui finit par arriver, toutefois). Notez qu’en plus de l’aspect émotionnel (relation Michael / Lune ou Michael / Henry) ou enquête, la fin réserve un petit moment d’action et de suspense pas désagréable (ainsi qu’un point ultra-prévisible, au passage, tout comme l’est une certaine méprise initiale entre deux des personnages).
Au final, même si je ne pense pas que cette longue nouvelle soit à proprement parler indispensable, elle constitue en revanche une lecture tout à fait valable et toujours aussi agréable.
Niveau d’anglais : tout à fait abordable.
Probabilité de traduction : voir l’introduction de l’article.
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J’ai beaucoup aimé le premier tome de la Cour d’Onyx, du coup j’espère que celui-ci aura sa traduction ! Même si c’est un niveau anglais abordable, vu ta chronique, je pense que je risque de ne pas réussir à suivre si ce n’est pas en français. Je suis toujours surprise quand je vois des tomes 1.5, 2.5, etc. complétant la saga. Même si je trouve très sympa de compléter l’univers avec des nouvelles ! Merci pour la chronique !
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De rien. Les nouvelles et novellas qui complètent les tomes principaux d’un cycle sont une pratique de plus en plus répandue en Fantasy chez les Anglo-saxons. Tu en trouveras de nombreux exemples sur ce blog.
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Mine de rien cette pratique de nouvelles (plus que de novellas) complémentaires d’un cycle se retrouvent de plus en plus en France aujourd’hui.
Toujours une très bonne critique, en attente d’une traduction de cette nouvelle, monsieur l’Atalante !
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Intéressant à traduire en effet, mais sous quel format ? Y a-t-il d’autres novellas du même type qui pourraient être unies en un recueil ?
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Non, il n’y en a pas d’autres (à ma connaissance) dans ce cycle, mais là on parle de quelque chose comme 80-85 pages en VO (les sites marchands annoncent 100 pages, mais c’est parce qu’il y a un rappel de toute la biblio de l’auteure à la suite du texte). Et vu que la VF est toujours un peu plus grosse que la VO, que tu peux jouer sur la mise en page, la taille de police, etc, tu arrives à la taille d’un Une heure-lumière sans problème rien qu’avec ce seul texte.
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Ah oui d’accord. C’est donc possible, même si la collection poche de L’Atalante ne vise pas ce format-là.
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Il y a un précédent 😉
https://lecultedapophis.com/2017/11/24/redemption-jamie-sawyer/
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Cool 🙂
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Je soutiens la pétition pour une traduction de cette novella. Marie Brennan a probablement écrit d’autres textes courts qui pourraient compléter un recueil (textes en dehors du cycle, c’est pas grave)
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Il y a en effet 25 textes courts listés sur wikipédia (anglais). Mais bon là, comme je l’expliquais plus haut dans le fil, c’est assez long pour être traduit tout seul.
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pourquoi pas mais uniquement dans le cadre d’une traduction pour avoir la collection.
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