Analyse des récurrences et de l’intérêt du cycle
Le nombre élevé de sorties, ainsi que les disponibilités fluctuantes des membres de la rédaction de Bifrost, voire leurs envies de lecture du moment, sans parler de la disponibilité (ou pas) des SP, font que certaines fois, le début d’un cycle fait l’objet d’une recension au moment de sa publication, tandis que le reste n’est pas chroniqué tout de suite. Dans certains cas, les tomes peuvent s’accumuler à un point tel que ledit cycle est achevé alors que seule la critique de son tome 1 est lisible dans le magazine. En pareil cas, un des rédacteurs (pas forcément celui qui s’est attelé à l’article sur le roman inaugural, d’ailleurs) fait ce que nous appelons un focus. En gros, il rédige un papier synthétique qui, sans entrer dans les détails de l’intrigue, dégage les forces, les faiblesses, les motifs récurrents, les thématiques et globalement les caractéristiques marquantes des livres non-chroniqués jusque là, voire de l’ensemble d’un cycle (ou dans certains cas de romans liés par un auteur ou un thème commun). Alors que c’est l’estimé camarade Perchoc qui s’était chargé de la critique du tome 1 des aventures de lady Trent (signées Marie Brennan) pour le périodique, c’est votre serviteur qui a rédigé le focus (paru dans Bifrost 94) sur les tomes 2-5, reproduit dans la suite de cet article. Si vous souhaitez creuser un peu plus, sachez que les critiques détaillées des cinq romans sont disponibles sur le Culte : tome 1, tome 2, tome 3, tome 4 et tome 5.
Vous pouvez retrouver tous mes articles rédigés pour Bifrost sous ce tag.
- Le tropique des serpents – Mémoires, par lady Trent vol. 2 – Marie Brennan – L’Atalante coll. “La dentelle du cygne” – septembre 2016 (roman inédit traduit de l’anglais [US] par Sylvie Denis – 352 pp. GdF. 21,90 €)
- Le voyage du Basilic – Mémoires, par lady Trent vol. 3 – Marie Brennan – L’Atalante coll. “La dentelle du cygne” – juin 2017 (roman inédit traduit de l’anglais [US] par Sylvie Denis – 368 pp. GdF. 21,90 €)
- Le labyrinthe des gardiens – Mémoires, par lady Trent vol. 4 – Marie Brennan – L’Atalante coll. “La dentelle du cygne” – mai 2018 (roman inédit traduit de l’anglais [US] par Sylvie Denis – 336 pp. GdF. 21,90 €)
- Le sanctuaire ailé – Mémoires, par lady Trent vol. 5 – Marie Brennan – L’Atalante coll. “La dentelle du cygne” – novembre 2018 (roman inédit traduit de l’anglais [US] par Sylvie Denis – 352 pp. GdF. 21,90 €)
Les tomes 2 à 5 des Mémoires, par Lady Trent reprennent le même schéma que le roman inaugural (la répétitivité étant le principal problème du cycle) : l’héroïne a quelques années de plus, un enfant ou un nouveau mari, elle a gagné en indépendance (dans le tome 1, elle suit son premier époux, ne lui servant que de secrétaire et dessinatrice, dans les tomes 1 à 4, elle est dépendante des mécènes ou de l’armée ; dès le tome 2, c’est une vraie naturaliste, et dans le 5, elle est assez riche pour se passer de mécénat), se rend dans un pays exotique pour y étudier de nouvelles espèces de dragons (équivalent de l’Afrique dans le tome 2, du Mexique et surtout de la Polynésie dans le 3, de l’Arabie et de l’Égypte dans le 4, de l’Himalaya dans le 5), fait des découvertes sur l’antique et mystérieuse civilisation Draconienne, perturbe la politique extérieure de son royaume, et surtout est en lutte contre les convenances de ce dernier ou bien de la contrée dans laquelle elle se rend (particulièrement dans les tomes 2 et 4). Seul le tome 5 déroge vaguement à ce schéma : si le point de départ (une nouvelle espèce à étudier dans un pays lointain et exotique) et d’arrivée (découvertes inédites, géopolitique perturbée) sont les mêmes, les conséquences relèvent cette fois du changement de paradigme global et le chemin pour arriver au stade final est assez différent (et ajoute une touche fantastique à un univers qui, à part le fait qu’il prend place dans un monde secondaire et comprend des animaux appelés dragons, a tout de notre propre époque victorienne, à peine déguisée). On signalera cependant que la grosse révélation de la seconde moitié du tome 5 peut se deviner dès le tome 1.
On retiendra, malgré cette incontestable répétitivité, que l’univers (et surtout sa géopolitique) s’étoffe beaucoup à partir du tome 2, que l’aspect roman d’aventure scientifique est très intéressant (le tome 3 est une véritable allégorie du voyage de Charles Darwin sur le HMS Beagle, on assiste aux débuts du vol en dirigeable, de l’alpinisme dans le tome 5), et qu’outre une évolution personnelle de son personnage principal, le cycle montre aussi celle du statut de la femme dans cette rigide société pseudo-victorienne (accès à l’éducation, aux cercles scientifiques, droit de vote). Mais il faut également souligner des longueurs couplées à une fin en général précipitée dans chaque tome, un manque de nervosité ou d’action, et des personnages secondaires évanescents, complètement éclipsés (à de rares exceptions) par la protagoniste.
Ce cycle restera singulier, pour ne pas dire unique, en Fantasy, du fait de son mélange de roman d’aventure à fort caractère scientifique, de mise en avant d’un combat pour les droits de la femme, et de sa rationalisation du dragon (un simple animal), d’habitude un élément emblématique du côté surnaturel de ce genre. Rien que pour cette originalité, cette saga mérite d’être découverte, surtout dans un genre par ailleurs très codifié. On ne la recommandera en revanche pas aux amateurs d’une Fantasy épique, guerrière, vigoureusement rythmée ou fortement teintée de surnaturel.
***
Je vais retenter, alors. En parlant de dragon, je suis en train de lire le Dragon Griaule, de Lucius Sheppard (qui est un auteur que j’aborde avec toujours un petit peu de crainte), c’est très différent, mais j’aime bien : le découpage en nouvelles aide beaucoup à cela.
J’aimeAimé par 1 personne
Je dois en faire la critique, peut-être l’année prochaine (je suis en train de retravailler le programme 2021 en ce moment).
J’aimeJ’aime
Ping : Gît dans les cendres – Marie Brennan | Le culte d'Apophis