Dans la boucle temporelle – itération 11 : novembre 2016

Lorsqu’un blog dépasse un certain nombre d’années d’existence et / ou d’articles, et à la condition que de nouveaux abonnés rejoignent sans cesse les rangs de sa communauté, il devient de moins en moins probable que les critiques et articles les plus anciens soient lus. Tout le monde n’a malheureusement pas le temps, ou l’envie, de se replonger dans les archives, sans compter qu’il peut être décourageant de débarquer sur un site qui compte des centaines de posts et de ne pas savoir par quelle voie attaquer cette montagne. Dans la boucle temporelle est une série d’articles conçue pour guider les nouveaux venus dans la masse de chroniques et autres articles de fond du blog, leur indiquant ce qu’ils devraient lire en priorité, remettant en lumière des posts oubliés mais potentiellement intéressants. Charge aux aponautes, ensuite, d’explorer les différents menus du blog pour lire le reste. Mais pour faire court, c’est bel et bien d’une sorte de résumé, en forme de best of, de ce qui s’est déroulé de plus marquant dans les précédentes « saisons » (comme on dirait si le blog était une série télévisée) de l’histoire du Culte.

Le concept étant lancé dans le sillage du quatrième anniversaire du blog, en janvier 2020, chacun des « épisodes », appelés itérations, de cette série d’articles remonte de quatre ans en arrière, mettant en lumière en moyenne trois articles du mois concerné (si un mois a été exceptionnellement prolifique et qu’un autre n’est pas spécialement riche en chroniques à remettre absolument en avant, la règle « 4 ans en arrière, mois à mois » peut éventuellement être outrepassée). Ainsi, en ce mois de novembre 2020, nous allons nous re-pencher sur ceux de novembre 2016. La présentation des articles s’accompagnera aussi d’un petit commentaire replaçant, parfois, ces posts dans le cadre plus général de l’histoire du blog.

Vous pouvez retrouver toutes les itérations sur cette page ou via ce tag.

Novembre 2016 est un mois capital dans l’histoire du Culte, car c’est à ce moment que je publie les deux premiers articles (clic puis clic) de ma propre version de la taxonomie des littératures de l’imaginaire. Articles qui seront plus tard retravaillés pour donner le livre qui sera publié par Albin Michel Imaginaire.

Un des buts cardinaux de ce blog a toujours été de favoriser l’initiation des lectrices et lecteurs débutants à la SFFF, et pour ce faire, il faut classer les livres. En effet, il faut être capable d’orienter la personne en fonction de ses goûts, en lui disant « Voyons, vous me dites aimer ça et pas ça dans un livre, vouloir un roman qui ressemble à tel film ou telle série de SF ou de Fantasy (ou à tel autre livre), donc voilà ce que j’ai à vous proposer qui coche ces cases là ». Les responsables de CDI ou de bibliothèques connaissent ça, sans un minimum de classement leur vie serait bien plus compliquée. Une fois ces bases posées, il est ensuite facile de dire « Ah, tu as aimé les bouquins de La Compagnie noire de Glen Cook ? C’est de la Dark Fantasy, donc tu devrais essayer Abercrombie ou Brust (par exemple), ça devrait te plaire, c’est noir mais il y a de l’humour ». Car plus on classe précisément (au sein d’un genre ou même d’un sous-genre), plus il est facile de conseiller des livres ressemblant à ceux que la personne a aimés, et plus il est aisé de l’aider à éviter ceux qui ont toutes les chances de ne pas lui plaire. Et ceci sans pour autant défavoriser le plaisir de la découverte, de sortir de sa zone de confort. Simplement en étant capable de dire, justement, quand la lectrice et le lecteur sort de ladite zone ou envisage de lire un livre qui a plus de chances de ne pas lui plaire que l’inverse.

Sachez aussi qu’en novembre 2016, je lis pas mal de romans mettant en scène des vampires, mais vu que je souhaite me concentrer sur autre chose dans cet article, si vous êtes intéressé(e), je vous laisse aller voir l’archive de ce mois directement ici.

Latium 1&2 – Romain Lucazeau

latium_1En octobre 2016, sort la première partie du diptyque Latium, par Romain Lucazeau, tandis que la conclusion de la saga paraît en novembre. Il s’agit clairement pour moi du meilleur livre de SF française paru ces dernières années, et de l’émergence d’un des plus remarquables nouveaux auteurs francophones dans ce domaine littéraire, avec Audrey Pleynet. J’ai même écrit, à propos de Lucazeau, qu’il constituait l’héritier spirituel de Banks et de Simmons, le genre de compliment que je ne fais certainement pas à la légère. Et ce même si mon impression du second tome est venue tempérer celle, assez dithyrambique, du premier.

Pour autant, Latium reste une œuvre majeure, que je vous conseille vraiment de découvrir pour sa richesse et sa qualité (et j’espère que l’auteur nous proposera de nouveaux projets à l’avenir !). Ayant consacré des critiques très détaillées à ses deux volumes, je vous invite à les lire pour plus de détails : tome 1, tome 2.

Au-delà du gouffre – Peter Watts

gouffre_wattsLa sortie récente de l’excellent Eriophora vous aura peut-être donné envie de lire d’autres textes situés dans le même univers, ou d’autres nouvelles signées Peter Watts. Et ça tombe bien, puisque les Quarante-Deux et le Belial’ vous ont proposé en 2016 un recueil, Au-delà du gouffre, balayant différents univers de l’auteur (dont celui de l’Eriophora et de la trilogie Rifteurs) et d’une très grande qualité globale. Sachez aussi que vous y trouverez une nouvelle, Les choses, qui montre les mêmes événements que le film The Thing / la novella La Chose de John W. Campbell (récemment parue dans la collection Une heure-lumière du même Belial’), mais cette fois vécus selon le point de vue de l’extraterrestre.

Peter Watts est, pour moi, un auteur exceptionnel (pointu mais beaucoup plus accessible que la partie hardcore de la bibliographie de Greg Egan, par exemple), pour lequel j’ai, de plus, une tendresse particulière, car c’est à l’occasion de la composition du dossier qui lui a été consacré dans le numéro 93 de Bifrost que le BOSS (connu dans le civil sous le nom d’Olivier Girard) m’a fait l’immense honneur de m’inviter à rejoindre l’équipe de chroniqueurs et de rédacteurs du magazine. Pour tout dire, il n’y a que deux auteurs pour lesquels j’ai, sur ce plan très précis, une tendresse supérieure, mais je ne peux pas vous en parler pour le moment. Vous en saurez plus dans le Bifrost 101  😉

Quoi qu’il en soit, je vous invite vraiment à lire ma critique de ce recueil, ainsi que l’ouvrage lui-même, vous ne perdrez pas votre temps !

Le fleuve céleste – Guy Gavriel Kay

fleuve_celesteLe dernier mais non des moindres, parlons du Fleuve céleste de Guy Gavriel Kay, le maître de la Fantasy Historique. Ce roman se situe dans le même univers sinisant que Les chevaux célestes, mais trois siècles et demi plus tard. Vous pourriez donc théoriquement le lire de façon indépendante, même si vous y perdrez, car une partie de son intérêt réside justement dans la description de la chute d’une civilisation jadis grandiose, décrite dans le roman précédent. Et bien sûr, vous ne capterez pas certaines références aux personnages ou dynasties décrites dans Les chevaux célestes. Même si je suis plus adepte des versions électroniques (moins onéreuses et surtout prenant moins de place), je vous conseille toutefois, pour une fois, de vous intéresser à la version physique, tant celle-ci est de toute beauté (voyez l’image ci-contre…). C’est d’ailleurs une remarque qui, à titre exceptionnel, pourrait aussi s’appliquer aux deux autres ouvrages dont nous parlons aujourd’hui.

Guy Gavriel Kay est, pour moi, un des auteurs (d’une forme très particulière) de Fantasy majeurs de notre temps, et même si sa prose, au rythme lent, avec peu de magie, pauvre en combats sanglants et autres scènes racoleuses, ne se destinera pas à tout le monde, elle reste basée sur une écriture de toute beauté, notamment au niveau des personnages, qui sont sans doute parmi les plus réussis de l’ensemble de la SFFF. Et je ne vous parle pas là que des protagonistes, mais d’une faculté à donner vie même à ce que dans le domaine cinématographique, on appellerait un figurant. Sans compter la faculté de créer des scènes d’une extraordinaire dramaturgie et d’une émotion pratiquement à nulle autre pareille. Longtemps injustement méconnu en France alors qu’il triomphait partout ailleurs, l’auteur commence aujourd’hui à acquérir dans l’Hexagone, grâce à la vigoureuse politique éditoriale de l’Atalante, l’aura qui aurait toujours dû être la sienne.

Pour en savoir plus, ma critique de ce roman est à votre disposition.

***

Retour à la page d’accueil

33 réflexions sur “Dans la boucle temporelle – itération 11 : novembre 2016

  1. Franchement, cette rubrique de la boucle temporelle est excellente et ce blog une mine d’or.
    Ma toute petite bibliothèque de village a Latium dans son catalogue et je voulais me le lire.
    Il faudrait que je me réabonne pour l’emprunter ou que je me le prenne en ebook.
    J’ai acheté « Les cheveaux célestes » récemment et j’ai très envie de découvrir Guy Gavriel Kay. Je dois avouer que j’aime particulièrement les couvertures de ces 2 livres.

    Aimé par 1 personne

    • Merci ! Oui, ces deux couvertures là sont en effet très belles (surtout celle du Fleuve céleste). Par contre, je suis beaucoup plus mitigé pour celles de la dernière réédition d’un Kay (le diptyque La mosaïque de Sarance), notamment celle de Voile vers Sarance, qui est très… spéciale.
      Petite bibliothèque de village avec Latium ? Respect !

      J’aime

    • Il y a un truc marrant, en un sens : des fois, je bosse sur des critiques ou articles dont je suis hyper-satisfait (et je ne serai jamais aussi exigeant envers quelqu’un d’autre que je le suis envers moi-même), et on va dire qu’ils sont accueillis dans une relative indifférence polie ; tandis que d’autres fois, j’ai l’impression de faire le minimum syndical, comme avec « Dans la boucle temporelle », et… tout le monde adore.

      Or, j’ai eu une idée assez démentielle en même temps que « Dans la boucle temporelle », mais je n’en ai pas parlé en me disant que ça ne marcherait pas. Mais du coup, je me demande si je ne vais pas finalement lancer mon concept d’articles appelé « L’Apophis Box ».

      J’aime

      • J’ai par moment ce sentiment également et je ne sais pas trop à quoi ça peut tenir. Je suppose que certains titres ou concepts attirent davantage ! Puis même ton minimum syndical est d’une qualité certaine 🙂
        Qu’est ce donc que l’Apophis Box ? 😳 On (je) veut tout savoir !!

        Aimé par 1 personne

        • Eh bien l’idée était que toutes les séries d’articles sur le Culte ont un cahier des charges précis : retracer mon parcours de lecteur et parler des romans Cultes d’Apophis avant l’ouverture du blog, revenir sur les critiques et articles les plus marquants des débuts du blog, faire une anthologie virtuelle des nouvelles les plus réussies selon mon point de vue, parler des grandes thématiques de la SFFF, etc. Mais le truc est que tu sais désormais que les mois impairs, tu va avoir un épisode du Panthéon Apophien qui va te parler d’un truc précis, les mois pairs un numéro de l’anthologie apophienne qui va également te parler d’un sujet précis (les nouvelles), et ainsi de suite.

          L’idée, c’était d’une part de créer une série d’articles qui n’aurait pas de contraintes en terme de sujet abordé, et qui me laisserait donc plus de souplesse, y compris de lier l’article à une actualité et pas forcément un concept rigide, et d’autre part qu’un aponaute ne saurait jamais à quoi s’attendre dans un article de cette nouvelle série. Un peu sur le modèle des Box que tu achètes : tu sais, selon le concept, qu’il va y avoir des livres, des produits de beauté, de la nourriture ou je ne sais quoi (plus des goodies), mais tu ne sais pas précisément ce que tu vas trouver dedans (et c’est d’ailleurs ce qui fait tout l’intérêt de la chose, le plaisir de la surprise).

          Mon idée, c’était de faire une série d’articles qui serait une Box : tu sauras à l’avance qu’il y aura un numéro chaque mois, de préférence à date fixe (pour créer plus d’excitation), mais tu ne sauras jamais à l’avance ce qu’il y aura dedans, sinon qu’il y aura trois choses abordées (comme pour l’Oeil d’Apophis, Dans la boucle temporelle, etc). J’avais pensé à tout un tas de sujets à aborder, dans le genre trois blogueuses / blogueurs à découvrir / soutenir, les trois meilleurs livres de SFF sur le sujet du « Plan millénaire », trois livres qui sont des copies éhontées de classiques et qui pourtant sont enthousiasmants, etc.

          Aimé par 2 personnes

  2. J’ai commencé Latium, j’ia juste lu le prologue puis je suis tombé sur la liste des acteurs et là j’ai eu peur, je n’avais pas la tête à une lecture aussi exigeante, j’ai donc repoussé mais le fait que tu dises du bien d’un auteur français m’encourage à y retourner.

    Aimé par 1 personne

    • Je comprends très bien, j’ai récemment fait la même chose avec un livre de Fantasy anglo-saxon de près de 700 pages, avec de vastes annexes. Il y a des périodes où l’effort à fournir est simplement trop grand, où les envies sont autres. Je pense que cela nous arrive à tous.

      Sinon, pour l’anecdote, après avoir enchaîné deux lectures de SFF française plus que correctes (une pour Bifrost, une pour moi), je me suis fait la réflexion que j’étais devenu moins rétif à la SF et à la Fantasy francophones (encore que je l’aie toujours moins été à la seconde qu’à la première) que je ne l’étais jadis. Ou alors c’est que le niveau moyen est nettement plus élevé qu’avant 😀

      J’aime

  3. Le Peter Watts est dans ma liste de « Livres pour une île déserte » (cf Babélio). Les deux autres sont dans ma PAL (coincés parmi des tonnes d’autres livres hélas, ma faute: l’achat de bouquins est une thérapie)
    Au fait, serais-tu un collègue de Manse Everard?

    Aimé par 1 personne

  4. Ah je suis justement en train de lire Au-delà du gouffre, que j’ai acheté après que tu en aies parlé lors de la sortie d’Eriophora, et pour le moment ça me plaît beaucoup ! Dire que je n’avais jamais entendu parler de cet auteur auparavant.
    Je n’ai pas été convaincue par Latium, j’ai trouvé l’univers très original, bien que l’écriture soit un peu lente. Mais c’est la fin du 2e tome qui m’a déplu et qui m’a amené à avoir une mauvaise impression de la trame générale du livre. J’ai été déçue qu’une telle créativité soit mise au service d’une histoire somme toute très classique et pas très surprenante – et qui ne m’a pas paru très réussie en plus, alors qu’on peut être classique et efficace.

    Aimé par 1 personne

  5. Ce qu’on aime Apophis dans la boucle temporelle c’est que tu nous donnes accès au fin du fin de la SF. Ancienne ou moderne. Donc pour nous, plein de re – découvertes ou découvertes de très grande qualité. Un avis d’expert honnête est toujours très bon à prendre!. Merci. Eric, Bruxelles

    Aimé par 1 personne

Les commentaires sont fermés.