Anthologie Apophienne – épisode 9

Eye_of_ApophisL’anthologie Apophienne est une série d’articles sur le même format que L’œil d’Apophis (présentation de trois textes dans chaque numéro), mais ayant pour but de parler de tout ce qui relève de la forme courte et que je vous conseille de lire / qui m’a marqué / qui a une importance dans l’Histoire de la SFFF, plutôt que de vous faire découvrir des romans (forme longue) injustement oubliés. Si l’on suit la nomenclature anglo-saxonne, je traiterai aussi bien de nouvelles que de novellas (romans courts) ou de novelettes (nouvelles longues), qui sont entre les deux en terme de nombre de signes. Histoire de ne pas pénaliser ceux d’entre vous qui ne lisent pas en anglais, il n’y aura pas plus d’un texte en VO (non traduit) par numéro, sauf épisode thématique spécial. Et comme vous ne suivez pas tous le blog depuis la même durée, je ne m’interdis absolument pas de remettre d’anciennes critiques en avant, comme je le fais déjà dans L’œil d’Apophis.

Dans ce neuvième épisode, nous allons parler, comme souvent dans l’Anthologie Apophienne, d’un texte de Lovecraft, mais aussi de Hard SF et, plus étonnant pour ceux qui connaissent un peu mes goûts, non seulement de SF humoristique, mais en plus signée Jack Vance. Sachez que vous pouvez, par ailleurs, retrouver les anciens épisodes de cette série d’articles sur cette page ou via ce tag.

Celephais – H.P. Lovecraft

contrées_reve_HPLCelephais est une courte nouvelle appartenant à la partie onirique / Fantasy de l’œuvre de Lovecraft. Vous trouverez la liste de tous les recueils où elle est présente sur cette page. De tous les textes du maître, c’est sans aucun doute celui dont j’ai trouvé la fin la plus poignante. Pas horrible, vertigineuse, indicible ou quoi que ce soit, non : poignante. Elle donne un tout autre sens à (une partie d’) une phrase écrite par Lovecraft dans un contexte différent, et à propos d’un autre être : « N’est pas mort ce qui à jamais dort ». Et une voie alternative pour accéder aux Contrées du rêve (par la drogue, plus autre chose dont je ne parlerai pas) et y vivre. Je n’en dirai pas plus pour ne pas le déflorer, mais je vous invite vraiment à lire ce texte, et ce d’autant plus qu’il est présent dans des recueils où d’autres nouvelles plus que chaudement recommandables abondent, et que le personnage de Kuranes est mentionné ou apparaît dans d’autres histoires se déroulant dans les Contrées du rêve.

Outre une certaine dimension autobiographique (quand Kuranes dit n’être pas moderne, ne pas penser comme les autres, ce n’est pas le personnage qui parle ou se décrit, mais bien Lovecraft, qui disait être né dans le mauvais siècle), Celephais est aussi un texte capable de toucher chacun d’entre nous, amatrices et amateurs des littératures de l’imaginaire, lorsqu’il décrit la quête désespérée d’un homme pour s’éloigner du monde sordide dans lequel il vit tous les jours. Les mots de Lovecraft m’ont aussi profondément touché dans un autre domaine, résonnant avec ma propre nostalgie de la magie perdue de l’enfance, balayée par la tristement banale laideur de notre quotidien rationnel et cartésien.

Le serveur et la dragonne – Hannu Rajaniemi

bifrost_101The server and the dragon est une nouvelle signée Hannu Rajaniemi, présente (entre autres) dans l’anthologie Engineering Infinity. C’est surtout une des plus grosses baffes en matière de textes courts que je me suis prise dans la figure ces dernières années. Mélangeant Hard SF d’élite et conte moral (voire publicité cryptique pour un logiciel de sécurité informatique 😀 ), c’est l’histoire de… Eh bien pour ne pas trop vous gâcher la surprise, c’est l’histoire d’une graine qui éclot pour donner une structure grande comme un système solaire, qui, parce qu’elle s’ennuie, crée artificiellement un putain d’univers, avant de recevoir la visite d’un dragon et de se transcender pour devenir… autre chose. Donnant au passage orgasme sur orgasme aux amateurs de SF de haute volée et de Hard SF. Si, si.

Alors je vous entends d’ici, « Qu’il est vil, cet Apophis ! Il donne une puissante envie de découvrir cette nouvelle, mais moi je ne lis pas l’anglais, c’est complètement GLUCOSE ! ». À ceci, je répondrai : « Fidèles adeptes, ayez foi en la puissance de l’Apophisme ! »  😉 Et de fait, ce texte paraitra en français, le 28 janvier 2021, sous le titre Le serveur et la dragonne, dans le numéro 101 de Bifrost, traduit par… votre serviteur (avec le précieux concours du camarade Perchoc, que je remercie, ainsi qu’Olivier Girard pour avoir rendu la chose possible).

Miss Univers – Jack Vance

vance_kvasar_2Au risque de m’attirer l’ire de puissants et dangereux personnages, tel « El » Durastanti, j’ai énormément de mal avec Jack Vance, comme j’ai du mal avec d’autres géants des littératures de l’imaginaire (Cordwainer Smith, notamment), auxquels je n’arrive pas à accrocher. De même, vous le savez peut-être si vous suivez ce blog depuis longtemps, je ne suis pas du tout fan de la SFF humoristique, que ce soit son versant Fantasy (je n’arrive pas à adhérer aux délires de Pratchett, même si je lui reconnais une très grosse qualité : avoir osé exploiter toutes les possibilités offertes par le worldbuilding de Fantasy, ce que très, très peu d’auteurs opérant dans ce genre littéraire font) ou SF. Mais toute règle a son exception, et il y a une nouvelle de Vance que j’adore, un texte de Science-Fiction humoristique appelé Miss Univers. On le trouve dans deux ouvrages, le mythique Hors-série Jack Vance du magazine de Jeux de rôle Graal (très probablement introuvable aujourd’hui, sauf dans des endroits comme la bibliothèque de Pierre-Paul Durastanti ou de votre serviteur) et le second volume de l’énorme recueil de nouvelles récemment consacré par le Belial’ (et traduites par ce même PPD) à l’auteur.

Comme son nom l’indique, Miss Univers est un texte parlant d’un concours de beauté, mais où « univers » est à prendre au pied de la lettre, ou presque. On y recherche en effet la plus belle des créatures de genre féminin parmi des dizaines d’espèces extraterrestres, certaines proches de l’humain (ou des humaines tout court ; ce qui mène à des tentatives de corruption du juge très… chaudes), et d’autres pas du tout. Mais alors vraiment pas. Et tout le sel du texte est là-dedans. Enchaînant franche rigolade et humour noir, proposant un worldbuilding de classe mondiale pour un si petit texte (Vance doit être le seul auteur de l’histoire de la SF à pouvoir imaginer autant de mondes et de races en quelques pages !), Miss Univers est un petit bijou qui me donnerait presque (presque…) envie de redonner sa chance à Vance !

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8 réflexions sur “Anthologie Apophienne – épisode 9

  1. Merci pour cette anthologie !
    Ça fait partie des titres que j’avais raté et ça donne extrêmement envie.
    Plus qu’à chercher et trouver ces textes donc!
    Et merci pour tes critiques d’une manière générale que je lis avec (plus ou moins 😅) d’attention à chaque fois que je reçois un mail d’Apophis! :))

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