The Oppenheimer alternative – Robert J. Sawyer

Mo-nu-men-tal !

oppenheimer_alternativeIl est auteur de science-fiction, il est canadien, il s’appelle Robert et… Mais qu’est-ce que c’est que ce chien qui débarque tout frétillant en me faisant des fêtes ? Attendez, il a un collier, il s’appelle « Critique »… Eh bien non, Chien Critique, je ne veux pas parler de Robert Charles Wilson mais bel et bien de Robert J. Sawyer. L’auteur a été régulièrement traduit chez nous, particulièrement à la fin des années 2000 et au début des 2010 (quatre fois en Ailleurs & Demain -gage de qualité, même si dans le sérail, l’auteur n’est pas franchement respecté- entre 2009 et 2011), puis a disparu des radars de l’édition française. Eh bien il est toujours là, et bien là. Et il vient de sortir un roman que l’on peut qualifier de phénoménal : The Oppenheimer alternative. Comme son nom l’indique, il est centré autour de Robert Oppenheimer, le physicien qui a coordonné le Projet Manhattan, que nous allons suivre de 1936 à sa mort, en 1967. Une grande partie du livre (et particulièrement ses trente premiers %) a donc une véritable dimension biographique / de roman Historique (j’attire d’ailleurs votre attention sur la bibliographie d’une ahurissante longueur qui clôt l’ouvrage, ainsi que sur le dramatis personæ inhabituellement long qui l’ouvre). Mais le bouquin de Sawyer est bien plus que cela : il prend, à partir de ces fameux 30%, une dimension uchronique (il y a alternative dans le titre, après tout…), et sa dimension SF ne fait que grandir au fur et à mesure que l’on avance (je vous rappelle que dans ma conception de la taxonomie, Uchronie et SF sont deux genres séparés -alors que beaucoup de gens font de la première une subdivision de la seconde-, même si un roman peut parfaitement relever des deux à la fois, comme c’est le cas ici). On peut même dire que mettant en vedette des protagonistes qui sont tous des personnages bien réels, et qui sont à l’écrasante majorité des scientifiques de grand renom (Oppenheimer, Szilard, Teller, Einstein, Feynman, Von Neumann, Gödel, etc), The Oppenheimer alternative est un peu le roman ultime d’une certaine conception ou branche de la Hard SF.

Je sors sidéré par la qualité, l’audace et la façon dont genres et sous-genres ont été habilement mélangés (nous allons en reparler) pour donner un roman qui, dans les recherches qu’il a dû demander, n’est que deux petits crans en-dessous de ce qu’à proposé Kim Stanley Robinson dans sa trilogie martienne (il faut dire que KSR y a consacré une décennie), mais qui est aussi deux bons crans au-dessus de ce que propose quelqu’un comme Guy Gavriel Kay (connu pour ses intenses recherches préalables à l’écriture de sa Fantasy Historique de haute volée). Si vous vous intéressez à l’histoire de la création puis du contrôle des armes atomiques, à celle des grands physiciens du XXe siècle, à certains des grands thèmes sociaux des années trente à soixante, et que vous souhaitez voir un mélange de roman Historique, de SF et d’uchronie de très haute volée, ne manquez pas ce roman, vous allez vous régaler. Et ce d’autant plus si vous connaissez déjà et appréciez Sawyer qui, avec les années et les ouvrages, n’a rien perdu de son style fluide et immersif.

/!\ ATTENTION /!\ : cette critique dévoile la nature du point de divergence révélé au début du second tiers. Si vous ne voulez rien savoir du tout, je vous suggère d’arrêter votre lecture après la section « Premier tiers – roman Historique », et également de ne pas consulter les catégories dans lesquelles le roman est classé sur le blog.

Premier tiers – roman Historique

Du début jusqu’à 30%, The Oppenheimer alternative est un quasi-roman Historique, suivant, à partir de 1936, « Oppie », que ce soit dans sa vie personnelle, dans sa carrière scientifique, puis dans ses fonctions de coordinateur du projet Manhattan. On y découvre un homme particulièrement complexe, tourmenté et intéressant, polyglotte, francophile, communiste, à tendances schizophrènes et bisexuelles, incapable d’aimer ses propres enfants, mari adultère, mais surtout profondément sympathique et humain. Par ses yeux, on vit l’anticommunisme de l’époque, l’antisémitisme et plus généralement le racisme envers tous ceux qui ne sont pas américains (et dans la communauté de la physique, les juifs et les gens issus d’un autre pays -la Hongrie, notamment- sont très nombreux, à cette époque). Mais surtout, on vit l’Histoire de la Physique, celle de la création de la bombe A, celle du Projet Manhattan (on découvre avec effarement que celui-ci était entouré d’un tel voile de secret que même le vice-président des USA n’était pas au courant de son existence !), et on voit évoluer les plus grands noms de la discipline, rendus extraordinairement vivants par la plume de Robert J. Sawyer, à mon avis un des écrivains les mieux à même de réussir ce genre d’exercice, vu qu’il a toujours su forger des protagonistes crédibles, attachants et humains. On découvre une autre époque, où le premier réacteur nucléaire expérimental de l’Histoire était construit en catimini dans les sous-sols d’une Université, sans même que son président soit au courant, où le projet Manhattan est mené sans l’aval des représentants élus du peuple, Président mis à part. Et on prend la dimension de la singularité absolue dudit projet, la seule fois dans l’Histoire où pratiquement tous les plus grands savants du monde ont collaboré pour réaliser une oeuvre titanesque en un temps ridicule. On découvre aussi le caractère étonnant du fait que le projet soit dirigé par Oppie, qui, outre ses sympathies communistes, a aussi une femme qui est une lointaine cousine du Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel, tout simplement le commandant suprême de… l’armée allemande !

Cette partie est très sympathique, surtout si vous avez une affinité avec l’Histoire en général / de la Physique / de la Bombe A / les biographies des grands physiciens. Mais même pour quelqu’un qui ne serait pas spécialement féru de ces sujets, cette tranche du roman reste intéressante, car c’est avant tout l’histoire d’un homme que l’on vit, et le fait qu’il s’agisse d’un personnage ayant réellement existé ne le rend pas moins intéressant (bien au contraire, même) que s’il était issu de l’imagination de l’auteur.

Une remarque plus générale, portant aussi sur la plupart du reste du livre : l’avantage pour Sawyer d’avoir exploité une aussi abondante bibliographie est qu’il peut décrire les événements, les réactions, les conversations, les motivations et les personnes avec une extraordinaire véracité et exhaustivité. De nombreux scientifiques ayant connu certains des grands savants mis en scène ont d’ores et déjà témoigné de l’authenticité de la peinture qu’en a fait l’écrivain canadien, et pour le lecteur, tout cela est d’un réalisme bluffant (je signale d’ailleurs que toutes les citations ouvrant les chapitres sont authentiques, tout comme certains dialogues : la façon dont l’auteur les a réutilisées pour parler de choses parfois assez différentes est extrêmement habile). Et tant qu’on y est : quel roman peut se targuer de mettre en scène des génies du calibre d’Einstein comme personnages secondaires ? Pourtant, ne vous y trompez pas, même si certains d’entre vous peuvent se dire que « ouais, pas mon truc tout ça… », Sawyer reste Sawyer, et une fois de plus, il a forgé un redoutable page turner (j’ai, à l’époque, adoré Rollback -on est d’accord, ce n’est pas du Ted Chiang, mais ça reste fort intéressant- Éveil, Veille et Merveille), et même s’il y a de la science puis de la science-fiction tendance Hard (mais dans une veine « Light Hard SF » de plus en plus à la mode ces derniers temps -y compris chez… Greg Egan !-), cela n’est jamais ennuyeux ou rébarbatif, bien au contraire. 

Autre remarque valable pour l’intégralité du texte : même lorsqu’on avance et que d’autres strates (uchronique, science-fictive) s’ajoutent à la strate roman Historique initiale, l’auteur garde un bon équilibre entre les différents aspects, qu’ils soient personnel, amoureux, professionnel, réel ou fictif d’Oppie, et entre l’Histoire et la Fiction ou l’Uchronie.

À 30%, une découverte scientifique va faire basculer ce roman dans l’uchronie (en étant très attentif, on peut déceler de forts indices bien avant ça, au passage). Si vous ne voulez rien connaître de sa nature, je vous conseille à la fois d’éviter de lire la quatrième de couverture du livre mais aussi la suite de cette critique. Mais retenez que taxonomiquement et romanesquement parlant, c’est brillant de chez brillant  😉

Notez que même s’il y a certaines ressemblances (et finalement pas des moindres) entre ce roman et The calculating stars (que vous découvrirez en français en octobre sous le nom tristement banal de Vers les étoiles), le bouquin de Sawyer, lui, ne fait pas l’impasse sur la scène que tout lecteur normalement constitué va s’attendre à voir, à savoir le premier test nucléaire. Par contre, et c’est clairement tout à fait honorable de sa part, le canadien jette un voile pudique sur les frappes d’Hiroshima et de Nagasaki, les traitant essentiellement hors-champ, et se concentrant sur leurs répercussions politiques, éthiques, militaires, technologiques ou autres plutôt que sur une description voyeuriste de leur déroulement.

Deuxième partie – Uchronie, « light » Hard SF… mais pas que !

À la fin de la guerre, certains membres du projet Manhattan se rendent compte que quelque chose cloche avec le Soleil, qu’Edward Teller et d’autres ont étudié attentivement pour la mise au point de la bombe à Fusion (la bombe H). Une instabilité en son cœur a abouti à une onde de choc, qui va mettre plusieurs décennies à atteindre la surface de l’astre en raison de sa densité mais va finir par éjecter la photosphère et la couronne (ses couches superficielles, chauffées à des milliers, voire un ou deux millions de degrés selon la zone concernée), ce qui va mener à l’incinération de la surface de toutes les planètes jusqu’à la Terre incluse aux environs de 2028. Très rapidement, les savants se mettent d’accord pour ne pas mettre le grand public au courant et pour travailler sur diverses solutions permettant de protéger notre monde ou, si c’est impossible, d’évacuer le plus de gens possibles ailleurs, que ce soit sur la Lune, Mars ou les satellites galiléens. Dès lors, le livre prend plusieurs dimensions supplémentaires : d’un roman Historique, on passe à une uchronie science-fictive (Hard SF très légère, lisible par tous), puis petit à petit à autre chose. En effet, vous allez voir les dizaines, puis les centaines de pages défiler, et au bout d’un moment vous dire « mais attends, comment se fait-il que… ». Sans compter que plus la conclusion approche, alors qu’on en est juste à la fin des années soixante, et plus vous allez vous demander « mais il y a un deuxième tome ou quoi ? ». Alors non, il s’agit bien d’un one-shot, et oui, l’aspect taxonomique que je viens d’évoquer existe bel et bien (mais je n’en dirai rien de plus)… mais il est transitoire, et remplacé par un nouvel aspect uchronique lui-même catalysé par un autre sous-genre science-fictif qui apparaît quasiment à la fin (mais dont on peut se douter en étant attentif à deux scènes en particulier). Ouf ! Donc même avec ma description à dessein cryptique, vous devez maintenant prendre la mesure du bijou taxonomique que représente ce roman « à tiroirs », extrêmement riche sur ce plan mais pourtant jamais difficile à suivre.

Notez que le destin des savants évoqués (à part peut-être Von Neumann, pour lequel j’ai un doute) se déroule comme dans notre version de l’Histoire (je signale, au passage, que le point de vue d’Oppie, même s’il se taille logiquement la part du lion, n’est pas le seul adopté, puisque occasionnellement, l’action est vue via Von Braun, Szilard, Teller, Feynman ou d’autres) : ils meurent au même moment et des mêmes causes que dans notre propre chronologie (une des citations du début prend d’ailleurs une étonnante dimension à la fin : je vous donne un indice, c’est à propos d’une urne). Cela permet d’ailleurs de se faire une idée de la chasse aux sorcières maccarthyste et du traitement scandaleux d’Oppenheimer après-guerre (et des remords de celui-ci face à l’utilisation des bombes, particulièrement celle de Nagasaki, ainsi que de son combat pour un contrôle civil, scientifique et international du nucléaire : la dimension éthique a une place loin d’être négligeable dans le roman, que ce soit à propos de l’utilisation de l’énergie atomique ou du fait de dévoiler ou pas la vérité sur le Soleil au grand public, voire… au gouvernement). Pourtant, que l’amateur de SF se rassure, les quelques dizaines de pages de la fin sont du lourd, du très très très lourd (notamment en ce qui concerne la bluffante utilisation de l’incident de la Tunguska par l’auteur !). Si tout le roman est un hommage évident et magnifique aux grands noms de la science du XXe siècle, la fin est une tout aussi vibrante marque d’estime envers leurs prédécesseurs, parfois fort anciens.

Notez que le projet Manhattan n’est pas le seul dans les coulisses duquel on entre : le projet Orion est lui aussi mis à l’honneur, et comme, dans un domaine technique légèrement différent, avec Voyage de Stephen Baxter, on ne peut être que fasciné par l’aspect « voilà ce qui aurait pu arriver si cette technologie avait été développée au lieu de rester confinée aux prototypes à échelle réduite ». Même si comme vous le verrez, il y a une différence de traitement fondamentale entre les romans de Sawyer et de Baxter.

Alors certes, on peut objecter que la fin est sans doute un peu précipitée, d’autant plus que Sawyer a bien pris son temps notamment pour décrire les auditions d’Oppie. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que cette fin reste satisfaisante et surtout qu’elle ne manque pas de panache et d’émotion, loin de là ! Et oui, l’auteur consacre parfois du temps à des choses à l’utilité douteuse, comme la conversation au bar entre Feynman et sa x-ième conquête (il est d’ailleurs sous-entendu à propos du bonhomme des choses qui font dresser les cheveux sur la tête, comme le fait qu’il mette enceintes des femmes à la chaîne sans se préoccuper du sort de l’enfant ensuite). Quoi qu’il en soit, l’aspect biographique du livre, qu’il soit consacré à Oppenheimer (surtout) ou à d’autres est pour moi clairement un de ses intérêts, pas une faiblesse. 

Enfin bref, son authenticité (fruit de recherches intensives), ses multiples et successives dimensions taxonomiques dans le champ des littératures de l’imaginaire, le talent intact de son auteur (au style fluide et aux personnages toujours aussi vivants) et son utilisation fascinante des plus grands noms de la physique des deux siècles précédents font de The oppenheimer alternative un très grand livre, à mon humble avis le chef-d’oeuvre de Robert J. Sawyer, sur lequel l’édition française ferait bien de se pencher (si ce n’est déjà fait). Les amateurs de science, de science-fiction, d’uchronie mais aussi d’Histoire peuvent foncer, c’est un très, très grand roman  😉

Niveau d’anglais : aucune difficulté majeure.

Probabilité de traduction : si cela doit se faire, ce ne sera pas en direction d’un « vaste » public (dans les limites de l’impopularité actuelle de la SFFF écrite : je rappelle que le lectorat a été divisé par dix ces trente dernières années) et probablement pas chez un « gros » éditeur, mais chez une petite structure rassemblant des passionnés de science et de Hard SF, dont certains sont eux-mêmes physiciens. Voyons, voyons, quel éditeur correspond à ce profil ? Hmmm…  😉

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez avoir un deuxième avis sur ce roman, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Gromovar, celle de FeydRautha, celle d’Alias sur Blog à part,

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32 réflexions sur “The Oppenheimer alternative – Robert J. Sawyer

    • J’ai toujours beaucoup aimé ce que propose Sawyer, mais là je trouve qu’il s’est surpassé. Et oui, niveau solidité des recherches préparatoires à l’écriture, on est clairement sur le même ordre d’idée, à un ou deux crans près, que ce que proposent ces références dans ce domaine que sont Kay et Robinson. Même si l’écriture de Sawyer est très différente des leurs, notamment en terme de rythme. Mais on peut faire des comparaisons avec Robert Charles Wilson également, dans la façon dont les protagonistes sont souvent confrontés à des situations extraordinaires (communication avec les aliens dans Rollback, émergence d’une IA dans l’Internet dans éveil / veille / merveille, etc). La seule différence est que là, les personnages, qui sont des génies de la Physique, n’ont rien d’ordinaire.

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  1. Très alléchant, j’ai adoré la trilogie éveil, veille, merveille et aussi Rollback. Je suis très impatient et peut-être que pour une fois je vais me forcer à lire ce compatriote en anglais sans attendre la traduction. En plus, je suis justement en train de lire un Lee Smolin, (la révolution inachevée d’Einstein) physicien du Perimeter dont j’apprécie particulièrement la pensée.

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    • J’ai lu « Rien ne va plus en physique ! L’échec de la théorie des cordes », pour ma part, que j’ai beaucoup apprécié. Il y a une ouverture d’esprit chez Smolin, une volonté d’établir des passerelles, qui est vraiment très appréciable. Sans compter, évidemment, une façon de poser clairement le problème d’un certain dogmatisme lié à la théorie des Cordes, sans langue de bois mais sans agressivité pour autant.

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    • Vu l’emphase sur les armes nucléaires, s’il y avait du rétrofuturisme (ce qui n’est pas vraiment le cas, sauf à un stade extrêmement avancé du livre), ce serait plutôt de l’Atompunk. Rien à voir avec The calculating stars, sur ce point précis (même si Kowal appelle ça du « punchcard punk », techniquement elle fait de l’Atompunk).

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  2. J’espère que ce sera traduit (je lis trop lentement en anglais) car ce que tu en dis (même si j’ai limité ma lecture de ton billet) est très tentant ! De l’auteur, j’avais lu la trilogie « Eveil » etc., dont je garde un bon souvenir (impression d’ensemble qui subsiste, au-delà des quelques réserves que j’avais pu émettre au moment de ma lecture, que mon blog m’a rappelées).

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    • J’en ai parlé dans mon bouquin, page 32 de la version papier : un livre peut être de l’uchronie seule si la science n’est à aucun moment impliquée dans l’intrigue ou la genèse du monde uchronique (dans Fatherland, par exemple), ou bien, comme ici, relever de l’uchronie ET de la SF. Même si ce livre de Robert J. Sawyer est vraiment très particulier sur le plan taxonomique (impossible d’en dire plus sans spoiler horriblement, par contre). En tout cas, dans ma conception de la taxonomie (qui n’est pas la seule qui existe, cependant), Uchronie et SF sont des genres séparés, effectivement, la première n’est pas un sous-genre de l’autre.

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  3. Je viens de dévorer le livre après avoir lu votre critique et j’ai adoré ! Pour qui s’intéresse à l’histoire des sciences et à la SF, c’est vraiment du caviar.

    Seul micro bémol à mon sens [SPOILER 2EME TIERS] mais qui a perturbé ma lecture surtout considérant le contexte « hard science », je trouve que la catastrophe attendant la Terre n’est pas assez détaillée et je n’ai pas compris pourquoi les personnages semblent tous s’orienter immédiatement et naturellement vers l’obligation d’une diaspora spatiale (avec toute la complexité induite) plutôt qu’un projet d’enfouissement avec création stratégique d’abris très profonds sous Terre. Le fait qu’ils évoquent à un moment l’hypothèse (rapidement rejetée) de pouvoir se protéger derrière la Lune s’ils arrivaient à contrôler le déclenchement du phénomène tendrait à démontrer que la durée totale d’exposition est relativement courte (sauf inattention de ma part, celle-ci n’est pas précisée dans le livre). Or à aucun moment n’est évoquée la rotation de la Terre et le fait qu’une bonne part de celle-ci pourrait ne pas être exposée directement au phénomène. Le danger en lui-même n’est décrit qu’en fonction de la chaleur à subir (évaporation des océans, roche en fusion). La Terre en tant que corps céleste n’étant pas censée être détruite, son noyau serait toujours présent (protection électromagnétique indispensable), ses eaux souterraines également, ainsi que sa gravité permettant à une bonne partie de la matière et des gaz éjectés d’y être ré-attiré sur le long terme…

    Bref ça n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage, mais quelques paragraphes plus détaillés sur le sujet n’auraient pas été de refus.

    Un grand merci pour la qualité de vos critiques qui oriente largement depuis des années mes listes de lecture en SF et Fantasy !

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    • Merci. Il me semble que l’hypothèse de l’enfouissement est évoquée, il est vrai rapidement, et rejetée. Pour le reste, l’orientation spatiale était une nécessité scénaristique pour lier d’une part l’aspect uchronique et catastrophique fictif et d’autre part le développement bien réel de projets comme Orion.
      /!\ SPOILER : En fait, le génie de ce livre, sur le plan taxonomique, est de commencer comme un roman Historique, de prendre un virage uchronique / Hard SF, puis Histoire Secrète, puis SF à nouveau (Time Opera), puis à nouveau uchronique et rétrofuturiste.

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  9. Bien le bonjour Apophis
    une fois lu la trilogie Eveil/Veille/Merveille, que conseillerais tu parmi ses autres oeuvres traduites ?

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      • Merci du conseil !
        J’ai eu l’impression en lisant diverses critiques que le monsieur est capable du pire comme du meilleur 🙂

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        • Alors c’est assez vrai, mais il faut aussi se méfier, car en France il a longtemps été descendu en flammes par une certaine critique. Sans compter qu’il a sorti des romans intéressants qui n’ont jamais été traduits (la trilogie Neanderthal Parallax, par exemple). Ou qu’un auteur, ça paraît con à dire, mais ça évolue, en bien ou en mal. Je vois des tas d’auteurs encensés pour 2 ou 3 romans / cycles, alors que quand on voit ce qu’ils ont fait par ailleurs, avant ou après, il n’y a franchement pas de quoi pavoiser. Donc pourquoi refuser à Sawyer ce qu’on accorde aux autres ? 😉

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